Interview de Maÿliss Griboux pour son roman Dans son Ombre

Mayliss Griboux largeur visage

Voici l’interview de Mayliss Griboux pour son premier livre, Dans son Ombre

Bonjour, Maÿliss ! Ton roman Dans son Ombre sort aujourd’hui, félicitations ! Peux-tu nous présenter l’histoire ?

Bonjour !

Dans son Ombre, c’est l’histoire de Léane, une jeune femme de 26 ans à qui tout sourit… en apparence.

Elle a une vie bien établie : à la tête de son collectif féministe, elle a aussi écrit un livre sur les violences conjugales qu’elle a subies par le passé. Aujourd’hui, elle est un exemple pour de nombreuses femmes qui se reconnaissent dans son parcours.

Seulement, un soir, Léane se rend compte qu’elle est suivie. Elle reçoit ensuite de graves menaces faisant écho à son passé. Un passé qu’elle préférerait oublier.

Mais la descente aux enfers commence réellement lorsque Alicia débarque dans sa vie, une jeune femme qui ne lui est pas totalement étrangère, et qu’elle serait pourtant incapable de reconnaître.

Cette dernière va venir réveiller ses vieux démons, et la mettre à l’épreuve sur tous les plans…

Tu es une nouvelle autrice chez Reines de cœur. Pourrais-tu nous parler de toi un peu ? Est-ce que tu as déjà publié des romans avant Dans son Ombre ?

J’ai toujours aimé raconter des histoires. J’écris depuis que j’ai l’âge de taper sur un clavier, mais j’ai longtemps délaissé cette activité au profit du dessin de bande dessinée. J’ai renoué avec ma passion pour l’écriture il y a maintenant trois ans, avec Dans son ombre, mon premier roman publié.

En parallèle, je suis hypnothérapeute et j’adore mon métier (même s’il est parfois stressant) !

Sinon, je suis un peu « geek » : j’aime traîner dans les magasins de BD/comics avec ma petite amie le week-end, je suis fan des jeux vidéos à choix multiples, et j’aime bien construire mes propres Funko Pop.

Une héroïne oscillant entre le bien et le mal

Parlons un peu de Léane, ton héroïne principale. Qui est-elle ?

Léane est une jeune femme qui a terriblement peur de perdre le contrôle (de sa vie et d’elle-même). Paradoxalement, certaines parties de sa personnalité la poussent un peu trop souvent à ne plus être en maîtrise de quoi que ce soit. Et pour le camoufler, elle est prête à beaucoup de choses…

Léane est également un personnage qui rejette ses parties sombres. Mais plus on rejette une partie de soi, et plus elle prend de l’ampleur.

À un jeune âge, elle a accompli des choses fantastiques que peu de personnes parviennent à atteindre en une vie entière, non ?

C’est vrai ! J’avais 23 ans quand j’ai commencé à écrire ce manuscrit. J’ai toujours tendance à rajouter quelques années à mes héroïnes, afin qu’elles ne soient ni trop proches, ni trop éloignées de moi. J’en ai aujourd’hui 26, et je réalise à quel point elle a effectivement accompli de grandes choses pour son âge… !

Toutefois, Léane est carriériste. Elle est en avance sur le plan professionnel, mais a un sérieux retard du côté émotionnel. Pour elle, les études et le travail sont des domaines plus prévisibles et maîtrisables, contrairement à celui des relations.

Une part de lumière et d’ombre…

Léane a créé un collectif appelé Women Riot (qui peut se traduire par « Le soulèvement des femmes ») qui aide à faire avancer la cause féminine. Elle s’active à être une bienfaitrice pour les femmes mais par ailleurs, elle a une grosse part d’ombre en elle, une part de violence. Penses-tu que cela fait partie d’un équilibre nécessaire, comme si elle était dans les extrêmes autant dans le positif que dans le négatif ?

Léane est un personnage avec de nombreux paradoxes. Et c’est ce que je voulais illustrer en la plaçant dans un tel rôle. Je pense en effet qu’elle essaie de compenser (voire d’effacer) ses parts d’ombre avec ses parts plus lumineuses. Seulement, je ne suis pas sûre qu’on puisse se fuir de la sorte indéfiniment…

Léane a une petite voix qui lui parle. Beaucoup d’entre nous ont certainement une petite voix dans notre tête qui nous répète souvent que nous ne sommes pas assez bien, c’est très intéressant de voir ce phénomène décrit dans un roman. Pourquoi avoir choisi de nous faire ainsi entrer dans les pensées de Léane ?

Cela me paraissait intéressant de mettre en lumière le combat interne de Léane à travers sa petite voix. De plus, je crois en effet que beaucoup de personnes pourront s’identifier à elle sur cet aspect-là. Notre petite voix, c’est notre « juge interne », notre pire ennemi.  Et je crois qu’on en a tous un !

Une histoire d’amour passionnelle

Parlons maintenant du personnage d’Alicia. Qui est-elle ?

Alicia se trouve elle aussi en pleine lutte interne, mais pas pour les mêmes raisons que Léane. D’ailleurs, ce combat intérieur se traduit d’une manière différente : elle s’est créé une carapace, celle d’une jeune femme qui souffle le chaud et le froid pour s’assurer de toujours garder l’ascendant sur ses relations.

Tout le monde semble l’aimer, pourtant elle possède aussi une part de menace, non ?

Alicia a un côté très manipulateur. C’est le genre de personne qui, lorsqu’elle débarque dans une pièce, sait capter toute l’attention. On ne sait pas vraiment pourquoi ni comment, mais c’est comme ça. Je dirais que ce genre de personnalité est intrigante justement parce qu’on détecte une part d’ombre derrière leur extraversion. Et en ce sens, elles sont admirées, car un peu craintes.

Parlons de la relation entre Léane et Alicia. Comment décrirais-tu cette histoire d’amour passionnelle et quel rôle joue-t-elle dans le développement de l’intrigue ?

Je dirais que leur histoire est tellement passionnelle qu’elle en devient parfois malsaine. Elle joue un rôle clé dans l’intrigue, elle en est d’ailleurs au centre. Pour Léane et Alicia, cette relation est à la fois le meilleur et le pire qui leur soit arrivé. Heureusement, on suit aussi leurs évolutions au cours de ce récit. J’ose d’ailleurs croire que la fin leur rend hommage…

Un univers mystérieux

À ce qu’il paraît, il a été difficile de définir ton roman dans un genre précis [rires]. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?

Haha… un peu, oui ! C’est difficile à expliquer sans trop en dévoiler, mais je dirais que cela contribue à enrichir l’intrigue. Jusqu’à la fin, on se demande si on est dans du thriller, du fantastique, ou si finalement, tout se passe dans la tête de Léane… J’avoue m’être un peu inspirée des films Black Swan et Split, qui jouaient beaucoup sur la confusion des genres.

Ton roman semble également se situer dans un univers mystérieux. Peux-tu nous en dire plus sur les éléments mystérieux ou inattendus que les lecteurs peuvent anticiper sans trop révéler de spoilers ?

Encore une fois, c’est difficile d’en parler sans trop en révéler ! Je dirais qu’il ne faut pas commencer ce récit en se disant qu’on va lire un genre précis. Mais si vous décidez de découvrir l’histoire de Léane et Alicia, prenez garde : l’heure à laquelle vous lirez ce roman pourrait bien avoir des conséquences sur le déroulé de l’intrigue… 🙂

Women Riot est un élément central de l’intrigue. Comment ce collectif contribue-t-il à façonner le parcours de Léane et à quel point est-il important pour elle ?

Le Women Riot, c’est l’exutoire de Léane. Ce collectif lui permet de briller et d’oublier momentanément ses parts d’ombre. C’est un peu son « bébé » auquel il ne faut pas toucher (et malheureusement pour elle, Alicia va faire tout l’inverse !)

Interview de Mayliss Griboux, une héroïne complexe

Comment abordes-tu la représentation des personnages lesbiens dans Dans son Ombre ? L’inclusivité et la diversité des personnages sont-elles des aspects importants de ton écriture ?

Au début de cette histoire, Léane n’est pas vraiment un modèle de tolérance au sujet des LGBTQ+. Aussi bien envers les autres qu’envers elle-même.

Je pense d’ailleurs que l’intransigeance de Léane et de sa famille au sujet de l’homosexualité vient aussi de leurs origines (iranochilienne). Dans leur culture familiale, les mœurs ne sont pas tout à fait les mêmes.

En tout cas, les personnages principaux et secondaires de ce récit sont lesbiens, bisexuels, et hétéros (et ce n’est pas développé dans l’histoire, mais certains membres du Women Riot ont d’autres orientations sexuelles).

En tant qu’autrice de romances F/F, penses-tu que ton expérience personnelle a influencé la création de tes personnages et de leur histoire dans ce roman ?

Oui, c’est certain. On raconte qu’on met toujours un peu de soi dans ses personnages et dans ses histoires (à un degré plus ou moins élevé, bien sûr). Par exemple, en tant que femme lesbienne, je préfère créer des héroïnes qui appartiennent à la communauté LGBTQ+.

Également, je pense que chaque personnage contient l’une de mes peurs, de mes failles, ou l’un de mes défauts.

Interview de Mayliss Griboux : Et après ce roman ?

Pourquoi avoir choisi de publier ce roman chez Reines de cœur, une maison d’édition lesbienne ? Comment cette collaboration a-t-elle enrichi ton parcours d’autrice ?

Reines de cœur était pour moi la maison d’édition rêvée : je l’ai découverte en tant que lectrice, dans un premier temps, et je me reconnaissais totalement dans les romans publiés. Je trouvais que les histoires d’amour racontées n’étaient pas clichées, et que la qualité des écrits était complètement au rendez-vous. Je rêvais de faire partie de la team des autrices R2C, mais je n’arrivais pas à prendre cet espoir au sérieux. Encore aujourd’hui, c’est difficile à réaliser !

Grâce à cette collaboration, Dans son Ombre a énormément gagné en maturité. Le récit n’a plus du tout la même allure, et je suis bien contente d’avoir pu travailler avec l’équipe R2C, car elles ont le souci du détail. Encore mille mercis à elles !

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes autrices LGBTQ+ qui aspirent à écrire et à publier des romans sur des thèmes similaires ?

Je pense que c’est important de se nourrir de beaucoup de livres, mais aussi de films, de BD, jeux vidéos, etc., dans ce genre. Je suis une adepte des intrigues à suspens, et je pense qu’il y a beaucoup à apprendre de ce type d’histoire. Pour Dans son Ombre, je me suis beaucoup inspirée de Black Swan, de Split, ou encore de The Others, mais aussi du jeu vidéo Life is Strange.

Et je pense que créer des fiches personnages développées peut être important pour bien connaître la psychologie de ses protagonistes.

As-tu d’autres projets en cours ? Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Oui, j’ai deux autres récits en cours ! Dans un genre totalement différent, cette fois-ci.

Souhaitez-moi de toujours garder la foi d’écrire des histoires, même quand ma « petite voix » essaiera de m’en dissuader ! 🙂

5 Commentaires sur “Interview de Maÿliss Griboux pour son roman Dans son Ombre

  1. Cortin Cecile dit:

    J’ai hâte de découvrir les tréfonds de l’âme des héroïnes !
    C’est sur, l’image qu’on renvoie aux autres ne correspond pas forcément à notre moi profond. On a tous un double je (et pas seulement les gémeaux dont je fais partie 😉)

    • Isabelle B. Price dit:

      Excellente question que celle de savoir quand lire ce roman !
      J’ai envie de dire : cela dépend des personnes.
      Je l’ai lu le soir, avec ce besoin de tourner les pages pour savoir où l’autrice allait nous entraîner et des heures de sommeil en moins. Mais je lis d’un peu tout et ce ne sont pas les romans qui m’empêchent de dormir 😉
      Une de nos relectrices qui n’aiment pas trop avoir peur a préféré le lire le matin parce que le soir, elle était obligée de se coller à son épouse pour trouver le sommeil 😉
      Chacune son truc !

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