Titre : Le Droit d’Aimer
Auteure : Gabrielle Hautemer
ISBN : Aucun, nouvelle gratuite
Date de Sortie : 17/05/2021
Nombre de Pages : 33 pages
Résumé :
Tout juste diplômée, Astia est en quête de son premier travail en tant que professeure de français à l’étranger. Consciente de son manque d’expérience, elle saute sur l’occasion lorsqu’une école de Géorgie accepte sa candidature.
Afin de se familiariser avec le pays et la langue, Astia est invitée à participer à un stage pour apprendre le géorgien. À son arrivée à l’aéroport, elle est prise en charge par Keto, une jeune femme qui ne laisse pas la Française indifférente…
Extrait :
Waouh ! On se croirait dans une gare provinciale !
Après avoir renoué sa crinière rousse en une queue de cheval un peu lâche, Astia saisit sa valise sur le tapis roulant et se dirigea vers la sortie. Cinq heures la séparaient du gigantesque aéroport Charles de Gaulle à Paris, cependant il lui semblait qu’elle avait fait un bond dans le temps beaucoup plus grand. Alors c’était ça, la Géorgie… Son guide touristique ne l’avait pas préparée à un tel dépaysement. Le terminal lui paraissait ridiculement petit. Heureusement, pour le moment, tout était indiqué en anglais, en plus du géorgien, qui ressemblait à un langage extraterrestre. Et dire qu’elle était ici précisément pour apprendre à le déchiffrer !
Un mois auparavant, elle n’aurait jamais imaginé se trouver à cet endroit. Fraîchement diplômée, son Master de FLE[1] en poche, elle se voyait prendre un premier poste dans une grande métropole américaine. Elle avait vite déchanté en constatant qu’il était impossible d’enseigner aux USA sans plusieurs années d’expérience. Elle avait refusé un poste en Chine et un autre au fin fond de la Colombie. C’était son prof de phonologie qui lui avait indiqué cette possibilité en Géorgie, dans une école de langues récemment ouverte. Elle avait postulé sans enthousiasme. Son dossier avait été retenu. Elle se souvenait du fou rire qui l’avait prise quand elle avait reçu la réponse : « Votre dossier est parfait, enfin presque. Si seulement vous parliez déjà le géorgien ! »
Et puis quoi encore ?
Mais, contre toute attente, ce n’était pas une plaisanterie. L’école recrutait des candidats qui soit parlaient déjà le géorgien, soit s’engageaient à l’apprendre dès leur arrivée. Elle avait accepté sur un coup de tête. Qu’avait-elle à perdre ? Il lui fallait un premier emploi et, au moins, le pays ne se trouvait pas à l’autre bout du monde, même si elle aurait été bien incapable de le placer sur une carte. En plus, la proposition finale s’avérait alléchante : les recrutés étaient invités à un stage gratuit de deux semaines pour s’initier à la langue locale, découvrir l’école, et passer un entretien d’embauche définitif. C’était sans engagement, nourriture et logement entièrement pris en charge. Elle n’avait eu que son billet d’avion à payer. On était en plein été ; au pire, ça lui ferait deux semaines de vacances et des souvenirs à raconter.
Nerveuse, elle consulta sa montre, puis relut le dernier SMS reçu. L’école devait envoyer quelqu’un la chercher à l’aéroport afin de l’emmener à l’auberge de jeunesse où elle partagerait sa chambre avec les futures professeures d’espagnol et d’italien. Les recrutés Allemand, Russe et Anglais étaient des hommes. Elle savait par ailleurs que le responsable des cours d’anglais était déjà sur place depuis quelques mois, car il avait été son interlocuteur au téléphone pour tout ce qui concernait la logistique de son voyage. Elle escomptait repérer quelqu’un avec une pancarte portant son nom, mais ne vit personne. Ce terminal n’était pourtant pas si grand ! Où avait-elle noté le numéro de l’école ?
Elle était en train de fouiller son sac lorsque son smartphone sonna.
— Astia Bélistol ? Je suis Keto, votre chauffeur. J’aurai un tout petit peu de retard. Attendez-moi juste sous le panneau des arrivées, près de la file des taxis. J’ai une Jeep grise. Je serai là dans cinq minutes.
C’était une voix étrange, un peu rauque. Un grand fumeur, peut-être ? Un accent anglais parfait, en tout cas. Bon. Au moins, on ne l’avait pas oubliée. Après avoir tiré sur les pans de sa petite robe rouge pour les remettre en place, elle se dirigea vers le point de rendez-vous puis remarqua la Jeep approcher en même temps qu’elle. La voiture se gara, et il en sortit une personne à l’allure sportive, la silhouette fine et musclée. Il fallut quelques secondes à Astia pour se rendre compte qu’elle avait affaire à une femme. Celle-ci cultivait l’ambiguïté de son apparence : les cheveux bruns coupés très courts, en brosse, un costume d’homme qui lui allait à ravir, un parfum masculin raffiné, une montre de sport. Des lunettes rondes adoucissaient les traits marqués de son visage hâlé. Elle avait les yeux d’un vert tout à fait saisissant et Astia rougit en s’apercevant qu’elle l’avait fixée un peu trop longtemps. La Géorgienne lui tendit une poignée de main chaleureuse, puis lui prit sa valise qu’elle plaça derrière le siège du passager.
— Vous avez fait bon voyage, j’espère ? Montez. Vous serez dans votre hôtel d’ici une demi-heure.
[1] Master FLE : le Master Français langue étrangère permet d’enseigner dans le réseau des Alliances françaises à l’étranger.
Louarn Benedicte (client confirmé) –
Une nouvelle prenante, intéressante, j’ai beaucoup aimé. Comme toute nouvelle, dommage qu’elle soit si courte.
Merci à l’autrice.
Florence (client confirmé) –
Très bonne nouvelle (à quand un roman sur un thème proche ?) . Bien aussi, de faire découvrir à celles qui ne le sauraient pas encore, que la vie n’est pas facile (voire très difficile, ou même malheureusement mortelle) dans certains pays (trop nombreux encore) pour les LGBTQIA +
Lucinda (client confirmé) –
J’ai beaucoup aimé ! Merci pour cette nouvelle ^_^
Cortin Cecile (client confirmé) –
J’ai beaucoup apprécié ce voyage éclair en Géorgie : des couleurs chatoyantes, une architecture féerique, un alphabet bouclé unique
Au centre de la carte postale enchantée, une romance courte, directe, fulgurante
Un joli texte qui fustige l’intolérance, la violence des esprits archaïques encore et toujours trop nombreux
Vivement que l’obscurantisme rejoigne l’obscurité
Merci Gabrielle et les Reines 🥰🥰🥰🇬🇪