Première mère Noël de l’histoire : an 1
Le soleil se leva sur le 23 décembre. Reine réfléchissait, une tasse de café fumante dans les mains. Elle huma l’intense breuvage et colla sa tête contre la vitre froide de la fenêtre à travers laquelle elle admirait la beauté enneigée de sa Laponie natale. Ce paysage avait toujours eu le don de la calmer. Pourtant, à la veille du réveillon de Noël, elle éprouvait pour la première fois une profonde anxiété. Elle songeait à la montagne de jouets préparés et disposés dans la hotte magique sans fond, durant une bonne partie de la soirée, par son père, sa mère, Christy, Merry, une armée de lutins surmotivés et elle.
La nuit avait été une course folle et, après seulement trois heures de sommeil, Reine savait que cette nouvelle journée allait l’être tout autant. Le cerveau en ébullition, elle s’était résignée à quitter la chaleur réconfortante de Christy pour tenter de trouver une source d’apaisement dans la contemplation du panorama avant le tourbillon de choses à faire. Perdue dans ses pensées, elle soupira d’aise lorsque des bras enlacèrent sa taille. La Commandante en cheffe déposa son menton sur l’épaule de Reine et enfouit son nez dans la nuque de son amante. Reine pouffa et glissa ses doigts dans les cheveux de sa partenaire.
— Je me doutais que tu étais une câline ! Petit koala mignon !
En guise de réponse, Christy se colla plus encore dans son dos et pressa ses lèvres sur la peau douce de sa gorge.
— Pourquoi te lèves-tu déjà ? Nous venons à peine de nous coucher et la journée ne va clairement pas être de tout repos ! grommela-t-elle d’une voix rocailleuse tout en faufilant sa main sous son haut de pyjama pour toucher son ventre.
— Beaucoup de choses me tracassent.
— Cite-les dans l’ordre décroissant de priorité.
— Cheffe, oui, Cheffe ! scanda Reine sur un ton militaire avant de reprendre. Je me demande comment sauver Noël, rendre ça possible dans de telles conditions. C’est indéniablement le point le plus important. J’angoisse de ne pas tout savoir des machinations qui ont conduit mon père à mourir assassiné pour ressusciter peu après. Notre mésaventure d’hier me fait imaginer que tout cela n’est peut-être pas terminé. Si c’est le cas, je crains la suite et appréhende avec beaucoup d’anxiété l’arrivée imminente de demain. Je me questionne également sur le résultat réel des épreuves. Sauf erreur de ma part, même si ça semble entendu entre Merry et moi que j’ai gagné, je n’ai pas eu une déclaration officielle du Conseil de Noël. Pourquoi n’y a-t-il pas encore eu une annonce officielle ?
— Je ne vais pas te mentir, je partage tes inquiétudes, soupira Christy en se séparant d’elle.
Reine resta prise de court par sa réaction. Elle qui espérait du réconfort et des paroles rassurantes ne s’attendait pas à voir ses craintes ainsi alimentées.
— Oh non, Reine ! Jamais tu ne trouveras auprès de moi des mots tout doux et mielleux si la situation ne s’y prête pas. Cependant, je te promets une éternelle sincérité.
— Tu prépares déjà nos vœux de mariage ? Me voilà touchée et flattée ! Je me savais fantastique amante, mais pas à ce point-là.
— Remballe ton ego ! Tu es divine, mais… non… je…
Christy se mit à sourire et tenta de masquer son trouble en cachant ses lèvres de sa main. Cependant, Reine choisit de se moquer.
— Oh non, continue, ne t’arrête pas en si bon chemin !
— Tu… Je n’arrive pas à croire que je vais dire ça ! Tu ne vas plus passer les portes après ça.
— Quoi ? Quoi ? Oh, dis-le ! Pitié, dis-le !
— Je me rappellerai combien j’apprécie le fait de t’entendre me supplier, la taquina la Commandante, de plus en plus détendue. Je… Je confesse que tu es de loin la meilleure amante que j’ai jamais eue !
Reine leva les deux bras en l’air et bondit avec allégresse. Elle l’attrapa et l’embrassa avant de parsemer son visage d’une multitude de fiévreux baisers. Leurs langues se retrouvèrent et la situation dérapa légèrement.
— Sache que tu es aussi une amante exceptionnelle, Christy, avoua Reine dans un soupir de désir.
En guise de réponse, la Commandante en cheffe la plaqua contre le mur de la chambre. De longues minutes durant, elles s’enlacèrent, bouche contre bouche, à perdre haleine. Reine sentait son sang bouillir sous sa peau. L’envie de voir sa compagne nue montait de plus en plus en elle. Elle s’apprêtait à glisser ses mains sous le top de sa partenaire quand elle sursauta au son de coups de poing sur la porte.
— On n’ouvre pas ! grommela-t-elle, la voix rendue grave par l’exaltation.
— La mère Noël qui se planque un 23 décembre ? Est-ce vraiment ainsi que tu souhaites débuter ton règne, Reine ? En plus, ça doit être la folie, là, dehors !
— J’adore, répète-moi ça pour voir… marmonna Reine, boudant volontairement la dernière phrase.
— Hors de question, tu es déjà bien trop excitée.
— Répète-moi ça, Christy, juste une fois.
La Commandante ignora la nouvelle salve bruyante contre le bois et vint coller ses lèvres contre l’oreille de la noëlfienne.
— Tu débutes ton règne de mère Noël, Reine, lui susurra-t-elle d’une voix langoureuse.
Cette dernière tressaillit de la tête aux pieds et gloussa de joie. Elle captura les lèvres de l’elfe une ultime fois et se dépêcha d’aller ouvrir. Sans attendre, Merry pénétra dans la chambre, talonnée de près par Philana.
— Enfin rhabillées, les filles ? râla l’ancienne adversaire, visiblement agacée d’avoir dû patienter.
— Nous n’étions pas nues, chère sœur ! Que nous vaut ta visite matinale ? Personne ne dort après si peu de sommeil ?
— Il y a du grabuge au Conseil de Noël. J’ai été tirée du lit par Rouspétopoulos, alors que personne ne vienne m’énerver aujourd’hui ! Je ne suis clairement pas d’humeur après m’être cogné un coup de clairon à m’en ramoner les tympans. J’en ai d’incessants acouphènes depuis le réveil, se plaignit-elle en se grattant l’oreille à l’aide de son auriculaire.
— Personne ne m’a informée, s’inquiéta Reine, un poids au creux de l’estomac.
— Normal, ils n’ont pas réussi à te trouver dans le chalet familial. Ils n’ont visiblement pas pensé à venir te chercher ici, chez ma chère sœur…
— Ne commence pas, Merry !
— Que se passe-t-il au Conseil ? marmonna la fille du père Noël.
— Une manifestation.
Le couple se figea. Reine entrouvrit sa bouche en un O silencieux, privée de toute éloquence. Ce fut Christy qui parvint à réagir la première.
— Une manifestation ? Comme pancartes en pain d’épices, chants du père Fouettard, cortèges de traîneaux, fumier de rennes et autres joyeusetés ?
— Comme dans prise d’otages, lancer de cannes en sucre et gavage à base de cookies. Si nous n’intervenons pas, les membres du Conseil vont devenir borgnes ou mourir d’indigestion ! précisa Philana, qui était restée muette jusque-là.
Reine la jaugea, un peu agacée par la présence de la médecin qui avait bien failli lui causer du tort et avait participé à une tricherie contre elle. L’intéressée dut percevoir les reproches dans ses yeux, car elle fixa ses chaussures et se mit à triturer ses doigts. Elle s’approcha, se racla la gorge et sembla réunir tout son courage pour parvenir à affronter le regard de la noëlfienne.
— Je… Hum… Je suis… Je suis confuse et…
— Désolée ?
— Je le devrais, j’en ai conscience… mais toute ma loyauté va à ma meilleure amie et… Merry est… Elle est pour moi…
Sa voix chevrotante se cassa et ses mots s’évanouirent avec elle. Reine soupira, incapable de lutter contre le trouble évident qui habitait son interlocutrice. La nouvelle mère Noël maugréa quelques reproches peu convaincants et vint serrer la complice de son ancienne ennemie dans ses bras.
— Peu importe aujourd’hui ! Merry et moi sommes rabibochées, de même que Christy et Merry. Conjuguons le passé au passé et avançons. Ça te convient ?
— Réellement ? balbutia Philana, interloquée.
— Sincèrement ! Je suis fatiguée des conflits ! Noël porte entre autres les valeurs de l’amour, de la joie et du pardon. Je ne ferai pas une bonne aspirante mère Noël si je me montre incapable de les appliquer. Promets-moi de ne plus jamais tenter de me torpiller !
— Oh, je le jure, ça n’arrivera plus ! Je… Je voulais juste… Merry souffrait tellement et…
— Plus besoin de te justifier ! On est OK.
Merry vint prendre les mains de son amie dans les siennes et la serra contre elle. Philana se racla une nouvelle fois la gorge et répondit à son étreinte. Christy bondit en direction de la porte, saisit le poignet de Reine et l’entraîna à sa suite. La Commandante en cheffe semblait plus perturbée par l’annonce de sa sœur que par cette émouvante scène de fraternisation.
***
— Que se passe-t-il ici ? s’écria Christy à l’intention des différents peuples de Noël qui s’étaient réunis dans la salle du Conseil.
En les voyant arriver, Tomte, le président, se précipita à leur rencontre, la tête recouverte de sucre glace. Reine s’empêcha de rire malgré l’aspect comique de ce mini-bonhomme de neige en pétard. Elle observa l’espace et remarqua la foule hétéroclite de créatures magiques, dans laquelle elle reconnut Rada, Rouspétopoulos, Sneachta, Pain d’Ép, et tous les autres protagonistes qui avaient participé, de près ou de loin, à son mois de formation. Elle tressaillit lorsque les Rennes-Gourmets sautillèrent et porta instinctivement ses mains à son ventre, comme pour protéger son estomac de leur plongeon. L’immense pièce résonnait d’un brouhaha de paroles et d’altercations tandis que de nombreuses personnes tentaient de se faire entendre par les membres du Conseil, complètement dépassés.
— Christy ! Dieu merci, vous voilà ! hurla Tomte en arrivant à leur hauteur. Nous faisons face à une véritable mutinerie ! Par le père Fouettard, vos soldats sont incontrôlables ! Ramenez l’ordre pour que nous puissions préparer promptement Noël !
— Rouspétopoulos, au rapport, lança-t-elle.
Aussitôt, le lutin tricentenaire se faufila aux côtés de sa Commandante et détailla militairement la situation.
— Conseil en cours de tergiversations ! Décompte des points trop serré… Souhaitent reprendre le ressuscité. Peuples de Noël croient en Reine… Refus de décision venu d’en haut. Les peuples de Noël veulent Reine !
— Mais les épreuves ont été quasiment autant gagnées par Merry que par Reine. À ce stade, il est plus que dangereux de trancher entre les deux et… tenta Tomte avant d’être coupé.
— Balivernes ! s’énerva Sneachta, qui n’en avait pas perdu une miette. La magie de Noël a clairement fait son choix depuis longtemps ! Reine l’attire et la magie lui est déjà loyale.
— C’est vrai ! s’exclama Cannella. La magie de Noël est venue l’éclairer durant l’entraînement dans le noir y a dix jours de ça. Elle irradiait autour d’elle, lui octroyant la vue dans la pénombre.
— Et les Rennes-Gourmets se sont même manifestés pour elle ! Vous savez à quel point c’est rarissime qu’ils le fassent durant une phase si précoce de l’enseignement, renchérit Christy avec un sourire satisfait.
En guise de confirmation, les petits rennes voltigeurs se cabrèrent gaiement en effectuant des ruades joyeuses autour de Reine.
— Elle respecte les lutins, ce n’est pas souvent le cas ! C’est bien ! grommela Pain d’Ép.
— Elle n’a pas peur de se salir les mains et les rennes l’apprécient, continua Rada.
— Et son Esprit de Noël est déjà auprès d’elle et il est particulièrement puissant, à ce qu’on m’a dit ! Elle aurait même hérité d’une licorne. Aucune licorne ne s’est manifestée depuis quatre pères Noël. Le dernier était un pangolin ! insista Rouspétopoulos, les bras fermement croisés sur sa poitrine.
— Un pangolin pour le premier père Noël assassiné quelques années après une pandémie mondiale dans laquelle son espèce a été présumée coupable… Il faudra se pencher sur le karma de cet animal ! chuchota Merry, restée silencieuse jusque-là.
— Je tiens tout de même à signaler que Merry voit également le même Esprit de Noël que moi.
— Un merveilleux bourdonnement à mon oreille ! Aussi horripilant qu’une nuée de moustiques autour d’un barbecue en plein été, marmonna l’elfe.
— Je te prierais de me respecter, jumelle diabolique même pas digne d’un de mes pets de paillettes !
— Ce n’est pas parce que ça scintille que ça ne sent pas mauvais, Unicœur ! râla Merry.
— Toi, c’est évident que tu n’en as pas senti ! argumenta l’équidé.
— Unicœur ! Merry ! Sérieusement ! s’agaça Reine en tentant de ne pas se faire remarquer.
La petite licorne sautilla et disparut dans une pirouette olympique savamment réalisée.
— Quoi qu’il en soit, reprit la descendante du père Noël à haute voix, nous sommes deux à avoir été bénies par la présence de cet Esprit de Noël. C’est bien la preuve que nos candidatures s’avèrent aussi valables l’une que l’autre aux yeux de la magie. Nous n’aspirons pas à dissocier les choses ! Nous voudrions œuvrer ensemble, lier nos univers au profit de tous les enfants de la planète !
Merry serra son poing, comme pour se donner du courage. Christy vint lui presser l’épaule afin de la soutenir.
— Le monde du père Fouettard, mon monde, ne se borne pas à la punition des « pas sages » ! Nous pourrions devenir les garants de la rédemption. Nous pourrions travailler à remettre les gamins qui dérapent sur le droit chemin, celui de la magie et de la joie, celui des sages, qui leur apporteront la sagesse dont ils auront besoin une fois adultes.
— Merry et moi nourrissions un rêve durant nos jeunes années, continua Christy à la suite de sa sœur. Celui de lier nos mondes pour construire ensemble une nouvelle ère où Noël serait plus beau, pour plus d’enfants et de parents ! Nous pouvons le faire !
— Les grinchs ne demandent que ça ! Ils aspirent à participer à la fête autrement qu’en qualité de figurants vaguement effrayants. Apportons plus, collaborons de manière à rendre davantage de mouflets méritants et distribuons encore plus de cadeaux ! conclut Merry en venant prendre la main de sa jumelle.
Elles se lancèrent un regard apaisé et empreint de connivence qui réchauffa le cœur de Reine. La jeune noëlfienne était fière de voir sa compagne et sa sœur renouer un lien perdu depuis si longtemps. Tomte les observa, puis leva les bras au ciel avant de retourner s’asseoir sur son siège de président du Conseil, de la poudre de sucre glace voletant autour de lui à chacun de ses pas. Il fit signe aux autres membres de s’approcher de lui et ils se lancèrent dans des messes basses enflammées.
— Que les choses soient claires, les menaça Rada d’une voix forte. Nous ne lâcherons pas le piquet de grève tant que la volonté de Noël n’aura pas été entendue. Reine et Merry ont parlé, et tout semble parfaitement s’imbriquer. Si vous préférez bloquer un vieux père Noël qui n’aspire qu’à une bonne retraite juste pour empêcher une femme d’accéder au traîneau, alors l’ensemble des peuples de Noël se mettra en grève et abandonnera son poste !
— C’est une prise d’otages ! tempêta Tomte.
— Tout à fait ! confirma Pain d’Ép, et on le vit très bien, d’ailleurs ! Marre des aberrations descendantes. Aujourd’hui, on fait remonter les solutions. On veut Reine ! Et on veut qu’elle bosse avec Merry ! En plus, l’aide des grinchs pour emballer les cadeaux, ce ne serait pas de refus !
Une vague d’excitation traversa le groupe de grinchs, extatiques à la perspective de toucher un cadeau autrement que pour le détruire. Les membres du Conseil se recentrèrent autour de Tomte et, après d’interminables minutes de débat, ce dernier refit surface et inspira profondément.
— Nous sommes désolés, mais, à la lumière des récents événements, nous ne pouvons destituer l’actuel père Noël au profit de qui que ce soit de différent. Nous avons le regret de devoir annuler purement et simplement le couronnement pour la bonne raison qu’un père Noël est toujours en poste.
Un murmure de mécontentement gronda dans la salle face à ce revirement complètement inattendu. Reine effectua un pas en avant, ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Elle scruta la réaction de Merry, qui paraissait tout aussi estomaquée qu’elle.
— Si je puis me permettre, intervint alors le père Noël en titre. Nous vivons des temps troubles où l’ordre établi n’est plus. Je suis mort et ressuscité, ça ébranle, je vous le confie. Je… Compte tenu du contexte j’ai… Je n’imaginais absolument pas devoir revenir à mon poste et… j’avoue… que j’aspire plutôt à une retraite bien méritée.
Tomte écarquilla de grands yeux, choqué. Certains membres du Conseil de Noël poussèrent des cris d’effroi et le président balbutia quelques paroles tremblantes :
— Insinuez-vous… que… Père Noël, vous… vous voulez démissionner ?
Deux lutins s’évanouirent et une petite foule s’attroupa autour d’eux afin de les éventer. Tomte recula jusqu’à son siège, où il s’écrasa et fixa l’homme avec un air de lapin pris dans les phares d’une voiture. Le père de Reine ne leur laissa pas le temps de réagir et entama un argumentaire mûrement réfléchi.
— Croyez bien que je mesure les implications d’une telle demande. Jamais un père Noël n’a quitté ses fonctions de son vivant. Pourtant, si nous devons construire un nouveau système, je pense qu’il devient nécessaire d’envisager d’octroyer aux gens de Noël le droit à un repos mérité après des centaines d’années de bons et loyaux services pour les bambins du monde entier. J’aspire à profiter de ma femme, qui a tout mis entre parenthèses pour moi. Et je rêve de voir une belle jeune femme me succéder et apporter sa touche féminine à cette grande institution. Que ce soit mon enfant ou Merry, j’éprouve la conviction profonde que c’est ce qu’il faut faire. J’appartiens au passé, je refuse de voler leur futur.
Le président de Conseil cria de rage et les membres du Conseil s’agglutinèrent autour de lui. La discussion fut animée et passionnée.
— Quel iceberg de bêtise, celui-là ! grommela Christy en patientant fébrilement jusqu’au verdict.
— Plaît-il ? s’enquit Reine.
— Il est bête, mais la bêtise qu’on peut voir cache trois fois plus de bêtise dissimulée sous la surface !
Reine pouffa de rire tout en tâchant de ne pas interrompre le Conseil en ébullition. Certains s’énervèrent, beaucoup tapèrent du pied, puis le silence se fit d’un coup. Tomte se releva, l’œil noir, la mine grave, et se racla la gorge.
— Puisqu’il en est ainsi et que personne ne semble respecter la haute autorité du Conseil de Noël, nous proclamons officiellement Reine nouvelle et première mère Noël de l’histoire. Elle travaillera en collaboration avec Merry. Les termes de ladite collaboration devront être dûment définis et actés par une charte cosignée d’ici Noël 2025. Toutes mes félicitations, cracha-t-il avec amertume.
La foule s’écria et sautilla d’allégresse dans un guilleret vacarme. Reine sentit des mains la toucher, lui serrer les paumes et lui offrir de chaleureuses accolades. Elle ne parvenait pas à réagir, figée par cette annonce tant espérée qu’elle recevait enfin. Parmi toutes les personnes folles de joie, elle remarqua son père, qui la fixait avec contentement. Il lui envoya un clin d’œil et effectua une révérence symbolique à son intention. Elle empêcha une larme de dégringoler le long de sa joue et courut jusqu’à lui pour lui sauter dans les bras.
— Je t’aime tellement, mon caramel en sucre ! Tu ne pouvais pas me rendre plus fier d’être père !
— Je t’aime, papa ! Tu ne m’en veux pas de voler ta place ?
— Tu ne fais qu’accéder à la tienne, ma fille. Moi, j’ai fait mon temps et j’ai laissé ta mère mettre sa vie entre parenthèses trop longtemps pour mon titre. C’est à son tour de rythmer notre existence.
— Tu vas avoir un jetlag carabiné si elle prend les commandes.
— Tant que je me trouve sur le même fuseau horaire qu’elle, ça me convient parfaitement. Je pense que tu touches du doigt ce sentiment, d’ailleurs.
Reine lança un regard en direction de Christy, qui était engagée dans une conversation passionnée avec Merry et Philana.
— Tu… Tu…
— Je l’adore déjà, même si elle est sévère et parfois despotique. Tu as bon goût, ma fille ! Je suis heureux pour toi !
— Nous le sommes tous les deux, confirma Carol en venant saisir le bras de son époux comme si elle craignait de le perdre à nouveau.
Reine enlaça ses parents et repartit en direction de son amante. Elle aspirait à se jeter sur elle pour l’embrasser jusqu’à manquer d’oxygène, mais elle hésitait. Pouvaient-elles s’afficher ? Christy l’accepterait-elle ? Les peuples de Noël le cautionneraient-ils ? Toutes ces questions s’entrechoquaient dans son esprit et elle tergiversait sur la décision à prendre lorsque les portes de la salle du Conseil s’ouvrirent à toute volée.
Les lourds battants en bois tapèrent bruyamment contre les murs dans une collision violente qui fit sursauter tout le monde. Christy, Reine et Merry accoururent vers l’entrée, rapidement rejointes par Tomte, les parents de Reine et Rouspétopoulos. Devant eux, de sublimes rennes ailés, à la robe blanche sur laquelle se dessinaient de noires arabesques, se cabraient et battaient de leurs larges ailes en hennissant avec puissance. Reine recula d’un pas, émerveillée par ces époustouflants animaux qu’elle ne connaissait pas encore. Les imposants cervidés s’apaisèrent, non sans asséner des coups de sabot au sol, imitant un orage approchant à grands pas. Christy paraissait totalement calme, comme si elle attendait quelque chose. Une minuscule créature, pas plus grosse qu’un dé à coudre, virevolta autour d’elles, donnant l’impression à Reine d’être attaquée par un bourdon. Elle voulut la chasser, mais sa compagne entrelaça leurs doigts furtivement pour l’en empêcher.
— Surtout pas ! Tu déclencherais un incident diplomatique sans précédent. C’est leur cheffe !
— Cette sorte d’abeille ? grommela-t-elle en la guettant.
— Regarde mieux !
Reine se concentra et remarqua que l’insecte n’était qu’une version miniature des rennes devant elles.
— Isaëline, reine des Rennes de Cœur, que me vaut ton honorable présence ?
Le petit cervidé atterrit sur la main de Christy et piaffa avec nervosité. Il secoua sa longue encolure avant de prendre la parole.
— L’heure est grave, Christy ! Suffisamment grave pour que je stoppe temporairement la tournée des Rennes de Cœur. À la veille de la veille de Noël, tu imagines l’urgence.
— Conte-moi tout ! Telle est ta spécialité.
— Fada tente de soudoyer certains de mes Rennes de Cœur pour raconter aux parents des contes de grinchs en lieu et place des belles histoires de Noël habituelles ! J’ai dû reprogrammer la mémoire d’au moins 76 foyers qui jetaient déjà toutes leurs décorations aux ordures.
— Quelle vieille empêcheuse de tourner en rond ! lâcha Carol.
— Elle refuse de prendre le risque de perdre son pouvoir. Elle ferait n’importe quoi pour prendre l’ascendant et prendre la place de ton père… la tienne, pour le coup, grommela Merry à son ancienne adversaire.
— Malgré la tournure un peu alambiquée de cette phrase et les trois répétitions du mot « prendre », je valide cette réplique, acquiesça Isaëline.
Reine fronça les sourcils devant les drôles de paroles de l’animal, mais, voyant que Merry et Christy ne réagissaient pas, elle se contenta de continuer à écouter sans broncher.
— Pourquoi donc agit-elle ainsi ? J’entends l’éternelle rivalité, mais de là à interférer auprès des autres peuples de Noël, c’est du jamais vu ! s’étonna Philana.
— Il nous faut vous expliquer plus en détail quelque chose, soupira le père de Reine.
Il passa ses mains imposantes et rugueuses sur sa barbe soignée et sourit à son épouse, qui attrapa son bras en guise de soutien. Il se racla la gorge, gratta l’arrière de sa nuque et leur révéla l’histoire de sa mort. Il avoua l’empoisonnement du morbier avec une fève de konjac. Merry se décomposa en découvrant le rôle qu’elle avait tenu dans cette sombre machination. Après quelques secondes de silence, durant lesquelles les quatre femmes tentèrent d’assimiler ce qui venait de leur être dévoilé, Carol fixa son mari et se hissa sur la pointe des pieds afin de déposer un baiser sur sa joue. Elle embrassa ensuite le front de sa fille et guetta les réactions de Merry.
— Où est-elle maintenant ? questionna cette dernière.
— Dans un chalet aménagé et gardé par 25 bonhommes de neige ! confia Carol d’une voix douce et posée.
Reine fronce les sourcils, étonnée par cette nouvelle.
— Quoi ? grommela sa mère. La criminalité au royaume de Noël a quelque chose de suffisamment inédit pour qu’aucune prison n’existe ici. Nous avons improvisé de manière à l’isoler, car nous souhaitions nous assurer qu’elle ne partirait pas faire des siennes encore une fois.
— À l’évidence, elle a trouvé un autre moyen pour nuire. Sa « détention » ne semble pas l’effrayer outre mesure, grommela Reine.
— Pourtant, si tu l’entendais râler du matin au soir et du soir au matin ! Les lutins responsables de son bien-être ne cessent de jeter l’éponge. Le plus tenace a démissionné après 24 heures à peine. Elle les torture de ses plaintes et geint à longueur de journée. Il faut dire que l’une de ses seules distractions est une télévision qui ne passe que des téléfilms de Noël, ricana Carol. Elle sature de toute cette mièvrerie et lance inlassablement des objets sur l’écran, tant et si bien qu’ils se sont résolus à l’ensorceler pour éviter de retrouver une vitre brisée à chaque visite. Maintenant, les projectiles la traversent et réapparaissent à leur place. Je la soupçonne d’en jouer. C’est le prix à payer quand on commet un crime ici : nous ne captons que les fréquences diffusant ce type de films.
— Elle ne semble pas traumatisée ! Pourquoi continue-t-elle ses manigances ? Ça me dépasse, en revanche, soupira Reine, qui mesurait le poids de la lourde responsabilité qui lui incombait désormais.
— Espérons qu’elle n’empoisonnera pas un nouveau morceau de fromage, gronda la disciple de Fada si fort que tous pivotèrent dans sa direction. Excusez-moi. Je… Je… J’ai du mal à assimiler que j’ai… j’ai moi-même… Je… Je n’en savais rien. Carol, père Noël, Reine, Christy, je vous jure que… je n’en savais rien….
Carol s’élança vers elle d’un gracieux bond en avant et la serra contre elle dans une étreinte sincère. Reine observait la scène, réalisant tout ce qui s’était tramé sans qu’elle en ait eu la moindre connaissance. Elle mesurait l’ampleur du rôle qui lui revenait maintenant et n’appréciait pas le fait de découvrir que la magie de Noël pouvait être si aisément entachée.
— Certains verbes pourraient mieux convenir qu’un terme tel que « savoir », mais l’intention reste parfaitement compréhensible, releva Isaëline.
Reine fixa Christy, qui pouffa en effectuant un pas pour s’approcher d’elle. Elle se pencha à son oreille et se mit à chuchoter quelques explications.
— Isaëline est la reine des rennes de Noël. Les rennes de Noël sont une ancienne branche magique de la famille des rennes. Leur rôle est de faire le tour des maisons du monde entier durant les 24 premiers jours de chaque mois de décembre. Ils implantent la féerie de Noël directement dans la tête de chaque adulte pour qu’ils vivent eux aussi toute l’intensité de cette période et puissent conditionner leurs enfants.
— Comment diable font-ils ça ? Est-ce que je souhaite connaître la réponse ?
— J’en doute…
— Voilà… maintenant, je veux savoir !
— Gamine ! la taquina Christy.
— S’il te plaît !
— Les rennes de Noël entrent dans les oreilles des gens et saupoudrent leurs pensées de paillettes d’histoires enchanteresses pour alimenter la magie de Noël.
— Nous sommes également à l’origine des décisions des groupes de télévisions de projeter des téléfilms de Noël toujours plus tôt dans la saison, se gaussa Isaëline avec fierté.
— Un peu flippant, mais rudement efficace ! Il paraît qu’en France, ça commence dès octobre maintenant ! On n’a même pas le temps de voir un ou deux films d’horreur que déjà les romances de Noël pullulent ! pouffa Reine.
— En ces temps mondialement incertains, la féerie n’arrive jamais trop tôt ! Nous offrons de l’évasion et de la joie ! Nous devrions être en service toute l’année si vous voulez mon avis ! Quoi qu’il en soit, mes troupes ont été approchées par le mal et je ne le tolère pas ! Mes Rennes de Cœur sont désormais délivrés de l’emprise de Fada, mais la prison dans laquelle elle semble être ne la prive visiblement pas de son pouvoir de nuisance. Il nous paraissait important de vous en informer, conclut la minuscule leader avant de claquer des sabots pour signifier le retrait de ses bataillons.
Les cervidés disparurent dans une cacophonie de bruissements d’ailes et de fumée, laissant le groupe décontenancé. Chacun lançait des œillades aux autres. Tous s’observaient en chiens de faïence en attendant le prochain mouvement. Consciente qu’il relevait maintenant de son devoir de trouver des solutions, Reine se racla la gorge et frappa dans ses mains pour attirer l’attention sur elle.
— Tout d’abord, Merry, ne te torture pas avec cette nouvelle, d’accord ? Mon père, ma mère et moi-même ne te tenons pas rigueur de tout ce qu’il s’est passé. Tu n’as été que le bras armé de Fada et tu ignorais tout de ses plans diaboliques. Tu dois accepter ce fait et ne pas te flageller inutilement. Nous voulons construire un nouveau Noël, unissant nos mondes. Les méchancetés de Fada ne font que me conforter dans ma conviction que nous avons raison d’espérer cela.
La jumelle de Christy hocha la tête, semblant peiner à retenir des larmes de soulagement. Elle paraissait tiraillée entre anxiété, apaisement et montagnes russes émotionnelles.
— Concernant Fada, une confrontation s’impose. Sa persévérance révèle une puissante dévotion à la destruction de Noël. Il me faut comprendre ses motivations si j’aspire à l’arrêter.
— Tout ce qu’elle désire, c’est le chaos, intervint Merry, amère et rageuse. Elle est dangereuse et aigrie. Rien ne pourra jamais la raisonner. Tu perdras ton temps, comme plein d’autres avant toi.
— Je dois… Je dois tout de même essayer. Même emprisonnée, elle continue à tenter de nous nuire.
— OK, nous allons organiser cette entrevue demain matin, à la première heure, mais je viendrai avec toi ! s’interposa Carol.
— Et moi également ! ajouta Merry avant de stopper sa sœur, qui avançait déjà d’un pas pour se porter volontaire. Non, Christy. Je la connais mieux que quiconque ! Je pourrai aider !
Un flash d’inquiétude traversa les yeux de la Commandante en cheffe, qui accepta à contrecœur avant de rétorquer :
— D’ici là, nous avons du pain d’épices sur la planche ! Nous devons parler organisation, anticipation et efficience…
Des soupirs de désespoir se firent entendre dans l’assemblée. Reine estima, en son for intérieur, que ça n’avait pas du tout l’air fun.
***
Durant quatre heures, Reine se joignit à l’équipe de Pain d’Ép, qui s’assurait de la conformité des différents colis. Afin d’éviter un mauvais étiquetage des lots de cadeaux, un système de contrôle d’un échantillon tiré au hasard avait été mis en place. Un parchemin magique annonçait un lot pour lequel il fallait vérifier la concordance entre les présents, le nom de l’enfant concerné et sa liste envoyée au père Noël. Malgré l’aspect particulièrement fastidieux de cette tâche, Reine se retroussa les manches et y participa avec rigueur et détermination. Plusieurs lutins la remercièrent de son aide et leur gratitude lui offrit une belle dose de motivation. Elle releva plusieurs erreurs d’adressage et la peur de livrer les mauvais jouets à un gamin commença à la tirailler. Chaque nouvelle coquille fit redoubler son anxiété et elle se retrouva rapidement à demander un nombre croissant d’échantillons à contrôler. Ses coéquipiers désespérant d’en voir la fin, Pain d’Ép se précipita à sa rencontre et l’entraîna à l’écart des ouvriers en ébullition.
— M’dame mère Noël, malgré tout le respect que je vous dois, les gars vont exploser si on continue à leur en empiler sur les épaules. C’est qu’elles ne sont pas bien larges, les épaules d’un lutin, aussi vaillant travailleur soit-il !
— Je… Je crains tellement une bourde que…
— Rien de mal à ça ! Mais la tournée de rattrapage sert à ça ! Notre boulot, là, c’est de la rendre la plus courte possible, mais on ne réussira jamais à l’éviter !
— La tournée de rattrapage ?
— Le 25 au matin ! C’est la fiesta pour nous ! Le seul moment de l’année où on chevauche des rennes pour aller rapporter les bons cadeaux si des enfants se réveillent avec autre chose que leur souhait au pied du sapin. Leurs pleurs nous sont remontés, on identifie le bambin, on retrouve sa lettre et on se dépêche d’aller balancer ça dans les jardins pour prétendre à une petite blague du père Noël ! Ça arrive chaque année, pas souvent, bien sûr, mais un peu quand même ! L’erreur est noëlienne et lutinienne ! En revanche, si les gars craquent… il risque d’y avoir un sacré paquet de boulettes en plus !
Reine acquiesça et réalisa que, malgré sa formation accélérée, il lui restait une multitude de choses à apprendre et à découvrir sur son nouveau poste.
***
Ensuite, Reine donna un coup de main pour le brossage des rennes en compagnie de Rada, leur éleveuse. Elle s’efforça d’accorder un peu de temps à chacune des bêtes qui allaient constituer son attelage le lendemain. Elle se laissa renifler, flatta leur encolure et s’assura de leur bon état de santé, guidée par leur soigneuse. Elle savoura leur présence à la fois apaisante et charismatique.
Après avoir géré urgence sur urgence avec les membres du Conseil, elle balaya la salle du regard et détermina, parmi différents groupes attablés, vers lequel aller. Elle sursauta au son de la voix de Christy.
— Enfin, te voilà ! s’exclama l’elfe, qui débordait d’enthousiasme.
Elle la saisit par la main et l’entraîna à sa suite vers le premier père Noël retraité, qui souriait de toutes ses dents. Reine dévisagea son père, peu habituée à son look de hipster taillé au millimètre. Face à son prédécesseur et sa petite amie, elle demanda :
— Que se passe-t-il encore ? Cette journée est beaucoup trop intense à mon goût. Je n’ai dormi que trois heures, j’ai faim et j’ai l’impression d’avoir déjà enchaîné une trentaine d’heures depuis mon réveil.
— Nous avons eu une idée ! Ton père et moi vous proposons d’optimiser nos chances de sauver Noël en orchestrant deux distributions ultra-organisées. Toi et moi, nous pourrons commencer et couvrir tout l’hémisphère Sud en attaquant par la Nouvelle-Zélande, comme c’est le premier pays à débuter le jour de Noël. Lui et Merry formeront le second convoi en attaquant, au nord, par la Russie, puis le Japon. Nous avancerons d’est en ouest parallèlement, et lorsque nous aurons terminé l’Amérique du Sud, qui va moins loin dans les décalages de fuseaux horaires, nous pourrons venir leur donner un coup de main pour finir l’Amérique du Nord. Qu’en penses-tu ?
— J’éprouve un drôle de sentiment à devenir la première mère Noël, mais également la première à avoir besoin d’aide, soupira l’intéressée.
— L’année s’avère particulière, Reine, intervint son père. Personne n’a jamais eu à vivre une prise de poste avec une formation aussi rudimentaire. Sans compter qu’aucun père Noël dans l’histoire n’a dû lutter contre un putsch. Ne te flagelle pas d’avoir besoin d’un peu d’aide.
— J’en pense… que ça me convient parfaitement ! chantonna Reine, rassurée par les mots de son aîné et touchée par l’excitation de son amante.
Alors que le moment tant attendu de s’élancer dans la distribution des cadeaux s’approchait à grands pas, la nouvelle mère Noël sentait l’anxiété monter aussi fort en elle que son impatience.
***
Après une journée à étudier leur itinéraire avec Christy, tout en recroisant les points d’étapes avec Merry et son père, Reine se retrouva exténuée dans sa chambre sur les coups de 23 heures. Elle sentait l’adrénaline lui parcourir les veines comme une horde de chevaux miniatures lancés à pleine vitesse dans sa circulation sanguine. Sa peau picotait tant l’énergie bouillonnait en elle, et le désir de monter sur son traîneau la tiraillait. Au-delà de ces sensations, elle peinait à assimiler la totalité de ces dernières semaines. Après un marathon à ne se concentrer que sur les entraînements en vue du 21 décembre, elle se retrouvait tenante du titre, inapte à réaliser pleinement tous les chamboulements qui l’avaient récemment percutée.
Entre la mort de son père, puis la résurrection de celui-ci, la compétition avec Merry, la paix entre les jumelles, son couple avec Christy et les machinations de Fada, elle perdait un peu la capacité à maîtriser ses pensées et ses émotions. Elle éprouvait la drôle de sensation d’avoir vécu plusieurs siècles en quelques semaines et un solide sentiment de vertige commençait à la saisir. Elle tangua, incertaine de son prochain mouvement, et savoura les bras puissants de son amante, qui vinrent la sécuriser et la ramener sur terre.
— Prête à dormir, madame la première mère Noël ? À moins que tu ne te trouves assaillie de peur et de stress en lien avec ton récent couronnement.
— Je suis morte de trouille, avoua Reine d’une toute petite voix.
Christy rit et embrassa son cou.
— Quoi de plus normal, madame la première mère Noël de tous les temps !
— Cesse donc de jouer avec ma panique. C’est cruel !
— Absolument pas ! C’est pragmatique ! Tu es un être exceptionnel et unique. Plus vite tu t’y feras, plus vite tu réaliseras le don et la bénédiction qui émanent de toi, et tu en useras à bon escient.
— J’espère que la magie de Noël t’entendra et m’aidera ! Je me sens prête, plus que jamais. Pourtant… tout est si… énorme et… incroyable…
— La magie de Noël ne t’aidera pas, Reine. Pour la simple et bonne raison qu’elle et toi n’êtes plus qu’une même entité. Tu es… la magie de Noël, et un tout nouvel univers s’ouvre sous tes pas. Alors, fais claquer tes talons, Dorothy, et saupoudre avec moi le monde d’une pluie de paillettes dont tu as le secret.
— Sous ton épaisse carapace, une douce femme en Chamallows sommeille.
— Effectivement, et tu l’as réveillée ! Tu vas devoir en assumer les conséquences !
Toutes les deux s’embrassèrent et se glissèrent dans le lit pour fêter ensemble l’incroyable aventure qui les attendait le lendemain.
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Rébellion, intronisation, conspiration, encore un chapitre CGV époustouflant d’inventivité. Isaeline : le nom juste parfait !
Alors pour Clémence, cheffe lutine : pluie d’étoiles et grande haie d’honneur 🤩🤩🤩🥰🥰🥰