Associées et Amantes [mini-nouvelle gratuite]

Titre : Associées et Amantes

Titre Original : Partners

Auteure : Jae

Traductrice : Solène Nahodha

ISBN : pdf : 978-2-37838-336-7 ; ePub : 978-2-37838-334-3 ; mobi : 978-2-37838-335-0

Date de Sortie : 25/12/2023

Nombre de Pages : 37 pages

Résumé :

Après leur démission de chez Kudos, Dee et Austen ont créé l’entreprise dont elles rêvaient ensemble. Son nom ? Nos amis à plumes ! De nombreux défis s’offrent à elles et les deux jeunes femmes ont hâte de les relever.

Seulement partager la direction d’une nouvelle société est loin d’être une chose facile. Lorsque l’une de leurs employées commet une énorme erreur qui les met en grande difficulté financière, Dee s’énerve. Elle perd son calme, commence à hurler et redevient la patronne tyrannique qu’elle était dans son précédent travail.

La dispute n’est pas loin et malgré tout l’amour qu’elles se portent, Austen et Dee sont contraintes de se parler. Difficile d’être à la fois associées et amantes…

Associées et Amantes est une nouvelle qui fait suite au roman lesbien primé de Jae, Sous une Etoile Filante.

Extrait :

Austen referma son feutre rouge, le glissa dans son pot à crayons en forme de cacatoès et contempla son dessin avec un sourire satisfait. Elle avait hâte de voir ce qu’en penserait Dee. Le jouet à mâcher imitant une canne en sucre d’orge était une idée de sa compagne. La jeune femme s’en était inspirée pour imaginer un perchoir avec une clochette sur une extrémité.

Trois mois après avoir fondé leur entreprise, Austen s’émerveillait toujours de la facilité avec laquelle elles travaillaient ensemble. Elle se leva d’un bond un peu trop enthousiaste et envoya valser son fauteuil à roulettes presque jusqu’au mur de l’étroite pièce qu’elle occupait. Puis elle attrapa son dessin pour aller le montrer à Dee.

Des éclats de voix familiers lui parvinrent quand elle ouvrit sa porte. À l’époque où elles étaient encore employées chez Kudos Entertainment, entendre crier dans le bureau de Dee s’avérait parfaitement ordinaire. C’était elle que son oncle précipitait au front dès qu’un problème se présentait, qu’il s’agisse de la bourde d’un ou d’une salariée, d’un retard de livraison ou de n’importe quoi d’autre.

Maintenant, son travail ne consistait plus à remettre tout le monde dans le droit chemin. De plus, leur petite entreprise ne comptait que deux employées à temps partiel, alors que se passait-il ? Sa compagne était-elle au téléphone avec quelqu’un ? Austen s’approcha de son bureau.

Alors qu’elle envisageait de frapper, la porte s’ouvrit à la volée. Courtney, leur assistante administrative, sortit en trombe et frôla Austen sans s’arrêter. Elle avait la tête baissée et les épaules remontées, ce qui lui donnait l’air d’une tortue cherchant à se protéger dans sa carapace. Qu’est-ce que… La jeune femme la regarda s’éloigner, abasourdie.

Le bruit d’un objet percutant le mur attira de nouveau l’attention d’Austen vers le bureau de Dee. Avec prudence, elle franchit la porte restée ouverte et ramassa l’agrafeuse que sa compagne avait balancée à travers la pièce. Au moins, il ne s’agissait pas de la souris d’ordinateur qu’Austen lui avait offerte pour Noël, juste après leur première rencontre.

Dee faisait les cent pas. Le chignon qu’elle portait au travail était en train de tomber, comme si elle avait passé plusieurs fois ses mains dans ses cheveux. Un instant, Austen se figea, oubliant l’agrafeuse. Elle était complètement captivée par l’allure de sa compagne, sa grande taille, ses mouvements puissants, l’intensité qui irradiait d’elle…

La jeune femme se botta mentalement les fesses. Arrête de mater et essaye de comprendre pourquoi elle s’est de nouveau transformée en Attila. Austen ferma la porte du bureau derrière elle, s’arrangeant pour que le bruit de la poignée soit audible et informe Dee de sa présence. Celle-ci pivota d’un coup. Leurs regards se croisèrent et l’expression sur le visage de sa compagne s’adoucit un instant.

— Que se passe-t-il ? voulut savoir Austen.

— Je vais devoir virer Courtney, fulmina Dee.

L’agressivité dans sa voix heurta Austen comme un souffle de vent glacial, l’obligeant à reculer d’un pas. Elle se ressaisit rapidement et avança avec détermination pour aller s’asseoir dans la chaise visiteur.

— Déjà, si on doit en arriver là, nous allons devoir la licencier. On dirige cette entreprise ensemble, n’est-ce pas ?

Elle posa l’agrafeuse sur le bureau.

— Oui, bien sûr, confirma immédiatement Dee.

Elle observa son fauteuil un moment, puis s’y installa un peu à regret, de façon à être à la même hauteur qu’Austen.

— Quand je vais te dire à quel point elle a merdé, toi aussi tu vas vouloir la virer.

— Que s’est-il passé ?

Sa compagne se pinça le haut du nez, comme si elle luttait contre un puissant mal de tête en formation.

— Elle a complètement gâché la campagne sur Kickstarter[1] pour notre arbre de Noël adapté aux perroquets.

— Quoi ? Comment est-ce possible ? On avait atteint cent pour cent de l’objectif et c’était quasiment fini, non ?

— C’est ce que je pensais. Mais Courtney a un don incroyable lorsqu’il s’agit de faire foirer les choses, grinça Dee en lançant un regard noir dans la direction du petit bureau occupé par l’assistante administrative. Elle n’est même pas capable de se concentrer trente secondes pour cliquer au bon endroit sur une page web. Au lieu d’éditer la campagne pour ajouter les dernières nouvelles, elle l’a annulée. Pof. Toutes les contributions ont été remboursées. Notre financement est perdu !

Austen eut la sensation d’avoir le souffle coupé. Un poids sur sa poitrine empêchait ses poumons de se gonfler.

— P-perdu ? Mais… mais… on ne peut pas revenir sur cette annulation ? Ou recommencer ? Ou…

[1] Site de financement participatif.