Comment trouver des livres lesbiens de fantasy ? Existent-ils seulement ?
Pendant longtemps, la fantasy, au même titre que le fantastique a été associé à la science-fiction. C’était la littérature de l’imaginaire et elle souffrait d’une sorte d’illégitimité. Oui, les lecteurs et lectrices de romans de fantasy, fantastique ou science-fiction faisaient (et font toujours) face à des jugements. Nous allons donc nous interroger ici sur la place des livres lesbiens de fantasy en essayant de comprendre pourquoi ils sont aussi peu nombreux.
Qu’est-ce que la fantasy ?
La fantasy est un genre artistique littéraire (en ce qui nous concerne) où des phénomènes surnaturels imaginaires sont représentés et décrits. Il y a en plus souvent une notion de mythe et l’emploi de magie. Le monde proposé est lui plutôt imaginaire.
Là où le fantastique fait entrer des éléments magiques dans l’univers actuel que nous connaissons, la fantasy va réinventer le monde en créant ses propres règles. Des règles qui ne feront pas forcément peur ou ne seront pas obligatoirement néfastes.
En France, le Journal Officiel a publié le 23 décembre 2007 la définition de fantasy suivante :
« genre situé à la croisée du merveilleux et du fantastique, qui prend ses sources dans l’histoire, les mythes, les contes et la science-fiction. »
Source Wikipedia
La fantasy, le fantastique et la science-fiction, des genres de littérature associés
Comme la fantasy, le fantastique et la science-fiction sont des lectures de l’imaginaire et elles sont souvent associées. A ce titre, les études tendent à les réunir plutôt qu’à les différencier. En effet, le panel de lecteurs est souvent moindre que sur les autres genres. Si ce sujet vous intéresse autant que nous, nous vous invitons à découvrir l’excellent article d’Elodie Hommel sur le sujet « Lectures légitimes, lectures illégitimes ».
Des jugements négatifs portés sur la littérature de l’imaginaire
Il y en a de nombreux. Et fait intéressant, ils peuvent aussi bien provenir des parents que des amis, voir des institutions scolaires, sportives ou médiatiques. Certains considèrent que ces lectures sont pour les enfants, manquent de sérieux, ne sont pas de bonne qualité, sont trop éloignées de la réalité et ont pour seul objectif l’évasion.
Surtout, en France, on garde cette idée que les lectures devraient nous permettre de réussir. Réussir à l’école, dans son travail, dans sa vie… Et les lectures de l’imaginaire n’aideraient pas en ce sens, elles seraient, si l’on peut le dire ainsi « peu rentables ». Elles ne permettraient pas de s’élever intellectuellement, contrairement aux grands classiques cités en incontournables.
En résumé, de quoi entraîner la culpabilité des lecteurs et lectrices. Ou leur besoin de ne pas communiquer sur leurs lectures.
Un frein des éditeurs eux-mêmes
Il est intéressant de noter que dans la pléthore de genres, la littérature de l’imaginaire souffre encore d’une réelle négativité. L’écriture de polars a été valorisée, ces dernières années, notamment avec des auteurs dont les œuvres ont été adaptées à la télévision ou au cinéma. La construction du récit, l’utilisation de différents subterfuges pour tromper le lecteur, sont autant de compétences qui sont aujourd’hui valorisées du côté des romanciers et romancières.
Cependant, il en est tout autre sur la littérature de l’imaginaire. En 2001, une éditrice du Diable Vauvert expliquait à Jakmakejian :
« Nous avons intérêt à ne pas sortir nos auteurs dans une collection SF. Ça les enferme. »
Jakmakejian – 2001
Sans aller aussi loin, à notre toute petite échelle, nous l’avons vu. Lorsque nous avons publié le roman Inline de Lena Clarke dans la collection Science-Fiction, nous avons eu des remarques. Pourtant, l’écriture de l’autrice reste la même, la romance est présente, seul l’univers dépeint s’éloigne de la réalité. Mais les a priori ont la vie dure et des personnes refusent de laisser une chance à cet ouvrage parce qu’il s’agit d’un roman lesbien de science-fiction. Oui, juste à cause du logo de la collection.
Les auteurs de fantasy en majorité des hommes qui créent des personnages masculins
De grands succès de fantasy existent
Ne nous voilons cependant pas la face. Avec les années, de très nombreux et excellents romans de fantasy ont trouvé l’appui du grand public. Parmi eux, un titre que tout le monde connaît : Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. Difficile d’être passé à côté du succès des romans puis des films.
C’est là où c’est très intéressant, comme dans tous les genres, le succès de certains ouvrages a créé de « bons » romans de fantasy et de « mauvais » romans de fantasy. Sur quelles notions ? Le nombre de ventes ? Le style littéraire ? Le type d’histoire ? La personnalité des héros ? Souvent, comme le genre est décrié, les lecteurs vont vous dire parce que le style est excellent. C’est socialement acceptable. C’est ce qu’il faut répondre.
Une sous-représentation des autrices
Comme pour tout cependant, la place est prise par les hommes. Parce qu’il faut le courage de se lancer malgré tout dans l’écriture d’un genre qui souffre encore d’une mauvaise réputation. Il faut faire confiance à son imagination. Il faut s’éloigner du monde actuel pour en créer un de toute pièce, un monde qui, s’il est bien construit, permet un éclairage cru et dur du monde qui nous entoure.
Malheureusement, après, nous ne pouvons nier la société dans laquelle nous vivons. Les hommes cooptent les hommes. Un homme qui a réussi dans la fantasy va encourager un autre homme qui lui ressemblera. Avec lequel il pourra échanger sur des sujets et passions communes, sur une même vision du monde qui l’entoure.
Et souvent, les hommes écrivent sur les hommes. Et les femmes sur les femmes. Un homme va proposer un héros masculin. Regardez le titre précédemment cité, les femmes sont quand même sous-représentées dans les romans de J.R.R. Tolkien, non ?
Du côté des maisons d’édition qui publient de nouveaux auteurs, elles vont limiter les risques. Surtout dans un genre qu’elles considèrent comme difficile à vendre. Un héros masculin fera plus l’unanimité qu’un héros féminin.
Et les livres lesbiens de fantasy dans tout ça ?
Les livres lesbiens de fantasy sont peu nombreux. En effet, il leur faut souvent cette double étiquette : être écrits par des femmes issues de la minorité LGBT+. Du coup, oui, vous le comprendrez, les livres lesbiens de fantasy ne sont pas légion.
De nombreuses personnes citent du côté des immenses succès : le Prieuré de l’Oranger de Samantha Shannon. Un roman avec des personnages lesbiens écrit par une femme qui se définit comme queer et est attirée par les femmes.
L’exemple est frappant. Et oui, il est dans notre liste de lecture depuis un moment et on a hâte de le découvrir.
Les livres lesbiens de fantasy chez Reines de Coeur
Chez Reines de Coeur, nous sommes fières d’avoir plusieurs autrices à l’imagination fertile que la fantasy intéressent. En premier lieu, impossible de ne pas citer Seana Landchild, l’autrice du Troubadour Titubant. Elle a été la première à ouvrir la collection, après tout. Sa prochaine œuvre, une nouvelle, Sous la douceur de ses crocs, est également une histoire de fantasy.
Mais on peut aussi citer Axelle Law, qui a écrit la nouvelle gratuite le Chant du Rossignol. Cette mini-nouvelle gratuite aurait dû se situer dans la catégorie fantasy, mais à l’époque, nous n’avions pas la catégorie fantasy. Amatrice de jeux vidéos, Axelle Law a rédigé cette histoire à l’époque où elle jouait à Dragon Age 3.
Des remarques ? Des avis ?
Si vous voulez aller plus loin dans la découverte de la fantasy lesbienne, nous vous recommandons cet excellent article sur Planet Diversité.
Sinon, nous sommes toujours heureuses d’échanger sur le sujet dans les commentaires.
Merci les reines pour cet article fort intéressant.
La fantasy est mon genre préféré en littérature et c’est vrai qu’associé fantasy et romance lesbienne dans un même bouquin, c’est rare !
Concernant le Prieuré de l’Oranger, je suis tout à fait d’accord. C’est à ce jour, mon roman fantasy, et même tout genre confondu, préféré ! Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous le recommande. Ce sont 1000 pages de pur bonheur. Le trio d’héroines est incroyable et la romance entre deux de nos personnages féminin, magnifique !
L’autrice a su créer un univers passionnant ! Pour moi, ce roman est devenu une vraie référence du genre.
Je vous conseille également la trilogie fantasy Nevernight chez DeSaxus (même ME que Le Prieuré de l’Oranger). C’est écrit cette fois par un homme et son style est d’écriture est magistral. L’histoire est addictive et portée par une héroïne badass comme on les aime avec en prime vous vous doutez bien, une romance FF.
Ces deux histoires fantasy sont incroyablement bien écrite et j’ai trouvé justement que les deux romances FF fonctionnent aussi bien l’une que l’autre sachant que l’une est écrite par un homme et l’autre par une femme.
Cet avis n’engage que moi bien évidemment !
Merci encore pour cet article !
Bonjour M@non,
Merci pour ton adorable message. Je suis réellement heureuse que tu aies aimé cet article. Faire rimer fantasy et lesbien n’est pas facile du tout et je tire mon chapeau aux autrices et auteurs qui y parviennent.
Tu m’as encore plus donné envie pour « Le Prieuré de l’Oranger ». Dès que j’ai terminé les soumissions en cours, je me lance. Comme je sais qu’il est long, j’ai toujours hésité parce que j’aime bien lire les livres d’une traite, sans en intercaler au milieu.
Je n’ai jamais entendu parler de « Nevernight », mais tu le vends très bien. Je suis d’accord avec toi, rien ne vaut une héroïne badass ! 😉
PS : j’ai hésité à mentionner De Saxus qui fait effectivement un énorme travail sur ce genre en particulier. Pour tout dire, je suis fan de leurs couvertures, elles sont juste magnifiques et tu ne peux pas les rater en magasin !
La fantasy étant mon genre préféré, je vais me permettre d’ajouter quelques titres pour celles que ça intéresseraient, ( tous ne contiennent pas forcément de romance lesbienne mais on au moins l’un des personnage principaux lesbien )
Écrit par des femmes :
L’héritage des rois passeur/ les illusions de sav loar de Manon fargetton
Les seigneurs de bohen/ les révoltés de bohen d’Estelle Faye
Terres de brume Cindy Wilder
Le chant des cavalieres de Jeanne mariem
Écrit par des hommes
La trilogie du livre des anciens de mark Lawrence
La trilogie des maîtres enlumineurs de Robert Jackson Bennett
Mixte les oiseaux du temps de amal el mohtar/ max glasdone
En SFFF on peut ajouter
Les nuages de Magellan Estelle faye
Gideon la neuvième de tamsyn Muir
Wilder girls de Rory power
L’espace d’un an de Becky chambers
En comics
Joyride/ freaks squeele rouge / rat queens
En manga
Danzaisha/ lady vampire/ lost paradise / murcielago
Voilà pour ceux que je connais, en espérant que ça serve à quelques unes 😉