Découvrez notre échange avec Lena Clarke qui nous présente son nouveau roman saphique Aller de l’Avant
Bonjour Lena Clarke, nous revoici pour un échange en prévision de la sortie de ton nouveau roman, Aller de l’Avant. Peux-tu le présenter aux lectrices ?
Bonjour ! À la suite d’un accident d’avion impliquant les parents des deux enfants qu’elle garde, Jade contacte leur tante, Mallory. L’avion a disparu dans la zone des Rocheuses et les conditions météorologiques sont trop mauvaises pour lancer des recherches immédiatement. Mallory décide alors d’emmener Amy et Justin avec elle à San Diego et demande à Jade de les accompagner.
Si Mallory a ses problèmes, entre son divorce compliqué, son nouveau travail qui demande une implication constante, Jade cache elle aussi de nombreuses failles. La cohabitation entre les deux femmes les amènera à se découvrir l’une l’autre, mais surtout à s’épauler.
Peux-tu nous parler un peu de tes héroïnes : Mallory et Jade ?
Mallory est une directrice d’hôtel de trente-deux ans. En pleine procédure de divorce, elle fait passer sa vie professionnelle avant sa vie privée et est assez carriériste. Il s’agit d’une personne qui pense d’abord pratique avant de s’attarder sur ses sentiments. Quelqu’un de logique, sérieuse, qui a les pieds sur terre et qui n’a pas vraiment la fibre maternelle. Quand elle se l’autorise, elle peut se montrer très galante. Mais ce côté de sa personnalité a été quelque peu étouffé par ses déboires avec son ex-femme. Pour celles et ceux qui ont lu mes anciens romans, le prénom Jessica vous dit quelque chose… ?
Jade, elle, est une jeune femme douce, généreuse, attentionnée. Elle est née dans une communauté religieuse et a été élevée pour être une parfaite femme d’intérieur soumise et obéissante. Au début du récit, elle a fui cette secte depuis bientôt un an et essaie de reconstruire sa vie. Évidemment, rien n’est simple. Le contraste entre les vingt premières années passées à se montrer docile et à évoluer dans un cadre très strict, et son nouveau quotidien est parfois difficile à appréhender pour elle. En plus de garder des enfants, elle travaille dans un café et a une passion pour la pâtisserie.
Des personnages complexes, attachants avec des failles
Jade n’est pas le genre de personne à prendre des risques et à sortir de chez elle. Seul un accident d’avion pouvait la forcer à ça ?
Comme je le mentionnais plus haut, Jade est en train de se reconstruire. Quitter l’endroit où elle se sent bien et les personnes qui sont des soutiens pour elle n’a rien de facile. Accompagner Mallory à San Diego revient à plonger dans l’inconnu et à affronter des situations inédites. Elle accepte car elle aime Daniel et Amy et se sent redevable envers Justin et Teresa qui lui ont donné sa chance. Sans cet accident d’avion, elle n’aurait probablement pas mis le nez en dehors de Flagstaff avant un long moment. Elle cherche avant tout à se sentir en sécurité et à guérir de ses traumatismes passés. Si elle n’était pas aussi bienveillante et altruiste, Mallory aurait été obligée de se débrouiller seule avec les enfants.
D’ailleurs, ce n’était pas trop dur de gérer cette disparition/accident d’avion ? De maintenir un côté romance malgré la disparition des parents ?
La difficulté majeure du récit résidait dans cet équilibre entre inquiétude concernant le sort de Justin et Teresa et la naissance des sentiments entre Jade et Mallory. Le fait de ne pas avoir de nouvelles de l’avion laissait planer l’espoir de retrouver les parents des enfants. Et justement, les deux femmes se sont efforcées de rester fortes pour préserver Amy et Daniel, les occuper, et ne pas les laisser sombrer dans le désespoir.
En dépit du contexte, je ne voulais pas écrire un roman aux notes déprimantes. J’ai préféré mettre l’accent sur les efforts de Jade pour donner le sourire aux enfants, mais aussi sur son évolution. Pareil pour Mallory, elle gère la situation à sa façon, qui n’est pas forcément toujours la meilleure, elle commet des erreurs et ce sont justement ses imperfections qui à mes yeux la rendent « humaine ».
Deux enfants au cœur de l’histoire, comme dans New Heaven…
Est-ce que c’est difficile de gérer des personnages d’enfants ? Tu l’avais déjà fait dans New Heaven, mais c’était il y a quelques années, non ?
Je ne suis pas coutumière de l’exercice, c’est vrai. Si j’ajoute un enfant dans un récit, j’ai envie qu’il joue un vrai rôle et qu’il serve le scénario. Le plus difficile c’est de lui choisir un âge et de réussir à le faire se comporter/parler en adéquation avec ce dernier. Je ne sais pas si j’ai réussi l’exercice dans Aller de l’Avant, mais j’ai fait mon maximum en tout cas. Sinon, en dehors de ce point, je me suis beaucoup amusée avec les répliques de Daniel et Amy. Ils ajoutent une touche d’humour au récit et ont une vraie personnalité que j’ai pris plaisir à faire ressortir.
Est-ce que la romance contemporaine est plus difficile à écrire que la romantasy dans le sens où il y a une réalité que tout le monde connaît et que tu ne peux pas altérer ?
C’est sûr ! Avec la romance contemporaine, il faut faire attention à chaque détail et veiller à ce que tous les éléments de l’histoire paraissent réalistes. Le lecteur pardonne beaucoup moins les éventuelles libertés. Dans la romantasy, il faut bien sûr que le scénario soit cohérent, mais il est possible d’ajuster l’univers et les lois qui le régissent selon ce qui nous arrange. En somme, en romance contemporaine le cadre est beaucoup plus rigide et il faut faire attention de ne pas en sortir.
Est-ce qu’on peut dire que c’est la première fois que tu abordes la notion d’homophobie intériorisée ? Pourquoi ce choix ?
Il s’agit en effet de la première fois. Et cette notion prend tout son sens à cause du passé de Jade et ce qu’on lui a répété toute sa vie. Pendant vingt ans, elle a entendu que l’homosexualité était contre nature et a par conséquent prié pour être délivrée de ce « mal ». Découvrir que d’autres personnes partagent ses préférences et les assument en public n’est pas facile à accepter pour elle. L’écart entre ce qui était toléré dans son ancienne communauté religieuse et à l’extérieur est si immense qu’il lui faut du temps pour appréhender les choses.
Quand j’ai réfléchi au personnage de Jade, il me paraissait normal qu’elle ressente une certaine forme de crainte au sujet de son orientation. Quand on grandit avec la peur d’être foudroyée à cause de son amour pour une autre femme, on ne peut pas soudain se dire que tout est OK et ne jamais se faire de réflexion intérieure.
Échange avec Lena Clarke : Et les rendez-vous romantiques dans tout ça !
Mallory propose d’inviter Jade au restaurant pour un date, est-ce que pour toi c’est le moment romantique indispensable à toute histoire d’amour ?
Je suis obligée de dire non. Et pour une raison très simple : je viens de réaliser que dans mes précédents romans, il n’était pas si courant que j’envoie mes personnages au restaurant. Il va falloir que j’aie une discussion avec mes précédentes héroïnes, elles ont raté des occasions de date romantique !
Car oui, ce genre de sortie reste pratique pour rapprocher des héroïnes et leur faire partager un bon moment. En plaçant Aller De l’Avant à San Diego, au bord de la mer, Mallory était un peu obligée d’inviter Jade au restaurant. Elle m’aurait beaucoup déçue si elle n’avait pas proposé ce rendez-vous. Et une héroïne qui me déçoit est une héroïne qui peut potentiellement mal finir…
Un petit mot sur la différence entre l’écriture de romance contemporaine et de romantasy
Tes univers de romances contemporaines s’entrelacent entre eux avec des héroïnes qui se connaissent et tes univers de romantasy font de même. Y a-t-il un univers que tu préfères ? Et est-ce que tu penses qu’il y a une plus grosse attente sur la romance contemporaine que sur la romantasy ?
Pour moi les personnages de l’univers de romantasy sont quand même beaucoup plus liés. Les héroïnes d’un roman deviennent des personnages secondaires importants des suivants. Ils appartiennent pour beaucoup à la même famille et se retrouvent souvent sur le devant de la scène.
Dans le cas des romances contemporaines, certaines anciennes héroïnes reviennent parfois juste pour un clin d’œil ou le temps d’une scène, histoire de faire plaisir aux lectrices et de montrer que la vie poursuit son cours pour elles. Cela dit, elles sont également plus nombreuses et par extension, l’univers est plus vaste que celui de romantasy.
Je n’ai pas vraiment de préférence entre les deux. En revanche, il est certain que je ressens beaucoup plus d’attente envers la romance contemporaine que la romantasy. Certains personnages sont très aimés et je n’ai pas intérêt à me rater quand je reparle d’eux. Mais de manière générale, ça me fait toujours plaisir quand les lectrices repèrent les mentions d’anciens personnages et relèvent les références aux romans précédents.
Cet échange avec Lena Clarke se termine, mais elle a un dernier mot pour vous
On te laisse le mot de la fin, si tu veux rajouter quelque chose !
Que dire… merci à toutes les lectrices qui me suivent fidèlement depuis toutes ces années. Quand j’ai une perte de motivation, je repense à vos gentils messages et je suis capable… d’aller de l’avant.
Merci également aux nouveaux lecteurs qui donneront une chance à ce roman. J’espère que les aventures de Jade et Mallory vous feront voyager à San Diego et vous permettront de déconnecter de la réalité durant quelques heures.
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