Les Ombres d’Awëlla [Nouvelle] : Interview de l’auteure Solène Nahodha

interview de l'auteure solène nahodha

Bonjour Solène, peux-tu nous présenter ta nouvelle, Les Ombres d’Awëlla ?

Bonjour ! Il s’agit d’une nouvelle historico-fantastique racontant l’histoire d’Awëlla et de Janaëlle, deux femmes exceptionnelles. La première est herboriste et médecin, la seconde une guerrière accomplie au service du Royaume. Le récit les suit au cours de leur vie, en commençant par leur enfance et une première rencontre fortuite, pour arriver ensuite au voyage qui les réunit une fois adulte et à ses conséquences.

Quand et comment est née l’idée de cette histoire ?

Depuis quelques années, il m’arrive assez régulièrement de laisser courir mon stylo sur des bouts de papiers volants, juste le temps d’écrire une scène ou deux sorties de mon imagination. Cela ne va jamais plus loin parce que je me laisse distraire par la première excuse venue : ma moto qui veut aller se balader, des ami.e.s qui veulent prendre l’apéro, un nouvel épisode d’une série que je regarde…

Quand je suis tombée sur le concours organisé par R2C, je me suis dit que ce serait bien de participer et d’essayer, pour une fois, d’écrire quelque-chose d’un peu plus long et construit. De là, j’ai petit à petit créé ce monde historico-fantastique, en piochant dans mes lectures d’ado, mes souvenirs de voyage et même une pub télévisuelle pour une voiture. J’ai composé mes personnages un peu de la même manière, en m’attachant à dégager leur caractère et leurs attributs distinctifs. Et enfin je me suis attaquée à leur histoire, que j’ai globalement construite chapitre par chapitre. Souvent, j’avais en tête mon point de départ, une idée plus ou moins précise de là où je voulais arriver et des informations qui devaient passer, et partant de là j’improvisais.

Combien de temps la rédaction t’a-t-elle pris ?

Environ un mois et demi, mais c’était une période de l’année où j’avais peu de travail et pas mal de temps libre. Ce qui m’a permis de m’y mettre plusieurs heures par jour quand ça venait facilement et d’y réfléchir en faisant autre chose quand je bloquais…

Les Ombres d’Awëlla emprunte énormément aux contes populaires, pourquoi ce choix ?

Je crois qu’il y a deux raisons, l’une plutôt technique et l’autre personnelle.

Proposer plusieurs contes au sein de la nouvelle avait pour objectif principal de présenter à mes lectrices le monde dans lequel je les plonge, son histoire, ses particularité sociales ou fantastiques. J’ai envisagé dans un premier temps de les placer en tête de chapitres, en italique, de manière à les détacher du récit. Puis j’ai réfléchi sur le rôle social des contes, qui est très intéressant : au-delà des moments de convivialité qu’ils offrent, ils sont un moyen privilégié d’assurer la transmission des savoirs et des valeurs aux enfants. J’ai donc changé d’avis et je les ai glissés au sein même du récit. Ainsi, on comprend bien qu’ils ont bercé l’enfance de mes personnages et j’ai pu illustrer plus facilement la place plus ou moins prédominante qu’ils ont occupé dans leur éducation, voire leur vie adulte.

Sur un plan plus personnel, j’appartiens à la génération Disney, j’ai donc été victime d’une double déception en regardant les contes populaires. D’abord en apprenant que les versions originales étaient en fait très sombres, voire frisaient le glauque. Ensuite en prenant conscience que Disney ou pas, la vision de la société proposée était beaucoup trop étriquée à mon goût – blanche, patriarcale, hétéronormée, etc. J’avais donc envie de me réconcilier avec les contes, en proposant des histoires qui font rêver, lumineuses, mais qui surtout donnent à voir des sociétés beaucoup plus ouvertes et accueillantes. Bref, de proposer un exemple de ce que j’aurais aimé lire à l’époque…

Comment as-tu fait pour intégrer une partie de fantastique dans un synopsis très réaliste ?

Comme j’étais trop paresseuse pour faire des recherches sérieuses et proposer un cadre purement historique à ma nouvelle, j’ai opté pour le fantastique. Moins de contraintes pour l’imagination, et puis comme ça j’étais chez moi et je pouvais faire ce que je voulais ! J’ai par contre essayé de garder à l’esprit que les lectrices devaient elles aussi pouvoir se sentir chez elles, libres de naviguer avec les personnages sans avoir besoin de GPS.

J’ai donc utilisé les contes que j’évoquais tout à l’heure pour planter un peu le décor. Et surtout, j’ai limité les éléments fantastiques à une catégorie de la population, à laquelle appartient Janaëlle. Awëlla découvre ces particularités au fur et à mesure du récit, les lectrices peuvent donc se raccrocher à elle.

 

Tes héroïnes se croisent, se perdent de vue, grandissent, se retrouvent. Peux-tu nous en dire un peu plus sur leur évolution ?

Janaëlle est une nomade, entrainée depuis son plus jeune âge au maniement des armes. Comme le veut la tradition, elle rejoint la garde rapprochée de la souveraine. Extrêmement douée et entièrement dévouée à sa fonction, elle devient Capitaine de cette garde. Elle est donc habituée à commander et à ce que ses ordres soient suivis sans discussion.

De son côté, Awëlla a grandi en ville. Orpheline, elle a été recueillie par son oncle. Elle a appris le métier d’herboriste à ses côtés, puis la médecine. Elle est très autonome et a un tempérament affirmé.  Alors évidemment, quand elle se retrouve embarquée dans l’expédition diplomatique menée par Janaëlle, ça fait des étincelles.

Qu’est-ce que tu as préféré écrire dans cette nouvelle ?

Ce que j’ai préféré, c’est vraiment d’imaginer un monde et des personnages qui fassent rêver. Utiliser des mots (et des phrases !) pour retranscrire toutes ces idées, sans perdre les lectrices en route et sans trop en faire, ça été plus compliqué que je ne pensais. Mais justement, si tout se passait toujours comme prévu, on s’ennuierait. Au final, j’ai apprécié ce challenge supplémentaire.

Qu’est-ce qui t’a poussé à soumettre ton histoire au concours R2C ? Pensais-tu avoir une chance de gagner ?

En fait le concours a été une source de motivation pour écrire cette histoire en entier et ne pas perdre mes petits bouts de papiers griffonnés comme à mon habitude – j’ai même acheté un cahier exprès ! Avec le concours, j’avais un objectif et une deadline, donc je m’y suis mise sérieusement. Je ne pensais pas du tout que ma nouvelle pourrait être publiée, je me disais juste que si le monde et les personnages que j’avais imaginés avaient du potentiel, j’aurais un mail d’encouragement ! Ce que j’ai eu, et beaucoup plus au passage !

Qu’aimerais-tu que les lectrices retiennent de leur lecture Des Ombres d’Awëlla ?

Juste des bons souvenirs ! Quand je ressors d’une lecture qui m’a plu, j’ai un peu les mêmes sensations qu’en rentrant d’une très bonne semaine de voyage : c’est ce que j’essaye à mon tour d’offrir.

Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?

De trouver un moyen pour n’avoir besoin de dormir que trois heures par jour ? Trois heures c’est bien, c’est juste assez de temps pour profiter de la couette et faire de beaux rêves, et ça laisse tout le reste de la journée pour les activités diverses et variées !

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