Un Risque à Prendre : Extrait du roman lesbien de Marie Parson

un risque à prendre extrait du roman lesbien

La prochaine publication de Reines de Coeur sortira le 31 Mai prochain

Nous vous en avons parlé la semaine dernière. Le prochain titre publié aux éditions Reines de Coeur est une romance. Une romance signée Marie Parson. De quoi satisfaire les plus romantiques d’entre vous.

Le titre sortira mardi 31 mai et, en attendant, surprise !

Voici un petit extrait pour vous donner l’eau à la bouche. Allez, c’est parti ! En avant la lecture !

Un Risque à Prendre Extrait du Roman Lesbien de Marie Parson !

— Non. Non ! Tu m’as bien regardée ? C’est hors de question ! Je refuse de perdre ma journée en formation de premiers secours ! Je suis médecin réanimateur ! C’est mon job de sauver des gens ! Je ne vais pas me taper une…

— Tu n’as pas le choix, Angie. Le boss a dit d’inscrire tout le monde. Tout… le… monde, répéta Elizabeth en martelant les mots.

— Mais… non ! Et les autres ?

— Ils se sont arrangés pour repousser au maximum et prendre les dernières sessions en espérant que le patron changera d’avis d’ici là. De mon point de vue, c’est reculer pour mieux sauter. Enfin…

— Je vais être toute seule, en plus ?

— Comme tu n’as pas répondu à mon message, j’ai gardé l’organisation de base. Il n’y aura donc que toi, oui.

Un soupir exaspéré échappa à Angelica. Cette idée était une vaste plaisanterie. Elle allait revenir à elle, ce n’était pas possible. Dans la multitude de mails qu’elle recevait chaque jour, elle avait ignoré le mauvais. Seulement, pour sa défense, elle avait réellement cru à une blague, la demande du patron avait tout d’un poisson d’avril.

— Dis-moi que ce n’est pas vrai. Je vais me réveiller, n’est-ce pas ? Parce que ce cauchemar est limite pire que celui où je viens travailler toute nue.

Malgré le sérieux qu’elle tentait d’afficher, Elizabeth ne put se réfréner et partit dans un énorme éclat de rire. La hanche négligemment appuyée contre le bureau de la secrétaire, les bras croisés devant sa poitrine, Angelica prit son regard le plus suppliant. Tout ayant échoué, elle n’avait plus le choix.

— S’il te plaît, implora-t-elle du bout des lèvres.

— Je ne peux rien pour toi ! D’ailleurs, tu es déjà en retard. Tu veux un double de ta convocation ? Tu ne sais même pas dans quel bâtiment a lieu la formation, j’en suis sûre !

Sans attendre de réponse, la quinquagénaire repoussa ses larges lunettes à monture rouge sur son nez et s’empara de sa souris. Dépitée, Angelica écouta les quelques clics signes de l’activité manifeste d’Elizabeth avant de percevoir le bruit de décollage de l’imprimante en fonction. Pas de chance, elle a trouvé ! déplora-t-elle intérieurement.

— Récupère la feuille et pars ! Tu es vraiment en retard. En plus de ne connaître personne, tu vas t’afficher devant tous les présents.

Angelica reconnaissait quand elle était vaincue. Là, c’était le cas. Accepter la défaite lui semblait inconcevable et pourtant elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait pas s’en prendre au messager et Elizabeth n’était rien de plus. Traînant des pieds, elle se mit en marche, récupéra la convocation au passage et quitta le bureau puis le service de réanimation. Et ce fichu pavillon qui est à l’autre bout de l’hôpital ! C’est bien pour les administratifs, ces sessions ! Je vais perdre au moins dix minutes à aller là-bas !

De mauvaise humeur, Angelica froissa la feuille A4 et la glissa dans la poche de sa blouse blanche. Augmentant la cadence, elle saisit la longue ceinture en coton et la noua afin de rabattre les pans sur sa tunique bleue. Traverser les sous-sols avait des avantages comme la rapidité, mais aussi des inconvénients tel le froid. Et il était hors de question qu’elle tombe malade alors que le printemps avait débuté la veille. Elle avait survécu à l’hiver, elle n’allait pas craquer maintenant.

Évidemment, elle arriva quinze minutes trop tard. Évidemment. Et pour couronner le tout, elle se trompa d’étage. Quand elle frappa à la porte en retenant son souffle, elle eut l’impression étrange d’être une mauvaise élève sur le point d’être réprimandée par son professeur. Une réalité inconcevable pour elle depuis l’enfance. Elle refusait de sortir du rang, de se faire remarquer et de décevoir. Elle n’avait jamais pu dissocier ponctualité de respect dans son socle de valeurs et essaya de chasser son sentiment de culpabilité.

Tu es médecin, bon sang ! Tu n’as plus dix ans. Aujourd’hui, c’est toi qui donnes les ordres ! songea-t-elle dans le but de se réconforter, sans grand succès. Elle poussa le battant et lança à l’assemblée qui la dévisagea :

— Bonjour à tous. Excusez-moi, j’ai eu du mal à m’échapper du service. Docteure Angelica Avellana.

Elle allait ajouter qu’elle était réanimatrice, mais se rattrapa au dernier moment. Une rapide observation de l’assistance lui apprit deux points primordiaux : tout le monde était habillé en civil sauf elle et elle savait à qui appartenait ce T-shirt rouge avec son fameux éclair jaune au centre. Sans pouvoir l’endiguer, un immense sourire naquit sur son visage et le poids du désespoir qui pesait jusqu’à présent sur ses épaules s’évanouit.

— Une seconde retardataire. Installez-vous auprès de la première, madame Callen, maugréa le formateur en faisant un vague signe de la main en direction d’Eve.

— Cullen, ne put s’empêcher de le corriger Angelica avant de s’avancer.

Son regard se perdit dans les prunelles bleu saphir afin de ne pas s’attarder sur les bras musclés. À nouveau, cette étrange sensation d’avoir retrouvé une personne qu’elle avait toujours connue et oubliée l’envahit. Sans se soucier de la réaction de l’instructeur, Angelica progressa en direction d’Eve puis s’assit en tailleur à côté d’elle.

— Bonjour, chuchota Eve en se penchant doucement. Je suis heureuse de vous revoir…

— Chut ! s’emporta le responsable, les bras croisés sur son torse, ses sourcils broussailleux froncés. Je reprends encore une fois, merci d’être un peu attentive !

— Ça, c’était pour nous, confirma Eve avec un adorable clin d’œil à l’adresse de la réanimatrice. J’ai moi aussi eu du mal à trouver la salle.

Angelica ne voulait pas avoir l’air d’être une mauvaise élève, pourtant elle ne comptait absolument pas être assidue de toute la journée. Déjà, parce qu’elle était médecin et que son travail consistait à soigner, ensuite parce qu’elle était à côté d’une femme qui l’intriguait au plus haut point. Après tout, elle n’avait jamais rencontré une adulte qui portait des T-shirts de superhéros dans un hôpital. Un hôpital ! Lieu où les femmes ne devaient pas sortir du cadre, rester professionnelles, mais quand même attirer les regards masculins avec leurs vêtements plaisants et à la mode. Enfin c’était ainsi qu’Angelica voyait cet endroit. Il lui offrait une liberté intellectuelle et, en contrepartie, elle suivait les règles strictes éditées par les hommes depuis des centaines d’années.

Seulement, Eve ne se fondait pas dans le décor. Elle était trop elle-même, trop indépendante. Son attitude laissait supposer qu’elle se moquait complètement du jugement d’autrui. Cette confiance ou ce courage, Angelica n’arrivait pas encore à le définir clairement, l’attirait. Après tout, comment ne pas remarquer cette évidence si visible ? Et au-delà, comment en rester éloignée ? La désinvolture dont Eve faisait preuve était surprenante, attirante et peut-être aussi un peu dangereuse. Parce qu’être fascinée par une parfaite inconnue ne rentrait pas dans la vie organisée et prévisible d’Angelica.

L’instructeur reprit la parole, tirant Angelica de ses pensées. Elle ne l’aimait pas, il s’écoutait parler en racontant comment un terrible accident de la route avait eu lieu sous ses yeux, des années auparavant, lui donnant le goût et l’envie d’apprendre les gestes de premier secours.

Ainsi, la médecin se rapprocha d’Eve avec subtilité, espérant ne pas trop s’afficher. Une odeur ténue lui chatouilla les narines. Curieuse, elle essaya de l’identifier. Elle discernait, elle savait, mais le nom du fruit, de la fleur ou de l’épice lui échappait. C’était frais, délicat, surprenant. Elle l’avait sur le bout de la langue. Ennuyée, elle décida d’associer cette senteur à Eve. Pas besoin de maîtriser la marque du parfum quand on pouvait se contenter de forcer son esprit à ce type de lien. Tout en fixant le formateur, Angelica demanda doucement.

— Vous êtes venue ici de votre plein gré ?

***

Eve gloussa face à l’étrange demande. Dans un réflexe protecteur, elle posa les mains sur sa bouche afin d’effacer son immense sourire. Son père lui avait assez répété que quand elle souriait, tout son visage participait, de ses yeux plissés à ses dents trop visibles. Et il était clairement hors de question d’être à nouveau le centre de l’attention, une fois était largement suffisante. Tout ça pour cinq minutes de retard. Pourtant, incapable de se réfréner, elle pencha la tête et se retrouva à quelques centimètres de l’oreille de sa voisine, au point de capter l’odeur de lilas de son parfum.

— Oui. Je ne connais rien et j’ai envie d’apprendre.

— Ah… soupira Angelica. D’accord.

Jusqu’à présent focalisée sur l’instructeur, la médecin tourna son regard chocolat vers elle. Captivée, Eve décela un étrange voile de tristesse qui lui arracha un pincement au cœur. Le besoin de le voir disparaître la saisit. Qu’est-ce que j’ai dit ? Je l’ai blessée ?

— Je vais vous laisser suivre, alors. Promis, je ne vous déconcentrerai pas.

Surprise et intriguée, Eve la scruta tandis qu’elle jouait avec la ceinture blanche autour de sa taille. Comme si elle s’ennuyait profondément, Angelica se mit à rouler le tissu sur lui-même et constitua un petit boudin. Puis elle le déroula, recommença. Focalisée sur les doigts fins aux ongles courts, Eve se détacha de la formation et du discours de leur professeur d’un jour. L’évidence s’imposa à elle, cette femme désirait être n’importe où sauf ici. Amusée, prête à éclater de rire, Eve ne put endiguer sa remarque moqueuse.

— Par contre, vous, vous n’avez pas choisi d’être là, hein ?

— J’ai été piégée ! concéda Angelica après avoir relevé le visage pour l’observer.

— Tiens donc, je suis sûre qu’il y a une histoire très intéressante là-dessous, je me trompe ?

— Bof, j’ai mal défini l’importance d’un mail de service contrairement à mes collègues. On m’a eue, quoi.

La docteure Avellana lui plaisait définitivement. Elle avait de l’autodérision, du respect en plus d’être séduisante et charmante. Cet ensemble la rendait, en conséquence, très dangereuse. Eve se mit en garde, elle ne devait pas trop se rapprocher. L’idée était mauvaise. Souviens-toi combien tu as souffert, la dernière fois. Malheureusement, elle négligea les fondements logiques consistant à rester éloignée de cette femme lorsque celle-ci murmura :

— Vous aimez vraiment ce T-shirt de Flash, non ? Le rouge est votre couleur préférée ?

— Comment avez-vous deviné ?

Eve nota qu’Angelica contenait un rictus et elle se jura de réussir à la faire craquer avant la fin de la journée. Elle lui arracherait un véritable sourire et un éclat de rire, car elle ne pouvait pas se contenter de si peu. La perspective accéléra les battements de son cœur, mais elle entreprit d’ignorer la sensation. Parce que cette femme ne l’intéressait pas. Les règles qu’elle avait créées existaient pour une bonne raison. Ne pas mélanger vie professionnelle et vie privée lui avait toujours réussi et elle n’avait pas l’intention d’oublier cette maxime.

La matinée fila à une allure soutenue. Eve s’ingéniait à retenir le principal, tout en conversant avec sa voisine. D’un côté, elle tentait de se rappeler à l’ordre, elle avait demandé cette formation pour apprendre à affronter les urgences en attendant les secours. De l’autre, la docteure Angelica Avellana titillait son esprit et sa curiosité, bien plus que n’importe quelle leçon. Elle avait l’air de réellement affectionner leurs échanges et ne faisait pas semblant pour passer le temps. Eve avait l’habitude des interlocuteurs qui se moquaient ou la méprisaient à cause de ses tenues. Pas Angelica. Cette femme était parvenue à deviner sa couleur préférée, au-delà du logo de superhéros floqué sur le vêtement. Soit c’était un coup de chance, soit elle était talentueuse.

Et puis le fonctionnement de cette femme l’intriguait. Angelica exerçait un métier complexe qui l’obligeait à prendre des décisions difficiles et prouvait toutes ses connaissances et capacités. Elle ne semblait pas douter de ses compétences et, en même temps, démontrait un besoin de ne pas attirer l’attention sur elle qui était surprenant. Où était le fameux égo démesuré qu’Eve avait rencontré chez d’autres professionnels ? Angelica en était-elle exempte ou le cachait-elle sous des couches de bonnes manières ?

Au moment de la pause repas, Eve et Angelica partirent naturellement côte à côte et, arrivées au self, s’installèrent à la même table.

— Si on se tutoyait, ce serait plus sympathique, lança Angelica en s’emparant de sa fourchette, le regard fixé sur ses haricots verts.

— Avec plaisir ! rétorqua Eve qui attrapa une frite entre ses doigts et la plongea dans son mélange ketchup-mayonnaise.

Rappel de la couverture d’Un Risque à Prendre Extrait du Roman Lesbien de Marie Parson

Pour celles et ceux qui l’ont ratée, voici la couverture du roman dévoilée la semaine dernière. Hé oui, Angelica sait ce qu’elle veut et ne se laissera pas avoir aussi facilement… Sauf par Eve, bien sûr !

Que dites-vous d’Un Risque à Prendre Extrait du Roman Lesbien de Marie Parson ?

Nous espérons vous avoir intrigué et donné envie de découvrir ces deux femmes fortes et captivantes. Parce que ce livre est une romance hospitalière comme nous les adorons chez Reines de Coeur. Et si vous ne connaissez pas le travail précédent de Marie Parson, voici un récapitulatif de ces précédentes œuvres.

A la semaine prochaine !

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