Découvrez la première interview de Marguerite Grimaud
Bonjour, Marguerite ! Peux-tu nous présenter La voie du sud ?
Le roman se passe essentiellement en Australie. Il met en scène deux trentenaires : Héloïse, une cantatrice française qui reprend doucement sa carrière après avoir perdu sa voix pendant de longs mois, et Camille, une scénographe australienne et francophile. Après une première rencontre un peu fraîche, elles nouent une amitié très forte. Enfin, c’est bien plus que de l’amitié pour Camille…
Ce roman est ton premier projet publié chez Reines de cœur. Peux-tu te présenter brièvement pour les personnes qui vont te lire ?
J’ai été journaliste dans de nombreux secteurs, dont la culture et le sport. Aujourd’hui, je me suis orientée vers des écritures plus longues comme les romans, je suis encore un tout petit peu journaliste et je suis formatrice dans ce domaine.
Très longtemps parisienne, je vis aujourd’hui, avec mon amour de près de trente ans, au bord de la mer, ce qui est une bénédiction pour mon côté contemplatif et hyperactif à la fois. Dès que je peux, je suis dans l’eau ou sur l’eau, sur une planche de body board ou un kayak !
Une romance lesbienne qui nous entraîne dans des contrées lointaines, sur l’île-continent de l’Australie
Comment est né le désir d’écrire La voie du sud ?
De plusieurs voyages en Australie et de l’idée que l’on peut se reconstruire après des épreuves.
Pourquoi avoir choisi l’Australie pour planter le décor de ton histoire ?
Parce que j’ai eu un absolu coup de foudre pour ce pays dès mon arrivée. J’ai encore le parfum des eucalyptus qui m’a happée dès la sortie de l’aéroport, de la torpeur de l’été austral, la chaleur simple des habitants, les vins magnifiques. J’y suis allée plusieurs fois et à chaque fois, j’ai été subjuguée.
Est-ce que Sydney est ta ville préférée ? Ou est-ce que c’est surtout un choix motivé par le fait qu’il y a un opéra superbe là-bas ? [rires]
Oui, l’Opéra est magnifique, mais c’est aussi ce qu’il y a autour qui le rend encore plus sublime : le majestueux Harbour Bridge, l’inspirant jardin botanique avec ses essences, ses couleurs et ses oiseaux rainbow. Sydney est l’une de mes villes préférées, mais, franchement, je ne peux pas choisir entre Paris, Florence, ou New York !
Héloïse et Camille: une histoire évidente ?
Parle-nous un peu plus des personnages d’Héloïse et de Camille. Qui sont-elles ?
Cantatrice surdouée, travailleuse acharnée, Héloïse a quasiment tout sacrifié pour sa carrière commencée très jeune, avec des triomphes immédiats, ce qui est rare dans ce milieu. Elle s’est isolée de ses parents et d’elle-même. En montant les marches vers la gloire, elle a clairement perdu qui elle était, une gamine passionnée par son art et non emprisonnée par celui-ci.
Fille de parents francophiles, Camille a vécu quelques années à Paris, où elle a fréquenté les Beaux Arts. Elle a grandi avec l’opéra. Elle rêve d’être metteuse en scène. Sensible et grande rêveuse, elle construit tout doucement sa carrière, contrairement à Héloïse. Elle est entrée à l’Opéra de Sydney comme stagiaire aux services généraux. Quand le roman s’ouvre, elle est scénographe, dernière étape avant son rêve professionnel : la mise en scène.
Comment as-tu abordé l’écriture de leur relation ?
Pour utiliser une métaphore culinaire, il y a deux modes de cuisson : feu vif et flamme toute douce.
Dirais-tu que la vie d’artiste est une vie faite de solitude ?
Tout dépend de l’artiste que tu es. J’ai toujours pensé que l’art lyrique, en particulier pour les sopranos, devait demander beaucoup de force, pour aborder les rôles, bien sûr, mais aussi pour aller au-devant d’amateurs exigeants. Il n’y a que l’opéra pour déclencher des sentiments si forts d’amour ou de haine. J’ai entendu des broncas insensées dans des salles d’opéra. Tout semble à fleur de peau. Je crois donc qu’il faut beaucoup d’énergie et d’abnégation pour embrasser les rôles, et les foules.
Camille est fan du travail d’Héloïse, est-ce que ça aide au développement de leur relation ou est-ce que cela rend au contraire les choses plus difficiles ?
Elle parvient à mettre ça de côté, mais c’est surtout le fait qu’Héloïse entre dans sa vie avec une évidence absolue qui la désarçonne complètement. L’alchimie entre les deux femmes est saisissante…
« Feu vif et flamme toute douce », deux personnages à fleur de peau qui vont apprendre à s’apprivoiser
Héloïse a été trahie dans son passé. Est-ce qu’à ton avis, elle arrive réellement à guérir de cette blessure ?
Quand elle arrive en Australie, elle est loin d’être guérie. Elle est sur ses gardes, appréhende de se confier ou de se laisser aller. Elle est un peu autour d’elle-même. Elle peut être sèche. Mais elle est consciente de ses travers et travaille à s’en débarrasser.
L’entourage de Camille est très présent et bienveillant. Est-ce une chose qui manque dans la vie d’Héloïse ?
Les parents d’Héloïse sont dans le paysage et elle a une petite sœur géniale. Je n’en livrerai pas plus !
Parlons un peu plus de Camille. Elle a l’air parfaite au premier abord, non ? Elle est talentueuse, belle, bienveillante, parle français, a des amies en or, son propre bateau pour naviguer au large de l’Australie… Quels sont ses défauts ? Et quels défis rencontre-t-elle ?
Parfaite, non. Elle est humaine, avec ses peurs, ses failles. Elle a aussi ses propres démons avec des réactions et une sensibilité exacerbées qui peuvent intriguer.
Elle n’en est pas moins un être de lumière pour ses proches et pour Héloïse. Son défi, c’est de l’accepter.
Est-ce que l’opéra et la navigation sont des thèmes qui te passionnent dans la vie ? Es-tu toi-même une chanteuse ou une capitaine ? Ou les deux ? [rires]
J’aime toutes les musiques, car elles me racontent des histoires, beaucoup d’histoires ! J’adore écouter de la variété italienne, de la pop anglo-saxonne, des symphonies. Elles me procurent des émotions intenses et me bouleversent souvent aux larmes, surtout la musique classique. Certains tubes de Laura Pausini, Taylor Swift et tant d’autres me font aussi vaciller ! Dans ce registre des sensations, l’opéra, en particulier chanté en italien (Verdi, Bellini, ou Mozart), a une place spéciale dans mon cœur. Et je ne suis capitaine que de mon kayak !
Marguerite Grimaud nous parle de son rapport à l’écriture
Tu as fait de l’écriture ton métier. Est-ce que travailler un roman est la même chose qu’écrire pour un journal ?
Ce sont deux univers opposés. Ce n’est pas juste l’urgence du journalisme par rapport au temps long de l’écriture. Écrire un roman, c’est un long voyage. C’est génial de regarder ses personnages grandir, évoluer, aimer. Et puis, c’est très introspectif. Il y a un point commun important : ce sont deux exercices qui demandent à être proches de l’humain, même si ceux des romans sont fictionnés, bien sûr.
Comment s’est passé le retravail avec Reines de Cœur ?
Tu as combien de temps ? 😉
La collaboration a commencé par une frénétique danse de joie dans mon bureau, à la lecture du mail d’acceptation du manuscrit. Après, j’ai reçu un mug qui ne me quitte plus. Plus sérieusement, si je devais résumer ce travail en trois mots ? Pro, attentif, attentionné. J’imagine que c’est le triptyque idéal pour une autrice, en tout cas pour moi. Tout est très précis, respectueux, soigné. Mon roman en est évidemment devenu meilleur, plus riche.
Qu’as-tu préféré et qu’as-tu le moins aimé ?
Sincèrement ? L’amour de ce métier d’éditrice qui transparaît dans les corrections apportées au manuscrit, les suggestions. Et puis, dans les échanges de messages, il y a toujours un rayon de soleil, un éclat de rire. C’est précieux.
Ce que j’ai moins aimé ? Que le livre soit publié le 4 juillet et non le 2, notre anniversaire de rencontre/mariage 😉
Et pour la suite…
Mon petit doigt m’a dit que ce n’était pas le seul roman que tu avais écrit dans cet univers et avec ces personnages. Est-ce que tu voudrais nous en dire plus à ce sujet ?
Ah, ah ! Disons que certains protagonistes qui bordent la vie d’Héloïse sont déjà dans ma tête ou carrément tapuscrits (j’ai dit que j’étais hyperactive ?). Bon, je spoile un peu : j’aime l’histoire de Joséphine et Béatrice, je serai éternellement reconnaissante à la psy d’Héloïse de l’avoir aidée à retrouver le fil de sa vie. Et j’apprécie l’humour de la petite sœur de la cantatrice.
As-tu d’autres projets en cours ?
Continuer à travailler avec vous…
Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?
Toujours des nouveaux projets, de la sérénité, toujours de l’amour, toujours des émerveillements que m’offrent ma petite famille. Et de bonnes vagues.
Apres cette interview, je suis prête à m’elancer du ponton, direction l’Australie, vers la voie alchimique entre Héloïse et Camille
Un feu vif et une flamme toute douce, cette dernière c’est plutôt moi
Bel hommage au travail des Reines éditrices : rayons de soleil et éclats de rire, une évidence pour moi
Ces 296 pages, je vais les effeuiller délicatement 🌾🌾👸👸👸💗
Moi aussi prête à sauter du ponton et plonger dans cette romance qui va me faire voyager j’en suis sûre!
Zouzou, quand tu plongeras, méfie toi des méduses et du chant des sirenes 🧜♀️!!
Il paraît qu’il y a un lac rose en Australie, essayons de le trouver !!😃🤣