Perte de Rythme Interview de Marie Parson

Marie Parson

Perte de Rythme Interview retour sur Troubles du Rythme

Bonjour, Marie, nous sommes ravies de te retrouver pendant cette période de fêtes avec la sortie de ta nouvelle Perte de rythme. Peux-tu nous présenter l’histoire brièvement ?

Et je suis très heureuse de la sortie de ma nouvelle. Alors, Perte de Rythme, c’est l’histoire de Peyton et Lisa. Peyton et médecin en service de réanimation et Lisa est pianiste. Elles se sont rencontrées dans un bar, un jour. Elles étaient là pour un coup d’un soir, ce qui a eu lieu. Et puis elles se sont revues des mois plus tard, ont réalisées qu’elles se plaisaient vraiment et ont donc décidé de laisser une chance à leur histoire.

Mais aujourd’hui, la passion des débuts et l’amour qu’elles se portent ne semblent plus suffisants. Elles passent leur temps à se disputer, à ne pas s’écouter et ne comprennent pas leurs réactions et décisions. En résumé, elles vivent leur première grosse crise de couple.

Perte de rythme fait suite à Troubles du rythme, on peut cependant lire les deux histoires séparément, non ?

Oui, les deux histoires sont parfaitement autonomes. Je me suis arrangée pour que ce soit le cas. Et je pense qu’on a réussi à renforcer ce sentiment lors du travail éditorial. L’important à retenir, si vous commencez par la lecture de Perte de Rythme, c’est que Lisa et Peyton s’aiment. Elles ont mis un peu de temps pour se trouver et se confier leurs sentiments, mais on y est. Elles sont en couples !

Perte de Rythme Interview de l’autrice, Marie Parson

Qu’est-ce qui t’a inspirée à continuer l’écriture des aventures de Peyton et Lisa ? Ce n’est pas commun de commencer une histoire avec un couple déjà établi.

J’aime beaucoup ces deux personnages. Peyton et Lisa sont deux femmes que tout oppose au premier abord et qui n’auraient jamais dû se croiser. Pourtant, elles se sont rencontrées et la vie a fait qu’elles se sont revues. Mais elles ont du mal à se parler, à se confier leurs sentiments. Elles se protègent toutes les deux à leur manière, quelque part.

Je savais que si je les retrouvais, elles seraient faciles à mettre en difficultés. Parce qu’elles n’ont pas plongé dans leur histoire comme certains des autres personnages que j’ai créés. Elles ont de nombreuses peurs, des réticences, la crainte de souffrir.

Enfin, le travail de Peyton était le catalyseur parfait de l’incompréhension ambiante. Dans ma famille et mes amis proches, j’ai de nombreux soignants qui se battent chaque année pour faire comprendre leurs horaires décalés. Et la réalité du travail des week-ends, des jours fériés et autres. Lisa ne connaissant rien à cet environnement, elle découvre au fur et à mesure.

Peyton et Lisa s’aiment, c’est indéniable. Alors, d’où viennent leurs problèmes ?

La communication, c’est toujours un problème de communication. [rires] Je plaisante, mais pas vraiment. Lisa et Peyton sont toutes les deux extrêmement indépendantes. C’était prévu comme cela depuis le début. Elles sont terre à terre, carriéristes et pas romantiques pour trois sous. Leur relation débute par un coup d’un soir, quand même.

Elles sont tellement indépendantes qu’elles n’ont pas appris à partager, à communiquer et à faire avec une conjointe. Indéniablement, l’absence de communication les conduit dans cette voie pas évidente.

Disputes et problèmes de communication au centre de cette romance

Tu as réussi à dépeindre avec brio les problèmes de communication que deux personnes peuvent avoir. Comment t’y es-tu prise ? Est-ce que c’était difficile ?

Question délicate. Je ne voulais pas qu’il y ait une seule responsable à leurs problèmes de couple. On est deux quand on est en couple donc il fallait que les deux soient responsables à leur manière. Donc en plus du manque de communication, il y a l’absence d’écoute et donc de compréhension. L’un ne va pas sans l’autre, si l’on peut dire.

A partir du moment où elles se posent et prennent le temps d’entendre l’autre, elles « voient » les problèmes et sont en capacité de les résoudre.

On comprend les griefs de Lisa à l’encontre de Peyton, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’elle-même a été en tournée à l’étranger pendant de longs mois et que ses reproches ne sont pas toujours justifiés, non ? Cela fait-il d’elle un personnage égoïste ?

Peut-être, mais je ne pense pas. Peut-on considérer une personne qui a réussi à définir ses rêves, qui s’est battue pendant des années pour les accomplir et qui touche enfin au but d’égoïste ? C’est ce trait de caractère et la capacité de Lisa à oublier tout ce qui l’entoure pour se concentrer sur la musique qui a plu à Peyton.

Elle avait conscience que cette qualité pouvait se transformer en défaut. Et quelque part, c’est toujours un peu le problème non ? Notre plus grande qualité peut aussi très vite devenir notre principal défaut.

Être égoïste ou se connaître ?

Peut-on considérer Peyton comme étant égoïste ou trop concentrée sur sa carrière de son côté vu qu’elle n’a pas vraiment intégré Lisa dans ses plans ?

J’ai le droit de proposer la même réponse qu’avant ? Parce que pour moi, c’est pareil. Ni Lisa ni Peyton ne sont égoïstes et en même temps et Lisa et Peyton sont égoïstes. Peyton a toujours rêvé de son poste de cheffe de service. Elle se bat depuis des années pour atteindre ce qu’elle considère comme un tournant dans sa carrière. Lisa le savait, elles en ont discuté, avant.

Le problème de Peyton et Lisa réside dans le fait qu’elles campent sur leurs positions et ne veulent pas partager avec l’autre. Il leur faut être séparées, se prendre ce mur à pleine vitesse en pleine face pour réaliser qu’elles ont été stupides et qu’elles auraient dû parler. Elles sont comme ça. Il leur fallait un gros électrochoc !

À l’arrivée, tu parviens à dépeindre avec brio le fait qu’il n’y a pas de méchante ou de gentille, juste deux personnages qui cherchent à mêler leurs impératifs, leur carrière bien remplie et leur vie personnelle, et ça, c’est une belle réussite. Est-ce que c’est important pour toi de ne pas dépeindre des personnages qui semblent toujours parfaits sous tous les rapports, mais qui au contraire ont du relief ?

Les personnes parfaites n’existent pas. Et surtout, si elles existaient, elles n’auraient aucun intérêt dans les livres. [rires] Ce sont les points faibles, les défauts qui sont enrichissants et sur lesquels l’autrice s’appuie pour donner vie à une histoire.

Un personnage parfait n’aurait aucune histoire. Là, typiquement, un personnage parfait aurait mis son ego de côté, forcé la discussion et il n’y aurait pas eu de dispute et donc pas d’histoire ! [rires]

Ce que j’ai trouvé le plus intéressant, au final, c’était de faire des qualités de Peyton et Lisa, le lit de leurs défauts. C’est ce qui les a attirées l’une vers l’autre qui s’avère la cause de leurs problèmes. Et ça c’était possible uniquement avec ces personnages et cette romance.

Perte de Rythme Interview, Marie Parson répond à nos questions

Sans trop vouloir spoiler nos lectrices et lecteurs, il y a une scène dans l’hôpital où Peyton fait preuve d’inventivité pour ses emballages cadeaux (ndlr : celles et ceux qui l’auront lu comprendront [rires]). Est-ce que c’est du vécu ? Ou juste une autre preuve de ton imagination débordante ?

Non, je n’ai jamais fait de chose comme ça ! [rires] Mais j’ai une amie à qui j’avais prêté je ne sais plus quoi qui me l’a ramené à la maison emballée dans un champ stérile de bloc opératoire. J’ai été hyper surprise, je lui ai demandé des explications et il s’avérait que c’était la seule chose qu’elle avait à portée de main à son travail. Du coup, je me suis servie du concept comme papier cadeau et après, j’ai imaginé d’autres utilisations dérivées de matériel hospitalier.

En parlant d’hôpital, est-il juste de dire que le milieu hospitalier occupe une place importante dans cette nouvelle, sans pour autant être au centre de l’histoire, contrairement à Troubles du rythme ?

Dans Troubles du Rythme, on était plus à l’hôpital qu’à l’extérieur. Ici, on est plus à l’extérieur qu’à l’hôpital. Et pourtant, l’hôpital reste le lieu où travaille Peyton et continue de grouiller de vie.

Je crois que je devais montrer que la famille, les personnages vivaient aussi en dehors de ce lieu pour présenter les sacrifices concédés par Peyton. Si elle a l’impression de vivre à l’hôpital, ce n’est pas le cas des personnes qui l’entourent et qui évoluent dans le monde « réel » en dehors de ces quatre murs.

Le courage de continuer à écrire malgré tout

On a entendu dire que quand tu as eu fini d’écrire ta nouvelle Perte de rythme, tu as perdu tout ton document. Qu’est-ce qu’il s’est passé et où as-tu trouvé le courage de tout réécrire ?

Tout perdu de tout perdu. Horrible. En fait, la fausse manipulation stupide. J’avais eu une autre idée. J’ai voulu la noter. J’étais en train d’écrire Perte de Rythme. J’ai cru que j’avais dupliqué le document pour noter cette idée et j’ai cliqué sur « enregistrer ». Il s’avère que je n’avais pas réussi le copier-coller et donc j’ai écrasé la totalité de la nouvelle que j’avais presque terminé d’écrire…

J’ai eu du mal à digérer mon erreur. Maintenant, j’enregistre de tous les côtés mes documents !

Trouver le courage a été long. Ma vie était bien remplie ces dernières années et j’avais mis l’écriture de côté. Puis j’ai eu envie de reprendre, plus régulièrement, parce que l’écriture aide à mon équilibre en mettant un terme à ces histoires qui tournent dans ma tête de manière incessante.

Le déclic est venu en lisant un article sur le médicament testé par Christopher, le frère de Lisa, dans Troubles du Rythme. C’est un traitement qui permet aux personnes atteintes de mucoviscidose de vivre plus normalement et les effets sont au-delà de ce qui avait été imaginé. Avec des personnes qui retrouvent une qualité de vie incroyable.

Il était évident que le traitement allait parfaitement fonctionner pour Christopher. C’était le plus beau cadeau de Noël qui soit.

Et après ? D’autres ouvrages à venir ?

Après une première, puis une seconde nouvelle, on est obligées de te poser la question : nous prépares-tu une troisième nouvelle avec Peyton et Lisa ?

Non, pas vraiment. Je ne vois pas ce que je pourrais raconter d’autre à leur sujet. Mais après, je n’avais jamais imaginé les faire revenir. Donc, ne jamais dire jamais ! [rires]

As-tu d’autres projets en cours d’écriture ou en cours de publication ? Si oui, peux-tu nous en dire un peu plus à ce sujet ?

Comme pas mal d’autrices, j’ai écrit durant le confinement. La morosité et l’incertitude ambiantes m’ont donné l’envie et le besoin de proposer une histoire mignonne et romantique. Une histoire où les héroïnes sont à la fois responsables de leur bonheur et de leur malheur, sans intervention tierce.

Elle sortira certainement courant 2022 si tout se passe bien.

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