Interview de Patricia Nandes pour Résilience, le dernier tome de la trilogie Les Amazones

Interview de Patricia Nandes pour Résilience – Les Amazones – Tome 3

Et voilà, Résilience est le dernier tome de ta trilogie Les Amazones. Est-ce que tu peux le présenter ? Et comment tu te sens de mettre fin à ce chapitre ?

Résilience ressemble un peu à une gare de triage. Toutes les trajectoires personnelles vont finir par se croiser et causer des dégâts considérables. L’idée d’une gare et de tous ces rails entremêlés me plaît bien. En finir avec l’enquête des amazones m’a laissée un peu démunie. Orpheline.

On retrouve Alexandra Bertaud et Laura Livi pour la dernière fois ou tu as imaginé leur offrir un jour d’autres aventures ?

Elles reviendront, c’est presque obligé. Mais je voudrais un cadre tout à fait différent. Une nouvelle enquête qui sortirait des sentiers battus. J’y réfléchis. J’ai quelques pistes…

Est-ce que quand tu as écrit Sentence – Les Amazones, il était déjà pour toi évident qu’il y aurait trois livres ? Tu avais tout pensé de la sorte ?

La totalité des trois romans était déjà présente quand j’ai commencé l’écriture de Sentence. J’aime avoir du temps, donc plusieurs tomes, pour développer une histoire. Je m’attache à mes personnages, donc, pas question de les quitter trop rapidement !

Un livre écrit par une femme sur des femmes pour des femmes

Stella et Sofia ont en quelque sorte remplacé Nygren dans ce dernier opus. C’était important pour toi de donner autant de place à des femmes ?

Ce dernier tome est une histoire de femmes pour des femmes. Les hommes jouent des rôles satellites. Sans parler des deux nouvelles, Birgit et Mette, qui forment un couple extraordinaire. Je les aime énormément ces deux-là ! En parlant de suite, Birgit pourrait faire partie du voyage. C’est même presque sûr…

Les personnages que tu as inventés peuvent basculer du bon comme du mauvais côté, tu montres que la ligne est ténue, n’est-ce pas ?

Il s’agit de prendre une décision et de s’y tenir. Je m’attache à la volonté des personnages, leur capacité à aller jusqu’au bout. Je crois qu’Alexandra serait capable de n’importe quoi pour sauver Laura, et vice-versa. Et nous aussi, dans nos vies respectives. La frontière est fragile quelques fois. Quand tout s’emballe, on a du mal à trouver des repères. Il faut faire confiance à son instinct.

Résilience, un dernier tome très en phase avec la réalité du monde

Finalement, on a parfois l’impression que, comme dans la « vraie vie », le tome 1 – Sentence a été oublié avec tout ce que les héroïnes dénonçaient. Pourtant tu prouves que cette violence et ces horreurs ont des répercussions sur le très long terme.

C’est exactement mon dessein. L’oubli est un leurre. Ou alors une forme de lâcheté collective. L’objectif des amazones du premier tome était en réalité de marquer les esprits, mais aussi, et surtout, d’instiller ce goût du combat, cette forme de rébellion permanente contre les agresseurs, les violeurs du quotidien. Malheureusement, la violence entraîne la violence, et ça, Ann-Liv le savait pertinemment. L’histoire du chat qui se mord la queue…

À la fin, on n’entend plus parler du père d’Alexandra ni de la mère de Laura. Elles se sont complètement émancipées de leurs familles pour créer la leur ?

Je crois que c’était ce qu’elles avaient de mieux à faire ! Il faut savoir couper les ponts et aller de l’avant. Le premier noyau familial, c’est le couple. Et ça me va très bien comme ça !

Tu es restée en Suède avec ce troisième tome. C’était indispensable ?

Pour moi, c’était un terrain neutre. Je suis Française d’origine italienne, alors la Suède m’apparaissait comme une page blanche, un territoire où je n’avais pas de points de repère ni d’a priori.

Interview de Patricia Nandes pour Résilience – Les Amazones – Tome 3 qui traite d’inceste et de pédopornographie

Les sujets de l’inceste, de la pédopornographie, dérangent certaines lectrices de Reines de Cœur. Tu penses que c’est parce qu’en tant que femmes, nous sommes plus exposées ?

Que cela dérange, je le comprends. Mais la violence fait partie de notre monde, de nos vies quotidiennes. J’aime ce terrain-là parce que je m’y sens vivante, toujours rebelle et menacée, offensée, outrée, dégoûtée, mais aussi submergée de joie par des témoignages de survivance, des femmes qui sont avant tout des survivantes, des guerrières. C’est pourquoi je remercie mes éditrices préférées de m’avoir accordé leur confiance !

Tu termines sur une note d’espoir, pourtant l’univers que tu dépeins est très noir. C’était important pour proposer cette touche d’optimisme ?

Je veux croire que l’amour l’emporte toujours, d’une façon ou d’une autre. C’est mon petit côté fleur bleue ! Pour tout dire, j’avais envisagé une fin beaucoup moins rayonnante. Bien plus crépusculaire. J’ai préféré l’amour au spleen. Personne ne me jettera la pierre !

Interview de Patricia Nandes pour Résilience mais pas que… D’autres romans à venir, peut-être…

Est-ce qu’on peut espérer que tu écriras d’autres polars ? Tu as un style tellement incisif et percutant que ton talent se retrouve sur chaque page.

Merci ! Le prochain est terminé, je vais d’ailleurs te l’envoyer sous peu ! L’action se déroule dans le sud de la France et met en scène une femme flic qui, à force de déni, verra son passé ressurgir au pire moment de l’enquête.

Et dernière question, est-ce que tu lis beaucoup de romans policiers et est-ce que tu as des influences particulières ?

Assez bizarrement, j’ai peu lu de romans policiers, à part la série des Wallander de Mankell. Ma préférence va principalement aux auteurs classiques. Pour tout dire, je ne suis pas une grande lectrice. Je préfère de loin écrire que lire !