Découvrez l’Interview AM Brawne pour la sortie de son premier roman fantastique F/F : Yule
Bonjour AM Brawne, nous sommes ravies de te retrouver avec un roman intitulé Yule. Roman lesbien qui sort pile pour les fêtes de fin d’année. Peux-tu nous le présenter ?
Bien sûr ! On y suit Lizzie, une sorcière grognon issue d’un clan millénaire et dont la spécialité est la magie de la cuisine. En attendant de pouvoir lancer son propre café, elle travaille dans un Starbucks à Londres où elle s’ennuie à mourir et se désespère de l’arrivée de Noël, qu’elle déteste. Son quotidien est bouleversé lorsqu’elle sauve la vie de Victoria, une humaine énergique et pétillante, trahissant son secret. Elle doit alors trouver un moyen de se procurer une potion d’oubli pour régler la situation, même si cela signifie retourner auprès de son clan à Cambridge pour les fêtes de fin d’année. Reste à trouver une bonne excuse pour expliquer la présence de Vi à ses côtés…
Comment est née l’idée de cette histoire et pourquoi ce choix de mettre en scène de la véritable magie ? Quelles sont les recherches que tu as effectuées à ce sujet ?
Si je me souviens bien, Reines de Cœur était à la recherche de romances de Noël. Ce n’est pas un genre que je connais particulièrement bien, mais je me suis dit que j’allais tenter l’expérience, à ma sauce. Depuis quelques années, les sorcières reviennent sur le devant de la scène, notamment avec l’essai de Mona Chollet ou des séries comme Les nouvelles aventures de Sabrina. Ça m’a beaucoup intéressée et j’ai pas mal lu sur le sujet. Notamment sur la Wicca et d’autres mouvements religieux néopaïens qui intègrent la sorcellerie dans leurs pratiques. De plus, j’ai toujours adoré le fantastique. L’idée de créer mes propres sorcières et d’intégrer la fête de Yule, célébrant le solstice d’hiver, me semblait être une approche originale pour une romance de Noël.
Une histoire engagée et féministe se déroulant en Angleterre
Tu connais bien l’Angleterre ? Pourquoi ce choix de pays, d’ailleurs, d’habitude les autrices utilisent plus des USA, non ?
Je vais régulièrement au Royaume-Uni et j’adore m’y rendre. Je pense que ce sont des cultures qui me plaisent davantage et qui me semblent peut-être plus proches. Il y a aussi un côté historique et littéraire que j’apprécie beaucoup. J’ai beaucoup hésité entre Édimbourg, que j’affectionne particulièrement, et Londres pour ce roman. Mais je me suis rappelé que la période de Noël est vraiment une institution dans la capitale britannique, carrément un argument touristique. C’était donc parfait pour planter le décor du début de mon récit.
Peut-on qualifier ton roman de féministe et pourquoi ?
Si par féministe, on entend un roman avec des personnages féminins multidimensionnels qui prennent leur destin en main et un récit qui intègre les défis de notre société, alors oui, peut-être. Mais ça me semble tellement naturel et normal, je ne me vois pas écrire autrement ! [Rires]
Lizzie est une révoltée, non ? En tout cas, c’est l’impression qu’on a début du livre et on comprend au fil des pages les raisons de son état d’esprit.
Totalement ! C’est un esprit rock’n’roll qui a longtemps souffert d’être en marge de la société, mais surtout de sa propre famille. Être différente de la « norme » peut provoquer un sentiment d’exclusion et beaucoup d’anxiété. Pourtant, ça peut également donner énormément de force et de créativité. Lizzie est littéralement là pour donner des coups de pied dans la fourmilière et c’est ce que j’adore chez elle.
Une love interest en fauteuil roulant, mais pas que…
Pourquoi ce choix de proposer un personnage principal en fauteuil roulant. Et surtout pourquoi ne pas en faire la caractéristique principale de Vi ?
Parce que la vie des personnes handicapées ne tourne pas uniquement autour de leur handicap. Je suis aussi concernée par ces questions, ainsi que plusieurs de mes proches. Il était donc important pour moi de représenter les obstacles concrets que l’on peut rencontrer en vivant avec un handicap, et en particulier un fauteuil dans le cas de Vi. Mais c’est uniquement un aspect de sa vie, qui ne la définit pas entièrement. Il y a un manque de représentation flagrant dans ce domaine alors que beaucoup de personnes vivent avec un handicap, qu’il soit visible ou non.
Yule est un livre qui ouvre les yeux sur les discriminations et l’inclusivité. Ce sont des sujets qui te tiennent à cœur ?
Tout à fait. Pour faire suite à la question précédente, je parle de ces questions dans mes récits, parce que c’est le quotidien de mes proches et moi. Ce que je représente dans mes romans, c’est ce que je vis aussi. Et puis, ce sont aussi des thèmes que l’on retrouve souvent liés aux fêtes de fin d’année. Des thèmes qui représentent souvent des repas entre famille et amis et un appel général à la bienveillance.
Dans cette interview AM Brawne se livre sur le sujet de son roman
Quand tu as imaginé certaines magies inférieures à d’autres, tu avais l’envie de retranscrire certaines inégalités sociétales actuelles sur les études, les métiers, etc. ?
C’était effectivement l’idée de montrer que dans notre société, notre valeur individuelle est jugée selon une échelle de critères souvent très subjectifs. Très majoritairement sur notre productivité et la valeur monétaire que l’on peut apporter. Et, malgré le fait qu’elle s’estime plus ouverte sur ces questions, la société magique n’échappe malheureusement pas à ces règles. C’est une mentalité très répandue et je voulais montrer que personne n’est à l’abri d’y adhérer, même inconsciemment.
Dans ton histoire il est aussi question d’avoir le courage d’être soi-même et de prendre la parole pour le dire, non ?
Oui, c’est justement une réponse qu’on peut donner à ces problèmes d’inclusivité et de discriminations. L’histoire nous l’a montré, il ne faut parfois qu’une poignée d’individus qui osent exprimer leur désaccord pour changer radicalement un mode de pensées. Même quand tout semble insurmontable, comme ça l’est pour Lizzie au début, il y a toujours l’espoir de trouver les bonnes personnes pour se rebeller contre les injustices.
Deux personnages principaux opposés et pourtant…
Entre Victoria qui passe des heures à choisir ses tenues et à se préoccuper de son apparence et Lizzie qui s’en moque royalement, tu as imaginé les deux opposées, n’est-ce pas ?
Elles sont très différentes, mais se motivent l’une et l’autre, ce qui est une dynamique que j’aime énormément. Il y a beaucoup de respect entre elles et je souhaitais aussi souligner que, dans un cas comme dans l’autre, il n’y a pas une manière d’être qui soit meilleure. Aimer bien s’habiller n’est pas superficiel et n’en avoir rien à faire n’est pas synonyme d’être négligé.
Sans trop en révéler, tu crois au coup de foudre ou que l’amour nécessite qu’on connaisse l’autre pour s’épanouir ?
Je pense que les deux sont entièrement possibles. Là encore, tout dépend des personnes et des circonstances, mais j’imagine très bien que l’étincelle puisse être là au premier regard. Tout comme les sentiments qui évoluent, cela peut arriver quand l’amitié se transforme en amour, par exemple.
Pour terminer cette interview AM Brawne
Quel est le message principal que tu as souhaité transmettre au travers de ce roman ?
Que l’on fête Noël ou non, les fêtes de fin d’année sont d’abord des moments de partage et de tolérance et il est important que personne ne soit laissé de côté.
Est-ce que tu veux finir sur un dernier mot pour tes lectrices et lecteurs en cette fin d’année à venir ?
Je vous souhaite de passer une très bonne fin d’année 2023, en compagnie des gens que vous aimez. Et que si vous n’avez personne vers qui vous tourner ou que ces moments sont difficiles pour vous, n’oubliez pas que vous êtes importantes et importants aussi. N’hésitez pas à vous tourner vers des associations, LGBT+ ou autres, qui organisent souvent des activités pendant les fêtes.
J’ai vraiment aimé cette interview 🙂
La diversité, la différence est une des plus grandes richesses de l’être humain
Une de mes chansons préférées : » la différence » de Lara Fabian
Une de mes citations préférées de Saint Exupery : » si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente «