Interview de Clémence Albérie et Lena Clarke pour la sortie de Prends ma main

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Clémence et Lena nous présentent l’origine de ce projet d’écriture à deux

Bonjour Clémence et Lena. Alors, la question que tout le monde se pose avec la sortie de Prends ma main : comment est née l’envie d’écrire ensemble ? Comment avez-vous fonctionné ?

Lena : Clémence me l’a proposé et j’ai accepté. Voilà, j’espère que votre curiosité est assouvie ! [rires]

Mais allez, pour en dire un peu plus, il faut savoir que nous aimons toutes les deux les challenges, alors nous avions envie de voir si nous arriverions à nous accorder et à écrire ensemble un roman. Nous avons trouvé l’idée assez vite, puis nous nous sommes mises d’accord pour incarner chacune un personnage. Dans sa grande générosité, Clémence a accepté d’écrire à la première personne afin de me faciliter la vie, j’ai ensuite rédigé le premier chapitre… et… je la laisse vous raconter la suite !

Clémence : Et tout est bien qui fini bien… voilà… Rideau… [rires]. Plus sérieusement, et après Clémence a fait n’importe quoi (après tout un roman à la première personne, je peux bien revenir à la troisième [rires]). Après j’ai paniqué, j’ai bloqué, je n’ai pas su/osé l’exprimer, et j’ai mis un an à écrire le chapitre 2 (pour flinguer des stats il n’y a pas mieux). Heureusement, Lena s’est montrée indulgente face à mes plates excuses !

Concernant le fonctionnement, nous avons développé chacune son héroïne, Claire pour moi, Océane pour Lena, et nous avons alterné les points de vue en même temps que nous alternions l’écriture des chapitres. L’expérience s’est avérée incroyablement fluide une fois lancée.

Interview de Clémence Albérie et Lena Clarke : La présentation du roman Prends ma main

Pouvez-vous nous parler un peu de ce roman ? Un petit résumé ?

Lena : Prends ma main se concentre sur Océane et Claire, deux femmes résidant à Paris que tout oppose. Au début du roman, la meilleure amie d’Océane, Sophie, performe pour la première fois dans un cabaret parisien. Océane assiste à la représentation pour la soutenir et fait la connaissance de Claire, l’une des danseuses solistes. Cette première rencontre ne les laisse insensible ni l’une ni l’autre. Malheureusement, Océane qui est déjà en couple et a son futur planifié, préfère fermer les yeux sur cette attraction, au plus grand dam de Claire qui elle, compte bien apprendre à la connaître.

Clémence : Tout est dit et très bien dit !

Il est écrit à la première personne et chacune de vous a son personnage attitré, n’est-ce pas ? Pouvez-vous présenter un peu votre héroïne ?

Lena : Océane s’apprête à terminer ses études de droit et à devenir avocate. C’est une jeune femme ordonnée, ambitieuse, désireuse de rendre fière ses parents, qui déteste l’imprévu. Elle a programmé chaque étape de sa vie future depuis longtemps, au détriment de ses propres désirs sur lesquels elle préfère fermer les yeux. Elle a malgré tout l’esprit ouvert et est une personne sur qui on peut compter.

Clémence : Claire c’est une danseuse toute en grâce et en légèreté. Elle croque la vie à pleines dents, s’amuse et s’assume fièrement. Elle danse pour vivre et vit pour danser. Son art est autant son travail que son moyen d’exister, de s’exprimer et de s’épanouir. Elle est bourrée d’humour et elle est très extravertie, c’est une amie fidèle et une très grande romantique. Vous verrez, vous allez l’adorer !

Une romance qui se déroule dans les coulisses d’un cabaret parisien

L’histoire se déroule en partie dans un cabaret parisien. Comment est née cette idée ? Pourquoi ce choix ?

Clémence : Faut développer plus que juste rappeler que les danseuses sont seins nus ? [rires] Désolée, cette blague était beaucoup trop facile pour s’en priver ! En plus elle ne va pas faire rire ma femme… je la vois déjà me lancer un regard assassin en lisant ça. Bref ! plus sérieusement, le monde des cabarets est magique, c’est plein de beauté, de paillettes, de plumes et d’émerveillement. Un établissement ancien comme celui mentionné dégageait quelque chose d’assez extraordinaire et féerique avec une rigueur et un niveau artistique importants. J’avais l’envie d’écrire sur ce monde-là depuis longtemps et parmi mes propositions d’idées pour un projet en collaboration avec Lena, ce monde aussi l’attirait. Le cabaret parisien, je crois que nous l’avons choisi ensemble, tout naturellement.

On a toutes détesté Antoine, à l’unanimité. Avec ce personnage, vous abordez la question de la violence conjugale comme dans d’anciens ouvrages (on pense à Chrysalide et 6h22 Place 108). C’est un sujet important pour vous ?

Lena : Oui, je pense qu’il est important de montrer que ce genre de chose n’épargne personne. Océane est très à l’aise financièrement, elle a une famille qui l’aime, pourtant petit à petit, elle accepte de plus en plus de choses venant d’Antoine et met très longtemps à se rendre compte qu’elle subit de la violence conjugale. Assumer qu’elle puisse être une victime est compliqué pour elle, alors que bien sûr, rien n’est sa faute et qu’elle ne devrait en éprouver aucune honte.

Clémence : Le monde n’est pas que romantisme et belles histoires, malheureusement. Je pense que nos romans sont un moyen de véhiculer des messages qui nous tiennent à cœur, même si ce n’est pas le sujet principal de l’histoire. Il existe une multitude de formes de violences conjugales et beaucoup de victimes ont tendance à minimiser leur vécu sous prétexte qu’une autre a subi pire à leurs yeux. C’est important d’oser dire que non, aucune violence, physique, psychique ou autre, n’est acceptable.

Des dialogues bourrés d’humour qui donnent le sourire

Les répliques du roman sont géniales, notamment grâce à Sophie, l’amie idéale. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de ce personnage et de sa relation à Claire et Océane ?

Lena : Sophie est la meilleure amie d’Océane, elles se connaissent depuis l’enfance et ont grandi ensemble dans un milieu favorisé. Après le lycée, et alors qu’Océane a décidé de s’orienter vers le droit, Sophie, elle, a choisi de réaliser son rêve : devenir danseuse de cabaret. Océane l’a soutenue et elles ont continué à se côtoyer très régulièrement. Elles se disent tout, ou presque tout, et savent qu’elles peuvent compter l’une sur l’autre.

Clémence : Sophie c’est le lien entre le monde d’Océane, d’où elle vient et celui de Claire, qu’elle a choisi.

Peut-on dire que le père d’Océane est le papa idéal ? Un peu, non ? Qui vous a inspiré le personnage ?

Lena : C’est vrai, le père d’Océane est drôle et compréhensif. Il souhaite avant tout le bonheur de sa fille et est prêt à l’aider, peu importe la situation. Personne en particulier ne me l’a inspiré. Je voulais juste qu’il soit un personnage positif et qu’Océane puisse se confier à lui. Je n’avais pas envie que ses deux parents soient stricts.

Clémence : C’est un super papa ! Souvent les pères ont le mauvais rôle, moins proche, plus dur, plus strict ! Dans la vie il y a aussi des papas gâteaux, des supers papas auxquels il faut rendre hommage ! Vive les supers papas ! J’étais fan de ce personnage inventé par Lena, il me fait penser à mon propre père !

Dans cette interview Clémence Albérie et Lena Clarke parlent du regard des autres et de son impact sur leurs héroïnes

À un moment donné, il y a un passage très intéressant où on voit qu’Océane se soucie beaucoup du regard des autres là où Claire s’en moque complètement et vit sa vie avant tout pour elle. C’est quelque chose de très important dans la construction de vos deux héroïnes, le regard d’autrui, non ?

Lena : En effet, Océane a toujours agi conformément aux attentes de son entourage. Elle s’assure de se montrer parfaite en toutes circonstances et de ne rien faire qui puisse être source de ragots. À cause de ça, elle refuse au début de l’histoire d’assumer son attirance pour les femmes.

Clémence : Claire n’a pas le même rapport à sa famille… Elle s’est construite en devant imposer sa personnalité, sa sexualité, sa vocation. Elle n’a de compte à rendre à personne et veut vivre pleinement sa vie ! Ce qu’elle fait d’ailleurs !

Claire est une grande fan d’Harry Potter et il y a une discussion très intéressante sur les positions transphobes de JK Rowling et le fait de séparer l’œuvre de l’artiste. C’est un sujet qui vous tient à cœur ?

Clémence : Oh oui… ce que dit Claire… c’est ce que je ressens. J’ai grandi avec les livres et les films. J’avais 11 ans en même temps qu’Harry, Ron et Hermione, 12 ans, 13 ans… en même temps qu’eux. Quand Harry tombe en crise existentielle de « tout le monde est contre moi » dans le 5ème livre, je faisais la mienne (à l’époque je le soutenais… aujourd’hui je le trouve un peu pénible à la relecture [rires]).

Ma sœur et moi avions un rituel « sorties de films », nous sommes allées aux studios à Londres, nous nous faisons des marathons. J’ai commencé à oser vraiment écrire avec des fanfictions Harry Potter, bien avant SwanQueen et 6h22 Place 108 ! Et puis JK Rowling a dévoilé un côté sombre et intolérable, des croyances que je rejette et qui me révoltent… mais comment renier cette saga avec laquelle j’ai grandi et me suis construite ?

Pour moi, Harry Potter c’est Harry Potter, je dissocie complètement l’œuvre de la… je peine à dire artiste… la génitrice. Des enfants ont des parents ignobles, ça ne les rend pas ignobles eux aussi pour autant. Je me cherche peut-être des excuses… je n’en sais rien… je suis juste incapable de renier cette saga qui représente tant pour moi. Et j’en veux à JKR, je lui en veux de véhiculer de l’intolérance et je lui en veux d’avoir entaché ce monde où tant d’enfants/ados/adultes comme moi se réfugient parfois… souvent même… bref… ma réponse à cette question est bien longue… je pense que ça montre à quel point le sujet me touche…

Peut-on rêver d’un autre roman qu’elles écriraient ensemble ?

Est-ce que vous avez apprécié le fait de travailler ensemble ? Est-ce que vous avez envie de recommencer ?

Lena : Oui, beaucoup ! C’était une expérience très amusante. Dès que je finissais un chapitre, j’avais déjà hâte de lire la suite que Clémence allait inventer. On discutait beaucoup de nos idées et tout semblait couler de source. Donc oui, il se pourrait bien que ce « quatre mains » ne soit pas le dernier.

Clémence : C’était un incroyable bonheur ! Franchement je n’imaginais pas m’amuser et apprendre autant. Lena m’a aidée, car je n’excelle pas dans l’écriture à la première personne, mais je pense que je ne me suis pas trop mal débrouillée. J’ai adoré cette collaboration super stimulante et j’espère bien que ça va se refaire !

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