Interview de Lena Clarke pour sa romance lesbienne fantasy
Bonjour, Lena, ton nouveau roman La Promesse du Lendemain vient de sortir. Pourrais-tu nous en présenter l’histoire ?
Bonjour ! La Promesse du lendemain se concentre sur trois héroïnes différentes. La première est amnésique au début du roman et prend conscience qu’elle a été vendue par des marchands d’esclaves à une meute de changeformes. À cette occasion, elle fera la rencontre de Rin, une élémentaliste qui maîtrise le feu, et ancienne voleuse. Toutes les deux essaieront de s’échapper et seront amenées à vivre plein d’aventures ensemble. De l’autre côté, Selene, la princesse d’Elonia, recherche sa sœur qui a disparu dix ans plus tôt. Et elle envoie sa garde du corps retrouver les deux femmes. À l’approche de son vingtième anniversaire, d’autres problèmes font leur apparition qu’elle sera amenée à gérer du mieux possible.
Tu as une palette très diverse de personnages dans ce roman. Comment t’est venue l’inspiration ?
Très bonne question… et pour être honnête, je ne m’en souviens plus très bien. J’ai commencé ce roman il y a environ sept ans, ce qui en fait donc l’une de mes plus vieilles histoires. Je l’ai souvent reprise, laissée de côté, et les personnages ont eu tout le temps d’évoluer dans mon esprit. L’inspiration est donc venue petit à petit. De nouveaux personnages secondaires se sont créés, d’autres ont été modifiés. Quant aux héroïnes, j’ai essayé de les rendre aussi différentes que possible.
J’imagine que tu dois penser les personnalités, psychologies, tics, façons de parler et ainsi de suite. Cela représente beaucoup de travail. En termes d’écriture, est-ce techniquement difficile à réaliser ?
Alors, oui, écrire sur trois personnages principaux différents n’avait rien de simple. Pour que le lecteur ne se sente pas perdu, il fallait que chaque héroïne possède son propre niveau de langage. Mais aussi une certaine manière de s’exprimer, de réagir. C’est sûrement pour cette raison que j’ai mis si longtemps à terminer ce récit. Il me demandait beaucoup plus de réflexion qu’une histoire « classique ».
Au final, je suis très contente d’avoir persévéré. L’histoire n’aurait pas été la même sans ce triple point de vue. Il m’a permis d’approfondir le caractère de chaque personnage, mais aussi de pouvoir décrire diverses actions ou scènes. Cela n’aurait pas été possibles avec une seule héroïne.
Plusieurs histoires d’amour dans ce roman de fantasy lesbienne
Tu fais plaisir au lectorat dans ce roman en offrant plusieurs romances. Commençons avec Rin. La vie a été difficile pour elle, non ?
En effet, elle n’est pas née sous les meilleurs auspices. Son enfance n’aurait pas pu être plus terrible, ce qui forcément a entraîné des conséquences sur son caractère et sa manière d’être. Mon but avec elle était de réussir à la rendre enfin heureuse. Et pour ce faire, il était indispensable qu’elle accepte ses origines. Et qu’elle s’autorise à devenir la femme qu’elle a toujours été au fond d’elle.
Elle semble faire tomber beaucoup de filles sans être prête à s’engager elle-même. Pourquoi ?
Séduire est une seconde nature pour elle, mais quand il est question d’engagement, tout devient beaucoup plus compliqué. Je pense qu’elle craint surtout de souffrir et, à cause de son passé, a une forte tendance à se sentir inférieure aux autres. Elle ne croit pas pouvoir apporter de bonnes choses à quelqu’un et préfère par conséquent ne jamais trop s’investir. Au fond d’elle, elle aspire au véritable amour, mais ne pense pas le mériter.
On suit aussi l’histoire de la princesse Selene qui est considérée comme maudite. Quel est son problème ?
Depuis sa naissance, il suffit d’un contact pour que l’être vivant qu’elle touche meure instantanément. À cause de ce pouvoir, les gens ont peur d’elle et la tiennent à l’écart. Exception faite de sa sœur jumelle, Eileen, qui est immunisée, mais qui a malheureusement disparu quand elles avaient dix ans. Pour Selene, la priorité est de la retrouver. À ses yeux, il s’agit de la seule personne qui puisse l’aimer et avec qui elle peut interagir sans crainte.
Une malédiction, indispensable dans un roman de fantasy
Avec cette sorte de malédiction qui la frappe, elle ne peut donc pas envisager l’amour ? Elle semble éprise de Meera, ou tout du moins attirée par elle. Cela doit être difficile à vivre, de désirer quelqu’un à distance en sachant que ce ne sera jamais accessible.
Il est vrai qu’elle s’interdit tout sentiment. Même si Meera l’attire, elle ne peut envisager l’idée d’une relation avec elle ou avec n’importe qui d’autre. Dans la mesure où tout le monde la traite comme une pestiférée depuis toujours, elle ne s’autorise même pas la moindre rêverie. Elle a tiré un trait sur l’amour depuis son plus jeune âge. Et elle se contente de vivre par procuration les relations décrites dans les livres qui peuplent sa bibliothèque.
Par conséquent, oui, sa situation est difficile, mais en même temps comme elle n’a aucun espoir, elle s’efforce de penser uniquement à Meera comme à sa garde du corps.
Et bien sûr, avec Meera, on retrouve nos bien-aimées lindöriennes. Est-ce une norme pour les lindöriennes d’être fortes, intelligentes et belles ? [rires]
Évidemment ! Ainsi quand le lecteur voit le mot « lindörienne » apparaître, il sait déjà à quoi s’attendre et peut commencer à fantasmer dès les premières lignes [rires]
Et puis, avouons que si elles étaient faibles, peu malignes et dotées d’un physique ingrat, personne n’aurait envie de découvrir leurs aventures…
Le cadre de ce roman de fantasy
Dans quelle époque se situe l’histoire ?
Même s’il s’agit d’un monde imaginaire, et qui par conséquent n’a aucun lien avec le nôtre, la façon de vivre des personnages rappelle beaucoup l’époque médiévale. Ils voyagent à chevaux, portent des vêtements inspirés de cette époque. La technologie n’existe pas, chaque pays est gouverné par une famille royale. Et il existe une différence entre les nobles et le reste du peuple. Celle-ci étant davantage marquée par le fait que les lignées nobles peuvent utiliser la magie et les autres, non.
Est-ce le genre de roman que tu aimes personnellement lire ?
À une époque, je lisais beaucoup de fantasy, mais je suis assez difficile. Quand le worldbuilding est trop complexe, je finis par décrocher. Depuis quelque temps, je vois souvent passer le terme « romantasy ». C’est-à-dire une histoire d’amour se déroulant dans un monde fantasy. Et cela correspond davantage à mes goûts que la fantasy pure et dure.
Des crossovers dans les histoires de Lena Clarke
Des crossovers avec d’autres de tes œuvres sont également présents tout du long, c’est un vrai plaisir. Est-ce que tu gardes une liste de tous les crossovers que tu fais ? Si oui, ça pourrait être drôle de lancer un challenge pour les lectrices et lecteurs !
Non, je n’ai aucune liste. J’essaie juste de m’en souvenir et de ne pas avoir de ratés quand j’écris un nouveau roman [rires] Mais bien sûr, ça me fait toujours plaisir quand les lectrices remarquent les liens entre les romans ou les petits clins d’œil, alors je suis totalement partante pour cette idée de challenge.
Une mention spéciale pour la Lindörie que l’on aura retrouvée dans les collections romance, science-fiction et fantasy. C’est vraiment original de réussir à faire vivre un « univers » à travers des styles et des époques différentes. As-tu une préférence pour l’un de ces univers que tu as créés ?
J’aime tous mes univers, mais il faut savoir que même si La promesse du Lendemain sort bien après mes autres romans, c’est lui qui est à la base de tout. Par exemple, le jeu/monde d’Elonia dans Inline se base presque entièrement sur l’univers fantasy que j’avais déjà créé des années auparavant. Et c’est la même chose pour les Lindöriens qui vivent dans le futur.
Du coup, forcément, j’ai tendance à avoir un attachement tout particulier pour ce fameux univers fantasy. Et je suis loin d’avoir fini de l’exploiter.
Interview de Lena Clarke pour sa romance lesbienne fantasy La Promesse du Lendemain
Nous réserves-tu une suite à cette histoire ?
Comme pour Par-delà les Astres et Par-delà les Mondes, il y aura bien une suite qui se déroulera dans le même univers, mais avec un personnage principal différent et une nouvelle romance. Pour autant, nous retrouverons bien sûr les héroïnes de La Promesse du Lendemain et continuerons à les suivre dans leurs aventures.
Ce roman est d’ores et déjà écrit et j’ai hâte de vous le faire découvrir ! Il sera question d’une nouvelle princesse et nous en découvrirons plus sur la famille royale Lindörienne. Meera a plusieurs sœurs et il aurait été dommage de ne pas vous les présenter…
Travailles-tu sur d’autres projets en ce moment ?
En ce moment, j’écris de la romance contemporaine, mais ensuite j’aimerais bien me lancer sur une nouvelle romance historique. Ce n’est jamais simple comme projet, d’une part à cause des recherches demandées, mais surtout à cause de la fin à trouver. Réussir à donner un happy end à deux héroïnes qui vivent dans une époque où l’homosexualité n’est pas tolérée est toujours un sacré challenge.
Merci !
Totalement partante pour le challenge sur les crossovers ! Je me fais toujours une joie de les trouver dans chacune des histoires.
Hâte de retrouver nos trois héroïnes ainsi que Meera et Kyara (à ne pas confondre avec Mira et Kiara….) 😉
La sortie du prochain roman, c’est pour quand ? 😀