16 décembre 2024 (Véronique Bréger)

Calendrier de l'avent - Véronique Bréger

Complot

Reine, tracassée et bloquée sur les dernières paroles échangées avec Christy, ne fut plus en mesure de se concentrer sur la moindre traduction. Elle marmonna une excuse à l’adresse de sa mentore : elle était crevée et plus rien ne fonctionnait dans son cerveau. Lâche et pitoyable, mais elle n’avait aucune alternative en stock. Elle se retrouvait paumée. Malheureusement, impossible de l’avouer. Christy était trop impliquée. Elle l’avait admis, elle manquait d’objectivité.

Reine avait désespérément besoin de parler avec une personne disposant d’un minimum de recul. Ma mère. En y réfléchissant bien, Carol n’était pas ipso facto la mieux placée. C’est une elfe pur jus. Elle connaît forcément l’histoire de Christy et Merry. Reine regagna le chalet qu’elles partageaient. Sombre et froid. Comme chaque soir… L’apprentie mère Noël percuta. Depuis combien de jours je ne l’ai pas vue ? C’était quoi, déjà, cette histoire de colis bloqué à la douane elfique ?

***

Des lambeaux de brume maritime, vestiges de la nuit, s’accrochaient aux contreforts des West Cliffs1 avant de s’effilocher et de se volatiliser. Carol, mains en pause sur la balustrade et paupières closes, humait l’air chargé en iode et en fragrances florales. Les odeurs constituaient habituellement un émerveillement des sens. L’elfe soupira. Les bienfaits attendus n’étaient plus au rendez-vous. La Californie, et plus particulièrement Santa Cruz, avait été l’un de ses paradis sur cette terre. Elle en avait conscience, il s’agissait désormais d’un passé révolu. Plus rien n’avait ni saveur ni attrait. Tu n’es plus là, songea-t-elle dans une douloureuse réminiscence. Cette vérité, elle la vivait à présent seule. Le visage de Reine s’interposa en filigrane dans ses pensées. Je serai à tes côtés jusqu’à ton avènement, ma fille, car je n’en doute pas, tu franchiras toutes les étapes et tu réussiras ces épreuves. Il serait si fier de toi… Je suis si fière de toi. Je suis ta mère… Carol se débarrassa des rubans qui enfermaient sa chevelure en un chignon impeccable et secoua la tête. Et je suis également une femme et une elfe. J’ai le choix : rester dans ce monde ou le quitter.

Au fil des jours, l’évidence s’était imposée. Carol avait évalué le pour et le contre. L’un ne pesait pas lourd face à l’autre. Sa décision était prise et sans appel. Je n’ai pas le goût de vivre sans lui. Lors de la cérémonie, elle avait fait bonne figure, s’était montrée à la hauteur de sa réputation d’épouse abhorrant le froid. Elle avait même critiqué ostensiblement les libertés culinaires de son mari. Pourtant, elle était bien placée pour le savoir : toute cette mascarade, c’était du flan. Du flan au fromage, certes, mais du flan quand même. Je t’aimais tant. Je t’aime…

Carol gagna le dressing, où elle avait remisé ses vêtements lapons. Elle récupéra la missive dans l’une des poches de son manteau. La haute autorité elfique avait pris la précaution de l’adresser à madame Noël, mais à l’ouverture du pli, elle avait constaté la présence de son nom d’elfe. Carol Hadhafang était attendue le 16 décembre au Lindon, une région côtière située au nord-ouest du monde, la frontière d’accès aux Terres immortelles. Sans autre explication que des coordonnées géographiques. Le cachet de l’expéditeur, un flocon de neige et une goutte de feu conjointement enchâssés dans un anneau d’or, l’avait laissée perplexe. Le sceau de nos vœux de mariage… Elle était partie immédiatement, incapable de rester dans un environnement noëlien où ses ruminations chaotiques se glaçaient au fil des jours.

Elle repensa à la teneur du message rédigé à l’attention de Reine, 72 heures plus tôt : « Un ami m’a envoyé un colis depuis la Californie et la douane elfique a décidé de le garder. Je risque d’en avoir pour un moment… » Quatre mensonges, pas moins, dans la même phrase. Inutile d’inquiéter sa fille. Elle était accaparée par ses épreuves et ne devait sous aucun prétexte être perturbée. Tous les tests à valider et les obstacles à franchir ne relevaient pas que des fonctions de future mère Noël. Elle a suffisamment de choses à gérer… Carol tiqua sur le terme « choses ».

Elle avait observé et déchiffré la curieuse chorégraphie à trois corps, Christy, Reine, Merry. Les intentions de ses congénères ne constituaient pas un mystère. Chez les elfes, l’histoire des jumelles était un secret de Polichinelle, mais une règle prévalait lors de toute relation : les vérités, quelles qu’elles soient, devaient d’être énoncées par les protagonistes eux-mêmes. Christy en gardienne du temple et Merry en trublion. Les frangines de nouveau en compétition. Fâcheux. Nul n’était en mesure à ce stade d’augurer les conséquences. Préserver Noël avant tout, le maître-mot. Reine, ma fille, tu es face à ton destin.

Carol s’extirpa de ses réflexions. Trois jours à tourner en rond, elle n’avait plus une minute à perdre. Elle revêtit une longue robe en soie à larges manches, qu’elle ceignit d’une bande de cuir tressée. Le pendentif à son cou, une feuille de mallorn, se mit à scintiller et, en un battement de cils, dame Carol Hadhafang fut transportée aux confins du monde elfique. Lorsqu’elle rouvrit les paupières, les reflets lapis de l’océan Pacifique avaient cédé la place à ceux, éthérés, de la mer Séparante. Un invisible horizon conduisait au voyage sans retour. Nulle âme qui vive dans les parages. Carol se demanda soudain si elle n’avait pas été victime d’une mystification destinée à l’éloigner des contrées noëlfiennes.

Elle se raidit et consulta les coordonnées inscrites sur le message. Elle était à 50 centimètres près, pile au bon endroit. Une étendue sablonneuse et plane courait de part et d’autre de sa position. Elle inspira et souffla, se concentra sur les environs immobiles et insonores. Son corps ressentit la perturbation avant qu’elle ne soit en mesure de la distinguer. Il y eut tout d’abord comme une virgule oscillant au loin. La ponctuation se transforma au fur et à mesure de sa progression. Devenue point d’exclamation, elle se mua en phasme et se métamorphosa progressivement en silhouette. Carol, tous ses sens en éveil, se força au calme. On avançait vers elle. Ni elfe ni humain. Les intentions, dont elle percevait un lointain écho, ne semblaient pas hostiles. Elles dégageaient une sorte d’empressement et d’urgence. Le quidam cheminait dans sa direction, d’un pas aussi vif qu’alerte, précédé d’une aura reconnaissable entre toutes.

Un noëlien.

Le cœur de Carol loupa un battement. Son regard rencontra celui, doux, chaud et caressant, du nouvel arrivant. Il fut le premier à parler :

— Tu es venue.

— Tu m’as manqué.

Carol détailla feu son époux. Il n’avait plus rien de son aspect de père Noël. Seule la couleur immaculée de ses cheveux et de sa barbe, désormais taillée façon hipster, trahissait ses origines. Vêtu d’un pantalon cargo vert houx, de bottes médiévales et d’une chemise blanche en lin, délesté de son embonpoint légendaire, il débarquait comme échappé d’un catalogue de mode. Et surtout, il paraissait plus vivant que jamais. Carol fit un pas vers lui. Il la stoppa d’un geste. Elle prit conscience de la fine pellicule translucide érigée entre eux. La barrière rendait tout contact physique impossible.

— Nous avons un problème, ma chérie.

Carol grimaça.

— Pardonne-moi de le préciser, mais le mot choisi me semble inadapté à la situation. Si tu m’expliquais ce que signifient ces retrouvailles… Ça ne se déroule jamais ainsi, habituellement…

— En effet, mais d’ordinaire…

Le noëlien marqua une pause. Il convoqua toute son énergie afin de structurer sa future phrase. Sujet, verbe, complément, ce n’était pas compliqué en soi. Le pire résidait dans le propos.

— D’ordinaire, on n’assassine pas les pères Noël.

Carol crut être victime d’une défaillance auditive. Elle dévisagea son mari.

— Qu’est-ce que tu racontes ?

— J’ai ingéré de la nourriture empoisonnée, en l’occurrence du morbier au lait cru. Un morceau, à peine une mâche… Je n’ai même pas eu le loisir de l’apprécier, et bam ! le blackout. Le cocktail détonant ne m’a laissé aucune chance.

L’ex-père Noël retraça la suite des événements en détaillant les modalités de réception de sa dépouille. Une fois parvenus en lisière des Terres immortelles elfiques, le traîneau et les rennes étaient renvoyés en pays noëlien. Les Mécaniciens, peuple de la résurrection, prenaient le défunt en charge dans l’objectif de lui donner sa forme spectrale éternelle.

— Et là, le bug ! Mes excès alimentaires n’étaient pas en cause, précisa-t-il en adressant un sourire contrit à son épouse. Les Mécaniciens ont découvert une pépite de konjac non dissoute dans la bouchée de morbier.

— Du konjac !

— Oui, l’équivalent de la kryptonite pour Superman. Ils ont stoppé leurs travaux et informé la haute autorité elfique. Ce cas est une première ! Et… la procédure est claire : le père Noël n’est plus mort. Bon, j’ai quand même eu le privilège d’un lavage d’estomac digne de la vidange d’un lac d’un million d’hectares.

— Si tu es vivant, alors cela signifie que…

— Je t’arrête, Carol, je ne reprendrai pas mes anciennes fonctions. J’ai ouï dire qu’une certaine personne, en l’occurrence notre fille bien-aimée, avait postulé. Elle sera parfaite !

— Tu dois également être informé de sa mise en concurrence avec Merry, la sœur de Christy.

L’ex-père Noël se renfrogna.

— Je sais parfaitement qui est Merry. Oui, je suis au courant. Je vais avoir besoin de toi, Carol, et quand je dis « je », il s’agit de tout le peuple noëlien. Mon assassinat n’était que la partie visible de l’iceberg. En réalité, nous devons faire face à un vaste complot visant à annihiler Noël. Pour l’heure, je suis entre deux univers. Si je réapparaissais maintenant, comme le droit noëlien me le permet, non seulement nous ne confondrions pas la coupable, mais, pire, je ruinerais les espoirs de Reine, et ça, tu peux me croire, je ne me le pardonnerais jamais !

Carol entendit la détermination dans les propos de son homme. Elle avait songé à quitter les vivants et à se rendre sur les Terres immortelles afin de le retrouver. Il était là ! Elle était prête à se battre à ses côtés.

— Tu emploies le féminin, une coupable, donc. Qui ?

Il hésita, colla ses deux paumes l’une contre l’autre en un signe de prière qui n’en était pas un, puis se racla la gorge.

— Tu te souviens, il est de coutume d’échanger des présents entre les familles Fouettard et Noël chaque 30 novembre, avant le début du grand rush. On se voit pendant quelques heures, on bavarde…

— … On boit des coups, on mange de la raclette…

— Oui et oui, soupira le noëlien, tu as parfaitement compris le principe. Cette année, nous avons dû décommander pour une raison dont j’ai oublié les détails. Bref ! Le matin du 30 novembre, Merry a débarqué avec une meule de morbier. Les festivités étaient annulées, mais Fada tenait à respecter la tradition. Merry était pressée, elle ne s’est pas attardée.

— Et toi, tu t’es jeté sur le fromage !

— C’est à peu près, ça… Hum, ce n’est pas le sujet ! Avant de repartir, Merry a insisté sur l’indisponibilité de Fada : il était inutile de tenter de la joindre afin de la remercier. Elle a refusé d’emporter le magnum de champagne réservé à l’intention de sa patronne.

— Comme si Merry avait fomenté, en solo, cet attentat contre ta personne… avant de se présenter dans le but de te succéder. Merry ? J’ai du mal à y croire… Elle est rebelle, inconstante et fantasque, en colère certainement. Pourtant, je ne l’imagine pas une seconde en criminelle. Ça ne colle pas !

Carol planta ses yeux dans ceux, brillants, de son époux. Il souriait. Elle se sentit fondre. Sans cette stupide séparation translucide, elle serait dans ses bras.

— Tu as raison, ça ne colle pas. Tes amis elfes des Terres immortelles ont investigué dans le plus grand secret. Merry est certes la main armée, elle a apporté la meule, mais elle n’est pas l’instigatrice de la forfaiture. Une âme sournoise, manipulatrice et machiavélique est aux commandes.

— Laisse-moi deviner…

Carol se remémora le test de connaissances imposé à l’arrache à Reine. Elle avait ausculté l’attitude de chaque membre de l’assistance. Une personne avait attendu le moment propice afin de planter sa première banderille. « Alors, c’est moi qui poserai la question pour mon employée. » Un calcul de longue date, je place mon pion sur l’échiquier.

— Fada ! s’exclama Carol.

— Fada. Des preuves irréfutables ont été relevées. Elle détaille sa machination dans un carnet dont elle ne se sépare jamais.

— Elle a complètement vrillé !

— La concernant, c’est un euphémisme. Pire, ses attributions lui permettent de punir les enfants. Nous avions conjointement acté de faire évoluer le châtiment corporel vers des sanctions moins dégradantes. Expliquer et éduquer, donner du sens. Elle a poursuivi son ministère sans abandonner les traitements ancestraux tout en ponctuant ses coups de bâton d’un message lourd d’ambition malsaine : « Tant que Noël récompensera les enfants sages, vous resterez des bons à rien. Joignez-vous à moi et nous prendrons le pouvoir. Noël disparaîtra et vous deviendrez des enfants rois. »

— Reine est en danger !

— Je ne suis pas inquiet, Christy veille au grain.

Carol fit la moue. Son époux n’était visiblement pas instruit des vicissitudes intervenues dans le cours de la formation de leur fille.

— Avec Merry dans les parages, ce n’est pas si simple…

— Merry est une victime collatérale, elle a subi une mauvaise influence. Il est de notre responsabilité de l’aider à le comprendre.

— Et si elle parvenait à remporter le droit de devenir mère Noël ?

— C’est une autre histoire. Oui, on ne sait jamais… Quoi qu’il en soit et en premier lieu, il est urgent de neutraliser Fada. Le 16 de chaque mois, elle se rend, seule, dans son mas au cœur du massif des Alpilles.

— Tu as un plan…

— … Dont tu es la pièce maîtresse.

***

Sud de la France, Provence, oliveraie du mas Fada. Carol examina le lieu où son pendentif et sa volonté l’avaient conduite. Des collines tapissées de garrigue, des arbres aux troncs noueux, une brise au parfum herbacé. Bucolique et charmant, si l’on exceptait les raisons de sa présence. La bouteille protégée dans son sac isotherme serait son sésame. Elle arrangea sa longue chevelure en un look wavy, élégant et faussement négligé, féminin et sauvage.

Une allée de gravillons flanquée de réverbères la mena aux abords d’une bâtisse de pierre couleur crème, sous l’œil vigilant d’une myriade de caméras de surveillance. La porte d’entrée s’ouvrit comme par magie sur un propylée. Une voix lança une invitation à entrer. Carol franchit une enfilade de pièces aux murs ajourés et parvint à l’origine du son : le centre d’un temple dédié à la déesse Fada, qui, telle une immortelle en mal d’amour, se languissait, immergée dans un bain opalin.

Carol déglutit, impressionnée malgré elle. Fada, nullement surprise par la visite impromptue – un écran géant relayait les images des quatre coins de la propriété –, s’extirpa du bassin. Les gouttelettes d’eau roulaient sur son épiderme tout en épousant un physique à la plastique olympienne. Elle chaloupa vers un guéridon et s’empara d’une bande d’étoffe, dont elle se drapa avec une lenteur calculée. Absorbée par le spectacle, Carol sentit une onde crépitante la parcourir. Fada avait un sens indéniable de la mise en scène. La femme fatale lui adressa une œillade dénuée d’ambiguïté.

— Très chère Carol, que me vaut l’honneur de ce tête-à-tête aussi inattendu que délicieux ?

L’elfe exhiba le magnum de champagne. OK, tu veux jouer, alors jouons. Je suis là pour ça, après tout.

— Cette bouteille t’était destinée. J’ai pensé que tu ne serais pas contre le fait de la partager avec une veuve éplorée.

Le visage de Fada se fendit d’un large sourire.

— Éplorée, vraiment ? En manque d’affection, sûrement… La belle et énigmatique Carol dans ma demeure. Je suis flattée.

Fada abolit la distance qui les séparait et, d’une main caressante, enveloppa le visage de sa visiteuse.

— Il ne te méritait pas, tu le sais ? Bien sûr… Sinon, pourquoi serais-tu venue chez moi ?

Les propos débordaient de suffisance et Carol dut faire appel au légendaire flegme elfique. Elle était telle la mésange dans l’antre de l’araignée.

— Je suis ici pour toi.

Une vérité simple à énoncer. Fada l’interpréta à sa façon. Elle plaqua son corps nerveux et empressé contre celui, souple et accueillant, de Carol.

— Ne restons pas plantées là, susurra-t-elle à l’oreille de sa future conquête, sa langue s’attardant sur le contour du lobe.

Carol, les sens à la fois électrisés et révulsés, dut se faire violence afin de conserver son sang-froid. Elle souleva le magnum à la manière d’un étendard tutélaire.

— Aurais-tu un sabre ? Le voyage m’a assoiffé…

— À ta guise, ma belle. Offrons-nous des bulles en préambule.

Fada entraîna sa proie dans une pièce dont la fonction ne laissait aucune place au doute. Un ensemble de meubles de bondage reléguait le lit au rang d’accessoire secondaire. La maîtresse SM désigna le bar, où une variété conséquente de verres patientait dans l’attente d’un breuvage. Elle décrocha un katana de son support.

— Je dispose également d’une salle d’escrime. Tu es descendante d’une prestigieuse lignée, Carol Hadhafang, et j’aurai plaisir à tirer l’épée contre toi… Mais d’abord, buvons !

Carol débarrassa la bouteille de son muselet et prit la lame. Elle la positionna en dessous du goulot, au niveau de la couture, puis, d’un coup résolu et sec, elle trancha la matière. Elle veilla à ne pas perdre une goutte du précieux liquide et remplit un ciboire aux allures de Graal. Elle fut la première à porter la coupe à ses lèvres. La confiance n’exclut pas le contrôle, songea-t-elle en avisant le regard inquisiteur de son hôtesse.

— Hey ! Laisse-m’en un peu, gourmande !

Fada empoigna le calice et s’employa à le siphonner. Les effets du concentré de mélatonine préalablement injecté dans le champagne ne tardèrent pas à se manifester. Le métabolisme de Carol lui permettait de reléguer ses répercussions à un horaire ultérieur. Imperturbable, elle observa l’hormone naturelle du sommeil prendre possession de l’organisme de Fada. La poupée maléfique se désarticula avant de s’affaisser dans les bras de l’elfe. Cette dernière déposa l’endormie sur le lit en prenant soin de la menotter.

Fada affichait un air serein. Un démon avec une physionomie d’ange, pensa Carol. Ensuite, conformément aux directives, elle récupéra le carnet de son hôtesse et elle informa les cavaliers blancs, geôliers des Terres immortelles. Leur prisonnière les attendait. Elle patienta le temps de les accueillir, puis se propulsa en un retour express vers les contrées noëlfiennes.

Il restait neuf jours avant le 25 décembre. Fada ayant disparu des radars, allait-on se préoccuper de son sort ? On déléguerait probablement ses activités à une autre branche de la famille Fouettard, à moins que toutes soient de mèche. Carol avait rempli sa part du sauvetage de Noël. Son ultime rôle résidait en une promesse : ne rien dévoiler du complot à quiconque, et surtout ne pas intervenir dans le déroulement des épreuves. Elle l’avait juré. Neuf jours, une éternité avant de te retrouver. Elle ouvrit les yeux. Dans sa hâte, elle avait oublié de changer de tenue. Le froid mordit ses orteils.

— Putain de neige de merde !

  1. Falaises à proximité de Santa Cruz. ↩︎

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Un commentaire sur “16 décembre 2024 (Véronique Bréger)

  1. Cortin Cecile dit:

    Chapitre rebondissant et succulent. Comme toujours, Véronique déploie sa poésie, sa maîtrise de l’intrigue, son humour délectable.
    Pour elle, prix spécial du concours complet et pour Fada, la bien nommée, lavage de cerveau obligatoire 🤩🤩🤩🥰🥰🥰

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