Mary Sue : Une héroïne stéréotypée à éviter

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Il nous arrive parfois d’écrire des petits articles de conseils d’écriture. Celui-ci peut rentrer dans cette catégorie. Il vise avant tout à vous présenter et vous informer concernant l’une des dérives possibles dans l’écriture, le personnage parfait. Si si, il existe et il a d’ailleurs un nom : Mary Sue. Nous avons fait cette découverte récemment et avons souhaité la partager avec vous.

Qu’est-ce qu’une Mary Sue ?

Comme souvent, Wikipedia est une aide fantastique dans le domaine des définitions. Nous avons donc décidé de lui emprunter la sienne à savoir :

« Mary-Sue est un nom péjoratif donné à un personnage de fiction trop parfait, très souvent la projection de l’auteur même dans un univers fictif. Ce terme est habituellement utilisé dans les critiques de fictions écrites par des fans, mais peut concerner un personnage d’une œuvre originale. »

Le terme est né d’un personnage créé par Paula Smith, dans les années 70 pour un fanzine. Elle a inventé à l’époque une jeune lieutenante parfaite de 15 ans et demi pour se moquer des personnages idéalisés créés par les fans de Star Trek dans leurs fanfictions.

L’idée a tellement pris qu’elle s’est largement répandue. Il y a trois points qui nous intéressent plus particulièrement et que nous avons envie de discuter, dans le désordre.

Naissance du concept de Mary Sue chez les auteurs de fanfictions

II est commun de dénigrer les auteurs de fanfictions ou de ne pas reconnaître l’implication et le travail que représente ce type d’écriture. Pourtant en plus de bénéficier d’une base importante de fans, il existe de véritables codes chez les auteurs de fanfictions.

Certains n’hésitent pas à se remettre en question à prendre en compte les retours des lecteurs pour adapter et améliorer sans cesse leurs histoires. L’idée qu’un concept développé dans l’univers des fanfictions soit sorti de cet espace pour devenir plus large et inclusif apparaît en conséquence comme une belle reconnaissance du travail engagé.

Un personnage trop parfait

Vous en avez découvert des personnages comme cela. Vous savez ceux qui survivent à tout, qui se moquent de l’avis des autres parce qu’ils sont les meilleurs, qui sont différents dans le bon sens du terme parce que supérieurs en tout. En résumé des têtes à claques. Pardon, des personnages détestables auxquels il est difficile de s’identifier et surtout qui au final s’avèrent peu intéressants puisqu’ils vont tout réussir sans jamais échouer.

Une projection parfaite de l’auteur

Avouons-le, nous l’avons tous rêvé ce personnage idéal. Après une mauvaise journée, une remarque blessante, une dispute infondée, nous avons rêvé de nous venger en imaginant cet être idéal qui ne serait pas nous mais qui aurait dû l’être. Parce qu’ainsi nous aurions eu du répondant, nous aurions su quoi dire. Il y a une sorte de victoire à créer ce type de personnages.

Sauf qu’au final une Mary Sue est plus nuisible qu’autre chose à un roman. Parce qu’après tout, la perfection n’existe pas.

La littérature F/F n’est pas épargnée par le syndrome de la Mary Sue

J’en parle d’autant plus facilement que je suis moi-même auteure. Il est très facile de se laisser avoir et de créer une Mary Sue. Après tout, dans Venue de Loin, mon héroïne survit à tout. Bon, elle se fait avoir comme une débutante par une alien qui lit dans ses pensées, mais il n’empêche qu’elle se prend quantité de balles dans le corps sans jamais mourir. (Oui, je refuse de tuer des lesbiennes. Seulement ça c’est pour un prochain article).

Plus sérieusement, aucun genre ni aucun auteur n’est épargné. La littérature LGBT souffre donc de ce type de personnages. Parce que des fois, quand on écrit des histoires qu’on aurait aimé lire pour se donner du courage, on oublie de donner de la profondeur à nos personnages. Et on se laisse avoir à les créer à notre image et à les rendre trop parfaits. Or, c’est le piège. Et il est réellement difficile à éviter.

Pour finir, quelques conseils

Il n’est pas évident de donner des conseils sur ce sujet. Après tout chaque auteur à ses petits trucs et astuces pour éviter la perfection et la projection. Parce que ce sont les idées qui nous paraissent les plus importantes, évitez d’idéaliser vos personnages et de vous retrouver dedans. C’est pour ça que mes héroïnes sont toujours hyper sportives, aucun risque d’identification de ma part.

Gardez à l’esprit que vos personnages doivent être cohérents. Si vous avez créé une adolescente timide, elle ne peut pas, d’un coup, se mettre debout sur la table du self et déclamer un discours à faire pâlir le plus doué des politiciens. Cela ne tient pas la route. Vous auriez aimé que cela vous arrive, d’accord. Mais votre héroïne n’est pas comme cela et ne peut pas panser toutes vos blessures passées. Lorsque vous imaginez une qualité à votre héroïne, trouvez-lui un défaut miroir.

Si votre héroïne est une cuisinière exceptionnelle, elle peut aussi être terriblement gourmande. Tellement, qu’elle est égoïste dès qu’il est question de nourriture et qu’il lui est impossible de partager ce qui se trouve dans son assiette. N’hésitez pas à rédiger des fiches pratiques pour synthétiser les qualités et défauts de vos personnages. Le fait de les noter vous permettra de les visualiser et de les garder en mémoire.

Pensez également à écrire leurs réactions. Peut-être que vous réaliserez à ce moment-là que ça ne colle pas avec les qualités et les défauts. Si vous avez créé un personnage taciturne et silencieux écorché vif, impossible pour lui de faire une déclaration d’amour à cœur ouvert cul-cul la praline.

En conclusion

Vous avez peut-être d’autres techniques ou idées sur le sujet alors n’hésitez pas à les partager avec nous. En tout cas, si vous vous posez la question d’éviter de créer une Mary Sue, vous êtes déjà sur la bonne voie. N’oubliez pas que ce n’est pas parce que votre héroïne est une superhéroïne qu’elle sera forcément une Mary Sue. Tout est une question de dosage.

Un commentaire sur “Mary Sue : Une héroïne stéréotypée à éviter

  1. Shijin says:

    Merci pour l’article, je ne connaissais pas le nom de ce phénomène ! Et top la petite astuce de donner une qualité ou un trait de caractère qu’on a pas pour éviter de s’identifier trop au personnage (c.f. « C’est pour ça que mes héroïnes sont toujours hyper sportives, aucun risque d’identification de ma part. »). Je devrais peut-être essayer le coup de la sportive alors :’)

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