Blackwell Academy – Apprivoisée – Épisode 2 [Nouvelle]

Titre : Blackwell Academy – Apprivoisée – Épisode 2

Auteure : Lena Clarke

ISBN : pdf : 978-2-37838-105-9 ; ePub : 978-2-37838-103-5 ; mobi : 978-2-37838-104-2

Date de Sortie : 26/12/2019

Nombre de Pages : 115 Pages

Autres épisodes de la série : Ensorcelée – Épisode 1 ; Charmée – Épisode 3 ; Captivée – Épisode 4 ; Embrasée – Épisode 5

Résumé :

Elève à la Blackwell Academy, Silver est une jeune loup-garou solitaire au passé trouble. Chaque nuit, elle est réveillée par de violents cauchemars où elle revit le harcèlement et les coups de son père. Décidée à aller de l’avant et à s’offrir l’avenir dont elle rêve, Silver poursuit sa routine étudiante sans faire de vagues, entre cours et matchs de basket.

Enfin, c’est sans compter sur Jehanne, une autre lycanthrope dont l’obsession est de la faire entrer dans sa meute. Loin de l’épargner, la capitaine de l’équipe de basket féminine et louve alpha prend un malin plaisir à la taquiner. Notamment sur son attirance envers la très populaire Samara.

Mais là où Silver est renfermée, Samara est son exact opposé : sociable, lumineuse et appréciée de tous. Sauront-elles s’apprivoiser ?

Extrait :

— Qu’est-ce que je dois faire pour obtenir un peu de respect dans cette foutue baraque ?! Tu veux finir comme ta mère, c’est ça ?

Recroquevillée au sol, les mains sur la tête afin de me protéger, je gémis en percevant le sifflement trop bien connu de la ceinture de mon père en train de quitter son pantalon. Il la plie en deux, fait claquer le cuir une première fois sur sa paume et m’assène un coup de pied dans le ventre.

— Putain, regarde-toi ! Si chétive, rien de plus qu’une larve, tu me dégoûtes. Même pas capable de te transformer, tu es la honte de la famille, t’entends ?! J’aurais dû te crever quand tu es née !

La vue brouillée par les larmes, je me mords la lèvre au sang pour m’empêcher de produire le moindre son. Si j’exprime ma souffrance, ce sera pire. Je retiens ma respiration, consciente de ce qui va arriver dans quelques secondes. Mon dos porte déjà les stigmates des anciennes colères de mon père. Je sais parfaitement à quel point la douleur sera intense. La dernière fois, j’ai passé des jours dans une sorte de coma qui m’a fait regretter de ne pas être morte.

Je ne le supporte plus. Cette fois-ci, je ne me réveillerai peut-être pas. À l’image de ma mère, je finirai peut-être enterrée quelque part dans les bois. Je devrais en être horrifiée, mais au contraire, l’émotion prédominant en moi est le soulagement. Si j’arrête de lutter, si j’arrête de m’accrocher, alors tout prendra fin. La peine, la peur, la souffrance, tout disparaîtra en un instant.

Les dents serrées, je contracte les poings lorsque mon bourreau attrape mes cheveux blonds pour tirer ma tête en arrière et m’obliger à le regarder. La rage se lit dans ses yeux dorés. Des yeux dont j’ai hérité, des yeux que je déteste.

— Tu es une abomination. Tout le monde te hait ici, et tout le monde te haïra, toujours. Tu ne mérites pas de vivre, tu mérites encore moins d’être ma fille.

Au moment où il lève sa main libre, je sais ce qui m’attend. La boucle de la ceinture brille dans la semi-obscurité de notre cabane. Le soleil est en train de se coucher. Ses derniers rayons arrivent à filtrer à travers la vitre sale de l’unique fenêtre. Par réflexe, je ferme les yeux, consciente que quand je les rouvrirai, la pièce sera plongée dans les ténèbres.

Tout mon corps tremble. Je suis terrifiée. Personne n’interviendra, je le sais. Jamais personne n’est venu à mon secours en onze ans, rien ne changera jamais. Pas la peine de prier silencieusement. Je ne peux compter que sur moi-même. Malheureusement, je ne suis pas assez forte. Ma part animale refuse de se manifester, et sans elle, je suis impuissante. Un jour, ce sera différent. Oui, si un jour je parviens à faire appel à mon loup, alors je le prendrai par surprise et lui sauterai à la gorge.

Un cri m’échappe au premier coup de ceinture. Ma tête retombe entre mes bras, alors que mon corps irradie de chaleur. Mon dos paraît être en train de se déchirer. Des anciennes blessures se rouvrent et je commence à sangloter. Parcourue par des spasmes de détresse, j’hoquète. Je me prépare à la suite, à sentir la douleur amplifier, à entendre mon père continuer ses insultes, mais contre toute attente, le silence envahit soudain les lieux.

Dans ma poitrine, mon cœur bat à tout rompre. Chaque pulsation résonne à mes oreilles. Il s’agit de l’unique son que je perçois encore, un son brusquement remplacé par le murmure d’une douce voix.

— Je suis désolée. J’aurais dû arriver plus tôt.

La main qui se pose avec tendresse sur ma tête me fait sursauter. Je tremble toujours. Je suis dans l’expectative du prochain coup. J’ignore l’identité de cette personne, cependant ça n’a aucune importance. Je n’ai connu que la violence, et je ne vois pas pourquoi cette étrangère se comporterait différemment. Pourtant, au lieu d’un mouvement brutal, je sens des caresses sur mon cuir chevelu.

— C’est fini, Silver. Il ne faut plus avoir peur. Tant que je suis là, il te laissera tranquille.

Prononcées sur un ton bas, ces phrases ont une répercussion directe sur mon rythme cardiaque. Même si je suis toujours fébrile, un nouveau sentiment est en train de prendre lentement le pas sur la crainte perpétuelle que j’éprouve. Je n’arrive pas clairement à l’identifier. En revanche, les attentions continues de la nouvelle venue sur l’arrière de ma tête me poussent à me détendre. Je rouvre les yeux et aperçois les cuisses de mon interlocutrice couvertes par une jupe. À genoux sur le plancher défoncé, elle se tient précisément là où mon père me surplombait une minute plus tôt.

Je me mets à déglutir, à ravaler mes larmes. J’ignore qui elle est, ou comment réagir. Sans doute devrais-je chercher à voir son visage, seulement examiner ses traits n’est pas mon envie première. À la place, je rampe sur quelques centimètres afin d’accéder à ses cuisses. Ma joue effleure le coton de son vêtement, puis s’y loge plus directement. La douleur a complètement disparu, remplacée par de petits frissons de bien-être.

Immobile, je profite avec plaisir de ce moment particulier. Il me rappelle vaguement quelque chose, comme si je l’avais déjà vécu et qu’en même temps il était totalement improbable. Dans la meute de Great Falls, il n’y a pas de place pour la faiblesse. La compassion est de la sensiblerie, si bien que personne ne se risquerait à venir me consoler. En réaction, par peur de la disparition de ma sauveuse, j’agrippe le bas de son tee-shirt. Je ne veux plus être seule. Peu importe qui elle est, je m’en accommoderai. Je n’aspire qu’à une chose, sa compagnie.