Échanges avec Lena Clarke au sujet de sa nouvelle romance F/F contemporaine
Bonjour Lena, peux-tu nous présenter ce nouveau roman que tu viens de sortir, Un Amour pas si Aveugle ?
Bonjour ! Un amour pas si aveugle raconte l’histoire de Romy et Maëlle. La première est une jeune femme aveugle de vingt-six ans qui jusque-là vivait en compagnie de son frère. Elle décide de prendre son indépendance et emménage dans l’appartement voisin à celui de Maëlle. Dès le début, elle essaie de se lier d’amitié avec elle, malheureusement sa première tentative se solde par un échec.
Sa voisine est quelqu’un de très secrète. Un incident dans sa vie l’a profondément bouleversé et a eu beaucoup d’incidences sur son caractère et sa manière de vivre. Elle ne souhaite pas s’attacher à de nouvelles personnes, encore moins d’aussi mignonne que Romy, mais cette dernière saura se montrer persévérante.
Comment est née l’idée de cette histoire ?
Je regardais un reportage sur les chiens guides d’aveugle et j’ai trouvé ça très intéressant. L’intrigue de base d’Un amour pas si aveugle différait totalement de ce que j’ai finalement écrit. À la base, je voulais me concentrer sur une personne qui venait de récupérer son chien et sur une éducatrice, mais de fil en aiguille, je me suis éloignée de cette idée.
Je voulais que les deux héroïnes soient voisines et les coïncidences auraient été trop grandes. Au final, Romy a donc récupéré Lady depuis de longues années et Maëlle a changé de profession.
Un roman, mais deux héroïnes et deux points de vue
Dans ce roman, tu écris toujours à la première personne, mais du point de vue des deux héroïnes. Pourquoi cette nouveauté ?
J’ai beaucoup hésité sur le point de vue à adopter dans ce roman. Au départ, je voulais écrire uniquement sur Romy, puis sur Maëlle, et j’ai réalisé que le plus simple serait encore de les laisser s’exprimer toutes les deux. Elles ont chacune leurs particularités, un entourage différent, des choses à gérer et je n’aurais pas pu détailler leurs caractères à chacune autant que je le voulais sans utiliser le double point de vue.
Est-ce que ce n’était pas trop dur de se mettre dans la peau d’un personnage qui a perdu la vue ? Est-ce que tu as effectué des recherches spécifiques sur ce sujet ?
Alors si ! Et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles, j’ai trouvé préférable d’écrire aussi le point de vue de Maëlle. Avec celui de Romy, je n’avais pas l’occasion d’utiliser tous les termes en rapport avec le champ lexical de la vision et je me suis vite rendu compte que c’était assez limité. Tout comme elle, le lecteur était « plongé dans le noir », alors que je suis plutôt habituée à tout décrire et à rédiger chaque scène de manière très visuelle.
De plus, et n’étant pas aveugle moi-même, je craignais toujours de commettre des erreurs. J’ai effectué des recherches pour essayer de penser à tout, à la manière dont vivait Romy, aux objets qu’elle utilisait, à ce qu’elle pouvait ressentir… l’important pour moi était de la présenter comme un personnage très positif, mais je ne voulais pas non plus donner l’impression que tout était facile pour elle.
Un amour pas si aveugle parle des insécurités et du besoin de faire confiance
Dirais-tu que tes deux héroïnes ont leurs propres insécurités dans ce livre ou l’une plus que l’autre ?
Je ne pense pas qu’il soit possible de comparer des insécurités. Romy et Maëlle ont chacune les leurs et essaient de les gérer au mieux. Elles ont aussi chacune un tempérament et une sensibilité différente. De prime abord, on pourrait croire que Maëlle est celle qui se laisse le plus « dominer » par ses insécurités. À cause d’elles, elles se privent de beaucoup de choses. Mais en réalité, Romy agit de la même façon. Elle a également ses peurs, seulement elle les cache beaucoup mieux.
Il est aussi beaucoup question de la confiance, Romy fait immédiatement confiance à Maëlle, mais c’est plus compliqué dans l’autre sens, non ?
En effet ! Pour certaines raisons, Maëlle est assez renfermée et refuse de laisser qui que ce soit entrer dans sa vie. Romy, avec sa bonne humeur, la touche rapidement, malgré tout Maëlle essaie de lutter. Elle souhaite rester seule et non se lier d’amitié avec sa nouvelle voisine. Par la suite, quand elles finissent enfin par se rapprocher, Maëlle peine toujours à se confier. Je dirais même que ses peurs s’intensifient.
À l’inverse, Romy se sent de plus en plus à l’aise et sa confiance en Maëlle devient totale.
Échanges avec Lena Clarke : deux chiens attachants et drôles
Lady et Batman ont un rôle important dans l’histoire. Peux-tu nous parler un peu des deux ?
Lady est une chienne guide d’aveugle. Une golden retriever qui accompagne Romy dans son quotidien. Grâce à elle, sa propriétaire se sent beaucoup plus à l’aise et en sécurité à l’extérieur. Elle est gentille, docile, affectueuse, une vraie boule d’amour.
Batman, lui, est un labrador de onze ans. Tout comme Lady, il était chien guide d’aveugle, mais est maintenant à la retraite et coule des jours heureux chez Maëlle qu’il s’amuse à faire tourner en bourrique. Pour sa personnalité, je me suis beaucoup inspirée de mon propre chien. Ils sont tous les deux très mignons, mais en même temps très têtus.
Avec Un Amour pas si Aveugle, tu renoues avec la romance contemporaine pure, c’était quelque chose que tu voulais après la fantasy ? Qu’est-ce que tu préfères écrire au final ?
En réalité, je n’ai pas écrit les deux romans l’un après l’autre, alors pas vraiment ! Mais de manière générale, j’essaie de varier les styles. Si j’écris de la fantasy, j’écrirai soit de la romance contemporaine, soit de la romance historique après. J’aime passer d’un univers à l’autre, cela me permet de ne jamais me lasser.
Et pour répondre à la seconde partie de la question, je ne suis pas certaine d’avoir une préférence. J’écris ce qui me fait le plus envie à un moment donné. J’ai davantage d’idées de romance contemporaine, mais c’est aussi car il est plus « facile » de ne pas devoir inventer tout un monde.
Un retour en France après les Etats-Unis
Est-ce qu’on peut te demander pourquoi le choix de Paris ? Tu alternes entre la France et les Etats-Unis dans tes romances contemporaines, tu peux nous en dire plus sur ce sujet ?
Je dirais que ça m’a semblé naturel. Bien souvent, quand je base mes romans aux Etats-Unis, c’est soit car un élément de l’intrigue l’impose – par exemple dans New Heaven, j’avais besoin qu’Angelina possède déjà son permis à dix-sept ans – soit car je souhaite faire un lien entre mes personnages. J’aime les interconnecter de roman en roman, mais cela impose souvent de les faire vivre dans la même ville ou au moins le même pays.
Ici, je n’avais pas cet impératif. Romy et Maëlle sont indépendantes de mes autres personnages. C’était donc l’occasion de revenir en France. De plus, les reportages que j’avais visionnés sur le quotidien de personnes aveugles ou sur les chiens guides d’aveugle étaient français. Il était donc préférable de ne pas changer de pays afin d’essayer d’être le plus réaliste possible.
Si les lectrices ne devaient retenir qu’un message de ce roman, tu aimerais que ce soit lequel ?
Vive les chiens ! [rires] Non, plus sérieusement, avec ce roman, je voulais montrer qu’aucun blocage n’est définitif. Chacun a ses propres peurs, qui peuvent se révéler très handicapantes, mais s’ouvrir aux autres, communiquer, et être bien entourée aident parfois à les surmonter.
Se mettre à la place d’une aveugle n’est pas un exercice facile, mais comme Lena est capable de tout, je ne me fais aucun souci pour la description réaliste de Romy.
Je côtoie des aveugles et cela nécessite beaucoup d’empathie mais au même titre que toute personne fragilisée dont Maëlle fait aussi partie.
Les relations entre bipèdes et quadrupèdes, c’est sûr je vais adorer !!
La résilience et l’amour au menu : superbe leçon d’alchimie ❤❤❤