Le pouvoir de la romance lesbienne

pouvoir de la romance lesbienne

Pourquoi la romance lesbienne ?

La France a un passé littéraire très riche. Riche au point que parfois, lorsque l’on parle de romance, une sorte d’élitisme survient. Il y aurait les « bons » romans d’un côté et les romans de « gare » de l’autre. Une littérature supérieure à une autre, en somme. Certains vont même jusqu’à dédaigner les écrits de type « roman à l’eau de rose » et les lecteurs/consommateurs de ces derniers.

Si vous êtes intéressé, un excellent article écrit par Magali Bigey s’interroge sur cette question version hétérosexuelle sur le site de Cairn.info. Avec la très belle citation :

« le mépris dont les romances sont l’objet vient très souvent de personnes qui n’en ont pas lu. Un pas de plus, le mécanisme de la censure serait à l’œuvre »

Claire Bruyère, « Pour le meilleur et pour le pire : critères d’évaluation des romans d’amour contemporains (romances) aux Etats-Unis » in Les cahiers de paralittérature, Actes du colloque « Les mauvais genres » les 23, 24 et 25 novembre 1989, Paris, Editions du CLPCF, 1992, p. 109.

Chez Reines de Coeur, nous sommes loin de partager cette vision, vous vous en doutez. Au contraire. Nous sommes intimement persuadées du pouvoir de la romance lesbienne. Oui, vous avez bien lu. Nous pensons qu’il se cache un véritable pouvoir de la romance lesbienne.

Rêver positif et s’évader dans un monde à portée de main

En s’aimant

Pour qu’une romance fonctionne, l’ingrédient numéro 1 est de proposer un personnage imparfait. Loin de la Mary Sue, donc. Parce qu’après tout, les personnes parfaites n’existent pas. Et puis, où serait l’intérêt d’une histoire avec des héroïnes sans défaut ?

Ces personnages imparfaits ont la capacité de nous toucher, de nous émouvoir. Certains plus que d’autres et c’est toute la beauté de la littérature. Mais à travers cette multitude d’héroïnes qui décident de prendre leur vie en main, les lectrices et lecteurs apprennent à accepter leurs propres défauts, leurs propres peurs.

Et, les mots permettent parfois de nous aider à découvrir cette force qui est en nous. Parce que si une autrice a été en capacité de donner vie à une héroïne de ce genre, c’est pour une bonne raison. Elle a pu être touchée, avoir expérimenté ou autre. Et cela aide les lectrices à ne pas se sentir seule, isolée et à s’aimer avec leurs différences.

En aimant une autre femme

La quête de l’Amour avec un grand A parle à tout le monde. Chacun souhaite aimer et être aimée. Même ceux qui refusent de l’avouer. Nous lisons clair sous votre armure…

Proposer des histoires d’amour entre femmes normalise et banalise cette question. Fini les adolescents et/ou jeunes en quête de rôle modèle qui se retrouvent démunis. La représentation importe parce qu’elle crie à toutes les femmes qui aiment les femmes : vous n’êtes pas seules. Regardez, d’autres personnes homosexuelles, bisexuelles ou pansexuelles existent, certaines écrivent. Et dans leurs ouvrages, vous pourrez vous retrouver et vous identifier.

Pas de jugement, pas de négativité, pas de fin tragique. Les années 60 jusqu’à 90 sont terminées. Les représentations positives sont phénoménales. Le pouvoir de la romance lesbienne pourrait alors se résumer ainsi : Tu as le droit d’être heureuse et tu le seras un jour.

Exister et être présent

Pour proposer une diversité des lesbiennes

Il n’existe pas un type de romance homosexuelle. Mais des types ! Comme il n’existe pas un type de lesbienne, bisexuelle ou pansexuelle. Mais une multitude de personnes. Cette richesse est énorme. Les geeks qui aiment les femmes n’ont pas besoin d’être accro à la mode et au shopping. Quant aux fashion victimes, elles peuvent totalement ignorer les bases de la culture LGBT+. Etc…

Pas de jugement, pas de sectarisme. À travers des personnages riches, différents, les autrices ouvrent une fenêtre sur le monde d’aujourd’hui.

Les héroïnes apprennent à vivre leur vie, à être heureuse et soit à se rebeller, soit à accepter leur existence. Peu importe, en réalité. Ce qui compte, c’est la diversité des profils et des personnages disponibles auxquels s’identifier ou non.

Pour offrir de la visibilité

À ce titre, les relations amoureuses entre femmes restent le parent pauvre de la littérature. En premier vient la romance M/F (Male/Femelle), en second, la romance M/M (Male/Male) et enfin la romance F/F (Femelle/Femelle).

Vous pouvez d’ailleurs vous en rendre compte rien qu’avec le nombre de maisons d’édition 100% lesbiennes en France. Seulement trois qui se concentrent uniquement sur l’aspect féminin. C’est peu. Nous en profitons d’ailleurs pour citer l’excellent travail de KTM Editions et de Dans l’Engrenage qui oeuvrent, au même titre que Reines de Coeur, au développement d’une littérature écrite par les femmes pour les femmes.

La romance entre femmes est donc encore relativement peu connue. En tout cas, trouver un roman mettant en scène un couple amoureux constitué de deux femmes n’est pas aussi simple qu’on l’imagine. Les grandes lectrices (dont je fais partie) ont donc parfois trouvé des subterfuges au fil des ans. Lire des histoires d’amour hétéros et s’imaginer un coup à la place de l’homme, un coup à la place de la femme, par exemple.

Des artifices dont la littérature lesbienne souhaite se passer. En proposant ce type d’histoire, le pouvoir de la romance lesbienne se révèle. La visibilité.

Parce que proposer des histoires d’amour entre femmes c’est aussi montrer que les femmes homosexuelles existent. Et surtout, qu’elles ont le droit à leur happy end, comme tout le monde.

Traiter des questions qui nous tiennent à cœur

Les détracteurs de la romance voudraient que les livres ne soient que des produits de consommation, aussi vite lus, aussi vite oubliés. Cette réalité fait totalement abstraction des sujets abordés dans chaque roman. Sujets qui peuvent toucher et interpeller plus qu’on ne l’imagine. Mais, par définition, ces sujets vont être des sujets qui intéressent les femmes de manière privilégiée.

Des ouvrages publiés chez Reines de Coeur, traitent de la notion de consentement. Notion très importante qui nous tient profondément à cœur. Pas que nos personnages soient parfaits, loin de là, mais ce concept est abordé à de nombreuses reprises.

D’autres questions comme la place de la femme dans la société, la difficulté des coming out professionnels, personnels sont récurrentes. Plusieurs autrices ont aussi abordé la pression physique sociétale vécue par les femmes (question sur le poids, la boulimie, etc…)

Au-delà de cette réalité, on ne peut nier que les romans lesbiens se demandent parfois comment les femmes peuvent se réaliser dans une société patriarcale.

Le pouvoir de la romance lesbienne est-il le féminisme caché et pourtant présent à chaque page ? Après tout, une littérature écrite par des femmes, pour des femmes et éditée par des femmes, c’est un message fort, non ?

En résumé, le pouvoir de la romance lesbienne existe…

Nous espérons que comme nous, vous aimez la romance lesbienne. Et surtout, nous espérons que cet article ouvrira les yeux sur ce qui se joue dans ces histoires. Bien sûr, il y a une histoire d’amour, mais il y a davantage. Des questions de fond émergent à travers la littérature romantique lesbienne.

Ils évoluent avec notre époque et la place de la femme dans la société.

Ignorer ou mépriser ces aspects est, à notre sens, une grave erreur.

Vive les histoires d’amour entre femmes ! Vive la romance lesbienne !

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