Hors-Cadre [Nouvelle]

Titre : Hors-Cadre

Auteure :  Axelle Law

ISBN : 978-2-37838-031-1

Date de Sortie : 17/07/2018

Nombre de Pages : 103 pages

Résumé : 

Mia, architecte d’une trentaine d’années ne jure que par son travail et enchaîne les liaisons de courte durée. Un soir, désespérée de ne jamais trouver chaussure à son pied, elle noie sa déception dans l’alcool. Le lendemain matin, elle se réveille aux côtés d’une parfaite inconnue avec une sacrée gueule de bois. Peu coutumière de ces aventures éphémères, la jeune femme tente gentiment de mettre dehors sa partenaire d’une nuit.

Loin d’être vexée et plutôt amusée, Alexiane accepte de se retirer sans faire d’histoires. Alors qu’elle est à moitié nue et commence à se rhabiller, les parents de Mia débarquent à l’improviste. Alexiane perçoit immédiatement la détresse de l’architecte et choisit de l’aider en se présentant comme sa petite amie. Un mensonge que Mia s’empresse de confirmer. Quoi de mieux pour échapper à la pression parentale que de s’inventer une vie ?

Malheureusement, cette bonne idée se retourne rapidement contre les deux jeunes femmes lorsque la famille de Mia cherche à en apprendre davantage sur leur relation…

Extrait :

Posant lourdement son verre vide sur le bar, Mia se retint d’évacuer sa colère. D’un geste agacé, elle défit son chignon pour libérer sa chevelure de jais. Ses yeux de jade cherchèrent un serveur à héler afin d’être à nouveau réapprovisionnée en boisson. Ce n’était pas du tout son genre de se retrouver dans un bar, un vendredi soir, à boire seule qui plus est. Avec son tailleur plutôt chic, elle détonait dans le décor sombre et décontracté de l’établissement. Toutefois, cette nuit, la brune avait décidé d’être déraisonnable et de noyer sa frustration dans l’alcool. Cette nuit, elle était célibataire. Encore !

Après avoir demandé un autre verre de Vermouth blanc, la jeune femme se pinça l’arête du nez. Qu’est-ce que j’ai fait de travers cette fois-ci ? se questionna-t-elle intérieurement avec dépit. Quelques heures plus tôt, son petit ami avait mis fin à leur relation, et ce, par texto. Quel enfoiré ! Il aurait au moins pu avoir le courage de me le dire en face !

Lorsque le barman revint avec sa commande, Mia s’empressa de s’en saisir et de la consommer dans son intégralité. Ce n’était pas un chagrin d’amour qu’elle tentait d’oublier – cela ne faisait qu’un mois qu’elle côtoyait cet homme. Même si elle l’avait trouvé sympathique, elle n’avait ressenti aucune alchimie avec ce dernier. Comme avec tous les autres d’ailleurs. Toutefois, la brune s’était fait une raison et avait compris qu’elle ne pouvait s’attendre à plus d’attachement de sa part. C’était toujours ses amants qui mettaient fin à leur relation. À chaque fois, c’est la même chose, gronda la jeune femme, exaspérée. Soi-disant parce que je ne m’implique pas assez. Mais je fais des efforts ! Qu’ils retournent dans les jupons de leurs mères, s’ils veulent plus d’affection !

Repoussant son verre, Mia se sentit abattue et terriblement seule. Était-elle seulement faite pour être en couple ? Était-elle faite pour suivre les traces de ses parents ? C’était en les regardant qu’elle avait toujours su que l’amour existait. Même si elle n’arrivait pas à trouver le chemin vers un bonheur semblable au leur.

Alors que Mia s’apprêtait à faire signe au serveur, plus que déterminée à achever ses pensées déprimantes, une personne s’installa sur le siège voisin au sien. Elle n’y prêta pas réellement attention, bien trop focalisée sur ses propres problèmes.

— Cela vous dérange si je vous accompagne ? fit soudainement la voix suave à ses côtés.

***

Lorsque les premiers rayons du jour caressèrent son visage hâlé, la poussant aux prémices de l’éveil, Mia eut l’impression de se liquéfier sur place. La migraine, qui arriva plus vite que sa conscience, acheva de l’extirper du sommeil. À peine avait-elle ouvert les paupières qu’elle eut envie de mourir, quémandant le ciel d’abréger ses souffrances. Tous ses muscles hurlaient à l’agonie, tandis que son estomac se vengeait outrageusement de l’excès de la veille. Son cerveau était en pleine crise, appuyant sur tous les nerfs pour faire entendre sa détresse.

Alors que la brune avait l’impression de se trouver au seuil de la mort, un gémissement lui échappa. Elle roula péniblement sur le côté afin de tourner le dos à la lumière du soleil. Ce fut à cet instant qu’elle tomba nez à nez avec une inconnue. Fronçant les sourcils, Mia se concentra pour se remémorer la nuit passée. Seules quelques bribes lui revinrent à l’esprit, chaotiques et complètement incongrues. Elle se souvenait d’avoir été abordée par cette étrangère au bar. De quoi avons-nous discuté ? Cela restait un grand mystère. Les raisons de sa présence dans mon lit à une heure aussi matinale ? Les quelques fragments de mémoire et son corps dénudé suffisaient amplement à l’expliquer. Un coup d’un soir ? Voilà une chose qui lui ressemblait peu… Encore moins que boire jusqu’à l’ivresse, à dire vrai.

Bien que déroutée, Mia observa le visage assoupi en face d’elle. La dormeuse avait un teint de porcelaine et ses traits étaient délicatement dessinés. Ses courts cheveux roux étaient en bataille, donnant envie à une main de s’y glisser pour goûter leur soyeuse texture. Sur ses pommettes s’éparpillaient d’infimes taches de rousseur. Une chose était sûre pour la brune, cette femme était magnifique.