Romance lesbienne de fin d’année : Découvrez l’interview de Seana Landchild
Bonjour Seana, peux-tu nous parler de ton nouveau roman Come and Get Your Love for Christmas ?
Oh, oh, oh ! Bien le bonjour ! (j’essaie de me mettre en mode Noël, d’accord ?) Je suis heureuse de vous parler de mon nouveau roman !
Come and Get Your Love for Christmas est une romance de Noël saphique. Écrits à la 3ème personne, les chapitres alternent entre Albane et Victoire, les deux héroïnes, qui sont collègues dans un collège (la ressemblance entre ces deux mots me fait rire, là, de suite).
Albane a un immense crush pour Victoire. Et, depuis qu’elle a pioché son prénom pour le Secret Santa organisé sur son lieu de travail, elle ne cesse de dépenser son argent afin de trouver le cadeau parfait pour l’occasion (j’aimerais avoir son compte en banque). Seulement, elle se retrouve avec une montagne de présents qu’on pourrait aisément imaginer sur la table d’un lutin, au pôle Nord. Et il faut bien que tous ces craquages servent à quelque chose, n’est-ce pas… ? C’est ainsi qu’elle improvise un calendrier de l’Avent.
Victoire, de son côté, n’est pas fan de Noël. Mais cela ne l’empêche pas d’apprécier les petites attentions quotidiennes qu’elle reçoit de son admirateur·rice secrèt·e…
Come and Get Your Love for Christmas, une douce romance lesbienne de fin d’année parfaite pour les fêtes
Pourquoi avoir voulu écrire une romance de Noël et F/F en plus ? Qu’est-ce qui t’a motivée/inspirée ?
La plupart de mes textes sont queers. C’est important, pour moi, d’ajouter de l’inclusivité dans la littérature. J’aurais aimé, lorsque j’étais adolescente, me retrouver dans de tels romans. Alors je pense aux minorités qui se retrouveraient davantage dans une littérature plus inclusive.
Pour le côté romantique… eh bien, en 2022, j’avais profondément envie de lire une romance. Pas un désir comme ça, en passant, mais plutôt une envie de femme enceinte (alors je dis ça pour la légende, hein, j’ai jamais été enceinte, donc je parle de quelque chose que j’ignore). Je n’arrêtais pas d’y penser, c’était assez agaçant… donc j’ai craqué pour plusieurs titres de romances de Noël. J’ai voulu me diriger vers les romans les plus appréciés et j’ai donc choisi des romances hétéros… et bien mal m’en a pris (bon, en vrai, j’ai aussi pris deux romans queer hétéronormés).
Je ne vais pas dire qu’elles suivaient toutes le même schéma problématique, mais j’ai écarquillé les yeux face aux histoires au consentement flou, avec l’image archétypale du mâle dominant jaloux et possessif qui se montre violent (hello, la douceur c’est sexy hein ; après, il y en a pour tous les goûts, d’accord ? Ce n’était pas pour moi, on est toutes et tous différent·e·s et je respecte ça). J’en ai lu des doudous, aussi, mais il n’y en avait pas tant que ça… (et sans doute me suis-je mal renseignée).
Toujours est-il que j’ai été frustrée, car je n’avais pas trouvé ce que je voulais lire. Donc j’ai eu envie d’écrire ma propre romance de Noël et des chansons comme un certain programme Netflix m’ont aidée à me mettre dans l’ambiance (clairement, j’ai respiré, mangé, bu du Noël sans arrêt pendant toute la période d’écriture de ce roman). Bref, voilà. Je vous conseille Cheminée dans la maison… Bon sang, que je l’aime, ce programme m’a bien motivée.
Ensuite, pour ce qui est de l’inspiration de certaines scènes de l’histoire (je pense au quotidien de l’Éducation nationale), je me suis inspirée de mon vécu, en tant que prof, même si ce n’est pas vraiment la réalité du métier que j’ai dépeinte. Quant au lieu, j’ai eu la chance de me rendre souvent dans les Pyrénées, lorsque j’étais enfant, donc j’ai de nombreux souvenirs de ces montagnes-là et des différentes activités que l’on peut y faire en fin d’année.
Albane et Victoire, deux héroïnes captivantes et drôles
Parle-nous un peu de tes héroïnes, Albane et Victoire. Elles sont très différentes, non ?
Alors là, c’est clair que nous avons deux héroïnes diamétralement opposées.
Albane, c’est l’âme lumineuse, guillerette, maladroite et attachante. Elle adore Noël et elle s’est promis de mettre de la magie dans la vie de tout le monde. Un poil exubérante, elle est une grande enfant qui, j’espère, se révèle touchante.
Victoire, à côté, est bien plus terre à terre. Calme, réservée, elle ne parle pas d’elle à ses collègues. Elle apprécie écouter les autres et ne s’exprime que lorsqu’elle le juge nécessaire. Quant à son lien avec Noël… ce n’est vraiment pas sa tasse de thé.
La famille, les amies, les collègues, ont une vraie place dans ton histoire. On a presque l’impression de les connaître à la fin. Les personnages secondaires sont importants pour toi ?
Oui, ils le sont. Si un personnage secondaire ne « sert » pas à l’histoire, au développement de l’intrigue, je trouve dommage qu’il fasse office de plante verte (attention, je ne dis pas ça méchamment, j’adore les plantes vertes et j’en ai ÉNORMÉMENT chez moi). Seulement, quel que soit mon roman, j’aime imaginer la vie de ces personnages secondaires : leurs qualités, leurs défauts, leurs aspirations, des éléments de leur passé… Ils ne sont pas juste là, à faire avancer l’histoire, car j’aime les imaginer humains, avant tout.
Pour le coup, dans Come and Get Your Love for Christmas, je pense surtout à trois personnages auxquels je me suis attachée : Flora, la meilleure amie d’Albane au flair implacable, Jean, le collègue qui se met en tête de mener l’enquête sur l’admirateur·rice de Victoire, puis Maël, l’un des frères d’Albane… et je n’ose en dire davantage sur lui (j’éprouve beaucoup de tendresse à son égard, d’ailleurs).
Du réalisme ou de l’imaginaire ? Sur quoi baser une romance de Noël lesbienne ?
Ton histoire est très ancrée dans le réel avec le collège, le covoiturage, les formations. C’était important pour toi, ce côté « réaliste » ?
Cela va peut-être vous paraître étrange, mais j’ai beaucoup de mal à écrire des histoires réalistes. Imaginer des univers nouveaux me vient très facilement. Je prends ma douche ? Hop, nouvelle idée pour développer mes lores. Je conduits ? Zut, des images me viennent, des indices, de la magie. C’est quotidien, chez moi, au point que je finis avec des gribouillages et des notes sur téléphone que je peine à trier, bien souvent par manque de temps.
Cependant, le côté réaliste… pour écrire du réalisme, j’ai besoin de vraiment connaître le contexte et l’environnement des personnages. Cela demande soit que je sache leur quotidien, que je le vive, soit que je réalise énormément de recherches à ce sujet. Cette dimension réaliste est importante à mes yeux, pour qu’on (et paradoxalement, ici, ce « on » m’est avant tout destiné) y croit. Si je n’y crois pas, comment des lecteurices pourraient me suivre dans mes délires ?
Pour tout cela, écrire de la romance contemporaine est très compliqué, pour moi, et je suis profondément admirative en voyant le travail des auteurices spécialisées dans la romance. Chapeau bas !
Peut-on dire que la fin de l’histoire est dans la plus pure tradition des comédies romantiques et des romances de Noël ?
Alors oui, très clairement, la fin de Come and Get Your Love for Christmas est dans la plus pure tradition des romances de Noël… C’est doudou, c’est mignon, et… je n’ose en dire davantage, au risque de spoiler (oups).
Les coulisses de cette romance lesbienne de fin d’année
Qu’est-ce qui a été le plus dur à écrire dans ce roman ?
Eh bien, pour le coup, rien ne me vient en tête, niveau difficulté. Il faut dire que je venais de passer un an avec le syndrome de la page blanche. Je me remettais sans cesse en question, j’avais les larmes aux yeux à chaque fois que j’ouvrais un fichier… ça a été une période très compliquée à vivre. Et puis boum, d’un coup, j’ai eu besoin de douceur.
À la suite d’une discussion avec Julie (coucou, toi, si tu me lis ici), qui m’a donné les prénoms des deux héroïnes, j’ai créé le plan de l’histoire et je l’ai écrite d’un trait, parfois même en écrivant un chapitre par jour (surtout au début, je suivais le calendrier par rapport au jour vécu des héroïnes et celui de mon écriture). Julie m’a énormément aidée. Sans elle, je ne me serais peut-être pas remise à l’écriture « aussi vite », alors je lui en suis infiniment reconnaissante. Ce roman a été une vraie boule de fraîcheur pour moi. Il n’a été que bénéfique, à mes yeux.
Team Albane ou Team Victoire ?
Est-ce que tu es plutôt Team Albane ou Team Victoire et est-ce que tu peux nous dire pourquoi ?
C’est marrant, car vous m’auriez posé la question il y a encore quelques mois, j’aurais répondu « Victoire » sans hésiter. Outre le fait qu’elle joue d’un instrument de musique, elle est très solitaire, comme moi, et n’aime pas donner des éléments de sa vie à ses collègues, ce que j’évite également de faire.
Pourtant, je dois bien reconnaître que j’ai une grande partie d’Albane en moi. Je panique facilement, j’ai tendance à m’emmêler les pinceaux et à dire n’importe quoi lorsque je stresse, ou à rire à des moments inopportuns juste par nervosité (non, vraiment, c’est gênant au possible). Par contre, je ne suis pas aussi fan de Noël.
En somme, je pense être un mélange des deux… et si elles existaient, je préfèrerais être amie avec Victoire. Je trouve son côté calme rassurant. Mettez Albane et moi dans la même pièce et c’est la fin des temps assurée.
L’accueil du public… Panique ou bonheur ?
Est-ce qu’on a toujours peur de la réaction du public quand on a sorti plusieurs ouvrages comme toi ou est-ce qu’on arrive à oublier cette idée après un moment ?
Mi-sé-ri-cor-de. Quelle horreur.
Non, vraiment, je ne m’en remets pas [rires].
Je suis une vraie trouillarde. Déjà, je suis dans tous mes états quand je sors un roman, mais ces prochain·e·s semaines/mois vont être mouvementé·e·s à ce sujet… je suis profondément heureuse et, en même temps, je sens que je vais frôler la crise cardiaque. C’est un immense honneur de voir mes textes vous parvenir et, en même temps, une angoisse énorme.
C’est d’ailleurs marrant, car j’en ai parlé avec des proches il n’y a pas longtemps. Il y a deux ans, je crois, j’ai balancé, comme ça, à une lectrice lors d’un salon : « Je ne me sens pas vraiment auteure, hein » (la pauvre, avec le recul je me dis qu’elle a dû se demander ce que j’avais fumé…). Cela peut paraître bête, dit comme ça, mais pour moi, les auteur.ice.s me paraissent inaccessibles, je suis VRAIMENT très intimidée quand je me retrouve à parler à des éditeur.ice.s et des auteur.ice.s (ou tout autre artiste) (je vous jure, j’ai tellement d’anecdotes gênantes, c’est horrible) (dernière parenthèse pour dire que je me suis fait des ami.e.s dans le milieu, mais bon sang, je me demande parfois ce que je fous là tant ça me paraît irréaliste).
Donc quand on parle de moi comme d’une autrice, ça me fait bizarre, car mon cerveau est en bug, error 404 permanent depuis mon premier roman. Je fais semblant de gérer, mais je ne gère rien du tout. Complètement en roue libre, la Seana. Je me laisse porter sans y croire [rires].
Bref, me voilà aussi bavarde qu’Albane. Vous avez une idée de mon état avec la nouvelle sortie de ce roman (oups). Et des autres à venir (re oups).
Et pour la suite ?
Est-ce que tu as d’autres projets d’écriture en cours ?
Oui !
Alors, si on parle de projets à écrire/réécrire, j’ai essentiellement de la fantasy. Mon premier amour, mon amour de toujours, ce genre.
Je suis en train de travailler sur la réécriture d’une fantasy FxF en quatre mains avec mon amie, Charlie Eriksen (une autrice incroyablement talentueuse, c’est un immense honneur pour moi d’écrire avec elle !). J’aimerais par la suite reprendre l’écriture de mon projet de fantasy pirates avec une romance saphique… J’envisage de le faire peut-être début 2025.
Ensuite, j’ai un projet surprise FxF dont je vous parlerai un jour, que je viens de commencer à écrire…
Il y a aussi une romance qui a pointé le bout de son nez, lors de la lecture du Bon à Tirer de Come and Get Your Love for Christmas. J’envisage d’écrire une histoire sur Flora, la meilleure amie d’Albane (j’ai déjà le titre (avec un jeu de mots pourri) et le fil rouge conducteur du roman). Mais quand vais-je travailler dessus ? Aucune idée, j’ai trop de projets pour l’instant.
Concernant les projets en cours de publication, cette fin d’année j’ai deux romances de Noël qui sortent (Come and Get Your Love for Christmas, donc, et Doux Flocon et Boule-de-Renne qui arrivera chez Juno Publishing le 12 décembre), un roman fantasy queer (mon préféré) prévu début 2025 chez Gulf Stream Éditeur, puis Perdues dans l’onde, mon second roman préféré parmi ceux que j’ai écrits, à paraître chez Reines de Cœur en 2025.
J’ai vraiment, vraiment, vraiment grande hâte de vous parler de cette romance d’été pour laquelle j’ai bien farfouillé dans mes tripes (désolée, l’image est un peu dégueu, mais j’ai mis tellement d’énergie pour l’écrire et je l’aime tellement… l’attente est insoutenable (si si)).
Le mot de la fin, parce qu’il en faut toujours un
Qu’est-ce que tu aimerais que les lectrices et lecteurs retiennent de ton histoire ?
Difficile de choisir… Je me dis qu’il serait bien de garder à l’esprit que tout le monde n’aime pas fêter Noël. Oui, je sais, ça paraît bête, comme ça, encore plus quand on parle de notre romance de Noël… mais on a tendance à oublier que beaucoup ne vivent pas ces fins d’année avec de la magie et de la joie.
Je pense qu’il est important de prendre soin les uns des autres, de ne pas laisser les personnes seules (sauf si c’est souhaité, naturellement). La vraie magie de Noël, finalement, se situe peut-être ici, dans nos relations tissées avec les personnes que nous aimons.
Et sinon, les boissons chaudes, bah, c’est sacrément bon. Alors buvez. C’est mon dernier mot. Ou peut-être pas. Ah… au fait… vous ai-je parlé du lait de canard en plastique ? 😉 (référence à retrouver dans CAGYL).
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