Interview de l’autrice, Aurélie Spiaggia
Bonjour Aurélie Spiaggia. Peux-tu nous présenter ta nouvelle ?
À Ton Tour se déroule dans un hameau du sud de la France, pendant les vacances de Noël. Mirabel, établie à Paris depuis plusieurs années, revient voir sa mère pour les fêtes. Dans la maison familiale de son enfance l’attendent aussi son frère et sa belle-sœur, ainsi que ses chats.
Dès son arrivée, elle apprend que Giovanna, son amie d’enfance et premier amour, qu’elle n’a pas revue depuis ses seize ans, est également de retour dans la maison de sa grand-mère. Au cours des vacances, Mirabel se mettra en tête d’obtenir des réponses. Les réponses qu’elle n’a jamais eues après la fuite de Giovanna, dix ans plus tôt.
C’est une histoire d’amours, de maison de campagne, d’animaux, de famille, de secrets. Mais aussi de malentendus, où se rencontrent différents personnages hauts en couleur.
Que représente Noël pour toi ? Est-ce que c’est une période que tu affectionnes ou qui t’inspire ?
J’ai toujours aimé la période de Noël. Les films de Noël, les traditions de Noël, et bien sûr, je crois à la magie de Noël. Dans ma famille, on a toujours fêté Noël, mais c’était systématiquement le drame. Au point où ma mère disait toujours : « Je vous préviens, c’est la dernière fois qu’on fait Noël ».
Quand j’étais la seule enfant à vivre dans la maison familiale, je passais le mois de décembre à attendre Noël. Impatiemment. En espérant que cette fois-ci, tout se passe bien, comme dans les films. Mais chaque année, j’éprouvais beaucoup de déception et Noël passait en un claquement de doigts. Je pense que j’aimais plus l’ambiance de Noël, l’attente aussi, l’excitation, les décorations, les odeurs…
Maintenant que je suis installée au Québec, que je suis mariée et fête Noël dans la famille de mon épouse, la fête a pris un visage différent. J’ai découvert de nouveaux rituels, une nouvelle énergie. Je ne sais pas si la période de Noël m’inspire en tant que telle comme cadre d’histoire.
Par contre, c’est sûr que je suis plus productive aux alentours de Noël. Ainsi que le reste de l’hiver, en terme d’écriture, puisque l’hiver québécois me rend un peu casanière.
Une autrice expérimentée…
Tu écris déjà sur ton site internet Les fantasmes de la disparition dans différents registres et ta pièce de théâtre Février a même été adaptée sur scène au Canada. Tu étais déjà en contact avec les éditions Reines de cœur avant la sortie de ce concours de nouvelles, est-ce que l’écriture de À Ton Tour a été un exercice différent de ce à quoi tu es habituée ? Qu’est-ce qui t’a plu dans ce projet ?
J’écris souvent en me donnant des contraintes, ou alors, à partir d’une image autour de laquelle j’invente une histoire. Pour À Ton Tour, je n’ai pas choisi la contrainte du thème de Noël, et je pensais rencontrer des difficultés avec ça. Je n’étais pas certaine d’accomplir ce projet. Jusqu’à ce que le contexte du hameau fasse son apparition
En fait, le hameau décrit dans l’histoire est librement inspiré de Pech Salamou, dans l’Aude. Pendant les quelques jours où j’ai écrit À Ton Tour, c’était un réel plaisir de me balader à nouveau dans les sentiers de Pech Salamou, ce hameau pour lequel j’ai eu un coup de cœur il y a quelques années.
J’ai pris beaucoup de plaisir à travailler le personnage de Mirabel, une fille qui réussit, qui plaît, mais qui est enfermée dans sa coquille et a beaucoup de choses à régler. J’ai aussi beaucoup aimé créer un contexte familial, apporter des caractéristiques à tous les personnages secondaires, aux chats…
Une romance positive
Je ne peux pas nier que À Ton Tour est un de mes textes les moins dramatiques. Je voulais écrire un texte qui fait du bien au cœur en cette période de Noël, et ce, même si ce n’est pas ma spécialité. Finalement, faire sourire mes personnages, leur laisser une chance de s’épanouir, c’est à moi que ça a fait le plus de bien.
Aurélie Spiaggia, as-tu quelque chose à préciser qui pourrait être utile aux lectrices ? Un message à faire passer ?
Je conseillerai aux lectrices de À Ton Tour de lire la nouvelle armées d’un succulent chaï latté recouvert de guimauves, au bord d’une fenêtre, avec une petite couverture en laine.
Plus sérieusement, et en essayant de ne pas trop en révéler sur le texte, À Ton Tour est une histoire d’acceptation. Pas seulement sur le fait d’accepter son homosexualité, mais aussi accepter les deuils, accepter les échecs, et surtout, accepter de faire rentrer les gens que l’on aime dans notre vie, malgré les risques que cela comporte.
bonjour. vivement vendredi !!