Ces mots faciles qui appauvrissent un roman

Mots faciles à éviter dans un roman

Sur ce blog, nous nous adressons peu aux autrices. Nous échangeons plus souvent avec les lectrices et lecteurs, nous le reconnaissons volontiers. Mais aujourd’hui, voici un nouveau petit article pour ces dernières. Nous avons déjà listé des chaînes Youtube d’auteurs qui donnent des conseils d’écriture. Ou abordé le personnage parfait de la Mary Sue. Ici, focus sur ces mots qui appauvrissent un roman et auxquels nous faisons la chasse. En tant qu’éditrice, nous essayons au maximum, de faire prendre conscience aux autrices de la richesse de notre langue !

Les verbes pauvres

Vous avez certainement entendu l’expression une fois. Peut-être à l’école. Mais de quoi s’agit-il réellement ? Focus sur la notion de verbes pauvres.

Définition d’un verbe pauvre

Un verbe pauvre est un verbe peu précis qui ne révèle finalement pas grand-chose. Un verbe pauvre est un verbe passe-partout que l’on peut mettre dans de très nombreux contextes. Ces utilisations multiples lui font perdre de la valeur.

Exemples de verbes pauvres

Voir, dire, faire, prendre, vouloir, mettre, pouvoir, aller, sentir, être, avoir.

Les noms pauvres

Définition de nom pauvre

Un nom pauvre est un nom qui ne désigne rien de précis.

Exemple de nom pauvre

Chose, truc.

Peut être remplacé par cela ou ça, quand l’autrice a compris qu’on ne mettait pas « chose » dans un roman. Mais ça revient exactement au même. Un conseil, bannissez ces imprécisions.

C’est. C’est est la contraction de cela est. Et donc une belle réunion du nom pauvre et du verbe pauvre. En résumé, peut-être pas le pire du pire, mais presque…

Pourquoi chasser ces mots faciles ?

Pour deux points principaux : la précision du récit et la redondance ennuyeuse.

La précision du récit

Lire une histoire consiste à s’immerger dans un monde, un univers. L’histoire passe de l’autrice à la lectrice uniquement par l’intermédiaire des mots. Ces derniers se doivent donc d’être choisis avec attention et précision.

Voici un exemple.

Isabelle voit Gaëlle se mordre la lèvre inférieure en travaillant.

OK, on visualise la scène. C’est bien, mais sans plus.

On pourrait proposer : Isabelle contemple Gaëlle qui se mord la lèvre inférieure en travaillant.

Ou même : Isabelle dévisage Gaëlle qui se mord la lèvre inférieure en travaillant.

Et là, un début d’intention du personnage se dessine, non ?

La redondance ennuyeuse

Vous l’avez compris, nous parlons des répétitions. Il n’y a rien de plus terrible dans un roman que les répétitions de mots faciles à toutes les sauces. Le verbe « faire » peut être l’un des pires. Parce que l’on peut tout et rien faire. Il peut être placé partout, dans toutes les pages et illustrer chaque action. Mais un personnage qui va faire ça est bien plus rébarbatif qu’un personnage qui est en train d’agir, non ?

Pareil pour le verbe « dire ». Il est d’une banalité affligeante et ne révèle rien du ton sur lequel le dialogue est prononcé. Par contre, quand un personnage confie à demi-mots ou s’exclame ou expose, les lectrices et lecteurs peuvent visualiser plus loin. En enrichissant le texte, ces mots manifestent aussi les ambitions et motivations des héroïnes.

Et surtout, sachez que les répétitions sont ennuyeuses à la lecture. Si, si, on vous l’assure.

Remplacer ces mots faciles

À quel moment ?

Pas quand vous êtes en train d’écrire votre premier jet. Là, vous êtes dans le mouvement, dans le processus de création. Mais comme nous vous l’avons déjà recommandé, lors de la relecture. Soit lors de la première relecture, soit après avoir attendu quelques mois pour laisser reposer votre texte.

Par quoi les remplacer ?

Faites appel aux dictionnaires des synonymes. Le préféré de l’équipe Reines de Cœur ? Crisco, un outil fantastique créé par l’université de Caen. Nous les remercions au passage de proposer un accès gratuit à cet incroyable et puissant outil !

Sinon, voici quelques propositions qui n’engagent que nous

Voir : observer, détailler, scruter, contempler, examiner, guetter, etc…

Dire : déclarer, révéler, annoncer, exposer, énoncer, affirmer (il y en a de nombreux autres qui sont plus connotés comme crier, hurler, ceux-ci sont assez proches de « dire » quand « dire » est neutre).

Faire : entreprendre, créer, réaliser, effectuer, contribuer à (sinon, trouver le verbe correspondant au terme derrière le verbe « faire ». Exemple : « Il fait à manger » devient de manière plus intéressante, il cuisine.)

Prendre : attraper, saisir, empoigner, capturer (et même remarque que pour le verbe « faire ». Plutôt que noter : « Il prend contact » privilégier, il contacte. Plus direct.)

Aller : se rendre, visiter, se diriger, avancer, marcher, courir, errer, progresser, etc…

Vouloir : souhaiter, désirer, espérer, convoiter, etc…

Visualisez de manière précise ce que vous souhaitez détailler

La précision ne s’improvise pas. Si vous avez défini le caractère de vos personnages, que vous savez comment ils vont réagir, trouver les mots adaptés sera plus simple. Plus vous saurez où vous allez et comment vous souhaitez vous y rendre, plus votre texte gagnera en profondeur et en clarté.

En espérant que ces petits conseils vous seront utiles pour enrichir votre texte et votre travail. Nous le répétons encore une fois, la relecture d’un récit est primordiale avant l’envoi à une maison d’édition.

Copyright photo : gpointstudio

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