Romance FxF gratuite, Alice Turner se livre sur son histoire

Alice Turner

Comment est née l’idée de cette romance FxF gratuite ?

La naissance de cette nouvelle est assez particulière. Elle m’a en fait été inspirée en grande partie par mes collègues autrices…

J’ai trouvé très intéressant le concept de huis clos dans 6h22 place 108 de Clémence Albérie. Au début de ce livre, on découvre les héroïnes uniquement à travers leurs trajets en train et donc via une seule facette de leur personnalité.

Ensuite, j’ai adoré découvrir la plume de Lena Clarke dans Piégées en mer. Elle manie avec brio la narration à la première personne pour nous transmettre des émotions et aussi pour nous faire rire.

J’ai beaucoup aimé Bleu émeraude de Emily Everson. La narration parallèle à la première personne des deux personnages nous permet de relier les sentiments qu’elles partagent à l’insu l’une de l’autre et du lecteur.

Et enfin, j’ai eu un coup de cœur énorme pour la nouvelle Kiss – De l’Autre Côté de Romane F. Boulier. J’ai tout apprécié dans ce récit, le style, les personnages, l’histoire… Mais j’ai surtout été bluffée par la manière dont l’autrice réussit à nous raconter une magnifique histoire d’amour entre deux femmes qui n’ont pas de réelles interactions entre elles. J’ai trouvé ça super fort !

Les concepts de ces quatre histoires ne sont pas inédits dans la littérature. Mais c’est en les lisant chez Reines de Cœur, que je me suis dit « J’ai aussi envie d’essayer ! Et à la sauce « Alice ». Cependant, je n’arrivais pas à trouver un projet qui me plaisait. Pour le huis clos, j’avais débuté un récit de deux collègues en covoiturage. Cela n’a pas marché et j’ai vite arrêté. J’avais ensuite tenté la narration à la première personne pour ma nouvelle Chaud et Froid, ça n’a pas fonctionné non plus.

Et puis un jour, je traîne sur internet et je tombe sur « The Lift », une publicité pour chaussures. Ce court-métrage raconte comment un homme et une femme se croisent dans un ascenseur sans jamais oser faire le premier. Et là, ça a été le déclic.

Je me suis dit, je veux et je vais raconter la rencontre de deux femmes trop timides pour se parler dans un ascenseur. En plus, cela me permettra de combiner tous les concepts que j’ai toujours voulu tester. C’est-à-dire, le huis clos, la narration à la première personne alternée et une histoire sans interaction entre les personnages.

Tu as écrit cette romance FxF gratuite à la première personne. Est-ce que cela change beaucoup les choses par rapport à tes habitudes ?

Ça change beaucoup, en effet, étant donné que je n’avais jamais rien écrit à la première personne auparavant.

En tout cas, explorer une autre facette de l’humour et des sentiments avec les pensées intérieures (et parfois loufoques) de mes personnages m’a beaucoup amusée. Car cela m’a permis d’être beaucoup plus « libre » dans l’écriture. Les héroïnes peuvent dire tout et n’importe quoi, et dans n’importe quel style ! Ce qui n’est pas toujours possible dans la narration omnisciente. Donc étonnement, j’ai trouvé ce défi assez « aisé ».

Après, le format en huis clos et les points de vue alternés de L’amour dans tous ses étages m’ont facilité la tâche… Ce scénario se prêtait parfaitement à l’exercice. Je ne pense pas que ce type d’écriture sera toujours possible dans mes futures histoires « plus complexes », mais j’aimerais bien retenter !

L’ascenseur, c’est quand même plus petit qu’un train en termes de huit clos, non ? Tu n’as pas eu trop peur qu’elles se marchent sur les pieds ?

Pas vraiment, car dans un ascenseur, en général, vous restez immobile et ne faites rien d’autre qu’attendre. Au contraire, dans un train ou dans un bus par exemple, il y a plus de temps et donc davantage de distractions comme le paysage, votre smartphone, votre livre etc… Vous ne pouvez pas faire tout ça dans un ascenseur. C’est donc vraiment un endroit où vous êtes seul face à vous-même avec vos pensées. Ou face à une autre personne…

Pour tout vous dire, ce qui m’a le plus tracassée n’était pas l’espace, mais le temps ! Je me demandais surtout si les héroïnes auraient le temps d’imaginer dans leur tête tout un tas de choses durant la montée de l’ascenseur. Au final, j’ai choisi le 23e et 32e étage en me disant que c’était assez haut et donc assez long pour raconter mon histoire. Pour celles et ceux qui ont lu Quand Camille rencontre Oli, ils remarqueront peut-être que ces deux nombres ne sont pas choisis au hasard…

Pourquoi avoir choisi le format gratuit ?

Comme je l’ai expliqué précédemment, L’amour dans tous ses étages est la réunion de plusieurs choses que j’ai toujours voulu essayer sans jamais oser ou réussir. C’était donc avant tout un défi et un plaisir personnel. Quand j’ai eu le déclic pour cette histoire, j’ai quasiment tout rédigé en une seule journée. « Quasi », car entre-temps, il y a eu évidemment plusieurs relectures, réécritures et mois. [rires]

Au final, cette nouvelle je la considère vraiment comme un cadeau et une chance pour moi. Je n’aurais donc pas imaginé une seule seconde qu’elle ne soit pas offerte gratuitement. Après, je dois l’avouer, le fait qu’elle sorte comme cadeau de Saint-Valentin pour tou.te.s est un hasard du calendrier ! [rires]

Tu t’es rajouté un petit défi personnel lors de l’écriture, non ? Tu peux nous dire quelques mots dessus ?

En effet, le gros challenge de cette nouvelle est qu’il n’y a aucun dialogue !

Dans mes précédentes nouvelles et mon roman Quand Camille rencontre Oli, il est facile de remarquer que les répliques fusent entre mes personnages. Mes héroïnes ont une bonne répartie et un humour bien piquant. L’absence de dialogue était donc un vrai défi personnel d’autant que c’est ce que je préfère écrire.

Pourtant, je dois avouer que cette difficulté ne m’a pas tant effrayé que ça. Avec le recul, je réalise que ce challenge a boosté ma créativité. Si j’avais dû rédiger la même nouvelle sans la contrainte d’avoir zéro réplique, je n’aurais tout simplement pas eu la motivation nécessaire pour l’écrire et la terminer.

D’ailleurs, Quand Camille Rencontre Oli a reçu un très bel accueil du public l’année dernière. Tu es fière du succès de ton premier roman ?

« Fière », je l’étais déjà le jour où le roman est sorti. Car il est exactement comme je l’avais imaginé. Donc si mon roman n’avait pas plu, j’en aurais toujours été très heureuse.

Mais évidemment, lire le retour positif des lecteurs et lectrices sur les réseaux ou dans les commentaires est une grande satisfaction et une fierté supplémentaire, je le reconnais ! Je suis toujours touchée de constater que mon premier roman a pu faire rire ou émouvoir (voire effrayer) d’autres personnes à travers le monde. Des personnes que je ne connais pas et qui ont ma création dans leur bibliothèque ou dans leur liseuse… Je trouve ça extraordinaire !

Donc merci encore à tou.te.s celles et ceux qui me lisent et qui prennent la peine de donner leurs avis. Positifs ou négatifs, je prends tout !

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