Les Suivantes d’Artémis : Interview de Gabrielle Hautemer

Interview Gabrielle Hautemer

Bonjour Gabrielle, est-ce que tu peux te présenter à nos lectrices ? Leur parler de toi et de ton parcours en tant qu’autrice ?

Bonjour, j’ai 51 ans et je travaille dans le domaine de l’éducation. Je vis à la campagne avec mon épouse. J’écris depuis mes dix ans : des nouvelles, du théâtre, un journal intime, des romans, des scénarios. Je pense que mon parcours en tant qu’autrice a été forgé par dix années de théâtre amateur d’une part, et ma passion pour les jeux de rôles d’autre part.

Maintenant que tout le monde en sait plus, est-ce que tu peux présenter ton roman, Les Suivantes d’Artémis ? Quand et comment est-il né ? Quelle a été ta source principale d’inspiration au départ ?

J’ai écrit Les suivantes d’Artémis en 2004, alors que je vivais à Berlin. Cela faisait un an que j’étais établie là-bas. Ce qu’on appelait la communauté lesbienne était tout nouveau pour moi, et celle de Berlin est particulièrement active et dynamique. J’ai découvert les bars, le tango queer, les salles de sport LGBT+, les réseaux sociaux lesbiens… C’était aussi l’époque de mon coming-out, assez récent, et j’étais complètement éblouie par tout ce que je découvrais, en particulier cette communauté vibrante et chaleureuse. Ma première source d’inspiration a donc été toutes ces femmes exceptionnelles que j’ai eu la chance de rencontrer. Je voulais vraiment écrire un roman qui parle de ce milieu et qui ait des héroïnes lesbiennes. A l’époque, je lisais tous les romans lesbiens que je trouvais, et il n’y en avait clairement pas assez à mon goût. Je voulais participer à l’expansion de la littérature lesbienne.

Retravailler un roman écrit en 2004 ne doit pas être évident, si ? Quelle a été ta plus grande difficulté et aussi le plus simple ?

Je dirais que cela a présenté un inconvénient et un avantage. Le plus difficile, c’est que je n’ai plus du tout l’état d’esprit que j’avais à l’époque. Parfois, retrouver ce que j’avais voulu exprimer, pourquoi telle chose me paraissait importante, n’a pas été évident. Remanier l’histoire et se souvenir de l’élan profond des personnages n’a pas été si simple non plus. Heureusement, j’avais gardé toutes mes notes de travail. Mais le gros avantage que j’ai trouvé à reprendre un vieux texte, c’est le recul dont j’ai bénéficié. Je pouvais me détacher du texte, avoir un regard plus mûr, et moins de remords à couper quelques scènes superflues.

Qu’est-ce qui t’a poussé vers le polar ? C’est un genre que tu apprécies particulièrement ?

Curieusement, ce n’est pas ce que je lis le plus, même si j’en lis aussi. J’avais l’envie d’écrire un roman qui se passerait à Berlin dans la communauté lesbienne. J’avais donc le décor ; il me fallait une histoire. Les récits commencent souvent par une interruption, quelque chose qui change la vie des personnages (là, c’est mon passé de conteuse de jeux de rôles qui ressort). Avant même d’avoir une histoire, l’image de la scène du début m’est venue naturellement : des femmes sont tranquillement en train de discuter dans un bar, et le café explose. J’ai élaboré l’histoire à partir de là. Le genre s’est donc imposé de lui-même.

La psychologie de tes personnages et notamment de ton/tes « méchant(s) » est très fouillée. La notion de l’origine du Mal te tenait à cœur ?

J’aime beaucoup explorer la psychologie de mes personnages. Leur façon de penser, de réagir, est quelque chose qui m’intéresse. Je crois que l’intérêt de ce roman ne tient pas tant dans l’aspect « whodunit » (trouver qui a commis de crime), comme disent les Anglais, mais bien dans la question « pourquoi ». Les lectrices et les lecteurs trouveront rapidement de qui il s’agit. J’espère que l’envie de comprendre les raisons, les rouages psychologiques du personnage, les tiendront en haleine.

Allez, question très difficile. Il y a plusieurs héroïnes dans Les Suivantes d’Artémis. Quelle est ta préférée et pourquoi ?

C’est vrai que c’est une question difficile ! J’ai beaucoup aimé décrire les changements dans la vie de Claudia, qui éprouve de l’attirance pour une femme pour la première fois. J’ai un faible pour Jana également, parce qu’elle est ambigüe, souvent à flirter avec des limites un peu sombres. Mais je crois que ma préférée, c’est Franka : énergique, tête brûlée, amoureuse, passionnée, tenace.

Est-ce que tu es attachée à tes personnages ? Est-ce que tu aimerais les faire revenir dans un autre roman ou est-ce que tu préfères tout recréer depuis le début ?

Quand on passe des mois avec ses personnages, on s’y attache forcément. Elles sont devenues des amies imaginaires, pour ainsi dire. J’ai été heureuse de les retrouver lors du retravail du texte. Je n’exclue pas d’écrire une suite, un nouveau polar avec certaines héroïnes du roman. Mais ça ne sera pas pour tout de suite.

Il est beaucoup question de la communauté LGBT+ dans ton histoire. C’était important pour toi d’aborder la question des associations, des sites web communautaires ?

Oui, c’était essentiel. Tout ce qui est proposé dans la communauté est primordial en termes de soutien, en particulier pour les jeunes LGBT+. J’en ai bénéficié étant plus jeune ; ensuite je me suis engagée moi aussi pour accueillir et écouter. Cet accueil et ce soutien peuvent prendre des formes très diverses. J’espère que j’ai réussi à bien décrire tout cela, et pourquoi cela me parait important.

Qu’aimerais-tu que les lectrices et lecteurs retiennent de ton roman ?

L’envie d’aller visiter Berlin ? 🙂 Allez-y, c’est sans danger, on s’est occupé des méchants 😉 Plus sérieusement, c’est une ville incroyable, et en plus, les Berlinoises sont sublimes !

Tu as un autre projet de roman, maintenant que celui-ci est sorti ?

J’en ai une multitude ! Je suis en train de rédiger une nouvelle, une petite romance d’été. J’ai aussi en tête un roman Steam punk, dont je n’ai pas encore écrit une ligne, et qui vit pour le moment sa vie en roue libre, dans mon imagination. Et puis, il y a tous ces vieux romans qui prennent la poussière dans mes tiroirs, et que je pourrais bien ressortir un jour ou l’autre.

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