Une comédie lesbienne romantique chez Reines de Coeur
Si vous suivez régulièrement l’actualité de la maison d’édition, vous n’avez pas pu passer à côté du précédent article. Nous vous annoncions la sortie, le 30 septembre prochain, de la comédie lesbienne romantique Fiancée Sous Contrat de Jae.
Une traduction d’un roman qui a remporté un large succès à la fois aux Etats-Unis et en Allemagne sous le titre Just For Show.
Découvrez un extrait de Fiancée sous Contrat, une comédie lesbienne romantique comme on les aime
— Donc tu as dit à tes contacts dans le milieu du cinéma que… que quoi ?
Que tu cherchais une actrice prête à jouer la fiancée d’une pathétique psychologue spécialisée en thérapie de couple qui n’a même pas été foutue de sauver le sien ?
— Je suis restée aussi vague que possible, répondit Mercedes. Je leur ai juste dit que c’était un projet particulier qui nécessitait la plus grande discrétion.
La plus grande discrétion. C’était une bonne chose. Claire se détendit un peu.
— Bon, combien d’actrices es-tu en train de faire patienter ? demanda-t-elle en montrant d’un geste la réception de l’agence de Mercedes.
— Juste une pour aujourd’hui. Si elle ne convient pas, j’en ai deux ou trois autres très bien sous le coude. Mais je me suis dit que le moins on serait dans la boucle, le mieux ce serait. On va donc commencer par celle que mon amie Jill m’a recommandée.
— Quelqu’un que je pourrais connaître ? questionna Claire.
Mercedes secoua la tête.
— Si tu pouvais la reconnaître grâce à un film, alors Madame Huge ou quelqu’un d’autre au sein de la maison d’édition le pourrait aussi. On a besoin de quelqu’un qui ait un peu d’expérience comme comédienne, mais qui ne soit pas encore connue. Et puis de toute façon, tu n’aurais pas les moyens d’embaucher Angelina Jolie.
— C’est vrai, admit Claire avant de scruter Mercedes avec insistance. As-tu déjà fait ce genre de truc ?
Claire était de ces personnes qui préparent des plans de bataille minutieux. Et là, il semblait que Mercedes avait pensé à tout elle aussi.
— Organisé un casting pour dénicher une fiancée factice ? gloussa Mercedes. Non, jamais. Mais c’est plutôt amusant, tu ne trouves pas ?
— Amusant ? répéta Claire.
Pour elle, amusant aurait été de déguster un verre de pinot noir en se prélassant dans un bain moussant. Pas d’imaginer un plan aussi tiré par les cheveux dans l’espoir de recoller les morceaux de sa vie qui menaçait de voler en éclat.
— Mais oui, allez, s’enthousiasma Mercedes en lui tapotant le dos. Allons voir les yeux de merlan frit qu’elle va te faire.
— Quoi ? s’exclama Claire, indignée.
— L’alchimie, tu te souviens ?
— Oh, bon sang…
Mais comment avait-elle pu penser un seul instant que ce serait une bonne idée ?
***
Très étrange. Lana jeta un œil tout autour de la réception, puis sur sa montre. Elle avait quelques minutes d’avance. Mais où étaient toutes les autres actrices ? Si le réceptionniste ne lui avait pas indiqué d’attendre ici, elle aurait été persuadée qu’elle s’était trompée d’endroit. Habituellement, aux auditions, il y avait toujours au moins une douzaine d’actrices qui lui ressemblaient – des brunes approchant la trentaine, bien en chair – relisant nerveusement leur texte et observant la concurrence.
Mais cette fois-ci, elle était seule à patienter, et il n’y avait pas de texte à apprendre. La directrice de casting voudrait-elle qu’elle fasse une lecture spontanée ?
Son amie Jill ne lui avait pas dit grand-chose – rien du tout, en fait – à propos de ce film. Apparemment, la personne avec qui Jill était en contact avait exigé la plus grande discrétion et expliqué qu’ils recherchaient « une actrice pour un projet peu conventionnel, de préférence lesbienne ou bisexuelle ».
Il s’agissait probablement d’un petit film d’auteur dont personne n’avait jamais entendu parler. Mais au point où elle en était, Lana ne pouvait plus se permettre d’être sélective sur ses rôles. En deux ans – depuis son accident –, son seul moment de gloire avait été de jouer un cadavre à la morgue dans une série policière. Avec quelques tournages de publicité et son boulot de barista dans un café, elle avait du mal à boucler ses fins de mois.
— Madame Henderson ?
— Oui ? lança Lana en redressant la tête.
Une femme latino-américaine d’une quarantaine d’années se tenait devant elle.
— Je suis Mercedes Soto. Merci d’être venue.
— Je vous en prie.
Lana se leva et se concentra pour ne pas boiter tandis qu’elle suivait Madame Soto dans le couloir vers la salle d’audition. La première chose qu’elle remarqua en rentrant fut l’absence de caméra et d’opérateur. Visiblement, ils n’allaient pas enregistrer l’audition. Manquaient-ils à ce point de budget ?
Mais un contrat, même mal payé, valait mieux que pas de contrat du tout. Lana resserra sa prise sur sa pochette cartonnée. Celle-ci contenait sa photo-portrait et son – modeste – CV d’actrice. Elle sourit à l’autre personne présente dans la pièce, une femme qu’elle devina avoir un peu plus que ses propres vingt-neuf ans. S’agissait-il de l’assistante de la directrice de casting ?
Non, décida Lana. Elle était trop bien habillée pour ça. Elle était très élégante à tout point de vue : ses cheveux blonds retenus en chignon, l’écharpe de soie turquoise autour de son cou qui parait ses yeux gris d’un reflet vert, sa jupe droite probablement taillée sur mesure qui enserrait ses hanches fines.
Lorsque l’inconnue traversa la pièce pour lui serrer la main, Lana remarqua ses chaussures. La paire, dont les talons n’étaient pas très hauts, avait dû coûter l’équivalent d’au moins un mois de loyer pour Lana.
Définitivement pas une assistante. Peut-être une mécène du film ? En tous les cas, son expression n’était pas de bon augure et Lana sentit ses chances d’avoir le rôle diminuer. L’inconnue avait l’air vraiment contrariée. Était-ce parce qu’elle aurait préféré auditionner une autre actrice ? Peut-être une de ces filles filiformes ? Ou était-ce à cause de la cicatrice ou du tatouage qui dépassaient de la chemisette que Lana avait achetée spécialement pour le casting ?
Lana garda la tête bien haute et regarda la femme dans les yeux. Dans le showbiz, elle avait eu affaire des dizaines de fois à ce genre de comportement hautain, et elle refusait de se laisser impressionner – ou d’avoir honte de son physique.
Comme si l’inconnue avait deviné les pensées de Lana, son expression se détendit.
— Bonjour, je suis Claire Renshaw.
Son ton était parfaitement neutre, et elle n’ajouta rien qui puisse indiquer à Lana son rôle dans l’équipe du film.
— Lana Henderson, enchantée.
La main de Claire était fine et agréable au toucher – bien qu’un peu moite. Mais pourquoi diable était-elle stressée comme ça ? Était-elle elle aussi une actrice auditionnant pour un rôle ?
Lana jeta un œil autour d’elle. Pas de script sur la table. Visiblement, ils voulaient de l’improvisation. Pas de souci. Lana avait appris à travailler dans des situations variées et pouvait improviser au pied levé.
— Voici ce que je voudrais, commença Madame Soto. Persuadez-moi que vous êtes folle amoureuse de Claire. Ça ne vous pose pas de problème d’être, euh, proche d’une femme, n’est-ce pas ?
Lana sourit. Pour une fois, être lesbienne jouait en sa faveur.
— Aucun souci.
Jouer une scène romantique avec Claire Renshaw n’allait vraiment pas être une contrainte. Même si elle était trop coincée et rigide pour être du genre de Lana, Claire Renshaw était indubitablement attirante.
— D’autres consignes ?
— Non, répondit Madame Soto. Montrez-moi juste comment vous arriveriez à faire croire que vous êtes toutes les deux folles amoureuses l’une de l’autre.
— Très bien.
Lana prit un instant pour se concentrer, éloigner toute pensée relative au paiement du loyer ou de ses factures médicales, et se glissa dans le rôle de l’amante de Claire.
— Claire, appela-t-elle dans un murmure sexy.
Le regard de Claire se fixa sur elle.
Oulah, ce regard exprime l’indignation, pas la passion ! Quel que soit le métier de Claire et son rôle dans cette production, elle n’était définitivement pas une actrice. Elle ne donnait vraiment rien à Lana pour faire avancer la scène. Bon sang, je déteste travailler avec des amateurs.
Mais Lana était déterminée à décrocher ce rôle, alors elle progressa d’un pas, se rapprochant de Claire. Elle sentit la chaleur corporelle de celle-ci l’envelopper, et un délicat parfum chatouilla son nez. Hmm, sympa. Elle donna libre cours à sa réaction naturelle et se pencha en avant pour rendre leur posture plus intime.
Si les circonstances avaient été différentes, Lana aurait probablement essayé d’attirer l’attention de la directrice de casting avec un baiser passionné. Mais elle avait l’impression que si elle tentait ce coup-là, elle recevrait une gifle plutôt qu’un contrat. À la place, elle attrapa doucement la main de Claire et la porta à ses lèvres.
Claire la regarda, les yeux écarquillés. Sa main était complètement molle. Définitivement pas du genre à improviser. Lana retourna la main de Claire et souffla délicatement sur la fine peau de son poignet avant d’y déposer un baiser.
Claire ne put s’empêcher de tressaillir.
— Euh, je pense qu’on a assez.
Elle retira sa main d’un coup sec et se recula.
Assez ? Elles n’avaient même pas commencé à dialoguer.
— Pouvez-vous nous laisser seules un moment ? demanda Madame Soto.
Lana se prit à espérer. Ce n’était pas le « inutile de rappeler, nous reviendrons vers vous » auquel elle s’était préparée. S’était-elle suffisamment bien débrouillée pour que désormais, elles fassent venir le vrai acteur ou la vraie actrice en tête d’affiche, pour les faire jouer ensemble ?
— Bien sûr. Je serai à la réception.
Lana regagna la porte d’un bon pas, malgré sa jambe douloureuse. Dans sa tête, elle voyait déjà son nom au générique d’une comédie romantique.
A jeudi 30 septembre pour la sortie de Fiancée sous Contrat
Comme d’habitude, nous vous donnons rendez-vous jeudi 30 septembre à 0h01 pour la sortie de cette superbe comédie romantique lesbienne. Laissez-vous transporter par cette histoire drôle et tendre entre deux femmes que tout oppose…