Imprimeur homophobe : Pourquoi nous avons décidé de changer d’imprimeur

Imprimeur de livres lesbiens

Il y a quelques mois, nous vous parlions de la manière dont nous avions choisi notre imprimeur. Nous avions opté pour une entreprise française spécialisée, dans le département voisin par choix. Nous voulions garder l’impression des romans dans l’hexagone et ainsi bénéficier des compétences et d’une production française. Cet article avait été relayé sur nos réseaux sociaux, comme d’habitude, et tout allait pour le mieux…

Un appel téléphonique hallucinant par un imprimeur homophobe

Jusqu’à l’appel du commercial avec lequel nous traitions qui nous a demandé d’enlever toute mention de l’entreprise de notre site. Gaëlle qui a reçu le coup de téléphone a demandé pour quelle raison et la réponse l’a laissée sans voix. « Parce que nous publions de tout et nous ne voulons froisser personne… Nous avons même déjà imprimé une BD pornographique et cela a créé des problèmes avec certains de nos clients… »

En quelques secondes, les livres de Reines de Coeur ont été assimilés à de la pornographie et surtout Gaëlle a senti venir l’homophobie qui ne disait pas son nom… Gaëlle a soulevé l’amalgame malheureux et expliqué qu’elle ne comprenait pas et l’a joué finement, après tout, les couvertures sont sobres, la charte graphique soignée et le contenu ne contient au maximum qu’une ou deux scène d’amour de quelques pages. Pas de quoi déclencher ce type de réactions. Sauf que le commercial a commencé à répondre qu’ils publiaient de tout, notamment beaucoup de livres « catholiques » et qu’ils ne voulaient pas être assimilés à quoi que ce soit de gay-friendly pour ne pas perdre leurs clients…

Entendez : ils rapportent gros alors on ne va pas les froisser mais on veut quand même bien de votre argent. Oui, on a lu entre les lignes, mais je vous assure que ça voulait dire cela. Le commercial s’est fait pressant et a exigé que l’on retire l’article une nouvelle fois. Gaëlle a conclut en disant que son attitude la dérangeait et que au-delà du simple article, elle allait reparler de cette collaboration avec ses associées…

Une réunion d’équipe de crise suite à cette découverte de l’imprimeur homophobe

Après cette conversation, Gaëlle a souhaité parler avec Edwine et moi. Elle travaille dans le marketing et la communication, d’un certain côté elle comprenait la position de cette entreprise qui ne voulait pas être clivante même si cela la dérangeait dans le fond. L’objectif de cet imprimeur était juste de gagner de l’argent, peu importe d’où il vient. Nous avons longuement discuté et réfléchi.

Honnêtement, depuis la création de Reines de Coeur, c’était la première fois que nous nous heurtions à l’homophobie de plein fouet de cette manière. L’idée qui a émergé au fil des minutes et des heures étaient que nous ne voulions pas travailler avec des personnes qui n’avaient pas d’éthique. Nous n’avions rien contre le fait qu’ils publient des trucs catholiques, pourquoi devions-nous accepter qu’ils jouent la prévention en nous muselant de la sorte ?

Et au-delà de ça, s’ils publiaient tout sans réflexion et sans analyse, juste à cause de l’argent, ils étaient capables de publier des trucs racistes, homophobes et appelant à la haine, alors ? Et là, c’était nous qui ne voulions plus être associées à eux…

Une nouvelle étude de marché en urgence

Malheureusement, Gaëlle avait très bien fait son travail. Cet imprimeur était de loin le moins cher que nous pouvions trouver. Il nous a donc fallu nous mettre en quête d’un nouveau en acceptant de réduire nos marges. Le travail n’a pas été facile. Il a été compliqué par le fait que nous avions prévu de publier Aimer n’est pas Jouer et Journal d’une Confidente avant le salon du livre lesbien.

Il nous fallait donc faire vite. Nos recherches se sont rapprochées de la région lyonnaise pour économiser le coût des livraisons. Après tout, faire des aller-retours en voiture, la charger et la décharger demande de l’huile de coude, mais revient moins cher à l’arrivée. Nous avons été en contact avec plusieurs imprimeurs et chaque début de conversation commençait inexorablement de la même manière :

« Nous sommes une maison d’édition lesbienne, nous publions des romans d’amour. Est-ce que vous avez un problème avec ça ? Est-ce que vous acceptez que nous communiquions sur notre partenariat ? »

La découverte de Grafficus filiale de Vassel Graphique

Nos recherches nous ont permis de rencontrer l’équipe de Grafficus situé à Bron, à quelques kilomètres de notre siège social. Le contact a tout de suite été fantastique que ce soit par téléphone, mail ou en direct avec l’équipe. Après une visite des locaux et malgré des coûts d’impression beaucoup plus élevés, nous avons décidé de travailler avec eux. Nous avons alors fait imprimer Journal d’une Confidente de Virginie Rousseau et Aimer n’est pas Jouer de Fanny Mertz à quelques jours d’intervalle. Nous avions besoin d’être prêtes pour le salon du livre lesbien après tout !

Des coulisses pas toujours roses

Cet article a mis longtemps a être écrit et publié. La faute à l’envie de faire partager les « bonnes » choses et les « bonnes » nouvelles. Il est toujours difficile de révéler ce type de problèmes et de se poser pour en faire un résumé qui soit fidèle à la réalité. Nous espérons cependant avoir réussi. Et surtout, sachez que cela nous a donné encore plus envie de continuer et d’éditer nos livres. Parce que la littérature lesbienne a besoin d’être présente et visible, pour offrir une représentation positive des LGBT. La visibilité importe.

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