Titre : Sous la douceur de ses crocs
Auteure : Seana Landchild
ISBN : pdf : 978-2-37838-247-6 ; ePub : 978-2-37838-245-2 ; mobi : 978-2-37838-246-9
Date de Sortie : 23/08/2022
Nombre de Pages : 85 pages
Résumé :
En plein cœur de l’hiver, alors que les êtres humains ne sont qu’à l’aube de leur règne, Skullea, une Changeuse de Peaux, espère trouver de la nourriture pour que les siens survivent. Vivant parmi une tribu de sangs mêlés, elle a la capacité de se métamorphoser en smilodon. Au détour d’une partie de chasse, Skullea se fait attaquer par une Errante, une magnifique créature de même nature qui semble vivre seule.
De retour sur ses terres, la changeuse s’empresse de raconter cet affrontement au chef de son clan. Contre toute attente, ce dernier lui demande de retrouver cette mystérieuse inconnue pour l’inviter à rejoindre leur famille. Skullea se lance dans cette quête, curieuse d’en apprendre plus sur cette femme. Parviendra-t-elle à retrouver l’Errante et à la ramener jusqu’aux siens ?
Extrait :
Nue, Skullea posa les paumes sur le mégacéros[1]. La bouche pleine de son sang, elle ignora la faim qui la taraudait pour lever les bras vers les cieux. Bien loin, au-delà des nuages, là d’où tombaient la pluie qui les abreuvait et la foudre qui les effrayait, Nilaq observait ses créations.
Les paupières closes, Skullea remercia la déesse de l’avoir guidée vers cette viande encore chaude. Elle lui demanda de montrer le chemin à ses compagnons de chasse afin qu’ils l’aident à la transporter. Tandis que ses murmures de gratitude se mêlaient à l’éther, ses mains sanglantes se recouvrirent peu à peu d’or, signe que Nilaq l’entendait et acceptait sa prière. Elle reviendrait vers elle, lors de sa prochaine sortie, et Skullea rouvrit les yeux avec le soulagement que ressentent ceux qui se savent protégés.
D’autres n’avaient pas eu cette chance et elle ne put s’empêcher d’y repenser alors qu’elle inspectait sa prise, à la recherche du bout de flèche fiché dans ses chairs. Elle n’avait pas vraiment de mérite de l’avoir attrapé et tué ; l’immense cervidé était déjà blessé avant qu’elle ne le repère. Elle avait suivi les traces carmines dans la neige, n’ayant qu’un seul objectif en tête : nourrir les siens.
Elle trouva le bout de bois cassé et grogna en sentant un morceau transpercer la pulpe de son pouce. Elle ignora la gêne et saisit d’une main la flèche tandis que, de l’autre, elle palpait la fourrure pour en localiser la pointe. Elle se concentra pour enlever la pierre aiguisée. Dans sa tribu, de nombreux petits peinaient encore à se maîtriser lorsqu’ils se sustentaient et la faim n’arrangeait rien. Mieux valait s’assurer qu’aucun d’eux ne se blesse avec cette arme créée par leurs oppresseurs.
Sûre de sa prise, elle écarta les pans de la plaie, appuya dans le muscle et tira d’un coup. Une fois qu’elle eut enlevé la flèche, Skullea inspecta le mégacéros afin de vérifier qu’il ne restait rien de dangereux pour les plus jeunes. Son estomac gronda et elle ravala un gémissement. Il devenait de plus en plus difficile pour elle de se retenir. Ainsi éloignée de sa tribu, elle pouvait bien s’accorder un repas, n’est-ce pas ? Libéré de ses entrailles, le mégacéros serait moins lourd à tirer.
Un bruit la sortit de ses pensées. Elle redressa la tête, s’attendant à retrouver ses compagnons, et se figea. Devant elle, un tigre à dents de sabre. Elle n’en avait jamais vu avec une telle fourrure : claire, presque de la même couleur que le soleil. Des rayures plus sombres se dessinaient sur ses mâchoires et traversaient son corps tout entier.
Le souffle de Skullea se coupa et une chaleur étrange se diffusa en elle. Pendant un bref instant, elle crut que Nilaq en personne avait décidé d’apparaître sous cette forme. L’illusion s’évanouit lorsque l’odeur de la créature lui parvint : ce smilodon n’était ni une déesse ni un fauve comme les autres. Il, ou plutôt elle, était comme elle.
Surprise, Skullea se pencha un peu en avant pour faire mine de se rapprocher sans avoir à quitter sa proie. Il restait si peu de Changeurs de Peaux qu’il lui semblait tous les connaître. Or, cette femelle, elle ne l’avait jamais croisée. Elle s’en serait souvenu, d’une fourrure aussi splendide… Un pelage qui aurait été bien plus beau sans ces côtes trop visibles. D’où venait-elle ? Cette inconnue ne pouvait avoir perçu sa prière à Nilaq : les conversations entre la déesse et ses créations demeuraient d’ordre privé. Alors… pourquoi cette rencontre la bouleversait-elle à ce point ? Pourquoi avait-elle le sentiment qu’elle n’était pas due au hasard ?
Le fauve gronda. Les sourcils froncés, Skullea ne quitta pas des yeux ceux de l’inconnue. La bête, à sa grande stupéfaction, ne cherchait pas à créer un contact amical entre deux membres d’une espèce en voie d’extinction, mais interprétait son regard comme un signe de défi : elle feula. Les poils de son échine hérissés, toutes griffes dehors, le smilodon fixait Skullea comme s’il voyait en elle une ennemie – ce qui n’avait aucun sens. Il y avait bien assez de nourriture pour une autre personne.
On partage ? lança Skullea.
Après tout, qui refuserait un peu de viande en des temps aussi durs ? Et sans avoir à se battre, en plus ? Ce smilodon avait l’air de souffrir bien plus que les membres de sa tribu. Sa tribu… Où se trouvait celle de cette femelle, d’ailleurs ?
Elle n’eut pas le loisir de réfléchir davantage. L’inconnue gronda à nouveau. Skullea crut qu’elle allait se ressaisir, mais la bête marcha dans sa direction, le corps si près du sol qu’il ne restait aucun doute quant à ses intentions.
Pas besoin de se battre, ajouta-t-elle. Il y a assez de nourriture pour nous tous.
Percevait-elle seulement ses pensées ? Skullea n’en fut plus si sûre, surtout lorsqu’elle vit les pattes du smilodon se replier pour prendre son élan. Elle eut tout juste le temps de se métamorphoser avant de sentir l’air quitter brutalement ses poumons. L’inconnue la fit basculer au sol. Estomaquée, Skullea tenta de comprendre. Pourquoi l’attaquait-elle ? Les Changeurs n’avaient plus besoin de perpétuer les conflits ancestraux entre tribus. Cela faisait des années qu’ils avaient instauré une trêve. Nombreux avaient fait le choix de se réunir pour survivre, mettant de côté différends et différences. Nilaq et ses plus fidèles serviteurs, les chefs des clans restants, les guidaient.
Seulement, elle n’avait pas affaire à une camarade.
Les pattes de Skullea se posèrent contre le poitrail de la bête et elle la poussa de toutes ses forces. Son adversaire retomba avec souplesse, puis revint à la charge, bien décidée à se débarrasser d’elle pour récupérer sa proie. Or, la faim l’aveuglait : n’importe qui aurait remarqué le contraste entre leur posture et l’énergie qui se dégageait d’elles. La faiblesse de l’inconnue était telle que Skullea fut nullement effrayée par cette dernière.
Elle accueillit la nouvelle attaque en un bondissement agile, puis percuta l’autre smilodon et plongea les crocs dans son épaule. Sa longue canine droite ne s’enfonça pas assez pour tuer la bête, laquelle eut un mouvement de recul salvateur. Loin de s’avouer vaincue, l’étrangère persista dans le combat et sauta sur Skullea. Celle-ci s’écarta vivement, griffa la cuisse de son adversaire et la propulsa d’un violent coup de tête. Le smilodon chuta près du mégacéros et se frappa le crâne contre une pierre. Il se releva, tangua. L’espace d’un instant, ses pupilles n’exprimèrent plus la férocité qu’elles affichaient jusqu’alors. Hagard, il jeta un œil autour de lui, comme s’il découvrait l’endroit où il se trouvait.
Il saignait. Skullea sentait le parfum de son sang, porté par l’air glacé qui tentait de pénétrer dans leurs os. Elle se redressa et enfonça les griffes dans la neige. Le regard planté dans celui de l’inconnue, elle changea de posture. Disparue, sa proposition. Sa gorge vibrait de colère.
Pars.
Les yeux du smilodon se plissèrent. Il referma la bouche, ne présentant plus que ses deux longues canines qui parurent étrangement inoffensives. Skullea la mettait au défi de se battre, mais elles n’avaient même pas eu besoin de plus de deux coups pour comprendre qui sortirait triomphante de ce face-à-face.
La bête lorgna une dernière fois le mégacéros, puis se détourna et disparut entre les arbres. Les oreilles tendues, Skullea se concentra sur les alentours à la recherche du moindre bruit suspect. Si les autres membres de la tribu de cette inconnue l’accompagnaient dans sa chasse, ils se trouvaient trop loin pour qu’elle puisse les percevoir. Elle était bel et bien seule.
Elle reporta son attention vers les cieux. À cet instant, Nilaq guidait sans doute Skjor et Holnaq dans sa direction. Elle n’avait plus qu’à les attendre.
[1] Grand cervidé préhistorique.
Elise HENAUX-VARVIER (client confirmé) –
J’ai été captivée, émue, bousculée par cette nouvelle où la plume toujours fine de Seana nous transporte immédiatement. On plonge dans un univers bestial où se mêlent férocité et douceur.
J’aime la justesse dans ce récit, et cette faculté à nous questionner, à nous saisir, tant on s’immisce facilement dans la peau des héroïnes tiraillées dans leurs choix, entre survie, protection et vengeance.
Avec prudence, sensualité et intensité, la romance entre nos deux félines se savoure avec une envie de plus… car clairement, j’aurai adoré fouiller et suivre leurs aventures tout au long d’un roman!!
Merci Seana pour cette nouvelle Fantasy, touchante et saisissante !
Hâte de lire les prochaines propositions !
Eric RENOULT (client confirmé) –
La dernière sortie de Seana Landchild est un ravissement. Elle innove en plaçant son histoire à la préhistoire et en y mêlant de la Fantasy.
Comme toujours la romance est de qualité, toute en finesse et délicatesse.
Elle y mêlera de l’espoir même si les temps sont durs pour les héroïnes. Je suis définitivement addict à sa plume.
J’ai dévoré cette nouvelle tellement j’étais happé par l’histoire et les personnages. C’est certes une nouvelle mais qui ne souffre d’aucun manque. Tout ce qui est indispensable y est présent. Rien n’est négligé.
Florence (client confirmé) –
Seana la reine de la Fantasy. Moi qui vénère ce type d’histoires, je ne peux être que ravie. Son précédent roman m’avait fait monter les larmes au yeux, celui-ci m’a aussi beaucoup émue. Belle histoire de rencontre et d’amour, merci à Seana et avec impatience pour le prochain roman
Cortin Cecile (client confirmé) –
Une jolie fantaisie prehistoscenique en plein Pléistocène.
Le climat glaciaire donne la chair de poule (ou de mammouth).
La lutte pour la survie est acharnée entre les changeurs et les voleurs de peaux.
Skullea est droite, adroite, empathique.
Raaida est vengeresse, indomptable mais aussi un « joli danger », avec ses crocs mignons.
Quel plaisir de les voir se métamorphoser à volonté et de pratiquer la transmission de pensée !
Les corps à corps sont chauds avec ou sans fourrure
Par instants, je me retrouvais sur » La route » où « Les Gentils » se protègent mutuellement
Merci Seana pour la découverte des Smilodons…et les Reines 🦄🦄
Lucinda (client confirmé) –
Moi qui ne suis pas fan de ce genre d’histoire, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette nouvelle. Merci beaucoup pour ce petit bijou.
PoivronRouge (client confirmé) –
Le contexte est clairement le point fort de cette nouvelle. Merci d’avoir mentionné d’autres animaux préhistoriques en dehors des sempiternels smilodons et mammouths.
Le récit se laisse lire facilement et d’une traite même lorsqu’on n’a pas approché de romans depuis plusieurs mois.
Cependant, les dialogues sonnent beaucoup trop modernes et nuisent à l’ambiance « Rahan ».
Au passage, le grand cervidé est un Megaloceros. Le Megaceros est une plante, trouvable notamment en Australie.
Isabelle B. Price –
Merci pour votre message, nous sommes très heureuses que vous ayez apprécié votre lecture et l’autrice qui a adoré écrire cette nouvelle sera enchantée par votre avis à n’en pas douter.
Concernant le terme Megaceros, d’après nos recherches les deux fonctionnent, même si nous ne sommes pas des spécialistes dans le domaine. Megaceros est cependant moins utilisé que Megaloceros, c’est sûr. D’ailleurs, merci pour la mention de la fleur et la découverte de celle-ci.
PS : trop heureuse que vous ayez fait la référence à Rahan. Ça fait toujours plaisir de se rendre compte qu’on n’est pas la seule à connaître et à avoir aimé ces lectures ! 😉
Cortin Cecile (client confirmé) –
Émerveillée par cette Nouvelle, j’avais failli citer Rahan dans mon commentaire, c’est tout à fait l’ambiance !
Maintenant que je sais que nous sommes au moins 3 à se souvenir de ce personnage, mythique de mon enfance, je suis rassurée 😉💖