6 conseils pour améliorer l’écriture de votre roman lesbien

améliorer l'écriture de votre roman lesbien

Chaque année depuis le lancement de la maison d’édition, nous recevons des centaines de manuscrits. Plusieurs centaines. C’est énorme pour une maison d’édition lesbienne où les trois créatrices découvrent l’ensemble des histoires. Enorme. Fortes de cette expérience, nous avons décidé de proposer ce guide pour améliorer l’écriture de votre roman lesbien.

1/ N’envoyez pas votre manuscrit sans l’avoir relu

Si beaucoup considèrent ce premier conseil comme une évidence, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Sur la totalité des romans reçus un certain nombre n’a pas été relu.

Nous pouvons vous assurer que cela se voit, se sent, s’entend. Au-delà des fautes d’orthographe, quand le premier paragraphe contient des phrases sans ponctuation, manquant de rythme et partant dans de longues descriptions  nous savons que l’autrice ou auteur ne s’est pas relu. Si un paragraphe, si un chapitre doit être travaillé, retravaillé, reretravaillé, c’est bien le premier. Il est LA porte d’entrée, celui qui va donner l’envie au lecteur de continuer. Donc, il doit pouvoir séduire et captiver immédiatement.

Si l’on revient en arrière, à l’époque du collège, tout le monde se rappelle certainement de ces professeurs capables de vous dire en vous rendant un devoir « tu ne t’es pas relu ». Ce n’était pas une question ni un reproche. Juste une constatation. Car à la lecture, c’est impossible de le cacher. Pour une maison d’édition comme la nôtre, c’est pareil. On sait.

Je peux vous assurer une chose, aujourd’hui, avec cinq ans d’expérience, nous n’avons jamais accepté un manuscrit qui n’avait pas été relu. Jamais. C’est une évidence. Une certitude. Si ce travail peut vous paraître fastidieux, il est pourtant essentiel pour assurer la qualité de votre récit.

2/ Prenez le temps de laisser reposer votre travail

Vous avez achevé votre premier jet ! Félicitations !

Vous avez fini votre premier jet. Vous avez apposé le mot « fin » et êtes venu à bout d’une histoire. C’est fantastique ! C’est génial ! Vous pouvez être fière de vous.

La manière dont vous allez dorénavant gérer la suite fera la différence. Vous pouvez ne pas vouloir être publiée et c’est très bien. Nous respectons ce choix. L’écriture peut avoir un côté thérapeutique et tout livre n’est pas bon à être publié. Chaque écrivain.e peut vous parler d’un manuscrit achevé qui n’avait pas pour but d’être édité. Il était là pour se donner confiance, croire en soi, exorciser une expérience ou guérir d’une blessure

Vous pouvez aussi avoir envie de voir ce roman vivre loin de vous, au-delà de vous. Pour toucher d’autres personnes, aider d’autres lecteurs et lectrices ou tout simplement partager, faire rêver…

Seulement vous avez passé des mois, des années sur cette histoire. Vous vous êtes levée en pensant à elle. Et vous vous êtes couchée en pensant à elle. Vous l’avez rêvée, imaginée, malaxé sa matière. Aujourd’hui, vous partagez un lien, une relation viscérale à votre texte. Si, quand vous étiez en période de création cet état était indispensable, aujourd’hui, il faut vous en séparer. Prendre de la distance.

Parce que, maintenant, vous allez devoir améliorer l’écriture de votre roman lesbien. Vous avez le premier jet et c’est désormais à vous d’aller plus loin.

Prenez du recul, coupez le cordon.

En tant que créatrice, vous êtes liée à votre roman. Vous lui avez donné la vie. Chaque remarque que l’on pourra faire dessus va vous toucher profondément. Comme si l’on attaquait l’un de vos enfants. Sauf que votre manuscrit n’est pas vous. Nous ne doutons pas que vous êtes une personne travailleuse, généreuse, enthousiaste, lumineuse.

Relire votre histoire à chaud et envoyer votre histoire à chaud sont des erreurs parce que ce lien ne sera pas coupé. Et, en conséquence, tous les retours que vous aurez vous atteindrons personnellement.

Vous avez besoin de prendre du recul. Cet éloignement est nécessaire. Profitez de la vie, réfléchissez à une autre idée, nourrissez-vous d’expériences, de lectures, de ce que vous voulez. Oubliez vos personnages, votre histoire et votre sujet. Détachez-vous de votre création. Il n’y a qu’en prenant ce recul que vous pourrez voir des choses que vous n’auriez pas vues avant.

3/ Retravaillez votre histoire pour améliorer l’écriture de votre roman lesbien

Une fois que vous avez pris du recul par rapport à votre histoire, que votre esprit sera occupé par d’autres idées, d’autres envies, d’autres expériences, relisez tout. Depuis le début. Avec une analyse critique de vos mots, de vos phrases, de votre scénario. Cette étape interviendra après plusieurs semaines voire plusieurs mois pour la majorité. Accordez-vous ce temps. Patientez !

L’objectif est de prendre du recul par rapport à votre histoire. De ne plus être à vif, possédée par celle-ci. D’avoir une sorte de détachement nécessaire et bienvenue.

Sur le fond

Gardez bien à l’esprit que chaque idée développée doit avoir un point final, une réponse. Si votre personnage a un tatouage énigmatique et qu’à chaque fois que quelqu’un le mentionne, votre personnage se ferme, est à deux doigts de pleurer, souffre le martyr, gardez à l’esprit qu’à un moment donné, vous devez expliquer pourquoi. Vous ne pouvez pas laisser cette question sans réponse.

Que vous utilisiez un plan ou que vous écriviez librement au feeling, à un moment donné, vous vous retrouverez peut-être à devoir supprimer des passages inutiles, en intercaler des explicatifs etc… Il faut accepter que la construction peut être amenée à changer pour permettre à votre roman d’atteindre sa meilleure version de lui-même.

C’est difficile, déchirant, parfois décourageant, mais malheureusement, il faut pouvoir en passer par là.

Sur la forme

Pensez à deux termes importants dès qu’il est question du style : fluidité et simplicité.

La Fluidité

Le lecteur doit pouvoir être happé par l’histoire. Plus les phrases vont s’enchaîner avec aisance et facilité, plus le lecteur pourra entrer aisément dans l’univers que vous avez créé. La facilité est souvent très dure à obtenir. Parce qu’on a une tendance à faire des phrases longues, à rallonge, parfois alambiquées qui peuvent être nuisibles à la narration au lieu de l’aider et de la soutenir.

Plus les éléments de vos phrases vont s’enchaîner de manière cohérente, mieux ce sera. C’est une évidence.

La Simplicité

Quand le monde ou l’univers créés sont riches, l’envie de tout expliquer, tout raconter est grande. On part dans de longues phrases descriptives ou explicatives pour rendre justice à tous ces éléments imaginés durant des jours, des semaines. Or l’effet obtenu est inverse. Vous étouffez votre lecteur qui croule sous les informations et ne parvient pas à différencier l’important de l’anecdotique.

En effet, si vous avez créé quelque chose de complexe, votre rôle, en tant qu’autrice, est de le simplifier pour que le lecteur puisse le comprendre en quelques mots. Les informations doivent être distillées petit à petit de manière à laisser la place à l’action et à immerger sans noyer.

4/ Faites appel à des retours extérieurs pertinents et riches qui vous aideront à vous améliorer

La plupart du temps, ces retours extérieurs sont appelés « béta-lectures ». Parce que ces « béta-lecteurs » ou « béta-lectrices » sont les premiers sur lesquels vous « testez » votre histoire. Leur rôle de guide est primordial. Les béta-lectures sont censées vous aider à prendre du recul sur votre histoire pour vous permettre de percevoir de manière plus détachée les points faibles de celle-ci. Elles ont un impact aussi bien au niveau du scénario que du style. En effet, elles peuvent vous aider à percevoir des incohérences ou des problèmes de construction. Ou alors, elles vont mettre en lumière des moments où vous racontez trop l’histoire au lieu de la faire vivre à votre lecteur.

Trouver ces personnes n’est pas évident. Il faut établir une véritable relation de confiance avec elles. Accepter leurs retours et leur avis est une nécessité. Au-delà, vous devez être à l’aise afin de pouvoir discuter, échanger, apprendre. Ces béta-lecteurs/lectrices vous permettent de progresser grâce à leurs remarques bienveillantes et éclairées.

De nombreux autrices et auteurs insistent sur le fait de trouver ces personnes hors du cercle familial de manière à avoir un avis vraiment impartial. Parce que vos parents ou votre compagne n’ont pas forcément envie de vous blesser en pointant les aspects négatifs de votre texte. Ils auront plutôt envie de vous soutenir en pointant ce qui fonctionne afin de vous motiver. Nous serons moins catégoriques de notre côté. L’important est d’avoir une personne avec un vrai recul qui vous donne un regard honnête et sincère.

À vous de voir où vous pouvez trouver cela.

5/ Si besoin, utilisez des outils pour améliorer l’écriture de votre roman lesbien

Au niveau de la relecture, des logiciels sont à votre disposition pour améliorer l’écriture de votre roman lesbien. Leur rôle est de vous aider à reprendre votre travail de fond en comble, du début à la fin. Ainsi, ils vous aident dans votre prise de recul.

Antidote

Le plus connu, mais aussi le plus cher, est Antidote. Complet, permettant à la fois d’identifier les répétitions, les tournures de phrases incorrectes, les fautes d’orthographes, de grammaire, de conjugaison et bien d’autres points, cet outil est très complet et potentiellement très utile. A vous de voir jusqu’où vous souhaitez pousser son utilisation.

Cet excellent logiciel peut s’intégrer un peu partout, dans Word, mais également sur d’autres traitement de texte et même Scrivener pour ceux qui ont fait le choix de cet outil. Et il est accessible pour Mac et PC.

Par contre, soyons honnêtes, à plus de 120 euros, il représente un gros investissement financier que tout le monde n’est pas en mesure de réaliser. Pour en savoir plus, le site officiel d’Antidote.

Le Robert Correcteur

Un tout petit peu moins puissant pour des questions de compatibilité avec d’autres logiciels, le Robert Correcteur est également une référence dans le domaine. Il peut s’installer avec les traitements de texte et vous permet de reprendre votre travail avec un regard neuf pour mettre à jour les répétitions, visualiser les phrases actives et passives, la ponctuation, les fautes d’orthographe, de grammaire, de conjugaison…

Moins cher que son prédécesseur, il est accessible à 99 euros aussi bien sur Mac que sur PC.

Pour en savoir plus, le site officiel du Robert Correcteur.

Language Tool

Si vous utilisez les suites Open Source comme Libre Office ou Open Office sachez qu’il existe un correcteur téléchargeable sur ces derniers. Gratuit et libre comme les deux logiciels d’écriture sur lesquels il s’installe, c’est un correcteur de grammaire, style et orthographe qui peut vous permettre de progresser et de noter de nombreux détails intéressant du point de vue de vos constructions de phrases.

Si ses performances sont limitées par rapport aux deux autres, l’une de ses énormes avantages est son prix. Il est gratuit ! Nous ne l’avons jamais testé de notre côté mais cela mérite le coup d’oeil.

Pour en savoir plus, le site officiel de Language Tool. 

6/ Gardez à l’esprit qu’écrire c’est travailler. Ce n’est pas juste un don.

En France, il y a cette idée qu’écrire est un don inné que les personnes possèdent ou ne possèdent pas. Nous sommes loin de penser que c’est le cas, chez Reines de Coeur. Si certains ont des facilités, c’est comme tout, ce qui fait la différence ensuite, c’est le travail fourni. Plus vous allez vous documenter, travailler, lire et relire, plus vous allez vous améliorer. Ainsi, vous allez faire grandir votre écriture.

En cherchant des informations, en lisant des blogs, des livres, en regardant des vidéos Youtube, en écoutant des podcasts, peu importe les moyens, vous allez vous enrichir d’expériences et apprendre. Parce que la concordance des temps n’est pas une évidence pour tout le monde. Car il existe des concepts importants comme le « montrer plutôt que raconter ». Et également parce que la notion des points de vue est primordiale et pas forcément connue de tout le monde.

Les recherches, l’apprentissage, tout cela va vous aider à comprendre le travail et le métier d’auteur.

L’énergie que vous allez investir va se ressentir, sachez-le. Et la différence peut clairement se faire à ce niveau. Alors, n’hésitez pas à chercher des conseils, à vous documenter, à enrichir votre pratique d’écriture.

Nous espérons que ces différents points vous auront aidé.e.s à améliorer l’écriture de votre roman lesbien.

Crédit Photo : Freepik

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