Découvrez cette interview de Patricia Nandes pour la sortie de Vengeance
Bonjour Patricia, Vengeance reprend tes héroïnes de Sentence, Alexandra et Laura. Peux-tu nous raconter un peu leur histoire ?
Alexandra et Laura sont tombées amoureuses lors de la première enquête. Ce coup de foudre va se fondre dans l’histoire des amazones, trois femmes qui règlent leurs comptes avec des hommes qui ont saccagé leurs vies. Avec l’aide de Krister Nygren, un policier suédois, elles élucideront l’affaire, mais prendront fait et cause pour les victimes, même si elles sont aussi des meurtrières.
Est-ce que tu peux nous présenter Vengeance, le deuxième tome de ta série ?
Tout ce qui arrive dans Vengeance tire ses racines du tome précédent. Laura, Alexandra et Krister Nygren sont devenus des cibles et tout l’enjeu de cet épisode sera de démêler le vrai du faux afin de trouver qui se cache derrière cette vendetta acharnée. Nouveaux décors, nouveaux personnages avec Giulia et Sofia, Stella beaucoup plus présente. Alexandra et Laura devront creuser très profondément afin de comprendre que l’affaire initiale des amazones est loin d’être terminée.
Patricia Nandes se confie sur ses choix scénaristiques
Qu’est-ce qui t’a motivé à l’écriture de cette suite ?
J’ai toujours envisagé l’enquête comme un triptyque. J’aime l’idée d’accompagner mes personnages dans le temps. De les voir évoluer, affirmer leur amour, défendre leurs valeurs, mener à bien leurs enquêtes. Et puis, comme dans la vie, rien n’est toujours blanc ou noir. Nos actes passés nous pourchassent quelques fois. Alexandra l’apprendra à ses dépens.
Dans cet opus, Laura est grièvement blessée, a des séquelles et tente de se remettre tout au long de l’histoire. Pourquoi la mettre autant en difficulté ?
C’était intéressant d’un point de vue scénaristique d’inverser les rôles, de voir comment Alexandra allait assumer l’état de santé de sa compagne et partenaire. Et puis Laura a du répondant et n’est jamais plus efficace que lorsqu’elle est en danger. Je trouve aussi qu’Alexandra gagne en humanité dans cet épisode. Elle est à l’écoute, attentive, et non plus emprisonnée dans ses pulsions morbides, même s’il lui arrive de les frôler au cours de l’enquête.
L’empathie dans le traitement des violences faites aux femmes
L’inceste, les violences faites aux femmes sont le fil conducteur entre les deux livres. Est-ce que tu penses que la société et la justice sont incapables de lutter contre ces fléaux et que seules les femmes peuvent venir à bout du problème ?
Je crois qu’il faut prendre parti, toujours. D’autant plus lorsqu’il s’agit de vies à jamais brisées. On ne peut pas rester neutre, on doit s’engager. C’est pour cette raison qu’Alexandra et Laura sont toujours « borderline » dans leur enquête, car elles sont un peu juges et parties. Je l’assume. Je déteste la violence, mais je peux la comprendre dans ce cas précis. Que reste-t-il à une femme lorsqu’elle est en proie à une agression permanente d’un côté et à l’inertie de la machine policière et judiciaire de l’autre ? Il n’est pas question d’appeler à l’auto-justice, mais de faire preuve d’empathie.
Même si elle agit pour le « Bien », Alexandra comprend le choix des victimes devenues bourreaux et le lecteur aussi. C’est un parti pris dans la manière dont tu as écrit tes livres, non ?
Complètement, oui. Il s’agissait pour moi de marquer une frontière bien visible entre la flic et la femme. « Qu’aurais-je fait à sa place ? » doit-on se demander. Les bourreaux d’aujourd’hui étaient les proies d’hier. Alexandra rentre davantage en empathie que Laura, sans doute parce qu’elles n’ont pas vécu les mêmes expériences dans leur enfance. C’est difficile de blâmer les amazones du tome 1 et leurs successeurs du tome 2. On ne peut pas s’en tenir à la loi au sens stricte, elle est trop réductrice. C’est en tout cas le point de vue de mes héroïnes.
Dans cette interview de Patricia Nandes, découvrez sa manière d’écrire
Au niveau de la description des lieux, on a l’impression d’être au plus près, à chaque fois. Comment fais-tu pour connaître aussi bien les endroits où se déroulent tes enquêtes ?
J’ai beaucoup d’imagination ! Blague mise à part, je connais très bien l’Italie puisqu’il s’agit de ma terre natale. En ce qui concerne la Suède, j’ai beaucoup lu, visionné des quantités de films, et j’utilise une application suédoise qui me renseigne sur les noms de lieux isolés comme les baies ou les fjords que Google Earth ne mentionne pas forcément. Il m’arrive de commettre une erreur d’orientation, très vite corrigée par une lectrice cartographe et passionnée, merci à elle ! Et puis je fais tellement corps avec mes héroïnes que je me transporte assez facilement sur place sans jamais quitter mon siège.
L’amour entre Alexandra et Laura, il est indestructible et à toute épreuve, non ? C’est le rayon de soleil indispensable pour supporter ces horreurs ?
Que nous reste-t-il à part l’amour ? Alexandra et Laura sont fortes et si fragiles que les pleins de l’une compensent les vides de l’autre. C’est un jeu de vases communicants permanent entre elles deux. Leurs enquêtes les plongent à chaque fois dans la noirceur absolue. Sans amour, elles ne tiendraient pas bien longtemps. Même si Alexandra a vraiment franchi une étape par rapport à ses problèmes personnels, elle garde des zones d’ombre. Mais Laura, même diminuée, reste une véritable cerbère.
La dernière partie de la trilogie disponible en 2023
Nygren est un peu un surhomme, non ?
C’est vrai qu’il a la peau dure, le pauvre ! Je ne le ménage pas dans ce tome. Mais avec lui, et sa faculté de toujours rester en vie, Krister incarne la résilience et reste malgré lui l’un des moteurs de l’enquête. Même entre la vie et la mort, il joue un rôle actif. Avouez que c’est fort, quand même !
Et peut-on considérer que Stella va être en grandes difficultés à la fin du roman et dans le prochain opus ?
Stella va être un élément déclencheur, un catalyseur en quelque sorte. Sans le savoir, elle va amener toutes les enquêtes, toutes les rancœurs, toutes les phobies passées et présentes à un point de convergence forcément fatal et destructeur. Elle va peu à peu devenir une proie et une menace pour la sécurité d’Alexandra et Laura.
Le troisième et dernier livre sortira en 2023 et clôturera les enquêtes de Bertaud et Livi. Pas trop dur de laisser partir ces personnages ?
Oh que oui ! Je me suis tant attachée à elles que le lien ne pourra se rompre. C’est tout simplement impossible !
Cette interview est très émouvante, comme la première pour le tome 1.
Quelle force dans les propos !
Je m’apprête donc à m’immerger de nouveau dans la morbidité de l’âme humaine, celle qui noircit tout sur son passage. Mais le plus fort, à m’envoler en communion dans l’amour, force ultime de la grandeur humaine.