Bonjour Sylvie ! Est-ce que tu pourrais nous en dire plus sur ta nouvelle ?
Avec plaisir ! Je peux même vous dire le jour exact où ce projet a commencé à voir le jour… C’était le 27 mars dernier. Edwine m’a écrit au sujet de la mini-nouvelle « Sens interdit » et en a profité pour me rappeler que Reines de Cœur avait lancé un appel à texte. Je me suis dit : « Pourquoi pas ? »… et voilà !
Le choix du titre a été assez spécial sur ce projet, non ?
En effet, on peut le dire ! De mon côté, c’est de notoriété publique, je ne suis pas douée pour trouver un titre. La bande des Reines de cœur a donc fait une série de propositions que je trouvais toutes intéressantes. Difficile de se décider ! On a fini par demander l’avis du public sur R2C Family par le biais d’un sondage. Nous avons obtenu notre favori, mais aussi tout un tas d’autres idées.
Comment t’es venue l’idée d’écrire sur le monde diplomatique ? C’est une prise de parti intéressante et un univers somme toute peu connu du grand public.
L’envie d’écrire sur cet univers me taraudait depuis un bon moment. Il faut dire que je le connais bien puisque j’y travaille depuis maintenant plus de quinze ans. Les Affaires étrangères sont un peu un monde à part, certainement plus protocolaire que bien d’autres ministères. On a parfois l’impression que le temps n’a pas eu d’emprise sur les ambassades et que tout s’y passe encore comme au 18e siècle. Il me paraissait intéressant de lever un peu le voile, même si c’est de façon romancée, sur la vie de ces fonctionnaires parfois égarés à l’autre bout du monde.
Avec la création des deux pays que sont le Bakhoustan et le Kirinu, tu mets les connaissances géographiques de nos lectrices à l’épreuve. À ton avis, est-ce que les recherches Google sur le Bakhoustan vont décoller après la sortie de ta nouvelle ? [rires] J’avoue, j’ai moi-même préféré vérifier que ce pays n’existait pas, juste pour être sûre !
Le pire est sans doute que j’ai moi-même vérifié que je n’étais pas en train d’inventer un pays qui existait déjà ! Il faut dire qu’avec toutes les républiques de l’ancien bloc communiste, c’est assez facile de se mélanger les pinceaux. Je voulais situer l’action géographiquement sans risquer d’incident diplomatique. Sans doute une déformation professionnelle ! Ce choix s’est donc imposé.
Le fil rouge de la création de ton histoire est le sujet « Elles se détestent, mais… ». Est-ce que ce serait correct de dire que, dans le cas des deux ambassadrices, « les deux pays se détestent, mais… » ?
Tout à fait. La tension entre les deux femmes vient avant tout des relations bilatérales assez tendues entre les deux pays.
Le côté politique permet particulièrement de donner du relief aux relations entre ambassades et d’amener les négociations sous une lumière différente. Quelles sont les qualités d’un. e bon.ne ambassadeur/drice ?
Quelle bonne question ! Je pense que ce serait un peu présomptueux de ma part d’y répondre. Ce que l’État attend des ambassadeurs/drices dépend en partie du pays dans lequel on les envoie. Ce ne sera pas du tout la même chose au Soudan et en Allemagne. De plus on a forcément un avis très différent sur la question selon qu’on travaille sous les ordres d’un. e ambassadeur/drice ou qu’on est celui qui les nomme. Dans le premier cas, on a plutôt envie de voir des qualités humaines de bon manager d’équipe et un certain sens pratique, dans le second on attend un. e négociateur/trice hors pair et surtout des résultats.
Une relation telle que celle de Mathilde et Maeko est-elle autorisée si les deux pays ne s’entendent pas ?
Pour certains pays, c’est très certainement hors de question. En France, officiellement, je ne pense pas qu’il y ait une règle qui l’interdise. Cependant, il y a deux choses auxquels les diplomates à l’étranger doivent être particulièrement attentifs : les risques liés à l’espionnage sous toutes ses formes et l’image qu’ils renvoient de la France. Si une relation devait augmenter singulièrement les uns ou compromettre l’autre, il y a de fortes chances que le ou la fonctionnaire soit rappelé. e à l’ordre voire rappelé. e à Paris.
Qu’est-ce que tu as le plus aimé dans ce projet d’écriture ?
J’ai beaucoup apprécié écrire les jeux de dialogues entre les deux ambassadrices. Naviguer entre petites piques et séduction était très amusant. Situer l’action dans une ambassade, depuis le temps que je tournais autour de cette idée, était aussi très satisfaisant.
Autre chose à ajouter ?
Je voulais remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont bien voulu participer au sondage R2C Family. Ça fait toujours plaisir de voir la motivation des troupes !
Merci beaucoup !