Titre : Les Portes d’Ys
Auteure : Fanny Mertz
ISBN : 978-2-37838-043-4
Date de Sortie : 14/08/2018
Nombre de Pages : 67 pages
Résumé :
Cette histoire aurait pu débuter ainsi : « Il était une fois, au milieu d’une baie tranquille, quelque part en Bretagne, une fille ennuyeuse, qui ramait. »
Sauf qu’il n’est pas question ici d’un conte, encore moins d’une histoire inventée. Isabelle est bien réelle. Et comme toute personne censée, elle perd son calme lorsque sa barque s’échoue sur un banc de sable au milieu de la baie de Douarnenez. Alors que, les pieds dans la vase, elle lutte contre l’adversité, un petit éclat de lumière capte son regard. Fascinée, elle cesse de se débattre et découvre un mystérieux médaillon argenté : un triskèle.
L’emblème celte autour du cou, Isabelle retourne à sa routine parisienne. Mais au fil des jours, des phénomènes étranges se produisent. La jeune femme change de comportement : sa vie, auparavant si terne, devient lumineuse, ses goûts évoluent dans tous les domaines, et surtout, une magnifique inconnue commence à hanter ses rêves…
Et si Isabelle était tout simplement rattrapée par son destin ?
Extrait :
Cette histoire aurait pu débuter ainsi : « Il était une fois, au milieu d’une baie tranquille, quelque part en Bretagne, une fille ennuyeuse, qui ramait. »
Le problème c’est que présenté ainsi, ça a l’air d’un conte, d’une histoire inventée, alors qu’en fait, c’est exactement l’inverse.
Alors, reprenons. Quand tout a commencé, je m’appelais encore Isabelle et j’étais quelque part, au milieu de la baie de Douarnenez. L’année n’a aucune importance, mais c’était le dernier week-end d’octobre.
J’ai toujours vécu fin octobre comme une période de transition, un moment suspendu, plus tout à fait vivant, pas encore mort ; quelque chose de gris, coincé entre le rouge de l’automne et le blanc de l’hiver.
Fidèle à mes habitudes, j’étais partie en virée dans la barque de mon grand-père, histoire d’échapper un instant à l’agitation. Ramer en dilettante dans l’estuaire, bercée par le clapotis des vagues et le cri des mouettes, c’est mon petit plaisir.
Ce jour-là offrait une baie en rapport avec la date : grise.
Penché sur l’eau à la toucher, le ciel se noyait. Le long de mon embarcation, quelques vagues apathiques glissaient, indifférentes, avant d’aller mourir plus loin. La mer s’ennuyait, elle aussi.
On aurait dit une carte postale de ma vie : moi, ramant sans but, sous un ciel à marée basse !
***
Douarnenez est la ville de mon enfance. J’y ai grandi, fait mes études, puis comme la plupart des gens d’ici, un jour j’ai rêvé d’un mieux, ailleurs, et je suis partie pour la capitale.
Malgré tout, j’ai conservé la maison de mes grands-parents, une minuscule bicoque de granit, tassée dans la lande, racornie, usée par les tempêtes. Dans son jardin en bataille, sous l’œil noueux d’un if tordu par le vent, se joue un combat silencieux et farouche : genêts contre bruyères, agapanthes contre hortensias, tout un tas d’herbacées bravaches s’y livrent une guerre de territoire aux victoires précaires. Ce lieu m’aimante, je m’y sens protégée, à l’abri, quelles que soient les circonstances. Depuis mon divorce, j’y accours dès que possible.
Soyons honnête, à part l’ennui, rien ne m’agresse véritablement. Mais l’ennui est un adversaire de taille, qui à force est devenu un compagnon. Parfois, je me dis que mon existence ressemble à ces pauses au milieu d’un film. Quelqu’un a appuyé sur le bouton et depuis je suis en attente. Vous conviendrez que c’est étrange, non ?
Après avoir grandi sans enthousiasme et travaillé sans ardeur, je me suis mariée sans passion et j’ai divorcé de même, sans haine et sans enfants. En résumé : un personnage sans impatience, sans excès, sans ferveur et partant… sans excuses.
Ma vie aurait fait bâiller n’importe qui. Trente ans d’ennui qui ont échoué sans prévenir sur un banc de sable. Je sais, présenté comme ça, difficile d’imaginer un coup de théâtre, pourtant tout a basculé à cet instant précis. Dans un premier temps, l’événement est passé inaperçu, juste un emmerdement de plus : l’étrave plantée dans la vase, j’étais à l’arrêt.
J’ai râlé en silence, essayant de me dégager en poussant sur ma rame. Lorsqu’elle s’est enlisée à son tour, j’ai élevé le ton. À la perte de ma deuxième rame, je m’en suis prise aux dieux et pour finir à Dieu, lui-même, ce type omnipotent, cynique et abusif qui, pas tout à fait rassasié de la misère du monde, s’offrait mes pieds dans l’eau glacée en dessert !
Bien sûr, je n’ai pesté que pour la forme, parce que je me résigne vite, c’est dans ma nature. Alors pour ne pas Le décevoir, j’ai ôté mes chaussures… Pataugeant jusqu’aux mollets dans la vase, j’ai lutté un moment, poussant, tirant, ahanant tel un bœuf. À chaque pas, mes orteils se dégageaient de mauvaise grâce, dans un bruit de succion écœurant.
C’est alors qu’un petit éclat de lumière a capté mon regard. À moitié immergé, irradiant d’un reflet insolite, l’objet m’a sauté aux yeux.
Je me suis penchée et la scène entière a chaviré : la chose s’est extraite du sable toute seule pour atterrir entre mes doigts ! Bien sûr, j’aurais dû bondir, m’enfuir, ou au moins crier face à un truc aussi bizarre. Mais rien. Je n’ai pas bougé, j’ai ouvert ma main et dans l’instant, j’ai oublié ce qui venait de se produire ; je ne m’en suis souvenue que bien plus tard.
L’objet était lourd, ses formes arrondies ; j’ai entrepris de le nettoyer. Accroupie au-dessus de l’eau, j’ai dégagé le sable collé à sa surface et il m’est apparu : un médaillon d’argent formé de trois volutes reliées en triangle. En Bretagne, on appelle cela un triskèle. Le métal était velouté et dense. Mes doigts ne lâchaient pas ses courbes, ils le tripotaient, avides, curieux. À force de l’avoir en main, le froid aurait dû m’anesthésier, pourtant l’objet irradiait une énergie douce, de celle qu’on rencontre au matin près d’un poêle, une chaleur paisible et résiliente.
Un bruit de clapotis m’a tirée de ma contemplation : la barque s’était désensablée toute seule et flottait à nouveau. Au même moment, venu d’on ne sait où, un rayon de soleil a transpercé la brume et m’a frappée en plein front.
Les choses devenaient bizarres, alors sans demander mon reste, j’ai enfoui mon butin dans ma poche et j’ai ramé vers l’embarcadère. Dans le soir qui tombait au milieu d’une lumière orangée, j’ai repris la route vers Paris avec au ventre un malaise diffus, comme si quelque chose avait changé.
Cette nuit-là, les rêves ont commencé.
Au début, les images étaient incertaines, floues, leur trace m’échappait. Au matin, il ne m’en restait qu’une sensation oppressante de… plénitude ?!
Je m’éveillais hagarde, étourdie, cherchant en vain les visions qui me rendaient si joyeuse. D’ordinaire, je ne me souviens pas de mes rêves, alors je ne me suis pas formalisée de mes amnésies matinales. Il faut dire que je n’imaginais pas que cette situation durerait.
Parce que cela dura. Nuit après nuit, le charme opérait. Chaque réveil me trouvait plus heureuse que le précédent. Et les effets de mes divagations nocturnes ne tardèrent pas à se faire sentir : même englué sous la grisaille de novembre, Paris devenait beau ! Je souriais sans raison, je me souriais. Mes journées démarraient avec entrain, chaque matin je m’éveillais plus forte que la veille. Pour quelqu’un qui s’emmerde depuis trente ans, je vous jure que c’est un petit miracle !
Au-delà de mes humeurs, une transformation était à l’œuvre.
À commencer par mon apparence. Moi qui n’ai jamais attaché la moindre importance à mon look, je me suis mise à courir les magasins, sans aucun égard pour ma carte bleue !
J’ai renouvelé entièrement ma garde-robe, un changement de style radical. Jusque-là, ma penderie était un repaire de tailleurs-pantalons, déclinés dans toutes les nuances de gris, un genre de garde-robe-fin-d’octobre toute l’année, vous voyez ?
Ma frénésie vestimentaire m’a emballée de pulls délirants, outranciers. Je suis tombée en adoration devant les jupes bariolées, les châles jetés autour du cou et les bottes en cuir jusqu’au genou. En termes de look, un virage à 180°, un camaïeu de couleurs vives, de matières naturelles et chaudes. J’avais donné dans le casual-chiant, j’ai basculé dans le bobo-déjanté, c’était à n’y rien comprendre !
Très vite, j’ai arrêté de me teindre les cheveux. Depuis toujours, mon blond cendré m’insupportait. J’avais pris l’habitude de le planquer sous des colorations allant de l’auburn au brun. Mon rendez-vous chez le coiffeur était bimensuel et sacré, l’apparition de mes racines blondes me crispait. J’en profitais pour rafraîchir ma coupe, toujours très courte, et pour m’offrir une mise en plis, histoire d’adoucir la raideur de ma tignasse.
J’ai laissé tomber le coiffeur. Ma chevelure s’est déployée à une vitesse surprenante. Chaque jour, je considérais l’avancée de mes mèches dorées sur mes pointes brunes. Bien sûr, j’aurais pu me teindre en blonde d’un coup, afin d’apaiser la transition, mais ce geste m’aurait privée du spectacle de ma métamorphose. Curieusement, je raffolais de ma crinière bigarrée. Mon reflet avait quelque chose de fascinant, comme celui d’un animal en pleine mue.
Autour de mon cou se balançait le triskèle, je l’avais porté chez un bijoutier qui l’avait fixé à une chaîne. J’aimais sentir sa présence sur ma peau. L’orfèvre m’avait expliqué qu’il s’agissait probablement d’un objet très ancien et ne m’avait pas cru lorsque j’avais affirmé l’avoir trouvé sur un banc de sable. D’après lui, un séjour prolongé dans l’eau de mer ne l’aurait pas laissé dans cet état. Je n’ai pas tenté de le contredire, mais ai mené quelques recherches, sur mon nouveau talisman.
Cyanne (client confirmé) –
Une histoire hors du temps qui oscille entre folie et fantastique.
Une chasse au dahu maritime que le lecteur découvre dans une bouteille jetée à la mer et qui rejoint la traque des sorcières de l’ancien temps.
Dérangeant par la possibilité que la narratrice ait définitivement largué les amarres.
Très bien écrit, sur le fil jusqu’au bout.
Sylvie (client confirmé) –
Belle histoire et version très originale de la legende de Dahut. L’écriture de F. Mertz est très belle. Entre sa capacité à sublimer les paysages et cette façon bien à elle de donner vie aux personnages avec légèreté et intensité tout à la fois.
Guillaume (client confirmé) –
S’il fallait juste résumer en un seul mot, cela serait : Grandiose.
L’auteure, par un style précis et décalé, arrive juste en quelques pages à attirer la lectrice (lecteur) dans une recherche d’identité, de la quête de soi à travers ce très joli conte onirique.
A lire, relire et partager.
Lucinda (client confirmé) –
Excellentissime ! A lire absolument !!
Cortin Cecile (client confirmé) –
Une totale merveille cette nouvelle, bouleversante, envolante !
La légende d’Ys, beau supplice sublimé !
C’est confirmé, Fanny est la plus belle plume et de loin, un talent fou, exaltant, merveilleux, un don gigantesque , dantesque
Quelques pages et on est happé dans son monde Humano-Ireel
Une montée en puissance fantastique !
J’ai trouvé mon Prix Goncourt, mon Prix de Coeur.
Qui peut l’égaler ? Seulement elle même ! alors j’attends l’éclosion d’une nouvelle bulle de lumière
Merci Fanny et les Reines 💗💗💗👸