Découvrez notre roman saphique gratuit en plusieurs chapitres qui sera mis à jour régulièrement en fonction des paliers que nous franchirons sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, pour nos 1000 « j’aime » sur Facebook, voici la première partie. Bonne lecture !
Dans le 1000
Chapitre 1
Comme tous les lundis matin, le réveil sonna à 6 h 30 précisément. Libérant un bras de sous sa couette, Alice tâtonna, les yeux toujours clos à la recherche de l’appareil maléfique. Elle l’atteignit enfin sur la table de nuit à ses côtés et le fit taire d’un mouvement brusque. Le retour du silence lui arracha un soupir de soulagement et elle remua espérant grappiller un instant supplémentaire de sommeil. Alors qu’elle sombrait derechef, sa respiration se faisant plus profonde, l’alarme se déclencha une seconde fois. Désespérée, la jeune femme grogna. Elle mit un moment avant de se retourner pour éteindre à nouveau la redoutable machine. Alice tenta d’ouvrir un œil, mais l’effort était vain et elle abdiqua. Dix minutes s’écoulèrent, puis la sonnerie s’éleva encore plus violemment dans la pièce.
La troisième fois fut la bonne et Alice renonça. Elle était réveillée, elle était réveillée. Du moins elle essaya de s’en convaincre quand elle sortit de sous le douillet cocon dans lequel elle avait passé la nuit. Bâillant à s’en décrocher la mâchoire, la jeune femme se dirigea vers la douche. Elle était épuisée. Comment pouvait-on être fatiguée à ce point ? Elle songea à modifier son alimentation et à faire plus de sport. D’après les nutritionnistes et son père, la clé était dans une vie plus saine. Moins d’alcool et de sorties, plus de repas légers à base de légumes, le tout accompagné d’exercice physique.
Oui, sauf que ceux qui y arrivaient devaient être sacrément doués ! Parce que concilier un job à temps plein et une activité indépendante à côté, ça éreintait ! Personne ne pouvait le nier. Résignée à l’idée de ne surtout pas se peser, elle fit couler l’eau de la douche dès qu’elle pénétra dans la salle de bain. Elle détestait glisser sous les gouttes froides le matin, quand elle émergeait à peine. Honnêtement, elle exécrait la sensation. Lorsqu’Alice s’infiltra sous le jet brûlant, elle s’éveilla enfin. Ses pensées s’alignèrent et avec elles, sa possibilité de réfléchir réapparut.
Une fois lavée, Alice revint dans sa chambre. Elle abandonna sa serviette éponge mouillée sur son lit et passa sous-vêtements, jean, t-shirt et large sweat. Observant ses habits de la veille qu’elle avait délaissés en tas, au pied de sa commode, elle considéra que finalement, vivre seule avait quelques avantages. En tout cas, le célibat ne l’aidait pas à devenir plus ordonnée. Mais elle s’en moquait, personne n’était là pour lui faire de reproches. De retour dans la salle de bain, elle démêla ses cheveux mi-longs, puis étala sa crème de jour avant de tirer un trait d’eyeliner sous ses yeux marron. Le minimum vital, en somme. De toute façon si elle avait fait plus, il aurait fallu qu’elle mette ses chaussures de ville, un joli t-shirt et une veste ou un gilet. Enfin bref, qu’elle fasse un effort vestimentaire. Malheureusement, ce matin, elle n’en avait pas du tout envie ! Intérieurement, elle se félicita d’avoir un travail qui ne l’obligeait pas à jouer les personnes « classes », au quotidien.
Tout en étirant ses 1m60 parce qu’elle avait décidément beaucoup de mal à émerger, la jeune femme gagna sa cuisine. Le breuvage enivrant dont elle était dépendante allait faire son œuvre, elle en était certaine. Alice lança la cafetière qui libéra sa potion magique. Laissant refroidir sa tasse, elle se tartina deux biscottes, puis s’avachit sur sa table. Allez, il était temps de regarder ses emails professionnels.
Quelques mois plus tôt, son incapacité à déconnecter de sa seconde activité, celle de graphiste freelance qu’elle avait développée deux ans auparavant, lui avait valu une belle dispute familiale. Ses parents ne comprenaient pas son besoin régulier de vérifier sa boîte mail et de publier ses dernières créations sur les réseaux sociaux. La réactivité et la visibilité nécessaires pour exister les dépassaient totalement.
Pourtant, au milieu des reproches, Alice avait réussi à reconnaître et identifier son défaut majeur. Elle était pendue à son téléphone et son ordinateur en permanence. Incapable d’accepter l’idée de rater une proposition, elle était constamment accrochée à son smartphone, dès le réveil. Depuis, Alice s’était fixé une règle : ne pas toucher à ses outils numériques avant d’atteindre la cuisine. Pour se forcer à tenir, la jeune femme abandonnait donc tous les soirs son appareil sur la table, puis allait se coucher. Et elle ne le reprenait que le lendemain, pendant qu’elle appréciait sa délicieuse tasse de café.
Inspectant sa boîte mail, Alice ne découvrit aucune demande urgente à traiter avant de débuter sa journée professionnelle. Elle savoura son petit déjeuner, puis jeta un rapide coup d’œil à l’heure. Comment pouvait-elle être en retard dès le lundi matin ? Ce n’était pas possible ! Il lui fallait des vacances. De vraies vacances où elle se déconnecterait de tout ! Le plan lui parut génial. Et elle se promit de regarder le nombre de jours à sa disposition une fois au bureau.
Après avoir avalé trop vite sa dernière gorgée, elle se précipita dans l’entrée, récupéra ses baskets, son sac à dos et sortit en trombe. Heureusement qu’elle n’avait pas d’horaires stricts sinon elle aurait eu du souci à se faire. Alice dévala les escaliers de son immeuble quatre à quatre, puis marcha d’un pas rapide en direction de l’arrêt de tramway. Tournant la tête, elle le vit soudain apparaître quelques mètres plus loin. Alice piqua alors un sprint pour essayer de l’avoir. Son sac à dos glissa à droite, puis à gauche, au rythme de ses foulées. Devant elle, les premiers voyageurs à vouloir embarquer se déplacèrent pour s’aligner face aux portes tandis que les crissements des freins se faisaient entendre. Alice accéléra l’allure et atteignit finalement le quai au moment où la dernière personne entrait dans la rame. La jeune femme se jeta à l’intérieur et les battants se refermèrent juste derrière son sac. Elle avait réussi. Sa première victoire de la journée !
Observant le wagon, Alice réalisa qu’un siège était libre. L’avantage de monter dans le tramway au terminus. Deuxième victoire ! Elle s’écroula sur le banc, tout en tentant de récupérer une respiration plus régulière et profonde. Son père avait raison, il fallait vraiment qu’elle reprenne le sport. Surtout ne pas lui dire qu’il avait raison, par contre, songea-t-elle. Elle s’empara de son téléphone portable et nota dans sa « to do list » de la semaine : « retrouver baskets de course ». Commencer par remettre la main sur son équipement semblait une bonne idée.
Passant d’une application à une autre, Alice s’informa sur les actualités avant que le tram ne se stoppe cinq arrêts plus loin. Elle fit les quinze minutes de trajet restant à pieds et atteignit enfin son bureau. Une fois les deux étages gravis, Alice franchit la porte de la petite société spécialisée dans la communication sur les réseaux sociaux dans laquelle elle était employée. Heureuse de découvrir que deux de ses collègues sur les quatre n’étaient pas encore arrivés, elle alluma son ordinateur et se servit une nouvelle tasse de café.
Alice reprit son projet sur une série d’images qui devaient accompagner les publications régulières d’une marque de soda. L’objectif était de surfer sur la génération de jeunes qui préféraient les boissons sans alcool et de rendre le concept plus « cool ». Il lui restait quelques dessins à réaliser avant de pouvoir proposer les différentes pistes au client.
Soudain, débarquant de nulle part, son patron s’installa à côté d’elle. Il avait récupéré le siège de sa collaboratrice absente et détaillait les deux écrans qui faisaient face à Alice.
— Pas mal, déclara-t-il en fixant l’ébauche de l’ado qu’elle avait débutée. Je voulais savoir, tu as un truc de prévu à midi ?
Alice abandonna son visuel et fit pivoter sa chaise pour observer son supérieur droit dans les yeux.
— C’est-à-dire ? demanda-t-elle, intriguée et consciente que l’interrogation avait tout d’un piège.
— Est-ce que tu es libre pour qu’on mange ensemble ? reformula Guillaume.
— Oui, je n’ai rien de particulier…
— Super ! la coupa son patron. Et en ce moment, côté « free », tu es intéressée par un nouveau projet ?
Alice fronça les sourcils. Ça ne sentait pas bon cette histoire. Dès le début, elle avait été entièrement transparente avec Guillaume et lui avait parlé de son désir de créer une activité secondaire sur son temps personnel. Il l’avait encouragée et avait même loué son esprit d’entrepreneuriat. Mais depuis, ils n’abordaient plus le sujet. Pourquoi venait-il la trouver aujourd’hui en ramenant la question sur le tapis ?
— Ça va. J’ai un projet que je dois rendre samedi. J’ai bien avancé donc ça devrait le faire.
— Cool ! Parce que j’ai un travail pour toi. Un peu urgent, mais facile et rapide.
— Dis-m’en plus… commença Alice qui connaissait trop bien son supérieur et ses idées saugrenues.
— Un petit visuel qu’il faudrait terminer pour demain ou mercredi au plus tard.
— Ah oui, pour le coup, c’est vraiment très urgent, donc ! s’exclama-t-elle en flairant le piège en train de se refermer.
— Tout à fait. C’est pour ma frangine, elle a une maison d’édition et elle aurait besoin de fêter l’évènement.
Guillaume se tut, attendant une réaction d’Alice qui ne vint pas. Il fut contraint d’expliciter.
— Elle a 999 fans sur sa page Facebook. Et vu que sa boîte va rapidement passer la barre des 1 000, ce serait super de prévoir quelque chose pour qu’elle puisse tout mettre en ligne à ce moment-là soit mardi ou mercredi.
— Tu te moques de moi, c’est ça ? maugréa la jeune femme en observant son patron.
— Pas du tout. Je mange avec elle à midi et elle pourra te parler de son entreprise, si tu veux. Pas d’obligation, hein ? Je pensais juste que l’opportunité pouvait t’intéresser.
Alice inspira profondément pour tenter de se reprendre. 1 000 fans pour une page Facebook, ce n’était rien, une goutte d’eau dans la mer. Cette entreprise devait vraiment être minuscule. En conséquence, la paie également, mais pas forcément le travail nécessaire. L’investissement que ce travail allait lui demander sur les deux jours à venir lui faisait déjà peur, tout comme le fait que sa cliente serait la sœur de son patron. Si leur collaboration se passait mal, cela risquait-il d’impacter leurs relations professionnelles ?
— Raconte. Parce que 1 000 fans, c’est très peu pour une maison d’édition. Donc soit c’est un manque de maîtrise des réseaux sociaux, soit une société récente, soit…
— Ben, c’est une maison d’édition lesbienne qui aura bientôt quatre ans… commença-t-il, conscient qu’il ne devait pas donner la parfaite image imaginée.
Alice écrasa son front sur la table, désespérée.
— Sérieusement ? Tu me proposes de bosser pour ta sœur qui travaille sur un marché de niche et qui ne doit presque pas avoir de budget ! Tu veux que sans brief sans rien, je te ponde un truc génial en quelques heures pour ses 1 000 fans. J’ai bien résumé ?
— Tu es fatiguée en ce moment, non ? Parce que normalement tu aurais été un peu plus enthousiaste. Je te propose de rencontrer une potentielle cliente dont les attentes sont très limitées vu qu’elle est avant tout autrice et éditrice et que c’est son ex qui gérait les réseaux sociaux. Là, elle vient de faire un beau coup pour la journée de la visibilité lesbienne et elle se retrouve à presque 1 000 fans. Et, ce matin, j’ai découvert qu’elle m’avait envoyé un texto pour savoir si elle devait faire quelque chose de particulier et si oui, quoi. Tu vois le niveau ? On part de très très bas.
Cette déclaration eut raison d’Alice et elle éclata d’un rire franc et libérateur.
— Elle sait en quoi consiste ta boîte ? Enfin je veux dire, elle a conscience que notre travail, c’est de vendre du contenu sur les réseaux sociaux à des groupes qui nous paient pour ça ? finit-elle par demander une fois son souffle retrouvé.
— Oui, elle le sait. Mais elle n’a pas de budget pour ça. Diane est plus jeune que moi, sa société est récente, elle n’a pas d’expérience dans l’entrepreneuriat. Bref, ce n’est pas son rayon. Son ex gérait plutôt bien et postait des infos toutes les semaines. Mais quand tu sors de nulle part, que tu n’as pas de connaissance dans le domaine et que tu la joues clean en n’achetant pas des « j’aime », ça prend du temps.
— OK, stop, arrête. C’est bon, c’est ta sœur et tu es en train de me dire qu’elle est géniale, c’est ça.
— Oh non ! Elle est chiante ma sœur ! Déjà, elle est aussi grande que moi et ça c’est un mauvais point. Les gens qui nous voient ensemble pensent que je suis petit, du coup. Alors que je ne suis pas petit, je suis dans la moyenne. Les hommes font 1m75, c’est normal, quoi. Ensuite, c’est une rêveuse. Genre, elle ne conduit pas, parce qu’elle a eu trop d’accidents. Manque de concentration sur la route. Je suis en conséquence devenu son chauffeur attitré. En plus elle est hyper exigeante, incapable de faire cuire un œuf, a un humour de merde…
— Arrête, arrête ! Tu n’es pas non plus obligé de me faire la liste de ses défauts. Comment ça se fait que tu n’aies jamais parlé d’elle ? Enfin, pourquoi je ne la connais pas ? rectifia Alice en réalisant que son patron abordait régulièrement le sujet de ses deux jeunes sœurs.
— Elle n’habitait pas ici. Elle a déménagé il y a six mois. Au début j’ai trouvé ça cool, maintenant j’ai des doutes. On garde ce repas ensemble ou pas ?
— Oui, oui. C’est bon, abdiqua Alice.
— Parfait. Je la préviens. Rendez-vous à midi à la pizzeria Monalisa. J’ai un meeting à l’extérieur, je vous rejoindrai sur place, déclara Guillaume en jetant un coup d’œil à sa montre et en se levant soudainement.
— Heu… Comment je suis censée la reconnaître si tu n’es pas là ?
— C’est une lesbienne. Utilise ton super pouvoir ! s’exclama-t-il en quittant la pièce, au moment où sa collègue, Katy, entrait.
Intriguée, elle les dévisagea, son regard glissant alternativement de l’un à l’autre. Lorsqu’Alice poussa un soupir de désespoir et se réinstalla devant son écran, elle comprit qu’il s’agissait encore d’une de leurs stupides plaisanteries. Autrefois, Alice aurait été désemparée par cette blague nullissime. Aujourd’hui, elle ne les relevait même plus. Après tout, c’était elle qui avait abordé le sujet quand elle avait décidé de se plaindre des défaillances de son gaydar. Elle reprit rapidement le travail, consciente que le repas risquait de durer un peu plus longtemps que sa pause habituelle. En même temps, son patron serait présent et l’idée venait de lui. Impossible qu’il lui reproche quoi que ce soit.
Quand enfin le rendu lui apparut efficace et réussi, elle s’étira sur son siège et observa l’horloge en haut à droite de son écran. 11 h 57. Concentrée sur le visuel qu’elle avait imaginé, Alice n’avait pas vu le temps passer. Les minutes avaient filé à toute allure. Elle réalisa brusquement et se releva d’un coup. À ce rythme, elle allait être en retard ! Elle se pencha au-dessus de son sac à dos, puis récupéra sa carte bancaire dans son portefeuille. Après avoir sécurisé cette dernière dans la poche de son jean, Alice fonça vers l’entrée d’un pas rapide. Comment avait-elle fait pour ne pas voir défiler l’heure à ce point ?
La jeune graphiste se précipita dans les escaliers qu’elle dévala quatre à quatre. Elle sortit ensuite vivement du bâtiment et prit la direction du restaurant. Lorsque son objectif fut en vue, son téléphone portable émit le bip caractéristique des SMS. Elle s’en empara et découvrit un message de son patron : « Je pars. J’arrive dans 30 minutes. Commencez à parler sans moi, mais attendez-moi pour commander. » Alice ne put retenir une grimace outrée. Il ne pensait vraiment qu’à son estomac.
Soudain, l’évidence la frappa. Elle ne connaissait pas du tout la sœur de Guillaume. La seule information utile en sa possession était son prénom, Diane. Pas de quoi aller très loin. Au moment où Alice tournait la tête vers la vitrine du restaurant, elle perçut brusquement un :
— Je te déteste, tu m’énerves à être toujours en retard ! Je ne comprends pas comment tes employés peuvent te supporter. Je ne connais rien en design ! Qu’est-ce que je vais pouvoir dire ? Envoyer. Envoyer ! J’ai dit « envoyer » espèce de crétin de téléphone ! Tu sers à rien quand on a besoin de toi, fichue commande vocale ! Oui, c’est bon, je vais cliquer sur ta saleté de bouton…
Le monologue bien énervé arracha un sourire à Alice. Peut-être qu’elle n’aurait pas à trop chercher, finalement. Elle pivota et se retrouva face à une grande femme, bien plus grande qu’elle, effectivement. Elle portait un jean slim qui mettait ses longues jambes en valeur et tenait un sac qui devait contenir un ordinateur dans une main ainsi qu’un téléphone dans l’autre. Ce qui attira le plus le regard d’Alice, ce fut le t-shirt. La veste de tailleur noire cachait difficilement l’écriture et la graphiste lut « Déshonneur sur toi, déshonneur sur ta famille, déshonneur sur ta vache »[1]. La référence au dessin animé lui arracha un sourire et elle s’approcha de l’arrivante en déclarant :
— Diane ? Je suis Alice.
Le regard de la jeune femme abandonna l’écran de son téléphone pour se poser sur celle qui lui avait parlé.
— Merci de m’avoir trouvée ! Mon crétin de frère vient de me prévenir de son retard et s’est contenté d’un laconique « Je serai en retard. Commencez sans moi. Alice a un gaydar aussi mauvais que le tien ! Bon courage pour vous retrouver. Petit indice, elle a des baskets aux pieds. » C’est nul quand même comme message, non ?
— Je confirme. Il se moque de moi depuis qu’on a eu cette discussion un midi où je lui expliquais que la notion de gaydar reposait un peu trop sur des clichés et que visiblement, je n’étais pas assez douée pour tous les compiler.
Diane laissa échapper un éclat de rire spontané et franc. En définitive, cette rencontre risquait de se révéler moins stressante que prévu.
— Allez, on rentre. Rien que pour lui faire les pieds, je propose qu’on commande sans l’attendre.
— C’est-à-dire qu’il reste quand même mon patron et que je connais l’impact d’un ventre plein sur sa bonne humeur… avança Alice, hésitante.
— Ne t’inquiète pas, j’assumerai l’entière responsabilité de nos actes. Mais si ça te rassure, on peut se contenter de boire un verre.
Diane s’arrêta soudain devant la porte, la poignée dans la main. Comme si elle avait eu une révélation, elle se retourna vers Alice qui lui avait emboîté le pas et reprit aussitôt.
— Je t’ai tutoyée ! Je n’arrive pas à le croire. Je suis désolée, je viens de réagir. Je…
— Hé, ça va. Ce n’est pas grave. Aucun souci pour se tutoyer, on a quasi le même âge et on peut s’avouer que cette rencontre n’est pas très orthodoxe, rétorqua Alice avec un sourire.
— Génial, merci, confirma Diane clairement soulagée.
Elles entrèrent et précisèrent à l’accueil que la troisième personne n’arriverait que dans une bonne demi-heure. Le serveur les guida jusqu’à un espace relativement calme et elles s’installèrent autour de la table ronde. Le jeune homme leur demanda si elles souhaitaient un apéritif et Diane accepta, tout en l’interrogeant aussitôt sur la liste de leurs boissons sans alcool. Alice fut rassurée au-delà de ce qu’elle avait imaginé. Elle ne buvait jamais d’alcool les midis, seulement en soirée et bien plus raisonnablement que durant ses années de fac. Le serveur repartit avec une commande de thé glacé et de limonade, ce qui arracha un sourire de connivence à Diane et Alice.
— Merci d’avoir demandé la liste des « softs ». Guillaume et les autres sont toujours surpris que je ne prenne pas de vin ou de bière pour les accompagner quand on mange ensemble, embraya la graphiste afin de lancer la conversation sur un sujet facile.
— Il fait trop chaud pour que je boive du vin, reconnut la jeune trentenaire qui lui faisait face. Bon, je voulais déjà te remercier d’avoir accepté ce repas au pied levé. Je ne pensais pas que ce serait la réponse de mon frère. En toute honnêteté, quand je lui ai envoyé ce message, je m’attendais à ce qu’il me rassure et me dise « non, mais c’est pas important, pas besoin de faire quoi que ce soit de spécial ». Ça m’aurait bien plus arrangée, sincèrement. Au lieu de ça, il me balance que bien sûr, il faut envisager quelque chose et qu’il a quelqu’un capable de m’aider. Je n’avais pas prévu ça.
Alice avait observé la jeune femme durant tout son monologue. Elle dégageait une force captivante et sa franchise était rafraîchissante. Elle ne s’était attendue à rien de particulier, en tout cas, pas à une personne sans langue de bois, enjouée et détendue, qui avouait presque ne rien savoir des réseaux sociaux dès leurs premiers échanges. Son côté à l’aise et peu soucieux des conventions se ressentait dans sa tenue. Elle libérait une aura magnétique à travers ce sourire sincère et permanent qui captivait Alice contre sa volonté. Il y avait tellement longtemps qu’une femme ne lui avait pas fait cet effet-là. Elle avait presque oublié combien on pouvait se sentir stupide quand on scrutait les traits d’une inconnue au lieu de prêter attention à ses paroles. Elle secoua la tête pour se reprendre.
— Aucun souci. Ce que je te propose c’est déjà que tu me parles de ton entreprise et qu’on voit ce que tu attends et ce que tu recherches, expliqua la graphiste en remerciant d’un signe de la main le serveur qui apportait leurs boissons.
— Ça, c’est facile ! Alors, il y a quatre ans… Est-ce que tu regardes des séries télévisées ou des films avec des LGBTQ+, des fois ? demanda soudain Diane en changeant de sujet.
— Heu… Oui… avança son interlocutrice, pas certaine de savoir où elle voulait en venir.
— Parfait. Il y a quatre ans, j’étais accro à une histoire très sympa et l’héroïne lesbienne s’est faite assassinée de la pire des façons. Ça a rappelé à de nombreux téléspectateurs la mort de Tara, un autre personnage lesbien dans une série que je suivais ado. Quelque part, ça a résonné en moi d’une manière différente, plus profondément peut-être. Je me suis dit qu’il fallait que ces LGBTQ+ qu’on enterre parce qu’on ne sait pas quoi inventer comme trame narrative pour eux, disparaissent. Et je me suis demandé en quoi je pouvais changer ça, à mon petit niveau. J’ai toujours été une grande lectrice, et j’étais à une période de ma vie où je pensais à me réorienter complètement. Je me suis posé la question de ce que je pouvais faire et j’ai repris des études. J’ai appris ce qui était nécessaire pour construire un récit, mettre en page un roman et tous ces trucs un peu chiants qui ne t’intéressent pas vraiment. Et au final, j’ai créé une maison d’édition qui ne tue ni les lesbiennes ni les bisexuelles qui sont au cœur de ses histoires. C’est le principe fondateur. On a le droit d’assassiner les hommes blancs et hétéros, mais pas les LGBTQ+.
Alice resta bouche bée face à la force de ce monologue. Elle n’avait pas perçu la situation sous cet angle qui lui semblait très militant. À dire vrai, elle ne s’était jamais interrogée jusqu’à présent sur l’impact des personnages qui lui ressemblaient et qui étaient encore trop rare au cinéma, à la télévision et dans la littérature. Diane qui la captivait déjà la séduisit totalement. Des fois, c’était vraiment agréable de parler avec quelqu’un qui comprenait certaines problématiques de votre identité sans avoir à vous expliquer et vous justifier pendant des heures. Elle choisit de jouer l’honnêteté en répondant :
— Je crois que je n’avais jamais vu les choses comme ça. Et quelque part, je m’en veux un peu. Comme beaucoup de lesbiennes, je pense, j’ai lu ces livres où à la fin il y en a une qui meurt en se suicidant ou en étant victime d’un meurtre. Mais, je ne m’étais pas dit qu’on pouvait apporter un autre modèle pour les plus jeunes. C’est super ce que tu fais.
— Oui, enfin, c’est le concept de départ. C’est beaucoup de travail et je reste assez marginale. Je n’atteins pas le public que peuvent toucher certaines grandes maisons d’édition qui te publieront un bouquin avec un perso LGBTQ+ secondaire. On ne va pas se mentir non plus. Mais me voilà ! Avec mes presque 1 000 fans Facebook ! s’amusa Diane.
— Tu voudrais faire quelque chose pour l’occasion, c’est ça ? questionna Alice afin de cerner au mieux le besoin.
— Ah non ! Pas du tout ! J’attendais que mon frère me rassure en me disant que ce n’était pas important et que je pouvais continuer à faire ce que je sais bien faire, c’est-à-dire, éditer des livres. Mais ce crétin en a fait tout un fromage ! précisa Diane en haussant la voix avant de réaliser et de se radoucir. Et il m’a proposé ce rendez-vous avec une spécialiste des réseaux sociaux. Toi.
— Il ne t’a même pas expliqué ce que je faisais exactement comme travail, c’est ça ? soupira alors son interlocutrice.
— Non. J’avoue, toute la matinée, je me suis dit que j’allais appeler pour annuler parce que je n’ai pas prévu de budget communication. Ce qui est une erreur, on est d’accord. Mais… Enfin… C’est pas trop mon rayon… concéda Diane qui sembla subitement abattue face à la constatation.
— Pas de souci. Je comprends. Alors, je ne suis pas la spécialiste des réseaux sociaux dans l’entreprise. Ce sont mes collègues. Ils maîtrisent totalement et pourraient t’en citer dont tu n’as jamais entendu parler. Mon travail à moi, c’est le graphisme. J’échange avec les clients et je mets en place des visuels qui pourront apparaître sur les différentes plateformes pour soutenir le message à faire passer. Après, il faut créer tout le contenu, définir des axes pour chaque réseau…
Devant le regard écarquillé de la femme qui lui faisait face, Alice choisit de s’arrêter. Parfois, elle avait du mal à revenir sur terre et à s’adapter aux néophytes. Il lui arrivait d’oublier que la plupart des PME n’avaient aucune vision globale de ce que la communication digitale impliquait. Elle travaillait avec de trop gros groupes pour qu’une petite maison d’édition lesbienne prenne la mesure de ces différents aspects.
— Excuse-moi, je me suis un peu emballée, se défendit Alice.
— Ne t’excuse pas. Surtout pas. C’était impressionnant à écouter, reconnut Diane qui avait littéralement bu les paroles de la graphiste. Je réalise simplement que j’habite sur une autre planète. Une planète très lointaine de la tienne.
— On va faire plus évident. Qu’est-ce que tu vends ? interrogea la professionnelle.
— Des romans lesbiens, rétorqua Diane en fronçant les sourcils, pas certaine d’avoir juste à cette question qui lui semblait trop facile.
— Et tes romans lesbiens, ils s’engagent à quoi ? l’encouragea son interlocutrice.
— À ne pas tuer les lesbiennes ? plaida la sœur de Guillaume qui doutait de plus en plus.
— Donc, ils promettent de l’évasion, du rêve, le tout en sécurité. Peut-être que c’est ce que tu devrais proposer.
Il y eut une seconde de silence durant laquelle Diane observa la femme en face d’elle. Elle se retrouva captivée par son regard chocolat et ses cheveux bruns légèrement bouclés qui touchaient presque ses épaules. Sous ce sweat bleu nuit qui effaçait totalement ses formes, se dissimulait une personne intelligente et terriblement séduisante. Même si elle essayait visiblement de le cacher avec succès. Réalisant soudain que le blanc s’éternisait, Diane se reprit.
— Heu… Tu veux que j’offre un texte ? la sonda l’éditrice interdite.
— Pourquoi pas ? rétorqua Alice en s’accoudant à la table pour la détailler de ses yeux perçants.
— Parce que je suis à 999 fans ! Je vais jamais réussir à faire ça en si peu de temps !
— Déjà, ne poste rien à 1 000. Parce que si tu perds un « j’aime » ou deux, c’est la honte. Tu attends 1 001 ou 1 002, pour assurer les choses. Ensuite, ça n’a pas particulièrement besoin d’être long. Présente une jolie rencontre ou un truc agréable et léger, avança Alice avec douceur.
Diane enfouit son visage dans ses mains alors que les rouages de son cerveau se mettaient en marche. L’idée était sympathique. Le cadeau serait idéal, parfaitement en lien avec son travail et son sujet. L’histoire d’un coup de foudre entre deux femmes. Les premiers échanges, ceux qui paraissent anodins sans l’être vraiment. Et pourquoi ne pas justement utiliser cette situation ? Les deux héroïnes pourraient se rencontrer précisément à cause de ces 1 000 « j’aime ». Comme elles étaient en train de le faire. Si elle passait la nuit et une partie du mardi sur cette mini histoire, elle pourrait peut-être arriver à un résultat acceptable.
L’éditrice releva alors ses yeux clairs vers Alice et, dans un sourire sincère, s’enthousiasma :
— J’adore l’idée. Je viens de penser à quelque chose qui pourrait fonctionner.
— Super ! Tu sais quoi, je te propose qu’on travaille ensemble chez moi ce soir. Si tu as le temps, tu affines ton projet cet aprèm et ensuite, je te ferai un dessin qui corresponde à ton concept. D’accord ?
— Heu, oui. Entendu. Tu es sûre chez toi ? demanda Diane qui ne s’était pas attendue à une telle offre.
— Oui, j’ai tout mon matériel et notamment, ma tablette graphique. Ce sera plus facile pour moi de bosser.
— OK… commença Diane qui fut subitement interrompue par son frère.
— Je vous rejoins enfin ! Vous ne devinerez jamais le rendez-vous horrible que je viens d’avoir ! Attendez que je vous raconte ça ! s’exclama-t-il en s’asseyant sur la seule chaise de libre. Je vois en tout cas que vous vous êtes trouvées. Alors, vous avez pu avancer sur le sujet ? Vous avez quelque chose ? questionna-t-il en les observant tour à tour.
— Oui, confirmèrent-elles d’une même voix.
Elles rougirent légèrement en découvrant qu’elles avaient répondu ensemble. Mal à l’aise, Alice reformula.
— On tient quelque chose.
— Bon, on commande. Je commence à avoir faim, moi ! protesta Diane qui plongea la tête dans la carte pour éviter le regard scrutateur de son frère.
Quand son visage eut retrouvé sa teinte habituelle, elle releva les yeux et demanda à son aîné de lui parler de sa réunion. Ce dernier accepta bien volontiers et mentionna ses difficultés. Ils commandèrent bientôt et la discussion évolua différemment, Guillaume était profondément bavard. Lorsque les deux jeunes femmes lui présentèrent leur projet, il salua leur efficacité et affirma qu’elles partaient dans la bonne direction.
Contrairement à ce que Diane et Alice avaient fait jusqu’à présent, il mit les pieds dans le plat de la rémunération. Gênée, la graphiste bégaya et il choisit donc de résoudre le souci pour elles deux. Il calcula trois heures et appliqua le taux horaire de celle-ci dans son entreprise. Alice allait lui expliquer qu’elle chargeait beaucoup moins sur son travail indépendant, mais il avait déjà fait la multiplication sur son téléphone. Le chiffre qu’il avança mit les deux femmes mal à l’aise. Alice toussa, incapable de proposer un tel prix. La seconde ferma les yeux en se demandant où elle pourrait récupérer le budget.
Mais alors que le silence s’installait, Guillaume les rassura avec une gentillesse et une facilité déconcertante. Il se tourna vers sa petite sœur et lui offrit de payer pour en faire son cadeau d’anniversaire. La surprise se peignit sur les traits de Diane qui resta sans voix. Il s’amusa du soudain blanc et lui fit remarquer que ça éviterait le bibelot inutile et moche. Elle acquiesça bien volontiers ce qui convint parfaitement à tout le monde.
Alors qu’ils allaient se séparer après avoir mangé, Guillaume étonna encore les deux jeunes femmes. Réalisant que sa sœur avait son ordinateur portable avec elle, il lui proposa avec son naturel désarmant de travailler dans leur salle de réunion. Personne ne devait s’en servir ce qui lui permettrait d’économiser du temps de transport. Diane accepta avec un véritable plaisir et Alice confirma qu’elles pourraient quitter le bureau plus facilement ensemble.
***
Alice avait vécu l’un des après-midis les moins productifs de sa vie. Elle ne se comprenait pas et ses réactions la laissaient stupéfaite. Savoir la sœur de Guillaume avec laquelle elle était censée finir la soirée si proche avait nui à sa concentration. Tellement nui à sa concentration qu’elle avait passé plus de temps à lever la tête pour l’apercevoir à travers les parois vitrées de la salle de réunion qu’à dessiner. D’accord, cette femme était belle, c’était une évidence, mais cela n’expliquait pas tout. Pourquoi était-elle soudain si intriguée, si fascinée ? Son attitude dépassait l’entendement et l’intéressait au plus haut point. Était-elle vraiment en train de craquer sur la petite sœur de son patron ?
De son côté, Diane s’était lancée dans l’écriture de ce cadeau. L’idée l’avait immédiatement charmée. Plus elle avançait dans la rédaction de cette surprise et plus l’une des héroïnes prenait les traits d’Alice. La constatation la frappa brusquement quant au bout de trois pages, elle réalisa qu’elle tentait de décrire le sourire séduisant et joueur de la jeune femme. Qu’était-elle en train de faire ? Elle dépassait les bornes, non ? En même temps, Guillaume et Alice avaient reconnu qu’utiliser cette histoire de 1 000 « j’aime » dans sa petite nouvelle était un bon concept. Elle se contentait de mettre leurs conseils en pratique, après tout. Sauf que l’envie de découvrir Alice chez elle lui plaisait un poil trop pour que ce soit sans arrière-pensée. Projetant frustration et besoin, Diane laissa libre cours à son imagination jusqu’à ce que ses personnages s’embrassent à leur premier rendez-vous. C’était du grand n’importe quoi ! Elle effaça ce morceau et s’obligea à plus d’application.
Quelques heures plus tard, Alice frappa à la vitre de la salle de réunion et proposa à Diane de quitter le bureau. Elles descendirent côte à côte dans un étrange silence, un peu trop pesant. Chacune réfléchissait à un sujet de conversation, mais c’était comme si leurs pensées récentes paralysaient subitement leur capacité à parler. Une fois dans le tram, elles s’installèrent debout, contre les portes. Leurs cerveaux continuaient à tourner, sans parvenir à identifier quoi dire. Soudain, à un arrêt, elles observèrent un petit garçon de quatre ou cinq ans vêtu d’une robe d’Elsa [2] entrer. Les quelques neurones d’Alice encore en activité se mirent enfin à fonctionner ensemble :
— Tu préfères Mulan ou la Reine des Neiges ? demanda-t-elle en faisant référence au t-shirt de l’éditrice.
— Tu vas vraiment m’attaquer sur ce sujet ? Tu veux que je disserte sur le féminisme et la queerattitude présents dans Mulan ? Parce que je peux le faire, s’amusa Diane, un sourire retrouvé face à cette question.
— Oui, mais quand même, Elsa, c’est le niveau au-dessus. Elle n’a pas eu besoin de prince… débuta Alice avant d’être interrompue.
— Mulan a sauvé la Chine ! Tu ne peux pas rivaliser. Elsa n’a causé que des problèmes liés à la non-acceptation de qui elle est vraiment.
— Peut-on dire qu’Elsa est lesbienne ? la taquina Alice qui avait comme une idée de la réponse qui l’attendait.
— Totalement ! Let It Go est la chanson du coming out par excellence. Et lorsqu’elle se relooke pour elle-même et pas pour un homme, c’est la grande classe. Ce déhanché, c’est comme si elle acceptait enfin ses pouvoirs, sa féminité, qui elle est vraiment. Je pense que ça résonne chez n’importe quel LGBTQ+. Mais sans Mulan, on n’aurait jamais eu Elsa. Les héroïnes ont évolué au fil des ans et quand j’étais ado, je me suis identifiée à Mulan.
La conversation se fit plus légère durant tout le trajet. Le poids qui pesait sur leurs épaules depuis qu’elles s’étaient retrouvées semblait avoir disparu. Leurs peurs et leurs résistances avec. Les échanges leur paraissaient faciles, comme si elles se connaissaient depuis toujours. Un sentiment agréable de sécurité, de familiarité était en train de naître entre elles.
Arrivées chez Alice, la soirée se déroula sous les meilleurs auspices. Elles tombèrent d’accord pour commander des plats indiens, apprenant toutes les deux qu’elles n’aimaient pas les sushis à cause du poisson cru. Sans en avoir conscience, elles s’amusaient déjà de leurs goûts communs, ridiculisant certaines spécialités qu’elles détestaient. L’ambiance était légère, agréable. Tout semblait couler de source.
Tout en grignotant, Diane notait des idées pour poursuivre l’écriture de son histoire. Il lui était impossible de se focaliser dessus depuis qu’elle était entrée dans l’appartement fouillis d’Alice. Elle engrangeait chaque information nouvelle comme si sa vie en dépendait et son cerveau était incapable de se concentrer sur autre chose que la jeune femme. La propriétaire des lieux s’était excusée un nombre incalculable de fois sur le bazar qu’elle avait laissé, faisant un tas de ses vêtements qu’elle avait jetés dans sa chambre.
Mais Diane se moquait de tout cela. Elle était à l’aise, elle passait un moment fantastique et le reste importait peu. Le temps tourna à une vitesse folle et à minuit, alors que les premiers bâillements commençaient sérieusement à dater, les deux jeunes femmes acceptèrent enfin de se séparer. Alice n’avait pas dessiné grand-chose, simplement les lignes directrices de l’image qu’elle comptait envoyer à Diane le lendemain.
Alors que l’éditrice se trouvait sur le palier de l’appartement, elle hésita sur la conduite à tenir. Plus téméraire qu’Alice, elle opta pour deux bises légères avant de la remercier une nouvelle fois. Elle s’attarda sur la peau douce, son cœur ratant un battement. Elle avait été partagée toute la soirée entre l’envie de la toucher et la peur d’envahir son espace. Et là, tandis qu’elles respiraient le même air, elle songea qu’elle avait peut-être laissé passer sa chance.
Finalement, Diane s’éloigna avec le désagréable sentiment que sa poitrine était en train de se déchirer. Pourquoi lui était-il si difficile de se séparer d’une femme qu’elle venait à peine de rencontrer ? Alors qu’elle se dirigeait vers le tram, le besoin de revoir Alice s’imposa à elle. Il fallait qu’elle trouve une raison, une excuse, n’importe quoi. Assise dans le noir en attendant les transports en commun, elle regarda les réseaux sociaux de son entreprise. Était-elle prête à passer un nouveau palier primordial justifiant qu’elles se retrouvent ? Le compte Twitter n’était qu’à 672 abonnés tandis qu’Instagram ne dépassait pas les 283.
Désespérée d’avance à l’idée de devoir inventer un motif de retrouvailles inconnu, Alice se frappa le front et poussa un soupir peiné…
À suivre
[2] Héroïne du dessin animé la Reines des Neiges produit par Walt Disney Animation Studios
Ca cest une méga super idée !!
Génial !
Et merci pour le poisson cru ; Je me sens moins seule 😀
Mdr ! Merci Cyanne d’être dans mon équipe !!!
J’avoue, je ne suis définitivement pas fan du poisson cru 😉
Oh super sympathique ce début d’histoire…mais que pouvons nous faire pour avoir la suite.
La suite arrivera au prochain palier important que nous passerons sur les réseaux sociaux.
Donc, pour être honnête, le meilleur moyen pour que cela arrive plus vite est de parler de la maison d’édition avec vos ami.e.s, sur des sites que vous fréquentez, sur des forums, etc…
L’objectif est quand même de les faire se retrouver rapidement !!!
Merci infiniment pour ce petit cadeau.
J’ai éclaté de rire, mais vraiment éclaté de rire pour le tee-shirt Mulan, j’en ai fait sursauter le chat.
C’est très rafraîchissant comme histoire, ça détend, et ça m’a fait du bien, me vidant la tête, et je vous en suis reconnaissante pour ça.
Je ne sais pas si c’est un récit tiré du vécu, mais ça m’a fait sourire la petite histoire pour la création de la maison d’édition, parce que c’est tellement vrai, mais tellement vrai. Un jour j’espère qu’un personnage fictif lesbien se fera un nom, pour servir d’exemple aux autres sans que ça ne soit récrié par la critique, qu’être gay ne soit plus une étiquette négative au regard des autres, que ça soit juste une particularité comme la couleur des cheveux ou des yeux.
En attendant on va continuer de rêver à travers de ces belles histoires qui appartiennent à nous toutes.
Tu sais que ce t-shirt existe vraiment !!! Je l’ai vu sur un homme lors d’une photo prise en soirée et j’ai été choquée d’apprendre qu’il existait ce type de t-shirt, que je n’étais même pas au courant et surtout que je ne le possédais pas ! Il me fallait donc absolument créer une héroïne suffisamment à l’aise et décalée pour qu’elle possède ce type d’accessoire dans sa garde-robe. C’était totalement indispensable !
Diane est donc devenue mon icône t-shirts dessins animés. Lors de sa prochaine rencontre avec Alice soit elle portera un t-shirt « Let It Go » soit un t-shirt avec les méchants de Walt Disney dont on a pris le portrait avant de les emprisonner. J’hésite encore 😉
Et pour info, ses motivations pour créer sa maison d’édition ressemblent énormément à nos propres motivations et aux discussions qui ont précédé la création de R2C 🙂
Non mais je rêve, je l’ai trouvé sur Amazon le tee-shirt, et le pire c’est qu’il est vraiment pas mal xD
Pour le coup ça me fait trop penser aux tee-shirt que les princesse portent dans le film d’animation Ralph 2, avec le « Just Let It Go » d’Elsa
J’adore ces échanges Jillian !!! Parce que les princesses Disney dans « Ralph 2 » reste le plus beau moment de ce dessin animé.
Et puis aussi le coup de coeur de Vanellope pour une femme sexy qui est une super pilote et adore son job…
IL faut que je place ce film dans la suite de le second chapitre de cette histoire ! 😉
Oui !! La scène des princesses est tellement fun ! Voir les princesses sous un autre jour.
Sans compter Shank, qu’est-ce que j’aime ce personnage ! La course poursuite est juste parfaite avec Vanellope.
Ce film est génial, il montre tout d’un œil différent, jusqu’au lapin à la fin avec la petite fille xD
En tout cas j’ai hâte de lire la suite pour le coup, ça annonce du bon ^^
Super idée, merci vivement la suite ?
J’ai bien aimé le début d’histoire . J’arrive un peu tard malheureusement
Yaura -t-il une suite ?
Bonjour Anyssia,
Le chapitre 2 de cette histoire est disponible ici : https://www.reinesdecoeur.com/histoire-saphique-gratuite-suite-dans-le-1000/