Bonjour Lena, est-ce que tu peux nous présenter ta nouvelle Entre Rêve et Réalité ?
Il s’agit d’une romance se situant à Tokyo, à une époque futuriste. L’héroïne, Rachel, est une scientifique travaillant pour une entreprise qui vend du rêve, au sens littéral du terme. Chef d’équipe, elle est responsable de plusieurs jeunes femmes. La mission de celles-ci ? Créer des scénarii adaptés aux préférences et aux souhaits de chaque client. Dès le début de l’histoire, on apprend qu’elle est amoureuse de l’une d’entre elle. Forcément avec des « machines à rêves » à proximité, il ne lui faudra pas longtemps pour succomber à la tentation… Elle va s’en servir afin de vivre son fantasme. Cela va-t-il lui suffire ? Rien n’est moins sûr…
Comment est née l’idée de cette histoire ?
Plutôt simplement à vrai dire. Quand Edwine m’a parlé du thème du concours, je l’ai trouvé vraiment très vaste. Par conséquent, mes pensées avaient tendance à partir un peu dans tous les sens. Pour me canaliser, je me suis concentrée sur le mot « rêve ». La première chose qui me soit venue à l’esprit c’est « machine à rêves ». À partir de là, j’ai réfléchi à l’univers que je voulais pour cette histoire. Puis, après avoir décidé que ça se passerait au Japon, les deux héroïnes me sont apparues plutôt naturellement. Car oui, avant de réfléchir au scénario, j’imagine d’abord mes personnages… Le tout a donc été plutôt rapide à concevoir. Je fonctionne beaucoup par association d’idées. Pour cette nouvelle, une soirée a été suffisante pour penser les éléments majeurs du récit.
Le monde que tu décris est un monde futuriste. Mais finalement les préoccupations de tes héroïnes restent les mêmes que celles d’aujourd’hui, non ? Aimer et être aimer en tête.
Je pense que cette préoccupation restera toujours quelque chose d’actualité. Tant que l’être humain sera capable de sentiments, il recherchera toujours la compagnie de ses semblables. Aimer ne se contrôle pas, et quand on aime quelqu’un, forcément on ne peut s’empêcher d’espérer une réciprocité. Que ce soit maintenant, ou dans le futur, il y a peu de chance pour que cela change.
Qu’est-ce qui t’a attiré dans ce sujet de deux personnes qui se plaisent sans arriver à se le dire ?
Pour être honnête, à la base ce choix était celui de la facilité. Puisqu’il s’agissait d’une nouvelle, avec un nombre de pages limités, j’ai trouvé préférable de ne pas écrire sur deux inconnues. Puis en y réfléchissant, j’ai trouvé intéressant de faire en sorte que l’héroïne ait des sentiments pour une autre personne dès le début de l’histoire. Au final, ce n’était donc pas prémédité, mais j’ai bien aimé traiter ce sujet. À la lecture, forcément on se dit que l’héroïne est vraiment aveugle, et qu’il lui suffirait de se lancer, mais je pense qu’en se trouvant à sa place, ça ne nous paraîtrait pas aussi facile ! Du coup, c’était assez drôle pour moi de les faire se tourner autour, sans qu’aucune n’ose réellement prendre l’initiative. Et ça montre bien que souvent une prise de risque est nécessaire afin de faire bouger les choses.
Ta description d’un Japon du futur, même si elle est minimaliste est très intéressante. Tu connais un peu ce pays ? Pourquoi avoir choisi celui-là d’ailleurs ?
Plutôt que connaître, disons que je me suis beaucoup renseignée sur ce pays. La culture propre au Japon m’a toujours intéressée, et je m’étais dit qu’un jour je baserais une histoire là-bas. Au départ, quand j’ai eu l’idée de la nouvelle, et plus par automatisme, j’avais pensé à la situer aux Etats-Unis. Ensuite, après réflexion, je me suis rendu compte qu’en réalité, ce récit pouvait se passer n’importe où dans le monde, et que c’était dommage de ne pas en profiter. Donc pourquoi le Japon ? Tout simplement parce que j’aime beaucoup ce pays, et que c’était l’occasion idéale de me renouveler.
Maîtriser ses rêves et pouvoir en profiter réellement c’est l’objectif de grandes entreprises et de nombreuses personnes. Certains scientifiques travaillent actuellement sur le sujet. Tu penses que nous y arriverons un jour ?
C’est très probable ! Mais je pense que malheureusement, ce jour est tellement lointain que nous ne serons plus là quand quelqu’un parviendra à mettre au point cette technologie. Quoique… on ne sait jamais ! Il y a cinquante ans par exemple, internet n’en était qu’à ses balbutiements. Pareil pour les jeux-vidéos, quand on compare les jeux de 1970 à ceux d’aujourd’hui, on se dit vraiment que tout est possible. L’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, sont également des technologies en plein essor. Du coup, de mon point de vue, il est presque certain qu’un jour, un procédé permettra de maîtriser ses rêves. La vraie question ce serait plutôt de savoir quand cela arrivera.
Qu’est-ce que tu as préféré écrire dans cette histoire ?
Difficile de répondre sans spoiler… De manière générale, j’ai vraiment beaucoup aimé écrire toutes les scènes se déroulant entre les deux héroïnes. Si je devais choisir, je dirais que j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire tous les petits moments où Rika lançait des signaux monstrueux à Rachel, mais que cette dernière ne les voyait pas, ou tout simplement n’y croyait pas (avec une mention spéciale pour la scène où elles partagent leur premier déjeuner ensemble).
Qu’aimerais-tu que les lectrices retiennent de leur lecture d’Entre Rêve et Réalité ?
J’aimerais surtout que les lecteurs passent un bon moment de lecture, mais j’ai la forte impression de me répéter d’une interview à l’autre. La pseudo-morale de ce récit serait peut-être que sans une petite dose de courage, on n’arrive pas à grand-chose. À un moment donné, si on souhaite faire évoluer les choses, il faut se lancer et ça ne vaut pas que pour le domaine sentimental. Après, concrètement, j’aimerais simplement que les lecteurs adhèrent à l’univers du récit, et tout simplement ne finissent pas leur lecture avec des regrets de l’avoir débutée.
Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?
Tout ce que vous voulez du moment que ça reste positif !
Je viens de terminer la lecture de toute l’oeuvre de Lena Clarcke. Ce septième roman, même s’il est plus court que les autres, reste quand même très fort dans la phase de conclusion entre Rachel et la belle Rika. Lena Clarcke est d’une imagination débordante quant aux instruments qu’elle met en scène pour construire son intrigue. Cette machine à rêve est vraiment prodigieuse… à se demander si cela appartient encore à la Science Fiction… . Étonnamment, le présent roman est nettement plus réservé sur les scènes d’amour. Il est tout en pudeur mais cela n’en réduit absolument pas l’intensité émotive et sentimentale. Un excellent petit bonbon qu’on avale trop vite et qui fait qu’on en redemande. Et tout ça dans le style, la forme et les mots dont Lena Clarcke seule a le secret. Chapeau bas à l’auteure !