Troubles du Rythme, une nouvelle médicale lesbienne
Bonjour Marie, peux-tu nous présenter ta dernière nouvelle Troubles du Rythme ?
Troubles du Rythme est l’histoire d’une rencontre entre deux femmes que tout semble opposer. La première est une pianiste professionnelle avec un franc-parler assez rare. La seconde est une médecin qui passe sa vie à l’hôpital dans le but de décrocher le poste à responsabilité qu’elle convoite depuis toujours. Ces deux femmes vont se rencontrer, se plaire, passer une nuit torride ensemble et continuer leur vie loin l’une de l’autre. Sauf que bien évidemment le destin ou la chance ou le karma ou tout ce que vous voulez va faire qu’elles vont se recroiser. Ces retrouvailles vont être l’occasion pour elles d’apprendre à se connaître et de fil en aiguille à s’apprécier au-delà de leur première rencontre purement charnelle…
Comment est née l’idée de cette histoire ?
Elle est née le jour où un grand piano a été installé dans le hall d’entrée de l’hôpital où je travaille. Vous savez, comme dans les gares. On a maintenant cet imposant instrument de musique à quelques mètres de l’espace repas. J’ai beaucoup aimé l’ajout. Un jour, j’ai surpris un ambulancier en train de jouer et j’ai été immédiatement séduite. J’ai eu l’impression qu’il s’échappait du quotidien et moi aussi par la même occasion. Le décor était planté. J’ai passé ma pause repas à imaginer une histoire qui pourrait coller. Les pièces se sont emboîtées petit à petit, mais de manière assez facile, finalement. Lors de l’appel à texte de Reines de Cœur « Faites-Nous Rêver », la trame était prête. Il fallait juste que je me lance.
Marie Parson présente cette romance lesbienne hospitalière
Combien de temps t’a-t-il fallu pour la rédiger ?
Très bonne question. Je dirais quasiment un an entre l’installation du piano sur mon lieu de travail et la version définitive que j’ai envoyé à Reines de Cœur. Comme pour toutes les histoires que j’écris, il y a eu une période où j’ai abandonné les personnages, où je les ai laissé mûrir avant de m’y remettre. Et puis mon épouse m’a fait rajouter des petits morceaux alors que je pensais être arrivée à la fin et que j’étais plutôt fière du résultat ! J’en ai tiré une conclusion, ne jamais essayer de faire de surprise à ma femme en lui amenant une histoire terminée et en lui demandant son avis, persuadée qu’elle va adorer. Il faudra de toute manière que je la reprenne donc autant l’ennuyer dès le début ! [rires]
Troubles du Rythme commence par un coup d’un soir, comme Hors-Cadre ou Black-Out. Peux-tu nous en dire plus sur ce choix ?
J’ai beaucoup ri quand j’ai lu les résumés des autres nouvelles et découvert qu’on avait eu la même idée. Pour avoir lu Hors-Cadre et Black-Out, ma nouvelle n’a rien à voir ! Promis ! [rires] J’apprécie énormément le style d’Axelle Law et elle a réussi en peu de temps à croquer ses personnages de manière tendre et drôle. J’espère avoir atteint le même objectif. En tout cas, de mon côté je ne vous ai pas caché ce qu’il s’est produit cette fameuse première nuit.
Pour Black-Out, l’histoire est plus longue, les personnages plus fouillés. Et même si une partie de l’histoire se déroule à l’hôpital, le lieu n’est pas dépeint de la même manière. Il est subit par les héroïnes alors que chez moi, Peyton y travaille tous les jours. C’est donc moins négatif et angoissant. Après, j’aimerai vraiment savoir pourquoi on a été aussi nombreuses à imaginer un coup d’un soir en prémices d’une histoire sur le sujet « Faites-Nous Rêver ».
Ça veut dire qu’on est toutes ennuyeuses et sérieuses dans nos relations ? Flippant ! [rires]
Comment écrire une nouvelle médicale lesbienne ?
Sinon l’histoire se déroule à l’hôpital la plupart du temps. C’est la première fois que c’est le cas, qu’est-ce qui t’a poussé dans cette direction ?
Mon épouse ! [rires] Ce n’est pas vraiment une blague, en plus. Je travaille dans un hôpital donc pour moi, ce lieu n’est pas aussi chargé de drame et d’horreur que pour certains. Je sais qu’il s’y passe des choses terribles, mais c’est le lot de nombreux lieux où des gens exercent leurs professions. Mon épouse a mis longtemps à comprendre ça. Une fois où elle devait me rejoindre à l’hôpital un week-end, elle était persuadée qu’on allait l’arrêter pour lui demander ce qu’elle faisait là. Je lui ai dit « Marche comme si tu connaissais les lieux, donne l’impression d’être chez toi et personne ne te dira rien ».
Effectivement, rien ne s’est produit. Elle m’a rejoint sans problème. Depuis que je suis publiée, mon épouse me dit que je pourrais écrire une histoire qui se déroule à l’hôpital. Sauf que je ne sais pas trop enrober le lieu pour le rendre dramatique et sexy. C’était donc un premier test. Si ça passe dans une nouvelle, peut-être que je serais à même de le coller dans une histoire plus longue. Il parait que c’est captivant et que les lectrices et lecteurs adorent. Alors je croise les doigts.
Des sujets forts et une belle histoire d’amour
Il est question de maladie chronique, de fratrie et de travail. Ce sont des sujets importants pour toi ?
Pour la maladie chronique, je ne me suis pas posée la question avant de créer Christopher. J’avais envie de montrer la difficulté de s’inscrire dans la vie telle qu’on l’imagine avec les études, les passions, la famille et la place que prend la maladie. N’importe quelle maladie chronique nécessite d’adapter son emploi du temps, ses envies et de trouver un moyen de lui ménager de l’espace, qu’on le veuille ou non. Chris n’a pas très envie de lui laisser de la place et je le comprends.
Pour la fratrie, c’est la première fois que l’une de mes héroïnes a un frère ou une sœur. Je ne sais pas pourquoi, j’ai fait ce choix jusqu’à présent, mais je trouve intéressant de montrer qu’on peut être soudé dans les fratries. Au-delà de la maladie dans notre cas. C’est pour ça que je voulais montrer quelques souvenirs de leur vie ensemble quand ils étaient petits. Bon, dans mon esprit, il y avait même plus de passages, seulement je n’ai pas pu les coller, pas assez de place. [rires]
Quant au travail, bien sûr que c’est important. Avoir un emploi qui nous plait et nous passionne n’est pas donné à tout le monde et souvent il faut se battre pour l’obtenir. C’est ce que j’ai voulu montrer avec la persévérance de mes deux héroïnes. Elles savent ce qu’elles veulent et se donnent les moyens de l’obtenir, au détriment de leur vie amoureuse.
Des personnages riches et complexes
De quel personnage es-tu la plus proche dans Troubles du Rythme ?
Houlà, c’est une question piège, ça ! [rires] Je ne sais pas du tout. J’ai envie de dire aucune des deux, comme ça, au premier abord. Je n’ai pas tout sacrifié pour ma carrière comme Peyton. Et je ne connais rien à la musique contrairement à Lisa.
Donc, vraiment, pour le coup, ces deux héroïnes ne me ressemblent pas du tout ! Ça ne vous aide pas, hein ? [rires] Je pense que les héroïnes de Troubles du Rythme sont celles que j’ai le plus imaginé et travaillé pour raconter une histoire. En ce sens, elles sont donc très loin de moi.
Quel passage as-tu préféré écrire dans cette nouvelle ?
Cette question est très difficile. Cette histoire c’est un peu mon bébé. C’est comme me demander de choisir entre son bras, sa jambe ou son visage ! [rires] Bon, si vraiment je dois répondre, je dirais l’arrivée d’Emily qui coupe Lisa et Peyton dans leurs retrouvailles. Parce que j’ai adoré imaginer ce personnage bavard et hors d’haleine débarquer comme un boulet de canon et interrompre nos héroïnes.
En plus, Emily n’a beau être qu’un personnage secondaire à l’origine, je l’aime énormément. Son naturel avec Christopher, sa manière de mettre les deux pieds dans le plat en permanence et sa perspicacité. Je me suis dit que c’était triste qu’elle soit hétéro ! J’aimerai bien essayer de la recycler dans une nouvelle histoire parce qu’elle est assez fantastique !
Marie Parson se confie sur ses autres histoires en cours
Qu’aimerais-tu que les lectrices retiennent de Troubles du Rythme ?
J’aimerai surtout qu’ils et elles passent un bon moment avant tout. Je n’ai pas d’autre prétention. Je ne vais rien enseigner à personne sur aucun sujet. L’amour arrive parfois à des moments qu’on n’imagine pas, sous des formes imprévues et dans un ordre qui n’est pas celui qu’on nous enseigne. Finalement, ça n’a pas d’importance, le principal est d’accepter cette chance et de se laisser la possibilité d’être heureux, non ? Troubles du Rythme est à ce titre juste une belle romance que je voulais partager.
Tu travailles actuellement sur une autre histoire ? Et Mensonges et Conséquences, tu en es où ?
C’est l’éditrice qui pose cette question ou l’amie ? Non, mais juste pour savoir si je risque quoi que ce soit avec ma réponse… On ne peut pas laisser de gros blanc à l’écrit, ça ne rend rien, mais imaginez que deux minutes d’un silence total se sont écoulées entre le moment où j’ai lu la question et où j’ai commencé à écrire cette phrase. J’ai d’autres histoires en cours.
Je sais que je dois continuer Mensonges et Conséquences, c’est juste que j’ai un peu de mal à m’accorder le temps pour. Mon esprit dérive tellement que j’ai du mal à reprendre cette histoire. Je vais y arriver, c’est sûr. Mais il me faut encore un peu de temps et de patience.