Interview de Clemence Alberie pour la sortie de L’Amour au Menu

Clémence Albérie 2020

Découvrez notre interview de Clemence Alberie pour son nouveau roman

Salut, Clémence. Nous sommes ravies de te retrouver avec L’Amour au Menu, ton dernier roman. Peux-tu nous présenter la trame ?

L’Amour au Menu, c’est l’histoire de Nadège, cheffe de salle dans un restaurant qu’elle possède avec deux amies à elle. Elle tombe éperdument amoureuse d’Olivia, l’une de ses clientes qui mange très régulièrement au Macarel. Malheureusement pour elle, elle n’est pas la femme la plus bourrée d’assurance que je connaisse et elle va faire l’erreur de ne pas oser saisir sa chance quand elle se présente [rires]. Pour pousser plus loin la torture de notre pauvre Nadège, quoi de mieux qu’un restaurant pour organiser des rendez-vous galants. Et qu’une oreille amicale de l’une des employées de ce restaurant pour débriefer ces fameux rendez-vous ? Involontairement, Olivia va littéralement torturer Nadège pendant une bonne partie du roman… vous êtes prévenus [Rires].

Comment t’est venue l’inspiration pour placer le décor dans un restaurant ?

L’amour des bonnes choses et vive la nourriture !!! [rires] Plus sérieusement, j’ai eu envie de jouer avec le concept que j’avais travaillé dans 6h22 Place 108 selon lequel un lieu peut être le témoin d’une histoire. Cette idée me trotte dans la tête depuis 2016 et je suis ravie de la voir naître enfin. Le choix du restaurant, je crois que c’est parce que c’est un monde que je trouve très inspirant. Ça grouille de vie, c’est appétissant, on s’y retrouve en famille ou entre amis pour d’agréables moments de partage. J’adore aller au restaurant et contempler les gens qui m’entourent en imaginant leurs vies et leurs rêves ! C’est un bel endroit pour faire naître une histoire.

Découvrez l’aspect social du roman dans cette interview de Clemence Alberie

Qualifierais-tu L’amour au Menu de huis clos ? Et pourquoi ?

Oui, je pense que c’en est un. Tout comme 6h22 Place 108, une bonne partie du roman se déroule dans le restaurant. Là, Nadège vit son histoire au rythme des visites d’Olivia. Le fait de bloquer le développement de l’histoire dans ce lieu sur une grosse partie du roman m’a permis de renouer avec cette expérience que j’avais adorée avec mon premier roman. Ça entraîne une part de mystère et d’attente où on angoisse avec Nadège en attendant la prochaine visite d’Olivia.

Même si Nadège est l’héroïne de ton roman, les personnages secondaires sont tout aussi importants, non ?

Effectivement ! J’aime beaucoup le fait que nos héroïnes ont eu une vie avant le bout de chemin que nous parcourons ensemble. L’entourage « amical » fait partie de cette vie antérieure et beaucoup de gens aujourd’hui se construisent une véritable famille avec leurs groupes d’amis. J’ai été bercée par des séries telles que Friends, How I Met Your Mother ou The Big Bang Theory. J’adore la dynamique qu’il y a dans un groupe d’amis de longue date et fusionnel. Je le vis personnellement avec mon groupe d’amis de lycée que je n’ai jamais perdu. C’est précieux et j’avais envie de rendre hommage à ces amitiés/familles.

Marina a une certaine particularité quand il s’agit des expressions françaises [rires]. Peux-tu nous en dire plus ?

C’est une plaie ! [rires] Elle n’en sort jamais aucune comme il faut ! Avec ce petit trait de caractère, je vais être honnête, je me suis éclatée sur la dimension comique. J’adore faire n’importe quoi avec les mots et l’ordre établi, Marina a été mon excuse pour laisser mon cerveau faire sa tambouille sans restrictions !

De nombreux sujets forts sont traités dans l’Amour au Menu

Au Macarel est vraiment un restaurant gay-friendly avec un message positif quant à l’acceptation de sa sexualité. Est-ce un hasard ?

Clairement, c’est un petit hommage à un restaurant qui existait jusqu’à il y a peu sur Albi. Les patrons étaient en couple et il y avait tellement de personnes homosexuelles dans le staff que je me suis presque demandé si ce n’était pas un critère d’embauche. Avec mon épouse, notre petit côté « communautaire », même si je déteste ce mot, fait qu’on ADORAIT ce restaurant ! Naturellement, on s’y sentait toujours un peu plus à l’aise que partout ailleurs, même si je n’ai pas le souvenir que notre couple a dérangé qui que ce soit ailleurs [rires]. Ce message positif que le Macarel véhicule c’est parce que j’aime montrer qu’on a toujours moyen de trouver notre place !

Pourrais-tu nous décrire la personnalité d’Olivia ?

Olivia, c’est une femme qui manque tellement de confiance en elle qu’elle serait prête à tout pour être aimée, quitte à s’oublier au passage. Elle est profondément gentille, bourrée de complexes et peine à s’affirmer. De tous les personnages que j’ai créés, elle est celui qui me ressemble le plus et dont je me sens la plus proche. Elle ne se voit qu’à travers une vision non objective et déformée d’elle-même qui ne la met absolument pas à son avantage. Et elle focalise sur ce qu’elle considère comme des défauts (son poids en l’occurrence) et n’arrive pas à percevoir ce qu’il y a beau et de désirable chez elle.

Le rapport des femmes à leur image et les attentes sociales

Elle représente un personnage qui est aux prises avec sa propre image. Quel est le message que tu as souhaité faire passer avec Olivia ?

Elle est une femme comme beaucoup d’autres dans une société qui porte un regard particulièrement critique sur le physique et le paraître. Comme je le disais dans la question précédente, Olivia ne se voit pas avec objectivité, mais plutôt à travers l’image que la société lui montre comme « normale, belle ». Cette façon que nous avons (pour beaucoup), de mal nous considérer est un fléau universel. Chaque corps a le droit d’être aimé, chaque pot a son couvercle. Ce message je le fais passer avec Olivia, mais aussi avec Nadège puisque cette dernière affirme, dans un trait d’humour, être une vieille soupière achetée en vide-grenier dont le couvercle est perdu depuis bien longtemps [rires].

L’attente des autres envers nous, que ce soient les attentes sociétales ou même les attentes de notre partenaire ont tendance à devenir un fardeau lourd à porter. Pourquoi est-ce un sujet important pour toi ?

Parce que c’est un fléau qui nous freine dans notre épanouissement personnel et professionnel. On se presse, se contorsionne et se plie en quatre pour entrer dans des cases que d’autres nous affirment être la nôtre. Ça réduit nos perspectives et notre estime de nous-mêmes. La vie est une quête de bonheur et l’un des leviers pour le trouver est de rassembler assez de force et de courage pour briser les chaînes que d’autres placent sur nous. C’est difficile, moi la première je bataille au quotidien sur ça, mais ça en vaut rudement la peine !

Interview de Clemence Alberie : Une relation évidente ?

Comment décrirais-tu le lien qui unit Nadège et Olivia ?

Je crois que c’est dit en gras juste au-dessus [rires]. Nadège et Olivia, c’est une évidence qui met du temps à oser s’exprimer. Leur histoire c’est une ode à la lutte contre les rendez-vous manqués.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de dépeindre leur relation ?

Je ne sais pas trop. J’avais envie de parler de femmes un peu comme moi, de la souffrance liée au physique et au manque de confiance en soi. J’avais aussi envie d’écrire sur une notion de destinée qui, même s’il faut parfois prendre l’itinéraire long pour éviter les péages, parvient quand même à nous conduire à destination [rires].

Bien souvent, il semble que ce qui est évident pour l’entourage l’est moins pour les principales concernées ? Cela te semble également vrai dans la vie ?

Totalement ! N’est jamais plus aveugle que le principal concerné ! Je suis convaincue par cette affirmation pour l’avoir vécue un nombre incalculable de fois. Je pense que c’est d’autant plus vrai quand on parle d’amour ! Avec les hormones et les enjeux, il est si facile de perdre tous ses moyens et ne pas oser voir l’évidence !

Un slow burn lesbien ?

Qualifierais-tu cette romance de slow burn ?

Je pense que c’en est une en effet. J’ai voulu prendre mon temps dans ce roman, laisser le temps aux héroïnes de faire de bons gros ascenseurs émotionnels avant la délivrance [rires]. Et puis c’est une conséquence réelle du manque de confiance en soi dont souffrent mes personnages dans cette histoire, ça freine vraiment énormément de choses ! Pour ne pas perdre de temps, il faut se faire violence et oser prendre des risques ! Ça sera la leçon de l’Amour au Menu [rires].

Ces derniers temps, notre lectorat a eu le plaisir de te retrouver avec plusieurs projets d’édition. Comment cela se passe de ton côté ?

Ma femme en a ras le bol de devoir me supporter et moi je baigne dans une euphorie perpétuellement réalimentée par les étapes de l’édition [rires]. Sincèrement, ça a été fantastique pour moi d’enchaîner ainsi deux projets ! J’avoue que ça a été très intense, mais surtout extrêmement excitant et enthousiasmant ! Si je n’avais pas un travail, une famille, dont un petit bébé, et une vie sociale bien chargée, j’aimerais tout le temps être dans une telle prolificité [rires].

Clemence Alberie, une écrivaine prolixe

Est-ce que l’inspiration continue de te rendre visite, as-tu des projets en cours ? Si oui, lesquels ?

L’inspiration est si intense que je réfléchis à lui demander de prendre quelques jours de RTT ! Rien qu’en janvier, j’ai pondu une trame d’un futur roman et une trame d’une future nouvelle. J’ai tant d’idées que les journées sont trop courtes pour tout faire à l’allure que j’aimerais pouvoir avoir. J’ai hâte de finir un projet pour entamer le suivant qui me tanne d’enfin le débuter !

Concernant les projets en cours, j’ai un roman surprise qui, le jour où cet interview paraîtra, sera peut-être déjà dans vos boîtes mail [rires] et un autre roman en cours d’écriture qui déroule dans un monde qui me tient particulièrement à cœur : l’agriculture ! Je vous prévois une petite romance façon l’amour est dans le pré, pleine d’humour, dont vous me direz des nouvelles !

Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?

Au moins une publication par an ? [rires] Ça serait le rêve, la cerise sur le gâteau de cette merveilleuse aventure ! Je crois que je n’aspire qu’à continuer encore et encore de faire naître des histoires et de les voir voler de leurs propres ailes pendant de très nombreuses années.

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