Teaser – Quand tombent les masques de Clémence Albérie

Nouveau roman de Clémence Albérie

Le nouveau roman de Clémence Albérie

Vous aviez été nombreux et nombreuses à soutenir Clémence Albérie il y a quelques mois. Souvenez-vous, il ne lui manquait que quelques paragraphes pour arriver à mettre un point final à son second ouvrage. Après avoir achevé ce nouveau roman, il a fallu le temps de le relire, de retravailler tout le calendrier et les dates, de corriger les dernières incohérences et de nous l’envoyer.

Nous avons immédiatement été séduites par le sujet. L’histoire est dynamique, tendre et bourrée d’humour. Quand tombent les masques à tout d’une comédie romantique lesbienne version livre et c’est ce qui nous a plu.

Résumé de Quand Tombent les Masques

Mariage : n.m. Union de deux personnes qui s’aiment et veulent s’engager l’une envers l’autre. Le plus beau jour d’une vie et un moment de partage avec ceux qui comptent et que l’on adore.

Le mariage d’Éloïse et Gabrielle devrait être comme ça… en théorie !

Éloïse, brillante chirurgienne pédiatrique de 34 ans, et Gabrielle, talentueuse auteure ayant plusieurs best-sellers à son actif, veulent faire le grand saut. Elles rêvent d’un beau mariage, simple, qui leur ressemble.

Leur seul problème ? Elles ignorent comment annoncer la nouvelle à leurs parents. Après tout, ils ne savent pas qu’elles sont homosexuelles, amoureuses, et en couple. Pire que cela, leurs mères se détestent et se vouent une haine complètement irrationnelle depuis toujours.

Entre manipulation, humour et rebondissements, la préparation de ce grand événement ne s’annonce pas de tout repos.

Mesdames les futures mariées, félicitations ! Et surtout, bonne chance…

Extrait du nouveau roman de Clémence Albérie :

— Sérieusement, maman, à cinquante-six ans, tu ne penses pas que tu devrais arrêter de passer tes journées à critiquer une de tes collègues ? soupira Gabrielle, passant sa main dans ses longs cheveux auburn d’un geste qui trahissait son agacement.

— Cette femme m’insupporte, ma chérie, je suis bien en droit d’exprimer mon opinion, se défendit sa mère qui ne semblait pas disposée à se calmer.

— Mais enfin, tu es à la maison et je suis venue dîner, tenta la jeune femme de trente-trois ans. On ne pourrait pas juste profiter d’être ensemble, plutôt que de parler, encore une fois, de Michèle Delacressonnière ?

— Typiquement ! s’emporta la grande blonde qui ne semblait même pas entendre sa fille. Delacressonnière… Qui a idée de s’appeler Delacressonnière ? Même à Paris ce nom serait pompeux. Alors ici, à Toulouse, ne m’en parle pas.

— Elle ne l’a pas choisi, maman. C’est le principe d’un nom de famille. Je n’ai pas choisi non plus de m’appeler Gabrielle Dalriès, mais c’est comme ça, répondit la jeune femme sans grande conviction, tout en picorant les tomates cerises que sa mère avait disposées sur la table pour l’apéritif.

— Si ! s’écria Évelyne Dalriès. Elle aurait pu choisir de garder son nom de jeune fille. Je suis sûre qu’elle ne s’est mariée avec Eugène que pour prendre son nom : Delacressonnière… De tous les hommes travaillant à la clinique, elle a, comme par hasard, jeté son dévolu sur celui qui a le nom le plus pompeux du lot.

— Maman, ils sont mariés depuis 34 ans, je te rappelle. Ils ne se sont pas rencontrés à la clinique Saint Raphaël. Elle y bossait déjà quand tu as eu le poste et il n’est arrivé qu’après toi, corrigea la jeune femme, s’amusant à trier les cacahuètes entières de celles déjà séparées.

— Correct, releva la blonde qui n’était pas ravie de voir son argument être aussi facilement démonté. Mais dis-moi, tu es bien au courant ?

— Je te rappelle que ça fait quinze ans que tu travailles là-bas et quinze ans que tu râles après ta collègue. Ça aide à connaître sa vie par cœur, rétorqua-t-elle avec un sourire vainqueur, fière de pointer du doigt l’obsession de sa mère.

— Je ne la supporte pas !

— Je sais, maman, soupira la jeune femme, résignée.

— Ce matin au bloc elle était tellement occupée à parler de la grande, grande, grande réussite de sa fille, et de son gala de charité et blablabla et blablabla. C’est à peine si elle se préoccupait de son patient, s’emporta-t-elle en sentant la colère monter. Je ne la supporte vraiment vraiment pas.

— Ça, on avait compris.

— Sous prétexte qu’elle est chirurgienne et moi anesthésiste, elle s’est toujours sentie supérieure et ne s’est jamais privée pour le montrer. C’est une garce arriviste, prétentieuse, avec des dents qui rayent tellement le plancher qu’elles pourraient y creuser des tranchées.

— Rien que ça ? releva Gabrielle en feignant un intérêt exagéré et surjoué.

Évelyne s’arrêta dans son procès contre sa collègue et observa sa fille qui semblait s’être résolue à attendre que la tempête passe. Elle soupira, se détendit, et posa affectueusement sa main sur sa joue.

— Et toi, ma chérie ? Comment tu vas ?

La jeune femme sourit en réalisant que sa mère changeait enfin de sujet et se redressa sur sa chaise.

— Mon dernier roman a dépassé les deux mille ventes en deux jours, c’est un réel succès. Du coup j’ai été contactée par Livre Hebdo pour une interview. Ma maison d’édition est tellement enthousiaste qu’ils l’ont présenté au concours du Grand Prix du Roman de l’Académie française, expliqua-t-elle avec passion.

— Mais c’est merveilleux, ma chérie, je suis sûre que tu vas gagner ! s’écria Évelyne en se levant pour venir la prendre dans ses bras.

Gabrielle rit en lui rendant son étreinte et but une gorgée de vin de pêche maison pendant que sa mère retournait s’asseoir en face d’elle.

— Ce n’est qu’une participation au concours, précisa l’écrivaine. Je suis loin d’avoir gagné. Souviens-toi la dernière fois.

— La dernière fois, le roman proposé n’avait pas fait deux mille ventes en deux jours, argumenta la blonde en levant son verre. Mais n’en parlons plus, je ne veux pas te porter la guigne, en attendant trinquons à ton interview pour Livre Hebdo.

La jeune femme trinqua avec sa mère et elles parlèrent un moment du prochain roman que Gabrielle voulait écrire. Toulousaine de naissance, elle était diplômée en sciences criminelles, mais n’avait finalement jamais exercé son métier.

Passionnée par l’écriture depuis sa plus tendre enfance, elle s’était installée dans sa ville natale, incapable de quitter ce sud qui lui tenait tant à cœur. Elle s’était lancée dans le genre thriller vers la fin du lycée, décidée à n’écrire que pour elle et quelques proches. C’est une amie qui lui avait un jour subtilisé un manuscrit pour l’envoyer à plusieurs maisons d’édition.

La nouvelle était tombée deux mois plus tard, alors qu’elle attaquait sa dernière année d’études, une lettre lui parvenait des éditions Albin Eugène qui souhaitaient la publier. Le roman avait connu un succès prometteur qui lui avait permis de voir ces cinq écrits suivants être publiés. Depuis cinq ans déjà, elle faisait vivre Mathieu Perlin, un enquêteur un peu inadapté à la vie en société, à la limite de l’autisme et complètement excentrique, dont l’intelligence particulièrement développée lui permettait de résoudre les crimes qui semblaient impossibles aux yeux de tous.

Pour son nouveau roman cependant, elle s’était essayée à l’écriture de quelque chose de différent. Elle avait délaissé momentanément sa fibre policière pour se concentrer sur une histoire plus psychologique. Gabrielle avait imaginé les comportements et réactions de dix protagonistes plus différents les uns que les autres pris en otage par un fou. Elle travaillait ce roman depuis des années, l’améliorant, l’approfondissant à l’aide de recherches, de lecture, de témoignages et autres compilations d’informations. La romancière avait toujours voulu parfaire cette histoire, développer chacun de ses personnages avec autant de justesse que possible. Son plus grand rêve d’écrivain était de traiter des interactions entre personnes ordinaires confrontées à une situation extraordinaire. Quand elle avait présenté cette idée à sa maison d’édition, elle avait craint un refus catégorique. Mais ils avaient finalement été emballés au-delà de ses espérances.

— Ce n’est pas la fille de Michèle Delacressonnière qui serait capable d’écrire un roman publiable, et encore moins présentable au Grand Prix du Roman de l’Académie française, s’exclama alors Évelyne en gonflant sa poitrine de fierté.

— Maman ne recommence pas, soupira Gabrielle. Ce n’est pas parce que tu détestes Michèle que tu dois t’en prendre à sa fille.

— Je ne supporte plus son air hautain et condescendant. Sous prétexte qu’elle…

— Est chirurgienne et toi anesthésiste elle se sent supérieure à toi. Je sais maman, la coupa sa fille en s’attaquant aux roulés aux jambons qu’avait préparés Évelyne.

— Arrête de grignoter, il n’y aura plus rien pour quand ta sœur et ton père seront là, râla Évelyne, un peu vexée face à l’absence de soutien.

— Maman, arrête de prendre mal mon désintérêt. C’est juste que ça fait plus de quinze ans que tu nous rabâches régulièrement ta haine à son égard. Je ne sais plus quoi te dire. Sois adulte, ignore-la !

— C’est difficile d’ignorer quelqu’un avec qui on travaille et avec qui on passe périodiquement plusieurs heures d’affilée, coincée dans un bloc opératoire.

— Je sais, maman, tu es une pauvre pauvre femme dont la vie est un véritable enfer, annonça Gabrielle d’une voix exagérément compatissante.

— Faites des enfants, vous récolterez des ingrats, marmonna Évelyne qui se retint de sourire quand sa fille éclata d’un rire franc.

— Comprends-moi, tu passes ta vie à dire du mal de cette femme. C’est une dépense inutile d’énergie, s’amusa la jeune femme.

— Qu’est-ce que tu veux ma fille, la haine, ça ne se commande pas !

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