Nouveau Départ interview Marie Parson : une belle romance lesbienne en perspective
Bonjour, Marie, nous sommes ravies de te retrouver avec cette nouvelle romance ! Peux-tu nous en dire un peu plus sur Nouveau Départ ?
Nouveau Départ est une histoire que j’avais en tête et que j’ai mis longtemps à écrire. Ashley Davidson, dite Ash, revient dans la petite ville de son enfance, deux ans après le décès de son père. Elle a tout plaqué et regagne la maison où elle a grandi pour faire le point sur sa vie. À courir après les objectifs et les projets qu’elle s’était fixés, elle vient de se rendre compte qu’elle était profondément seule et qu’elle avait besoin de retrouver ses racines.
Elle va faire la rencontre de son voisin de seize ans, Benji, un passionné de surf qui va l’aider à faire le tri dans la maison familiale. Puis du grand-père de celui-ci, Benjamin Senior qui va l’aider à réaliser des travaux dans la bâtisse. Si les deux hommes l’apprécient immédiatement, il n’en est pas de même pour Kat, sa voisine, qui la déteste tout de suite !
Après avoir fait démarrer une romance sur un coup d’un soir dans ta nouvelle Troubles du rythme, est-ce que, au contraire, on peut parler de slow burn lesbien avec Nouveau départ ?
Je ne sais pas, peut-être et en même temps, on est loin de la lenteur de Sous une Étoile Filante. Livre que j’ai adorée, soit dit en passant. A mon sens, c’est un mélange entre les deux. Je ne voulais pas que l’attirance soit le seul et unique point d’accroche de mes héroïnes. Elles se plaisent, sont attirées l’une par l’autre, c’est une évidence. Mais elles vont apprendre à se découvrir avant qu’il ne se passe quoi que ce soit entre elles.
En clair, comparée à Troubles du Rythme, ça rend leur romance lente, comparée à Sous une Étoile Filante, ça la rend limite rapide. [rires]
Des personnages au caractère bien trempé bourrés de défauts… et de qualités
Kat s’emporte vite, Benjamin est attachant tout en agissant parfois de manière limite avec sa mère. Était-ce important pour toi d’avoir des personnages qui ne sont pas parfaits ?
Oui, complètement. Je crois que c’est l’un de mes défauts, avoir des personnages trop parfaits, parfois lisses. J’ai appris ces dernières années que ce qui rend les héroïnes des romans attachants, ce sont leurs défauts plutôt que leurs qualités. J’ai donc essayé d’en créer à chacun d’eux.
Kat est une femme bouillante, passionnée, entière. Elle s’emballe vite, trop parfois. Mais elle est aussi hyper généreuse, elle s’est beaucoup sacrifiée et a toujours fait passer les autres avant elle. Benji est un ado. C’est-à-dire qu’un coup il peut être très mâture et un autre, il peut être un véritable gamin. Un ado, quoi. J’ai essayé de retranscrire ça du mieux possible, cette difficulté à trouver le juste milieu entre rêve d’indépendance et besoin de repères.
En comparaison, Ash semble plus lisse, non ?
Je ne l’avais pas vu ainsi, c’est amusant. Pour moi, Ashley est perdue. C’est le type même de la femme qui est partie pour réussir. Elle ne supportait plus le regard des autres et pensait qu’elle devait s’éloigner pour atteindre ses objectifs et grandir. Au final, les années ont passé, elle a eu ce qu’elle désirait d’un point de vue professionnel, mais à la mort de son père, elle a compris qu’elle était profondément seule. Dans sa quête, elle s’est isolée et n’a laissé personne la toucher.
Elle est revenue dans la ville de son enfance pour retrouver ses racines et reconstruire sa vie, au propre comme au figuré. À ce titre, elle va apprendre à laisser les gens entrer dans son univers, prendre le risque de les aimer et donc de les perdre. Et c’est un peu le plus grand des risques que l’on puisse prendre, non ?
Les compétences d’écriture, des notions rarement abordées par les autrices
As-tu un personnage préféré ?
Non, je ne pense pas. La quête et le besoin d’Ashley sont la raison de l’écriture du roman. J’avais envie de dire que laisser les autres savoir qui l’on est vraiment est un risque parce qu’on peut toujours être déçu, mais que c’est aussi le plus beau des cadeaux. Et quelque part, Kat vit un peu la même chose, à son niveau. Chacune des deux doit apprendre à faire tomber ses barrières si elle veut être fondamentalement heureuse.
Tu m’as confié à plusieurs reprises avoir travaillé dur pour « apprendre à écrire ». Je pense que les lectrices s’accordent avec moi pour dire que tu n’as aucun souci à te faire au niveau de l’écriture [rires]. Mais du coup, je me demande, qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Je crois que comme beaucoup de femmes, peut-être comme beaucoup d’autrices aussi, je souffre à mon niveau du syndrome de l’imposteur. Apprendre à écrire est donc pour moi un moyen de le faire taire. [rires]
Plus sérieusement, je pense qu’avec Seconde Chance, je voulais quelque chose de léger et de drôle, une romance gentille à l’image de ce que j’aime lire pour me détendre. Depuis, j’ai vieilli, j’ai vécu des choses assez dures et je voulais raconter des histoires qui résonnent chez les lectrices et les lecteurs. Apprendre à écrire m’est apparu indispensable pour réussir à dire ce que j’avais en tête. J’ai découvert la notion des points de vue et je remercie d’ailleurs Charlotte d’avoir relevé que j’avais travaillé ce sujet dans 7ème étage. Ça fait toujours plaisir quand ça marche.
Il y a aussi la question du rythme de la narration, les défauts des personnages dont on a parlé plus haut, comment décrire l’émotion, la passion, l’envie. Et tout et tout. J’ai été beaucoup plus loin dans cette histoire que je n’étais allée dans Seconde Chance. Le livre est plus mature, comme mon style, comme le sujet. J’espère que les lectrices aimeront et me suivront.
Nouveau Départ interview Marie Parson : un message universel et beau à partager
Y a-t-il un message que tu souhaites faire passer avec Nouveau Départ ?
Que pour être aimé véritablement il faut être soi-même et prendre le risque de souffrir. Se dévoiler c’est dangereux parce que les personnes mal intentionnées peuvent appuyer sur vos faiblesses et vous faire beaucoup de mal. Mais les personnes bien intentionnées peuvent tenir votre cœur au creux de leurs mains, le protéger, le soulever et l’aider à rayonner, vous rendant plus forte que vous ne pensiez l’être au départ.
Une de nos lectrices m’a fait remarquer que tu avais l’air d’en connaître un rayon sur le bricolage… aurais-tu des explications à ce propos ? [rires]
Je suis âgée, je suis lesbienne et un peu butch. J’ai une vieille maison dans laquelle il faut sans cesse faire des travaux et j’ai le matériel pour cela. Je crois que c’est un truc de lesbiennes, avoir plein d’outils et aimer rénover et réparer, non ? Ou un truc de personnes fauchées, j’ai des doutes. [rires]
Plus sérieusement, mon épouse et moi avons acheté une maison de début 1900. C’est donc une vieille baraque qui a eu besoin de son lot de travaux. Et puis, je ne sais pas pour vous, mais quand on fait appel à des artisans, ceux qui savent vous expliquer clairement et simplement un problème et une solution sont souvent ceux qui font leur meilleur boulot. Enfin ça a toujours marché pour nous. Du coup, je pose des questions, des tas et des tas de questions, tout le temps. J’ai utilisé certaines de leurs réponses dans cette histoire. S’il y a des incohérences, c’est que je n’ai pas tout compris et j’en assume l’entière responsabilité !
Des livres lesbiens encore et toujours !
Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?
De ne pas mettre 5 ans à ressortir un autre bouquin ?! [rires] Je sais rester réaliste dans mes objectifs, mais écrire plus régulièrement serait quand même assez intéressant, non ? En tout cas, je souhaite garder cette envie de donner vie à des histoires et de continuer à apprendre plein de choses sur l’écriture. J’ai l’impression de grandir en tant qu’autrice et j’aime beaucoup ça.