Tour du Monde [Nouvelle]

Titre : Tour du Monde

Auteure :  Johanna David

ISBN : 979-10-95349-86-0

Date de Sortie : 20/06/2017

Nombre de Pages : 110 pages

Résumé : 

Jeune lyonnaise active, Fanny travaille dans une agence de voyages. Plus qu’un métier, cette passion l’amène à rêver de destinations paradisiaques avec chacun de ses clients. Un matin, alors qu’elle ajuste la vitrine de l’agence, elle est percutée par une femme pressée qui lui renverse maladroitement son café dessus.

Leïla est une agent immobilier de 26 ans. Marchant à vive allure avec son téléphone dans une main et son café dans l’autre, elle ne peut éviter la personne qui se trouve sur son chemin. Confuse, Leïla propose à Fanny de l’accompagner dans un magasin pour lui acheter un haut. Une façon de se rattraper après ce choc malheureux.

La journée qui avait bien mal débuté pour les deux jeunes femmes laisse rapidement place à un moment de complicité. Cette rencontre fortuite pourrait bien donner à Leïla des envies d’évasion…

Extrait :

Fanny examinait sa vitrine avec attention. Elle recula encore d’un pas sur le trottoir, et croisa les bras, autant dans une position de réflexion que pour se tenir chaud. En ce début de mois d’octobre, les journées à Lyon étaient assez fraîches le matin et s’accompagnaient parfois d’un peu de pluie. Les températures remontaient dans l’après-midi, creusant parfois des écarts d’une dizaine de degrés dans la journée.

Fanny reporta son attention sur la devanture de l’agence de voyages dans laquelle elle travaillait. L’écran récemment installé faisait défiler des publicités toutes plus alléchantes les unes que les autres. Des images de plages aux eaux turquoise, de familles souriantes en maillot de bain, ou encore de montagnes sauvages et enneigées s’affichaient avec régularité. Elle s’assura d’abord que les affichettes promotionnelles glissées et fixées à l’intérieur de la vitrine étaient droites et alignées. Elle vérifia ensuite que les autres supports publicitaires étaient en harmonie avec le reste de la décoration. Absorbée par ses réflexions, elle ne prêta tout d’abord pas attention à la passante qui approchait. Cette dernière, téléphone portable vissé à l’oreille, semblait visiblement contrariée et de fort mauvaise humeur.

—… Je n’en peux plus de ces clients ! Tous des marchands de tapis je te dis ! J’en ai ras le bol de travailler dans ces conditions ! Tu sais, je vais vraiment me prendre un billet d’avion pour partir à l’autre bout de la planète, j’en ai ma claque !

Fanny retint un sourire tout en observant à la dérobée la jeune femme. Celle-ci tentait de marcher sur ses talons hauts en évitant de se tordre une cheville, manifestement peu à son aise. Avec un gobelet Starbucks dans une main, son téléphone mobile dans l’autre, et la lanière de la sacoche de son ordinateur portable glissant de son épaule, l’inconnue se contorsionnait pour tenter de maintenir toutes ses affaires en équilibre. Plutôt amusée par ce spectacle, Fanny eut à peine le temps de noter les grands yeux noirs finement maquillés, le teint mat et les cheveux de jais de la belle acrobate. La gravité finit par avoir raison de l’ordinateur portable balloté sur l’épaule de la jeune femme. La lanière glissa. Dans un réflexe maladroit, cette dernière empêcha la chute de la sacoche. Malheureusement, il n’en fut pas de même pour son autre main qui, jusque-là, tenait fermement sa boisson chaude. Fanny comprit très vite, mais avec un dixième de seconde de retard, qu’elle était sur la trajectoire. Elle poussa un cri de surprise lorsque le liquide éclaboussa son pull clair.

— Vous ne pouvez pas faire attention, non ! s’écria Fanny, plus du tout amusée par la situation.

Elle tira sur son pull qui s’était instantanément imbibé de café.

Le visage de la fautive se décomposa et elle ramena une main devant sa bouche, masquant une grimace de gêne et d’effroi.

— Je suis vraiment désolée ! Attendez, je dois avoir des mouchoirs quelque part, j’espère que je ne vous ai pas brûlée.

Fanny jura en contemplant les dégâts et répondit par la négative. Heureusement la boisson n’était pas très chaude.

— Non ça va, répondit-elle en faisant la moue. C’est bon, vous n’avez pas fait exprès, je le vois bien.

— Je suis mortifiée, vraiment, je ne sais pas quoi vous dire, écoutez… La jeune femme aux yeux sombres jeta un regard alentour et reprit un peu de contenance. Il y a un H&M juste à côté, on va vous acheter un autre pull. Vous ne pouvez pas rester comme ça, vous allez prendre froid.

Sur ces paroles, Fanny réprima un frisson et considéra l’offre de la maladroite. Même sous le coup de la colère, elle ne pouvait s’empêcher de trouver la jeune femme séduisante.

— Venez, fit-elle en montrant l’agence du menton. Je travaille ici, entrez.

Elles pénétrèrent dans l’agence. La clochette de la porte tinta sur leur passage et les deux collègues de Fanny relevèrent le visage de leur écran. Ils n’avaient pas suivi le malencontreux accident et ouvrirent des yeux ronds en voyant la large tache brunâtre sur le vêtement de la conseillère. Heureusement il n’y avait aucun client présent dans l’agence en ce milieu de matinée.

— Que s’est-il passé ? questionna Chloé, la responsable du point de vente.

— Un petit accident, balaya Fanny de la main. Ce n’est rien. Elle enfila son manteau. Je n’ai pas de rechange avec moi, je vais acheter un haut. Je n’en ai pas pour longtemps.

— Je suis vraiment confuse, s’excusa encore la fille qui l’avait accompagnée à l’intérieur de l’agence.

— T’inquiète, prends ton temps, renchérit Mickaël le second collègue de Fanny qui appuya sa phrase d’un clin d’œil pas très discret. On garde la boutique.

Fanny lui lança un regard noir et entraina la cause de ses déboires hors de l’agence. Une fois dehors, elle soupira et lui fit face.

— Je ne vous retiens pas, vous avez certainement d’autres choses à faire. Je vais aller m’acheter quelque chose.

— Non, j’insiste, répondit avec véhémence la jeune femme. Laissez-moi réparer les dégâts, je me sens vraiment mal.

Elles se jaugèrent une seconde, les yeux dans les yeux. Regard d’ébène contre regard émeraude. Fanny capitula. Elle trouvait cette fille vraiment craquante avec sa mine déconfite. Elle finit par accepter avec un sourire en demi-teinte.

— D’accord, on va faire vite alors. Venez.