Blackwell Academy – Charmée – Épisode 3 [Nouvelle]

Titre : Blackwell Academy – Charmée – Épisode 3

Auteure : Lena Clarke

ISBN : pdf : 978-2-37838-108-0 ; ePub : 978-2-37838-106-6 ; mobi : 978-2-37838-107-3

Date de Sortie : 14/01/2020

Nombre de Pages : 130 Pages

Autres épisodes de la série : Ensorcelée – Épisode 1 ; Apprivoisée – Épisode 2 ; Captivée – Épisode 4 ; Embrasée – Épisode 5

Résumé :

Toujours réveillée par d’épuisants cauchemars, Silver a la sensation de perdre chaque nuit toute énergie vitale. Décidant d’ignorer cet état de fatigue, la jeune loup-garou se concentre sur ses matchs de basket et la jolie Samara.

Heureuse de l’évolution de son couple, la lycanthrope continue malgré tout de passer sous silence sa véritable nature auprès de la cheerleader. Mais, lorsqu’elle apprend au détour d’une conversation que Samara lui cache un lourd secret, Silver se sent trahie.

Charmée par la jeune femme, Silver aurait-elle accordé sa confiance un peu trop facilement ?

Extrait :

Allongée sur le dos, le cœur battant à cent à l’heure, j’essaie de reprendre mes esprits. Je suis dans ma chambre, dans mon lit, néanmoins je peine à revenir à moi. Encore une fois, j’ai fait ce maudit cauchemar. Depuis deux semaines, tous mes rêves débutent de la même façon. À chaque fois, je suis en compagnie de Samara et à chaque fois j’en arrive à lui sauter dessus. Loin de me repousser, elle cède avec envie à mes avances, malheureusement tout devient ensuite beaucoup moins appréciable. Au moment le plus critique, le décor change invariablement. Le songe érotique se transforme en véritable film d’horreur. La Blackwell Academy disparaît au profit de la forêt de mon enfance. La forêt où mon père a perdu la vie, celle où je me suis promis de ne plus jamais remettre les pieds.

Pourquoi ne puis-je pas être comme tout le monde ? Non seulement je me sens mal de fantasmer nuit après nuit sur ma petite-amie, l’imaginant dans divers scénarii qui ne manquent pas de me frustrer au réveil, mais en plus mon passé revient me hanter. Fatiguée et énervée à mon encontre, je me redresse. Quelque chose ne tourne pas rond chez moi. J’en ai toujours eu conscience, cependant ces derniers temps le sentiment empire. Peut-être devrais-je en parler à quelqu’un ? Non, impossible. Cette pensée me pousse à secouer la tête, puis à me lever précipitamment.

Je dois vraiment être au bout du rouleau pour songer à me confier. Même si la situation me semble sans issue, je vais la gérer comme à mon habitude, seule. Après un bon footing, tout ira déjà mieux. Je serai capable d’affronter la journée et, avec un peu de chance, j’aurais l’occasion de croiser Samara entre deux de mes cours.

***

Assise face à Jehanne, je fixe un instant le hamburger à moitié mangé dans mon assiette avant de jeter un coup d’œil à Donovan situé à ma droite. Ce dernier est en train de discuter tranquillement avec Conrad, installé à côté de sa cousine. Ils semblent tous parfaitement à leur aise et n’ont pas l’air de se rendre compte qu’ils viennent simplement de s’incruster sans me demander mon avis. Pourtant le réfectoire est grand, les tables libres ne manquent pas. Apparemment, squatter mon espace est très tentant à leur niveau. Le mieux à faire est encore de les ignorer. Je me reconcentre sur mon plat, m’apprête à le finir, quand dans mon champ de vision j’aperçois la main de Donovan se diriger avec rapidité vers mes frites.

— Touche à ça et je te promets une rencontre piquante avec ma fourchette, le menacé-je.

— Tu n’oserais pas.

J’hausse un sourcil, attrape le couvert, ce qui suffit à lui faire retirer ses doigts.

— On est amis, non ? tente-t-il malgré tout. Les amis doivent partager la nourriture, c’est une loi sacrée.

— Chacun son assiette, c’est la loi sacrée à laquelle, moi, j’adhère.

Vaguement, je l’entends se plaindre. J’aperçois Conrad lui lancer un bout de pain à la figure, puis plus rien. Deux mains viennent de se poser devant mes yeux. Je ne sursaute pas, néanmoins la surprise est de taille. Ne pas avoir perçu de mouvement à proximité me fait prendre conscience de ma fatigue extrême. Mes réflexes ne sont plus aussi aiguisés. C’est dérangeant. Normalement je devrais me sentir d’une humeur exécrable, mais reconnaître l’odeur de pêche émanant de mon assaillante me calme aussitôt.

— Devine qui c’est, me murmure-t-elle à l’oreille.

Je ne prends pas la peine de répondre. À la place, j’attrape ses mains dans les miennes et y dépose un baiser. Les imbéciles attablés autour de nous se mettent à siffler, cependant je n’y fais pas attention. Je tourne la tête vers Samara et, confrontée à son sourire radieux, me déride. Mon moral remonte en flèche d’un seul coup.

— Qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es pas à ton entraînement ? demandé-je en l’examinant rapidement.

Même si ce n’est pas la première fois que je la vois en tenue de cheerleader, l’effet est immédiat. La jupe plissée noire à bordure dorée combinée au débardeur d’une couleur identique sur lequel est cousu le blason des Blackcat met son corps en valeur. Je me force à museler les pensées inconvenantes qui me viennent à l’esprit et profite du moment où ses bras s’enroulent autour de mon cou.

— Il a été reporté. J’ai trente minutes devant moi, alors je suis venue te saluer.

Toujours placée derrière moi, la jeune femme effleure ma joue de ses lèvres, avant de se redresser. Je pourrais être mal à l’aise. En principe, les gestes d’affection ne sont pas ma tasse de thé, encore moins en public, mais actuellement je n’en ressens aucune gêne. Au contraire, j’apprécie pleinement son naturel et surtout son désir de s’afficher avec moi.

— Et nous ? On n’a pas le droit à une petite salutation ? taquine Donovan.

— C’est vrai ça. Pourquoi Silver est la seule à recevoir un câlin ? poursuit Conrad.

J’ai beau savoir qu’ils ne font que plaisanter, je ne peux m’empêcher de les fusiller du regard. Je suis prête à les remballer vertement, lorsque plus rapide, Samara se charge de répondre.

— Vous n’êtes pas aussi attirants.

— Eh ! On est au top du top. Mes admiratrices se comptent par centaines, réplique mon voisin.

— Ah bon ? C’est drôle, je te trouve pourtant bien seul actuellement.

— Parce qu’elles sont discrètes. Elles ne veulent pas me déranger dans ma vie quotidienne.

— Discrètes ou invisibles ? se moque l’étudiante.

— Décidément qui se ressemble s’assemble. Tu es aussi méchante que ta petite-amie.

Le dernier mot me fait tiquer. Dans la mesure où Samara et moi n’avons jamais défini notre relation, je m’attends à l’entendre contester, mais à la place elle loge ses mains sur mes épaules afin de les masser doucement.

— Aussi réaliste tu veux dire ?

— Non, non, méchante et cruelle. D’abord ta copine me porte le premier coup en me refusant des frites, puis tu me finis en doutant de mon charme.

— Ton charme ? Quel charme ? insiste-t-elle visiblement amusée.

— Attention à toi, ma petite, je vais me fâcher.

— Attention à toi plutôt, interviens-je. Cette jeune demoiselle est sous ma protection directe.

Frustrée de ne pas avoir Samara dans mon champ de vision et à plus forte raison de ne pas pouvoir profiter d’elle autant que je le souhaite, je décide de l’attirer sur moi. Sans se faire prier, elle s’installe sur mes genoux. J’enroule un bras autour de sa taille, tout en me retenant difficilement de la toucher davantage. Ses jambes nues sont presque un appel au vice. En plus de ses tennis, elle porte simplement des chaussettes qui remontent jusqu’à mi-mollet. Je trouve préférable de ne pas me faire davantage de mal en arrêtant de l’observer. De son côté, elle entame une discussion avec Conrad au sujet du prochain match de basket et je me rends compte que je n’ai pas entendu Jehanne depuis son arrivée.

Silencieuse, elle paraît contrariée. Elle n’a pas touché à son assiette de lasagne, ne réagit pas aux plaisanteries de ses deux acolytes, ne cherche pas non plus à me mettre dans l’embarras. Elle n’est pas dans son état habituel, c’est flagrant.