Vous rêvez de transformer une fanfiction en roman ? Cet article est pour vous.
Vous êtes passionné.e.s par une série télévisée ou une saga littéraire en plusieurs tomes. Tellement, que vous avez décidé de vous lancer dans l’écriture de fanfictions. Nous comprenons, nous partageons certainement votre passion pour l’un ou l’autre des ouvrages. Et surtout oui, si votre histoire est inédite vous pouvez envisager une adaptation afin de songer à une publication.
C’est possible et parce que c’est possible, nous allons essayer de vous guider au mieux.
Quelles fanfictions peuvent devenir des romans ?
Pas toutes les fanfictions, malheureusement. D’abord, un petit tour d’horizon sur les termes et les bases. Si vous n’êtes pas familier du concept de fanfiction, vous voudrez peut-être lire notre article sur les fanfictions lesbiennes. Dessus, nous vous racontons tout sur la création de cette spécificité dans l’univers du F/F.
Pour rappel, une fanfiction est une histoire ou un récit écrit par des fans et basé sur une œuvre qu’ils affectionnent. Comme expliqué plus haut, ce peut-être un film, un manga, un jeu vidéo, une série télévisée. Si on prend l’exemple de Reines de Coeur, nous connaissons les fanfictions basées sur le Swan Queen (couple fictif de la série télévisée Once Upon A Time) puisque 6h22 Place 108, Journal d’une Confidente et Popcorn Love sont trois fanfictions tirées de cet univers.
Si ces trois romans ont pu être publiés, c’est parce que les fanfictions en question sont des AU terme qui signifie en anglais Alternative Universe (Univers Alternatif). C’est-à-dire que les autrices ont adoré les personnages et ont réutilisé leurs traits de caractère pour les transposer dans le monde d’aujourd’hui. Ou un autre monde. Et en conséquence, à part reprendre des caractéristiques physiques et/ou psychologiques, elles n’ont pas réutilisé l’univers créé et déposé par les créateurs originaux. Cette notion est très importante, elle fait le lien avec la propriété intellectuelle.
Et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles lors de la transposition des fanfictions en romans, nous avons tenu à ce que les prénoms et noms des personnages soient changés. Parce que les autrices avaient créé une histoire originale qui leur était propre et s’étaient surtout inspirées de caractères opposés entre les héroïnes principales et parfois les personnages secondaires.
Clémence Albérie, Virginie Rousseau et KL Hughes vous ont inspiré ? Vous souhaitez vous aussi transformer une fanfiction en roman ?
Nous pouvons totalement le comprendre. Cependant, il y a quelques règles à respecter que nous nous devons de vous partager. Pas d’obligation, pas de généralité, pas de jugement. C’est simplement ce que nous faisons chez Reines de Coeur et cela n’engage que nous. D’autres éditeurs auront sûrement un point de vue différent sur le sujet.
Liste de nos conseils pour transformer une fanfiction en roman :
1/ Pensez à vous assurer que votre œuvre est inédite et que vous n’avez pas « emprunté » des éléments trop représentatifs de l’univers d’origine.
Votre fanfiction doit s’éloigner de l’univers d’origine. On pourrait même dire que, pour qu’elle fonctionne, le lecteur (nous en l’occurrence) ne devrait pas être capable de savoir de quelle fanfiction il s’agit. Pas de traits caractéristiques, pas de remarques particulières, pas de signes distinctifs. Gommez ce qui faisait la particularité de l’œuvre originale sur laquelle vous vous êtes appuyé.
Par exemple, changez le passé de vos personnages principaux. Modifiez les noms des héroïnes, des villes, des rues. Changez les tatouages, les physiques, etc…
Et passer d’une fanfiction à un roman original n’est pas forcément simple à ce niveau. Parce qu’il faut savoir gommer ce qui faisait le lien avec votre lectorat. Ces blagues entre fans, ces remarques glissées par-ci par-là qui réjouissaient vos lecteurs fidèles. Rien que cette partie demande un gros travail.
2/ Quelle est la taille de votre œuvre ?
Oui, nous mettons cette partie en numéro 2 parce qu’elle est un frein énorme, à notre niveau. En moyenne, un roman policier fait entre 60 000 et 70 000 mots. Une romance entre 80 000 et 100 000 mots (120 000 mots grand grand maximum).
Si vous nous envoyez un texte de 250 000 mots, il faut vous dire que ça va être compliqué pour nous à lire, à définir et à calibrer pour notre public. Parce que clairement, nous ne pourrons pas sortir l’histoire en un seul tome. En effet, le livre serait énorme avec un coût d’envoi en Colissimo parce que plus de 3 cm. Et ce n’est pas une option que nous envisageons à l’heure actuelle.
Donc, soit pensez immédiatement votre histoire en deux tomes, soit réduisez et taillez dans la masse.
3/ Pensez au rythme de votre roman. Il est très différent de celui d’une fanfiction.
Quand vous écrivez une fanfiction, votre objectif est de fédérer votre public et de lui fournir, toutes les semaines, un chapitre supplémentaire. Vous attirez avec de la nouveauté, du drame, des changements de perspectives, des arrivées déstabilisantes, etc… C’est un peu comme un feuilleton, chaque semaine, vous devez surprendre et accrocher différemment.
Un roman, c’est différent. Votre lectorat l’a acheté. Il l’a en main, il veut le lire et peut le dévorer en une journée, d’un coup, sans s’arrêter. Pas de temps d’attente, pas de frustration, pas d’oubli d’une semaine sur l’autre de certains paramètres.
Et c’est là où le bas blesse. Si vous répétez des informations, des ressentis, des vécus, des sentiments, très vite, le lecteur aura l’impression de tourner en rond. Parce que ce qui est recherché, dans un roman, c’est l’évolution et la progression qui doit sembler logique. Évolution et progression des personnages et de l’histoire.
Non, vous ne pouvez pas faire débarquer un frère de nulle part dans un roman si vous avez laissé supposer depuis le début que le personnage était enfant unique. Votre lecteur aurait l’impression d’être trahi. Sauf si c’est bien pensé, que vous avez semé des indices, et/ou que c’est un polar, là, ça marche. Mais un frère aimant, il prendrait des nouvelles de sa sœur. Ou la sœur en question penserait à lui de temps en temps en se disant qu’il lui manque. Vous voyez la différence ?
Pareil en ce qui concerne les descriptions. Un peu c’est bien, trop c’est moyen (la rime est là, on a réussi). Pensez « action ». Une action n’a pas besoin d’être importante ou longue, vous pouvez proposer des mini-actions. Type, « une femme achète un café, le renverse, son crush vient l’aider en lui proposant un paquet de mouchoirs en papier pour s’essuyer. » Ce n’est pas l’action du siècle, nous sommes d’accord. Cependant, vous avez une succession qui peut être intéressante. Dans quel état d’esprit est votre héroïne quand elle achète son café, comment elle le renverse, qu’est-ce qu’elle ressent à ce moment-là. Et lorsqu’elle remarque son crush, comment réagit-elle ?
Dans l’exemple au-dessus, au final, on se moque un peu de à quoi ressemble le comptoir ou le bar où elle achète le café, le physique du serveur, le temps qu’il fait. Ce ne sont pas ces informations qui intéressent le lecteur, ce sont les émotions des personnages. Ce qu’ils ressentent, ce qu’ils expérimentent, ce qu’ils vivent.
4/ Le plus important, les émotions et les sentiments
La plupart des fanfictions qui nous sont adressées sont des romances. Mais ce conseil fonctionne aussi pour les autres genres, bien évidemment. Dans une romance, les lecteurs recherchent avant tout des sentiments, des émotions. C’est ce qui fait tout le sel d’un roman et surtout d’une histoire d’amour, après tout.
Partager des émotions est compliqué, c’est le plus compliqué, à dire vrai. Mais c’est aussi ce qui va rendre votre ouvrage inoubliable. Les lecteurs et lectrices recherchent des sentiments, ils ou elles veulent s’y accrocher, les ressentir avec les personnages, souffrir, vibrer, s’émouvoir.
Les émotions et les sentiments, ce ne sont pas forcément juste des mots. Ce sont des liens avec les cinq sens, un goût métallique dans la bouche quand on s’est mordu de frustration, des mains moites, des poings serrés, une poitrine oppressée, une respiration courte, etc… Décrire ce qu’expérimentent physiquement les personnages a plus de sens que juste dire « il était triste ». Comment la tristesse se traduit-elle chez cette femme ? C’est la question qui intéresse tout le monde.
Et surtout, pensez à l’évolution de ces émotions. Les personnages ne doivent pas ressentir toujours les mêmes sous peine de lasser. Ils doivent les voir évoluer, progresser, devenir plus fortes ou moins présentes en même temps qu’ils évoluent eux-mêmes.
5/ Reposez-vous la question de l’histoire que vous voulez raconter.
Quelle est votre sujet principal ? Quelles épreuves, quel parcours va subir votre héroïne pour que vous puissiez raconter cette histoire sur ce thème de manière optimale.
Une fanfiction peut s’écrire au fur et à mesure et vous pouvez perdre cet objectif de vue. Pourtant, il est indispensable. Le lecteur veut comprendre pourquoi la transformation et la lutte de vos personnages principaux est si compliqué. Pourquoi ils doivent à ce point lutter.
Perdre cette idée de vue, oublier le thème principal, entraîne souvent des digressions importantes, des impressions de surplace ou de répétitions. Et à la lecture, tout devient un peu fouillis, un peu brouillon. Si vous garder votre objectif, votre thème à l’esprit, vous saurez exactement quelles parties couper ou étoffer pour donner plus de consistance à la quête de vos héroïnes.
6/ Pensez à la cohérence de vos personnages.
L’évolution des personnages est ce qui donne tout le sel à une histoire. On lit avant tout une histoire pour ses personnages. Ceux-ci doivent donc avoir des défauts, des doutes et être imparfaits. Comme nous.
Mais surtout, leur transformation doit apparaître cohérente et compréhensible entre le début et la fin de votre roman. Ne digressez pas trop, n’oubliez pas qui est votre héroïne et demandez-vous si telle ou telle réaction est logique d’après les traits de caractère de votre personnage.
Bien sûr, des retours en arrière sont possibles pour un personnage. Sa progression n’a pas à être parfaite. Au contraire, ce sont les chutes sur le chemin, les difficultés qui rendent un changement inoubliable et bouleversant.
En conclusion de cet article sur comment transformer une fanfiction en roman : un travail long et fastidieux.
Oui, cet article est long parce que transformer une fanfiction en roman n’est pas simple. C’est un véritable travail qui va vous prendre du temps. Et dans ce processus, nous n’avons pas mentionné les relectures et retravail qui restent indispensables.
Mais si vous voulez vraiment y arriver, nous sommes certaines que vous avez les moyens de prendre du recul sur votre travail et de réussir toutes ces étapes. Si cette histoire vous touche, si elle représente quelque chose pour vous, si le propos est important et résonne en vous, c’est le bon livre, c’est le bon moment.
Sachez que nous serons toujours très fières et heureuses de découvrir votre travail.