Titre : Colocation Forcée
Auteure : Clémence Albérie
ISBN : pdf : 978-2-37838-152-3 ; ePub : 978-2-37838-150-9 ; mobi : 978-2-37838-151-6
Date de Sortie : 11/08/2020
Nombre de Pages : 123 pages
Résumé :
Iris Barreau, éditrice dans une grande maison d’édition, est loin de se douter de ce qui l’attend en ce 16 mars 2020. Après le discours du président de la République, elle reçoit un coup de téléphone de son supérieur lui proposant un confinement de luxe dans un appartement parisien de grand standing. Le seul hic ? Elle doit partager le logement avec Maïwen Walter…
Parmi toutes les auteures avec qui elle travaille, Maïwen est de loin la plus arrogante. La célébrité fulgurante est quelque peu montée à la tête de la jeune femme qui peine à avancer sur son dernier roman attendu depuis maintenant deux ans. Lorsqu’elle découvre Iris dans l’appartement prêté par sa maison d’édition, elle se sent prise au piège.
Entre chantage et coups bas, la jeune éditrice va devoir user de tous les stratagèmes possibles et imaginables pour stimuler la créativité de son auteure. Cette colocation forcée virera-t-elle au cauchemar ?
Extrait :
Si l’on prend le temps d’y réfléchir, la sphère professionnelle est un drôle de concept. Dans ce microcosme se côtoient des personnes aux valeurs parfois diamétralement opposées qui doivent s’entendre et œuvrer conjointement. Tous sont soumis à des règles bien précises et doivent entrer dans un cadre extrêmement hiérarchisé. Plus de dix heures par jour, des groupes hétéroclites sont contraints de collaborer efficacement dans le but d’atteindre des objectifs clairs et souvent chiffrés. Même si des liens peuvent se tisser au milieu de ce maelstrom d’obligations, ce sont tout de même des âmes qui ne sont pas choisies, possiblement incompatibles, qui se voient forcées de cohabiter la majeure partie de leur journée.
Ainsi, éprouver des difficultés d’adaptation était assez courant et Iris ne faisait pas exception à la règle. Pour cette femme active, dynamique et autonome, les entraves de l’encadrement représentaient un véritable obstacle. Elle avait pris du temps pour s’acclimater aux interdictions freinant sa créativité débordante, aux humeurs inégales de certains collègues et autres frustrations quotidiennes. Cependant, sa passion était si forte qu’elle tenait bon en toute circonstance. Aucune difficulté ne pouvait mettre à mal sa détermination.
Depuis sa plus tendre enfance, Iris Barreau souhaitait s’épanouir dans la création de livres. Tandis que ses amies se projetaient vétérinaires, médecins, professeurs, pompiers voire princesses jusqu’à un certain âge, elle avait toujours voulu monter sa propre maison d’édition. Au fil des livres, de J. K. Rowling à Brigitte Kernel en passant par Agatha Christie, Marcel Proust, René Barjavel, Guillaume Musso, Bernard Werber, Marc Levy, Virginie Grimaldi, J. R. R. Tolkien ou Anna Gavalda, elle s’était constamment imaginé découvrir, à son tour, un tel talent.
À trente-deux ans, la jeune femme n’avait pas encore atteint son rêve, mais elle ne renonçait pas. En attendant d’y parvenir, elle avait intégré une entreprise connue où elle faisait ses armes. Tout se passait pour le mieux dans sa vie jusqu’à ce que, à son grand désespoir, elle se voit confier, quelques mois auparavant, la gestion d’une écrivaine atypique.
Maïwen Walter avait à peu près son âge et était l’auteure de deux romans à succès qui l’avaient, très rapidement, catapultée sous le feu des projecteurs. Cette médiatisation fulgurante, cette popularité exponentielle et l’arrivée de nombreuses opportunités avaient fortement impacté le comportement de cette femme d’origine modeste. Elle avait changé. Dépassé par ses caprices, son agent avait jeté l’éponge. Dépité, le directeur de collection avait alors décidé de mettre Iris sur le coup. Dès le démarrage de cette mission qu’elle qualifiait maintenant de « suicide », l’éditrice avait compris qu’elle allait affronter l’un des plus grands challenges de sa carrière professionnelle.
Fatiguée par une nouvelle journée passée à traquer l’écrivaine ingérable pour faire le point sur l’avancée de l’ultime livre de sa trilogie, Iris n’avait pas le courage de cuisiner. De retour dans son petit appartement, elle profita de la profusion de livraisons à domicile que permettait sa vie dans la capitale. Elle céda à la tentation de l’oisiveté et commanda plusieurs plats japonais bien mérités. Quelques minutes plus tard, la jeune femme s’installa confortablement dans son canapé, son repas disposé devant elle sur la table basse en verre. En cette soirée du 16 mars 2020, elle alluma la télévision, prête à écouter les annonces du Président de la République. Tout au long du discours, elle goba un à un ses sushis, encaissa une à une les nouvelles. Pandémie, crise, confinement, Iris avait du mal à réaliser l’ampleur que prenaient les évènements. Quand son portable se mit à sonner, emplissant l’appartement d’une musique enjouée de Bruno Mars en contradiction complète avec l’ambiance, Iris fit un énorme bond, surprise. Le cœur battant à tout rompre, elle se précipita sur son smartphone et décrocha à son directeur de collection, Théophile Lacroix.
— Tu as vu le discours ? s’enquit-elle avant même qu’il ne prononce un mot.
— C’est pour ça que je t’appelle, confirma-t-il d’une voix grave et sérieuse.
— Que se passe-t-il ?
— Je dois te parler du cas Maïwen Walter…
— Qu’a-t-elle encore fait ? Je l’ai dénichée cette après-midi et elle m’a annoncé avoir avancé sans vouloir me donner un nombre de pages…
— Pour le moment rien de plus, par contre j’ai eu une idée et j’ai besoin de toi pour la mener à bien.
— Vas-y.
— Je lui ai proposé d’aller passer son confinement dans l’appartement avenue George V.
— Mazette ! Il n’y a de la chance que pour la canaille ! siffla Iris en levant les yeux au ciel. Tu as l’espoir que le luxe la motive à bouger son royal postérieur ?
— Partiellement, oui ! concéda le directeur en ricanant ironiquement. Mais je ne suis pas stupide, je sais parfaitement que seule, elle n’aboutira à rien. Cette femme a le don d’activer mes ulcères. Ses deux premiers romans étaient bouclés lorsque nous avons signé avec elle et en deux ans elle n’a pas été capable de finir le troisième. Avec le succès et l’attente des fans qui sont absolument considérables, nous courrons à la catastrophe si elle n’en vient pas à bout d’ici cet été ! J’ai besoin qu’elle termine ! martela-t-il. Ce confinement est la seule solution que j’ai trouvée pour l’obliger à bosser.
— Tu n’imagines quand même pas… balbutia Iris sans aller au bout de sa phrase, commençant à discerner avec inquiétude sa demande à venir.
— Je m’engage à doubler ton salaire tout le temps que durera cette période ! Si tu y arrives, je promets de pérenniser indéfiniment cette augmentation. Nous financerons vos courses dans leur intégralité. Iris, tu es mon dernier espoir. Ce roman doit sortir avant Noël, comme les précédents. Et s’il est encore en cours d’écriture en août, ça va être très très compliqué de mener à bien le travail éditorial…
La jeune femme prit le temps de réfléchir un instant et soupira avec lassitude, déclenchant une exclamation de joie à l’autre bout du fil.
— Fantastique, s’écria son supérieur avec enthousiasme. Tu ne le regretteras pas, c’est une promesse. J’ai envoyé quelqu’un déposer une clef de l’appartement chez Maïwen, je vais faire de même pour toi comme ça tu as juste à t’occuper de tes valises. Tu transmettras tes différents frais au fur et à mesure à la compta et on se chargera de tout. Tu auras une seule et unique chose à faire : gérer Maïwen.
— C’est déjà pas mal !
— En effet, je pense que tu ne vas pas passer un merveilleux confinement.
— C’est gentil à toi de motiver tes salariés !
— Pourquoi essayer de te mentir ? C’est inutile. Par contre, après ça, ton avenir professionnel ne sera que meilleur ! Tu auras déjà surmonté le pire !
— Et si j’y arrive, ce qui sera le cas, je m’offre une belle augmentation de cent pour cent alors je peux bien vivre deux semaines en enfer.
— Tu es une sainte, l’acclama-t-il avec exagération. Merci encore, Iris, bonne soirée ! On se tient au courant !
— Bonne soirée à toi aussi ! répondit-elle juste avant de raccrocher.
Sans perdre de temps, la jeune femme s’attela à préparer sa valise. Elle extirpa la plus grande du fin fond de son placard et l’ouvrit sur son lit. Méthodiquement, elle la remplit avec toutes sortes de vêtements jusqu’à être satisfaite de ses choix. Dans un tel contexte, elle ne savait pas vraiment ce qui allait lui servir ou, à l’inverse, lui manquer. Elle prit donc un peu de tout, insistant particulièrement sur les tenues décontractées pour être à l’aise et celles de sport pour trouver à s’occuper, même en restant cloîtrée. Après un temps d’hésitation, Iris se saisit de ses consoles, PlayStation 4 et Switch, qu’elle rangea avec une grande sélection de jeux et son casque dans l’imposante valise. Elle emporta également son ordinateur, une pile de manuscrits à lire, quelques effets personnels indispensables, ses affaires de toilettes et deux paires de chaussures. Une fois tout bien rassemblé et disposé dans son salon, elle sourit, satisfaite par sa propre efficacité.
***
Après une nuit très agitée, Iris se leva avec un fort sentiment d’appréhension. Elle rendit visite à sa voisine, lui demanda de s’occuper de ses plantes durant son absence et chargea sa voiture pour rejoindre son lieu de confinement. Fin prête, elle se dirigea vers le triangle d’or parisien, un peu excitée à l’idée de passer deux semaines entières dans un appartement aussi luxueux. Arrivée à destination, elle se gara dans le parking de l’immeuble et atteignit son nouveau logement. Dès le hall d’entrée, la jeune femme prit conscience du monde dans lequel elle mettait les pieds. Tout ce qui s’étendait sous ses yeux transpirait la richesse. De la suspension en cristal aux moulures du plafond, sans oublier l’escalier en marbre à la rampe dorée, elle fut énormément troublée. Iris inspira profondément et fit de son mieux pour soulever son imposante valise afin qu’elle ne crisse pas sur le sol lustré. Elle se dirigea vers le grand ascenseur et appuya de nombreuses fois sur le bouton du septième étage. Dès que les portes furent fermées, la jeune femme soupira de soulagement. Elle avait réussi ! Elle était passée sans croiser personne ! Sa crainte d’hypothétiques regards déstabilisants de personnes conscientes qu’elle n’appartenait pas à leur milieu pouvait disparaître. Au son de clochette attestant de son arrivée à destination, Iris empoigna la anse de son bagage puis le traîna derrière elle jusqu’à l’appartement 1307. De sa main libre, elle saisit la clef, l’introduisit dans la serrure avant de déverrouiller la porte.
Pour son plus grand bonheur, l’habitation était vide et elle put faire le tour du propriétaire tranquillement. Elle eut le sentiment de prendre une claque en pleine figure. Elle se trouvait désormais dans un immense salon blanc et gris-anthracite où trônait un très imposant canapé en cuir de la même couleur. Le meuble était orienté vers un gigantesque écran plasma et une table basse en marbre était positionnée entre les deux. Iris observa la télévision, se demandant ses dimensions tant elle était large. Elle continua son exploration puis siffla d’ébahissement en détaillant la cuisine ouverte. Tout le confort était là, four, micro-onde, machine à café à grain, Nespresso, lave-vaisselle, plaque de cuisson, robot pâtissier, bouilloire et tant d’autres choses. La jeune femme laissa glisser sa main sur le plan de travail, en marbre lui aussi, et s’amusa à allumer le robinet de l’évier disposé sur l’îlot central. Impatiente de continuer sa visite, elle ouvrit toutes les portes, découvrant successivement un bureau bibliothèque, une salle de bain et deux chambres, chacune avec un lit king size puis enfin une salle d’eau/toilettes privée. Hésitant entre les deux, elle finit par choisir celle aux plus petites dimensions, préférant la vue sur la cour intérieure de l’immeuble. Pendant un moment, elle prit possession des lieux, rangeant l’intégralité de ses affaires jusqu’à ce que sa valise soit entièrement vide. Satisfaite, elle regagna ensuite la pièce principale et se fit couler un café destiné à lui donner du courage. Dans peu de temps, Maïwen allait arriver et quelque chose lui disait qu’elle ne serait pas ravie de sa présence.
Profitant du calme avant la tempête, Iris huma longuement son breuvage puis s’offrit une sortie sur le grand balcon de l’appartement. Elle sourit, heureuse de trouver ce brin d’extérieur malgré le confinement à venir. Elle observa l’avenue George V grouillante de monde. Sous elle, les terrasses parisiennes étaient bondées, le carrefour noir de voitures et les trottoirs sillonnés de locaux pressés accompagnés de touristes admiratifs qui flânaient. Sous ses pieds, la vie suivait son cours, comme si rien n’allait changer dans les jours à venir.
Un bruit de clef fit alors sursauter l’éditrice, l’extirpant violemment de sa contemplation. Lorsqu’elle réalisa que son répit avait vraiment été de courte durée, Iris regagna le salon, préférant dévoiler immédiatement sa présence. À l’instant où Maïwen entra, l’immense sourire qui illuminait son visage se transforma en une grimace crispée qui trahissait sa déception.
— Que faites-vous là ?
— Je travaille…
— L’appartement a été mis à ma disposition !
Cpaq34 (client confirmé) –
J’ai vraiment adorée !! Je l’ai lu d’un coup !
Mari30 (client confirmé) –
Aussitôt sortie et aussitôt dégustée ! Merci à Clémence Alberie pour cette agréable lecture et bravo pour ce travail. J’en suis jamais déçue ! Le clin d’œil au travail éditorial est sympa je trouve. Au passage merci à la maison RDC de nous partager toujours plus de belles histoires 🙂
nesha (client confirmé) –
Ohlala je me suis régalée merciiiii 😍
Guillaume (client confirmé) –
Un huit clos très intéressant, où plutôt une petite pièce de théâtre tellement les dialogues savoureux sont mi en avant, notamment ceux entre les deux jumelles dont on ressent une vraie et sincère complicité.
J’ai beaucoup apprécié le jeu du « Je t’aime, moi non plus » décrit avec délicatesse et brio s’attardant juste comme il faut sur ce quotidien si pesant et anxiogène.
5 étoiles confirmées sans aucune ambiguïté pour cette magnifique nouvelle dont l’auteure sait toujours nous ravir.
Little_flo (client confirmé) –
J’adore les huits clos et les romances hate to lover donc j’ai été servie. Merci, je l’ai dévorée !
Louarn Benedicte (client confirmé) –
Je l’ai lu d’une traite et j’ai passé un super moment de lecture!
PHILIPPE Bringme Christian (client confirmé) –
Courte nouvelle, sympa et très rapidement lue. On peut se poser la question du réalisme de la situation mais peu importe, le décor est planté et les caractères disposent d’un top appart pour se laisser vivre, se toiser, s’engueuler, se stimuler, se nourrir et bien d’autres choses avant de se rendre compte que finalement, eh bien… l’autre, tout aussi tordue qu’elle puisse être, est quand même pas mal attrayante. Je t’aime, moi non plus.
Charlotte (client confirmé) –
Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un nouveau livre de cette auteure de talent. J’avais hâte de découvrir cette nouvelle romance !
Décidément cette collection « elles se détestent mais … » est une très bonne idée ! Ces 2 femmes, au fort caractère et qui ont un a priori sur l’autre, évoluent au fil des disputes, chamailleries, guéguerres ou autres défis et repas. Et nous on se régale ! Ce huis-clos pendant le confinement est très bien articulé, surtout grâce aux situations cocasses et aux dialogues jubilatoires. Les discussions entre les 2 jumelles apportent beaucoup de fraîcheur et de « bon sens » dans cette ambiance malicieusement pesante de colocation forcée.
Encore un livre qui vient nourrir ma PAR (Pile A Relire), comme tous les ebooks de Clémence Albérie.
Merci de m’avoir fait rire sur ce sujet de confinement 😉 … qui ne devait durer que 2 semaines
❤️🧡💛💚💙💜 … et Merci R2C pour toutes ces pépites !! 🤩
Roxane (client confirmé) –
Clémence Albérie nous revient en force avec cette très contemporaine nouvelle.
Le thème est parfaitement respecté « elles se détestent, mais… ». L’autrice parvient a faire monter la pression entre ces deux personnages. De caractères diamétralement opposés, on s’identifie facilement à l’une ou l’autre et l’on prendrait presque parti dans ce combat.
Quel bonheur aussi de découvrir un peu plus les métiers de l’édition et de voir l’envers du décor, on s’y croirait!
Le style, comme toujours, fluide sans chichi et particulièrement dynamique est un pur plaisir et vous promet des heures de lecture captivante.
Bravo et merci C.
Lucinda (client confirmé) –
En général, je ne lis pas les nouvelles (trop courtes lol). En revanche, je suis plus attirée par les livres qui ont pour thème « elles se détestent, mais … ». Je me suis donc laissée tenter par celle-ci et je ne regrette pas mon choix car je l’ai adoré ! Je vous le recommande vivement ! Cette nouvelle m’a aussi donné envie de découvrir les autres œuvres de cette auteure. Bravo et merci ^_^
Cortin Cecile (client confirmé) –
De bons petits plats comme carburant à la créativité, c’est astucieux !
Ce huis clos durant le confinement est très bien mené !
Nous sommes un peu dans les coulisses de la relation Autrice / Éditrice en percevant l’enthousiasme mais aussi les contraintes de l’une et l’autre.
Iris en Top cheffe, Maiwen, autrice au top, Lily au centre, joli défi !
Mention spéciale pour la jalousie explosive d’Iris et le caractère taquin de Maiwen.
Un final deconfine
Merci Clémence, aucun doute à avoir sur ton talent, et les Reines, aucun doute sur vos qualités réconfortantes pour les autrices ❤❤
PS: les » finement – cons », je les appellent les cons-finis 💖😉