De l’Intérêt des Révisions [mini-nouvelle gratuite]

Titre : De l’Intérêt des Révisions

Auteure : Isabelle B. Price

ISBN : Aucun, nouvelle gratuite

Date de Sortie : 17/08/2020

Nombre de Pages : 21 pages

Résumé : 

Extrait :

Il était 19h06. Marie révisait depuis qu’elle avait quitté son travail à l’hôpital, à 16h30. Fatiguée par sa journée, elle avait mis ses fines lunettes et attaché ses longs cheveux en une simple queue de cheval. Allongée sur son lit, entourée de ses cours, elle lisait tranquillement. Les feuilles de papier imprimées et manuscrites étaient étalées devant et autour d’elle. Au milieu de ce chaos qu’elle considérait comme un classement avancé, la jeune femme était absorbée par les documents, le menton posé sur une main. Sa lampe de chevet diffusait une douce lumière dorée alors que le soleil déclinait en ce début d’hiver.

Perdue dans l’étude des différentes phases du développement d’un médicament, elle n’entendit pas la porte d’entrée s’ouvrir à l’autre bout de son petit appartement. Elle ne perçut pas non plus le verrou se fermer. Une jeune femme brune se déchaussa sans faire de bruit, dans le hall, quitta son long manteau ainsi que son écharpe et les suspendit tranquillement dans le placard. Elle se passa ensuite une main glacée dans les cheveux pour les réordonner un peu après le dernier coup de vent. Même si la sonnette défectueuse l’y aidait, elle ne cherchait pas particulièrement à être silencieuse, mais l’idée de surprendre Marie lui plaisait.

Valérie se rendit d’abord dans la cuisine, étonnée de ne pas sentir une bonne odeur de repas. Là, elle fut stupéfaite de ne trouver personne. La pièce était vide. La table propre. Seuls un bol, une cuillère et un couteau séchaient dans le bac posé sur l’évier.

Dans un réflexe conditionné, son ventre se mit à gargouiller. Sa compagne n’avait rien prévu et elle mourait littéralement de faim après sa journée passée à donner des cours à l’Université de Pharmacie. La surprise était tout de suite beaucoup moins intéressante que ce qu’elle avait imaginé. Et pour cause, la propriétaire des lieux semblait avoir oublié sa venue. Valérie se dirigea vers le bureau, où elle ne trouva personne, avant d’opter pour la chambre. Là, elle découvrit Marie, à plat ventre sur son matelas, entourée d’une impressionnante masse de documents. Elle secoua la tête en souriant et s’adossa au montant de la porte en déclarant :

— Ça fait vraiment plaisir de voir qu’on est désiré !

Marie sursauta. Son rythme cardiaque accéléra brusquement à cause du bruit et elle se tordit le cou, surprise. En reconnaissant la pharmacienne, elle poussa un profond soupir de soulagement, le temps de retrouver une contenance.

— T’es dingue ! Tu m’as fait peur ! On t’a jamais appris à frapper avant d’entrer ?

— J’ai frappé plusieurs fois, mais personne ne m’a ouvert. T’as qu’à faire réparer ta sonnette. Tu te rappelles quand même que tu m’as invitée à manger, non ? demanda Valérie ironiquement en l’interrogeant du regard.

— Bien sûr que je me rappelle. J’étais là, je te signale, déclara Marie en reculant sur son lit et en ôtant ses lunettes pour se frotter les yeux avant de se lever et de s’approcher de la petite brune.