Le fabuleux destin de Christy et son poulain
— Dépêche-toi… marmonna Christy en surveillant la maison.
L’elfe patientait dans le traîneau, à peine masquée par un arbre sans feuilles du jardin familial. Il était 6 h 22 un matin de Noël et Reine déposait encore des cadeaux dans un foyer de la banlieue parisienne. Comment une telle erreur avait-elle pu se produire ? À la fin de la distribution sur la côte ouest des États-Unis, Merry avait découvert avec effroi des cadeaux destinés à la capitale française. Illico presto, l’équipe 1 était venue à la rescousse pour les ramener vers la bonne destination. Pas question de léser ces bambins à cause d’une faute administrative !
Après de longues minutes, Reine réapparut enfin. Elle sauta dans le véhicule et déposa un paquet sur les genoux de sa partenaire. Christy reconnut immédiatement le nom du chocolatier. Elle ouvrit la petite boîte rouge. Déception.
— Des pralines belges ! Tu m’en as laissé qu’une seule ?!
— Vu les prénoms des enfants, pas étonnant qu’ils se soient retrouvés sur la mauvaise liste, expliqua Reine en ignorant la plainte. Harry et Madison ! Original pour des Parisiens. Les parents doivent être des expats américains.
— Impossible, cette merveille vient directement de Belgique, assura Christy en contemplant son précieux entre ses doigts. Ce sont des Belges, fans de cinéma, c’est sûr !
Elle dégusta son dernier plaisir de la soirée alors que Reine l’admirait avec un grand sourire.
— Merci de m’avoir accompagnée. Je n’y serais pas arrivée sans toi.
— Bien sûr que si. La magie de Noël coule dans tes veines.
— Chez Merry et toi aussi.
— Je ne l’ai pas développée autant que vous. C’est pourquoi vous êtes responsables de Noël, et moi, « l’assistante ».
— Ne dévalorise pas ton rôle. On a formé de belles équipes, non ? Pourquoi les pères Noël ont subi ce stress en solo au lieu d’opter pour plusieurs parents Noël ?
— Le respect des traditions ? Certaines sont bénéfiques pour conserver une sorte d’harmonie auprès des humains.
— Je suis une mère Noël lesbienne et sans barbe ! Je pense que reformer notre duo l’année prochaine sera très insignifiant.
— J’ignore si on y sera autorisées. Merry et toi êtes officiellement nommées. Pas moi.
— À bas les règles ! Tu en as envie aussi, je le sais ! Et puis… on est moins seule à deux, ajouta Reine, la voix plus grave.
Elles échangèrent un sourire complice et se rapprochèrent l’une de l’autre quand une lumière vive traversa le ciel. Kris et Merry se dirigeaient déjà vers la Laponie. Les deux femmes entendirent la jumelle lancer dans l’oreillette :
— Les derniers arrivés sont des rennes mouillés !
Reine attrapa alors les rênes des rennes et se lança à leur poursuite.
***
Le quatuor se dirigeait, victorieux, vers la grande salle commune. Merry et Christy marchaient devant et semblaient avoir retrouvé leur complicité d’antan. Reine et son père les suivaient quelques mètres en arrière.
— Ça ne va pas te manquer, tout ça ? J’ai l’impression de te voler ton job…
— Ne t’inquiète pas, ma chérie, j’ai de quoi m’occuper ! la rassura-t-il dans un éclat de rire. D’abord, passer plus de temps avec ta mère, la satisfaire avec ce nouveau corps d’apollon…
— Trop de détails… grimaça la noëlfienne.
— Et entre créatures magiques, on se serre les coudes. Le 6 décembre, je distribue les cadeaux avec Nico. En octobre, je contribue à la magie d’Halloween avec les sorcières. Elles sont débordées avec l’ajout de l’Europe et de l’Asie à cet événement… Ah, et je te partagerai l’adresse mail de Cupidon ! Chaque année, des minots souhaitent caser leurs parents célibataires, soupira-t-il. Un effet pervers des comédies romantiques de Noël…
— Dépêchez-vous ! La fête a déjà commencé ! cria Merry en agitant les bras.
Elle attrapa la main de sa sœur et l’entraîna vers les basses de musique puissantes émanant des murs.
— On est obligés ? J’ai juste envie de rencontrer Morphée… soupira la noëlfienne.
Son père posa une main sur l’épaule de Reine.
— Cette soirée est pour toi, Merry, Christy, et tous les habitants de Rovaniemi. Profites-en ! Vous avez réalisé un travail merveilleux pour réussir ce Noël 2024. Je n’ai jamais douté de tes capacités à reprendre les rênes. Je suis extrêmement fier de toi, ma fille.
— Merci, papa, déclara Reine, la voix remplie d’émotion.
— Et donc, maintenant, place à la fête ! Tu n’en as pas fini avec les nuits blanches !
***
Christy n’en croyait pas ses yeux.
Au son de la musique techno, des lutins et des grinchs se déhanchaient de façon chaotique, sous les lumières des guirlandes, et des elfes twerkaient, torse nu, sur des tables. Dans un coin de la salle, Grelot vidait des bouteilles d’alcool dans la bouche des participants d’une chenille improvisée. Un peu plus loin, d’autres créatures roupillaient à même le sol dans des positions incongrues. Christy ne savait plus où donner de la tête et Reine craignait son implosion. Merry et Kris, quant à eux, se mélangèrent avec plaisir aux fêtards. La première rejoignit la docteure Philana pour un bière-pong et le deuxième retrouva Carol pour une partie de Twister.
— Tu m’avais bien parlé d’un bal, non ? tenta Reine.
— Un bal, pas une porcherie ! Ces histoires de syndicat leur ont grillé le cerveau !
Dans sa furie, Christy attrapa Jo, le maître menuisier, qui eut le malheur de passer près d’elle. La pauvre victime fut soulevée du sol et balança ses pieds dans le vide.
— Que se passe-t-il ici ? Vous avez regardé trop de films pour ados attardés ?
— On taf’ comme des ding’ toute l’année, on a droit de se lâcher, nah ? rétorqua-t-il avec son fort accent. C’te une nouvelle requête des lutins ! Les elfes et les grinchs nous soutiennent !
Christy resserra sa prise d’étranglement et le prisonnier émit un râle. Il lui tendit alors son verre en guise de réconciliation.
— Un ti punch ? tenta-t-il, le souffle coupé.
— Y a de l’alcool dedans ?
— Heu…
— Vous avez raison de vouloir vous divertir, reprit Reine. Lâche-le, intima-t-elle à Christy.
Cette dernière le libéra et il déguerpit sur-le-champ. Christy observa les lieux avec un sentiment partagé. Elle était trop épuisée pour se mettre en colère. La main chaleureuse de Reine engloba la sienne, et elle retrouva sa sérénité.
— Il a raison. Ils ont bossé comme des fous et ont besoin d’évacuer la pression. Et toi aussi, Christy, tu dois te détendre…
— Ouais… Mais ce genre de soirée survoltée, ce n’est pas ma tasse de lait. Je préfère les réunions en petit comité.
Cette confession suscita un sourire malicieux chez Reine et, sans attendre, elle entraîna sa compagne à travers la foule, vers une porte au fond de la salle. Elles s’isolèrent dans une annexe où des cartons déchirés vomissaient des gobelets, des sacs de confettis et des packs de bière.
— Reine, il n’est pas question de participer à leurs excès avec ces colis détournés ! Je…
La mère Noël lui coupa la parole d’un baiser avide. L’envie était urgente. Durant ces dernières 24 heures stressantes, elle n’avait pas assez profité de Christy à son goût. Quand l’air lui manqua, elle se résolut à se décoller tout en gardant ses lèvres contre celles de sa proie.
— Moi aussi, je préfère les réunions en très… très petit comité, avoua Reine.
Malgré la fatigue, une énergie nouvelle s’empara de Christy et elle répondit avec la même intensité. Reine trébucha contre une pile de caisses et des chapeaux pointus lui piquèrent les côtes. Elle s’en fichait. Seules comptaient la bouche et les mains baladeuses de l’elfe, explorant ses courbes. Elle guida à son tour ses doigts sous le haut de son amante quand celle-ci s’écarta brusquement.
Pelote et Pain d’Ép étaient apparus dans la pièce, figés et les yeux écarquillés.
— On venait juste chercher des verres supplémentaires, mais c’est pas grave ! On repassera ! bafouilla Pelote.
Elle tira Pain d’Ép par le bras et referma la porte derrière eux. Reine éclata de rire et se redressa pour enlacer sa moitié.
— Cinq minutes de plus, et ils nous auraient surprises dans une position tout autre…
— Pelote, j’ai confiance, mais Pain d’Ép est cap de nous balancer. Il est très à cheval sur les règles.
— Quelles règles ? Celles qui condamnent les relations au travail ? C’est ridicule !
Reine sentit le corps de Christy se raidir et son regard vide l’inquiéta. Elle se recula et la laissa poursuivre. Sa voix était teintée de panique.
— Je peux le convaincre de se taire ! Je lui ai déjà sauvé les miches à plusieurs reprises. Pain d’Ép doit me renvoyer le traîneau !
— OK, et ensuite ? On va vivre notre relation en secret, c’est ça ?
— Ce n’est pas si simple, Reine… Tu ne connais pas Tomte et les autres membres du Conseil. S’ils apprennent pour nous deux, ils vont nous séparer ! Les liaisons entre collègues nuisent à la productivité.
— Toi et moi, on est la preuve du contraire ! On a sauvé Noël !
— Ils ne feront pas d’exception pour nous.
— Oh si ! Crois-moi, je ne me laisserai pas faire !
— Reine, tu dois compr…
— Non ! Hors de question de vivre dans le mensonge ! Comment peux-tu me demander une chose pareille ? Je n’arrive plus à te suivre… Un moment, tu es tendre, et la seconde d’après, un vrai glaçon ! Tu souffles constamment le chaud et froid avec moi !
— Ne t’en prends pas à moi, ces règles existent depuis toujours.
— On s’en fiche, Christy !
L’elfe poussa un long soupir et secoua la tête. Son intonation changea soudainement.
— C’est toujours pareil avec toi. T’en as rien à faire, des lois ou de qui que ce soit ! pesta Christy.
— Pardon ?
— Je consacre ma vie à Noël depuis des siècles ! Mon rôle de Commandante en cheffe des lutins est important et…
— Noël est important pour moi aussi !
— Non ! Toi et moi, c’est différent !
Christy avait haussé le ton. Reine en resta interdite.
— Tu as été choisie par la magie de Noël ! Comme Merry. Moi, non. Mon pouvoir n’est pas aussi puissant, poursuivit Christy, la voix tremblante. Moi, je dois faire mes preuves tous les jours. Noël, c’est toute ma vie. La Laponie, c’est toute ma vie. Et je peux tout perdre au moindre écart ! Et toi, tu débarques il y a même pas un mois et tu veux tout chambouler ? Les lutins ouvrent un syndicat, et maintenant tu contestes les lois du Conseil ? C’est quoi, la suite ? Noël en juillet ?
— Tu délires complètement… Tu as peut-être dédié ton existence à Noël, mais tu n’y comprends absolument rien.
— Quoi ?
— Aujourd’hui, c’est le jour de Noël ! Tous les cadeaux ont été distribués, les Lapons font la fête, mon père est vivant et tu as enfin retrouvé Merry. Tout le monde est heureux ! Et toi ? Toi, tu te plains de la soirée et tu m’imposes de nous cacher ? Tu travailles ici depuis des lustres, pourtant tu n’as jamais intégré l’esprit de Noël ni sa signification !
Reine se dirigea vers la sortie avant de se retourner une dernière fois, les yeux rougis.
— Et contrairement à ce que tu penses, si je suis venue de loin, de la Californie, ce n’est pas juste pour une tradition familiale. Devenir mère Noël est mon rêve depuis toute petite. Contribuer au bonheur des enfants et voir leurs sourires a toujours été mon souhait le plus cher. Noël est vital pour moi.
— Reine, je…
Christy tenta de s’approcher, mais la noëlfienne se déroba. Les deux femmes rejoignirent la salle commune, où l’ambiance s’était soudainement transformée.
La musique avait cessé. La lumière était revenue et plus personne ne dansait. À leur arrivée, la foule s’écarta de sorte qu’un couloir se forma entre elles et le centre de la pièce. Les membres du Conseil étaient debout sur les tables, visiblement pas là pour se trémousser, mais plutôt pour avoir une vue dominante sur l’assemblée. Tomte esquissa un sourire en coin et leur fit signe de s’approcher.
— Christy, je ne vais pas y aller par 25 chemins. Est-il vrai que tu entretiens une liaison avec Reine ?
Des « oh » de stupeur éclatèrent au sein de l’assemblée. Christy lança un regard noir à Pain d’Ép, qui agita la tête négativement : il n’aurait pas eu le temps de prévenir le Conseil, même s’il l’avait voulu. Les foudres de Christy se retournèrent donc vers sa jumelle, qui l’avait rejointe.
— C’est toi qui nous as balancées ? T’as pas changé, en fait… pesta l’elfe.
— Christy, je t’assure n’y être pour rien… se défendit sa sœur.
— Tu m’as encore trahie ! Je ne veux plus te voir !
Merry tenta de se défendre, mais Tomte reprit la parole avec assurance.
— Chers peuples de Noël. Le Conseil a accepté votre requête d’élire Merry et Reine en duo pour remplir la mission de Noël. Vous étiez persuadés que Reine était la personne idéale. Cependant, il est évident que ni Reine ni Christy ne prennent leur rôle au sérieux. Vous connaissez les lois. Elles existent depuis des siècles pour le bien-être de la Laponie et le succès de Noël. Christy et Reine compromettent tout ce pour quoi vous travaillez !
Sneachta, la farfadette, tira sur le haut de Christy, les larmes aux yeux.
— Christy, tu connais le règlement : pas d’histoires de cul ici ! Nous nous sommes battus pour que Reine, Merry et toi puissiez travailler ensemble et créer un nouveau Noël ! Ne gâche pas tout, s’il te plaît ! Tu ne peux pas nous faire ça !
— Il n’y a pas d’histoire de cul !
— Ah bon ? intervint Tomte. Reine et toi, avez-vous eu, oui ou non, des relations sexuelles ?
Il imposa sa question d’une voix ferme. Il connaissait déjà la réponse. Christy chercha le regard de Reine, et cette dernière lui signifia sans un mot que la décision lui appartenait. L’elfe prit alors ses responsabilités.
— Oui, nous avons couché ensemble.
— Donc, c’est une histoire de cul ! hurla Sneachta, le visage déformé par la douleur.
Un vent de panique s’empara de la foule. Des lutins se frappèrent la tête au sol, certains se roulèrent en boule tandis que d’autres pleuraient à chaudes larmes. La scène était surréaliste. Jamais Reine n’aurait cru causer tant de désarroi avec une simple idylle. Elle enfouit son visage entre ses mains, dépitée. Christy comprit que c’était à elle de résoudre la situation.
— Ça suffit ! Calmez-vous ! Ce n’est pas…
Ses paroles furent noyées sous les gémissements.
— Stop ! cria-t-elle en forçant sur ses poumons.
Le silence se fit.
— Reine et moi, ce n’est pas juste une histoire de cul. C’est avant tout une histoire de… cœur, confia-t-elle en se tournant vers Reine, qui releva les yeux. J’ai appris à la connaître durant ces 25 jours. Elle a étonné tout le monde, moi la première, en relevant tous les défis du parcours de formation. Elle est très investie, et son seul objectif est le bonheur des enfants. Elle est fantastique avec tout le monde. Elle se préoccupe du bien-être de chacun. Grâce à elle, nous avons tous travaillé dans la bonne humeur cette année. Elle a écouté et compris vos plaintes. Sans elle, il n’y aurait pas eu de Noël 2024. Elle est là depuis peu, mais elle a bien mieux saisi l’esprit de Noël que moi en plusieurs siècles. Et… elle m’a fait réaliser tant de choses importantes en moins d’un mois. Je ne la remercierai jamais assez pour cela. Elle se bat et elle en croit en Noël plus que personne. Et vous le savez !
Reine écouta ces compliments, sans voix. Les paroles de Christy frappèrent aussi un grand coup chez les autres créatures magiques. La Commandante avait raison.
— Reine est importante pour la Laponie, continua l’elfe. C’est une personne merveilleuse et elle est parfaite dans son rôle. Elle doit rester. C’est pourquoi… je démissionne.
Les lutins et les elfes crièrent leur stupeur. Une panique d’une tout autre nature s’empara de la foule. Reine se précipita vers sa compagne.
— Christy, non ! Ne fais pas ça !
— C’est la seule solution pour continuer notre relation.
— Te sacrifier pour moi ? On se connaît depuis 25 jours !
— Je sais, c’est un risque à prendre. Je dois être un peu dingue !
Reine s’esclaffa et lui offrit un baiser spontané avant de se tourner vers le Conseil.
— Vous voyez, elle a perdu l’esprit ! Ne l’écoutez pas ! C’est moi qui démissionne ! Sans elle, je n’y serais jamais arrivée ! Christy est une personne extraordinaire ! Elle adore Noël plus que tout ! Elle mérite de rester ! Moi, je n’ai fait que suivre ses instructions ! Je suis remplaçable, on n’a pas besoin de ma magie ! Christy, les lutins, les elfes, les rennes, ce sont eux, la vraie magie de Noël ! Et puis Merry possède autant de magie que moi, alors…
— Non, non ! J’ai demandé en premier ! Gardez-la, elle ! C’est moi qui pars ! répliqua Christy.
Carol assistait à la scène, effarée. Christy et sa fille étaient prêtes à abandonner leur carrière. Ne tenant plus en place, elle décida d’intervenir.
— Ça suffit ! Ces deux personnes, coupables de s’aimer, ne doivent pas répéter mes erreurs du passé !
Un silence s’installa. Reine, perdue, se retourna vers sa mère. Carol rejoignit le centre de la salle pour s’adresser à l’assemblée.
— Il y a un siècle, 25 ans et 34 jours, on m’a obligée à quitter la Laponie. Je m’étais vouée corps et âme à Noël. Et malgré cela, on m’a forcée à choisir entre mon travail et mon amour pour Kris, tout ça au nom de lois obsolètes d’une autre ère ! Si je suis persuadée d’avoir pris la bonne décision, il reste en moi un immense regret… Reine et Christy ne devraient pas renoncer à l’amour ou à leur rêve de Noël. Personne ne mérite ça !
Des murmures se propagèrent. Les anciens expliquèrent la situation aux plus jeunes. Carol était une ancienne cheffe aux côtés de Cannella dans les cuisines de Laponie. Elle adorait son emploi au sein de la communauté. Malheureusement, sa relation avec le père Noël ayant été découverte par le Conseil, celui-ci leur avait demandé soit d’arrêter cette histoire, soit que Carol quitte son poste. Elle avait choisi, à contrecœur, de démissionner.
— Maman, tu as toujours affirmé détester le froid, la neige. Et votre rencontre sur l’île de Kahoolawe en 1857… commença Reine, abasourdie.
— Il y a parfois des apparences trompeuses… Il était moins douloureux de me persuader que c’était ma décision de quitter ces contrées. Nous avons pris nos premières vacances ensemble sur cette île et nous avons réécrit notre histoire. Ton père était prêt à partir aussi, scandalisé par cette injustice, mais j’ai refusé. Je pensais avant tout aux enfants… Ne laisse pas les autres dicter ta vie, ma chérie. Ton amour pour Christy est aussi important que ton rêve de devenir mère Noël. On ne peut pas vivre seulement d’amour et de lait de poule frais ! Alors, s’il te plaît, n’endosse pas le rôle de l’amoureuse renonçant à sa carrière à la fin d’une comédie romantique des années 90. Tu es une personne multidimensionnelle ! Tu as Christy, certes, mais aussi une famille à rendre fière, et surtout ton rêve ! Celui d’offrir un joyeux Noël à tous les humains. Tu n’as pas à choisir. Tu peux être tout cela à la fois.
Reine se tourna vers Christy et elle comprit en un regard. Christy était évidemment présente à l’époque de l’exclusion de Carol, ce qui justifiait son angoisse quant à la découverte de leur relation. Il y avait eu un précédent.
Tomte frappa du poing sur la table afin de récupérer l’attention.
— C’est bien beau, toutes ces révélations, mais ça ne change rien à la bûche. Si vous ne voulez pas vous décider, partez toutes les deux !
— Heu… ne comptez pas sur moi pour servir de bouche-trou, lança Merry en flairant le mauvais coup. Le deal est que Reine et moi collaborions avec Christy. C’est nous trois ou rien !
Elle offrit un clin d’œil à sa jumelle, qui la remercia d’un sourire sincère.
— Soit ! Nous n’avons besoin d’aucune d’entre vous ! Nous formerons un nouveau père Noël dans l’année. Les relations sont strictement interdites au travail, pompon à la ligne !
— Et pourquoi donc ? rétorqua Reine. Les lutins et les elfes passent toute l’année ici, à suer sang et lait pour s’occuper du bonheur des humains, mais eux n’auraient pas droit à l’amour ? À la découverte de leur âme sœur ou à une aventure d’un soir ?
— Sottises ! cria Tomte. Les habitants de Rovaniemi ne s’adonnent pas à ce genre de futilités. Ils sont dévoués à leur tâche, contrairement à vous ! Vous avez privilégié vos plaisirs frivoles au lieu de Noël !
Reine serra le poing et Christy le couvrit de sa paume. La frustration se lisait dans leurs yeux, accompagnée d’une sombre résignation. Cette fois, leur détermination ne suffirait pas. Soudain, une petite voix timide s’éleva dans l’assemblée :
— Reine a raison, commença Grelot. Foudre et moi, on est amoureuses, et on en a assez de se cacher !
— Nous aussi ! rajouta Aiguille en prenant la main de Perce-neige. On doit s’échanger des lettres en les cachant dans le courrier des enfants et planifier des rendez-vous secrets. C’est intenable de vivre dans cette peur !
— Je rêve d’une petite copine ! réclama Rouspétopoulos. Ou une grande, peu importe !
— Et moi, d’un copain ! cria Bobine. On n’est pas juste des machines à jouets ! On a aussi des sentiments !
— Oui, et des désirs charnels ! appuya Rada.
— En plus, les applis de rencontres ne détectent personne d’autre à la ronde à part les collègues, se plaignit Biscuit.
— Et moi, je voudrais avoir le droit d’aimer Merry ! cria la docteure Philana. Et pouvoir lui avouer mes sentiments, sans crainte d’être dans le délit !
Merry se retourna vers son admiratrice secrète, choquée.
— Quoi ?!
Enflammés par toutes ces revendications, les lutins, elfes et grinchs prirent position pour le couple interdit et exigèrent un changement.
— Laissez Reine et Christy s’envoyer en l’air tranquillement !
— Christy est chiante, casse-pied, invivable, et pas marrante, mais c’est grâce à elle si la boîte tourne !
Christy fronça les sourcils.
— Et depuis l’arrivée de Reine, Christy a subi une vraie métamorphose ! Elle est devenue presque sympa ! On veut garder les deux avec Merry !
— De toute façon, un Noël sans elles, ce sera sans nous ! Pas de Reine et de Christy, pas de lutins ! Pas de lutins, pas de Noël ! Pas de Noël… pas de Noël !
— Ouais, et nous, grinchs et elfes, on ne bossera pas sans elles non plus !
— Ras-la-boule des lois stupides ! Les grinchs, les elfes et les lutins au Conseil pour des règles plus justes ! Les G.E.L. au Conseil !
Les différents peuples de Noël reprirent en chœur : « G.E.L. au Conseil ! G.E.L. au Conseil ! » Le vacarme était assourdissant. Tomte sonda les autres membres du Conseil, paralysés par la situation. Il décida donc seul de l’issue.
— Bien, puisque c’est ainsi… je dissous le Conseil ! annonça-t-il. Vous avez jusqu’au premier janvier 2025 pour créer un nouveau groupe digne de ce nom capable de tenir les rênes de la Laponie. Vous êtes persuadés de pouvoir faire mieux ? Prouvez-le !
Après avoir lâché sa bombe, le président se dirigea vers la sortie, suivis des autres membres.
— Vous avez perdu la boule de Noël ? lui murmura un vieil elfe à barbiche.
— Sans nous, ce sera le chaos. Ils vont se déchirer entre eux, prédit Tomte. Ensuite, ils viendront nous supplier de reprendre les commandes. Soyez-en certains !
À peine le Conseil hors de la salle, des cris de joie explosèrent et la musique reprit de plus belle. Lutins, elfes et grinchs se jetèrent dans les bras les uns des autres tandis que certains en profitèrent enfin pour embrasser leur partenaire en public.
— Que vient-il de se passer ? demanda Christy, sidérée.
— Beaucoup trop de choses en moins de dix minutes, souffla Reine.
— Les filles, vous avez chamboulé l’autorité, constata Carol. Maintenant, à vous de maintenir le traîneau dans le ciel avec l’aide des Lapons !
Les deux amantes échangèrent un sourire avant de se blottir l’une contre l’autre, heureuses de se retrouver. Aucun mot ne fut échangé, l’étreinte parlait d’elle-même.
— On ne s’entend pas ici ! cria l’elfe à son oreille. Retrouve-moi à la bibliothèque dans cinq minutes, j’ai une autre chose à réparer avant.
La noëlfienne acquiesça et Christy se dirigea vers Merry pour présenter ses excuses.
— Désolée d’avoir douté de toi… une fois de plus.
— On s’est fait tant de coups bas. J’étais la cible idéale ! Je ne me serais moi-même pas fait confiance.
— Merci également d’avoir pris notre défense, à Reine et moi.
— Je suis heureuse pour vous deux. Tu le mérites, Christy.
— Merci. Et toi aussi, non ? Philana ? énonça Christy avec malice.
— Tu as entendu ? Tu penses qu’elle était sincère ?
— La question est de savoir si, elle, elle te plaît.
— Je l’apprécie beaucoup… mais jamais je n’ai envisagé de me mettre en couple avec une collègue. J’étais bien trop occupée avec mes aventures. Et puis Phila est tellement douce, gentille et prévenante… Je ne suis pas assez bien pour elle.
— Merry, c’est faux !
— Tu me connais, je suis un vrai nid à problèmes ! Je suis capable de provoquer des dysfonctionnements aux Enfers !
— Je remarque surtout que tu t’inquiètes pour elle. Et puis l’amour peut transformer une femme ! J’en suis la preuve.
— C’est vrai, tu es un cas d’école.
— Va parler à Philana. Peu importe tes doutes ou tes sentiments vis-à-vis d’elle, tu ne peux pas la laisser seule après une telle déclaration.
Merry jeta un œil sur Philana, un peu plus loin.
— Reste sincère et ça suffira, la rassura Christy. Tu n’es pas obligée de lui sauter dessus tout de suite.
— Oh, eh bien… je ne serais pas contre, avoua Merry.
— Philana est amoureuse de toi, une simple nuit ne l’intéresse pas.
Merry roula des yeux.
— OK, OK ! En tout cas, je suis contente de t’avoir retrouvée, confia-t-elle en la prenant dans ses bras. Tu es et resteras toujours ma petite Christmas.
— Chut ! Personne ne connaît mon vrai prénom ici ! Sinon, les jumelles Merry et Christmas sont parties pour des siècles de brimades !
Un peu plus loin, Reine s’entretenait avec ses parents. Elle réalisait qu’elle avait cru à un mensonge durant des années. Il lui faudrait du temps pour s’en remettre. Pourtant, elle ne leur en voulait pas. Ils avaient été victimes de lois ancestrales. Cela l’attristait et la révoltait à la fois.
— Maman, avec la dissolution du Conseil, on peut demander à te réintégrer ici !
— Ne t’inquiète pas pour moi, la rassura Carol. C’était il y a bien longtemps et je mérite aussi une bonne retraite auprès de ton père. Mon seul regret immuable est de ne pas m’être battue et de ne pas avoir eu le choix. J’ignore quelle aurait été ma vie en Laponie. Très belle, j’en suis sûre… Mais j’ai été comblée par notre vie remplie de voyages. Cela m’a permis de découvrir le monde et d’avoir de nouveaux rêves et de nouvelles ambitions à tes côtés. Le destin prend parfois des directions inattendues, et j’ai su rebondir. Et j’ai été heureuse de notre quotidien hors de la Laponie, sois-en certaine.
***
— Christy ? Christy, où es-tu ? Si on joue à cache-cache, préviens !
Reine déambulait dans les allées de la bibliothèque. Sa compagne n’ayant pas été très précise sur le point de rendez-vous, elle errait sans but. Elle longea les étagères « Histoires de Noël », reprenant tous les contes du monde entier sur le père Noël. Elle lut les inscriptions dorées sur le plafond, écrites en plusieurs langues : « Des livres qui nous ressemblent, des livres qui nous rassemblent. »
— Kikou ! Je suis de retour !
Reine sursauta, à la limite de la crise cardiaque. Une fois de plus, l’Esprit de Noël était arrivé par surprise dans ses pensées.
— Nom d’une dinde ! Unicœur ! Que fais-tu ici ?
— Désolé·e, j’étais occupé·e à un strip-poker avec Michou, Gaby et Raph.
— Quoi ?
— Je déconne ! Je suis déjà tout·e nu·e ! Et les anges portent juste un lange… Eh… ça rime ! Bref, j’ai perdu pas mal de flouze. T’as pas un peu de thune à me prêter ?
— Noël est terminé ! Je n’ai plus besoin de toi !
— Je suis lié·e à toi pour la vie, tu te rappelles ? Je serai toujours là ! TOU-JOURS ! insista la licorne en collant son front contre celui de Reine.
Elle la repoussa d’un geste sec.
— Tu me laisseras un peu d’intimité, quand même ?
— Pour quoi faire ?
— Comment ça, « pour quoi faire » ? s’agaça-t-elle. Y a plein de moments où j’ai envie d’être seule !
— Pour te curer le nez ?
— Hein ?
— Quand tu chantes du Lorie sous la douche ? No stress, y a un floutage et des bouchons d’oreilles prévus pour ce genre de choses.
— Va-t’en ! Christy va arriver d’une seconde à l’autre !
— Oh, pour ce genre de moment intime… nota Unicœur avec un clin d’œil appuyé. Pour info, l’allée 1 402 regroupe les thèses sur les papiers cadeaux et est toujours déserte. Tu vois, je suis utile, même en dehors des périodes des fêtes. Allez, amuse-toi bien ! J’ai de l’argent à chercher. Ciao !
Iel galopa avec ses petites pattes dans le vide et disparut dans un nuage de fumée.
Reine secoua la tête et tenta de se souvenir à quel moment Unicœur l’avait réellement aidée au cours de son parcours. Soudain, des mains saisirent ses hanches. Elle sursauta pour la deuxième fois.
— Suis-moi, lui ordonna Christy.
Elle la conduisit vers le fond de la bibliothèque. Chaque fois que la mère Noël pensait être arrivée, elles s’enfonçaient encore plus. Jamais Reine n’avait imaginé l’existence d’autant de récits sur Noël.
— La fête bat son plein dans la grande salle, on devrait les rejoindre. Pourquoi on… Oh, j’ai compris ! reprit-elle d’un ton plus grave. Tu m’emmènes dans l’allée 1 402 ?
— Mille quatre cent deux ? Y a quoi là-bas ? demanda Christy, curieuse.
— Heu… Oublie.
Elles arrivèrent au bout du bâtiment et se retrouvèrent devant une lourde grille en fer forgé. Reine fronça les sourcils en voyant le cadenas à code protégeant l’entrée.
— C’est un sens interdit.
— Pas pour toi. Tu es désormais la nouvelle mère Noël.
Christy introduisit le nombre 2512 et Reine soupira devant ce manque flagrant de subtilité.
Elles pénétrèrent dans le lieu – très peu – sécurisé et parcoururent une centaine de mètres avant d’arriver devant un immense livre aux pages jaunies. Il reposait sur un pupitre en pierre et possédait une couverture en cuir vert sapin, avec la simple inscription « Noël » en plusieurs langues. Il était éclairé par un halo de lumière d’une source inconnue. Sûrement un truc de magie de Noël. Christy saisit les mains de Reine.
— Je voulais te présenter mes excuses. J’étais terrifiée par les conséquences possibles de notre relation et je vous ai oubliés, toi et tes rêves… J’ai été égoïste.
— Et moi, je te demande pardon d’avoir donné l’impression de me ficher de ton travail. Ce n’est pas le cas. Et puis tu as raison, j’ai complètement chamboulé Noël ! Le Conseil a été dissous et maintenant… J’ai peur de la suite. On doit tout reconstruire avec les grinchs, les lutins et les elfes…
— C’était la meilleure chose pour Rovaniemi. Je t’assure.
L’elfe invita sa compagne à consulter l’ouvrage devant elles. Comme le grand livre des présents, il semblait être doté de la magie de Noël. Il s’ouvrit tout seul et les pages tournèrent d’elles-mêmes dans une lente cadence. Reine découvrit des chapitres datés, des dessins, et un tas d’histoires soigneusement calligraphiées. Elle reconnut les visages de ses ancêtres, des croquis de traîneaux, des costumes de père Noël et des plans de cheminées. Le livre s’arrêta sur un portrait de son père, encore jeune et sans barbe.
— Voici le grand livre de Noël, expliqua Christy. Chaque année, le père Noël y détaille son récit. Il a carte blanche pour y déposer ce qu’il veut. Ses ressentis, ses doutes, les péripéties de l’année, mais aussi de nouvelles propositions.
Comme si le livre avait été connecté aux esprits des deux femmes, il revint en arrière pour montrer les évolutions à travers les siècles. Au fil des pages, la vie des prédécesseurs de Reine défilait, faisant de cet objet précieux un recueil de souvenirs de chair et de papier.
À chaque Noël son chapitre. Elle sourit en découvrant certains titres comiques, comme « Comment ma barbe est entrée dans la légende », « Et pourquoi pas des rennes ? », « Rouge is the new black ». L’émotion la gagna alors qu’elle parcourait des parties sur son père. Il narrait sa rencontre avec Carol, son désarroi à la suite de son départ, et enfin l’enthousiasme retrouvé lors de sa grossesse. Un chapitre s’intitulait même « Je ne suis pas seulement le père Noël, je suis avant tout, le père de Reine ! ». Elle ricana avec Christy quand elles découvrirent des chapitres nommés « L’arrivée du chauffage central corrélé avec la disparition des cheminées, quelles solutions ? » et « Les mathématiques au service de l’optimisation de la distribution du 24 décembre ». Elle ne connaissait pas son père si méthodique.
— Tu vois, Reine, la grande histoire de Noël est en réalité un long roman, construit chapitre après chapitre, avec plusieurs auteurs différents. Chacun s’est nourri des précédents, apportant aussi sa personnalité et ses idées. Finalement, chaque récit est unique, mais contient une trace des anciens. C’est le propre d’une famille et de la transmission. Alors, oui, certains Noëls sont plus chaotiques que d’autres. Seulement, n’aie pas peur d’avoir renversé l’ordre établi. Reste toi-même avec tes convictions. C’est ce qui fait la richesse de Noël, sa diversité, tout en maintenant son harmonie. Car le but commun de tous les pères et mères Noël est que chaque humain ait son cadeau au pied du sapin le 25 décembre. Ou à défaut, un peu de réconfort ou au moins un sourire.
L’ouvrage se dévoila pour montrer les progressions des ancêtres. Elle découvrit la décision de remplacer les chevaux par des rennes, plus résistants au froid, et celle de s’entraîner aux pouvoirs magiques avec les sorcières. Ces bouleversements avaient tous été condamnés à l’époque par le Conseil, voire par les lutins. Aujourd’hui, ils faisaient partie intégrante de la tradition de Noël.
— Beaucoup de choses ont été modifiées au cours du temps, poursuivit Christy. Toujours dans l’optique d’améliorer Noël. C’est pourquoi il est important de connaître l’histoire passée afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Et toi, Reine, tu as apporté un vent de liberté et de féminisme en Laponie. Cela sera bénéfique et reconnu dans le futur. J’en suis certaine.
— Merci, Christy. Sincèrement, merci.
Elle lui offrit un tendre baiser, que la Commandante prolongea avec plaisir. Noël avait été sauvé, le dernier père Noël avait ressuscité, Christy avait retrouvé sa jumelle et un Noël nouvelle version était en marche. Merry avait même trouvé un love interest ! La fin classique d’une romance de Noël.
Reine recula légèrement, mettant fin à l’échange tout en restant blottie contre Christy. Elle releva une injustice en posant les yeux sur le volume ouvert devant elles.
— Tu as bossé avec les deux derniers pères Noël, mais ton nom n’est même pas mentionné. Mon père n’a rien écrit sur toi ! Quel ingrat !
— Ça ne m’a jamais dérangée de rester dans son ombre.
— Tu apparaîtras dans mon chapitre, promis ! Je raconterai comment tu m’as formée, séduite et…
— Pas trop de détails, s’il te plaît !
— C’est grâce à toi si j’y suis arrivée. Tu es la vraie héroïne du roman de Noël. Moi, j’ai été une simple stagiaire. J’intitulerai ce Noël 2024 « Le fabuleux destin de Christy et son poulain » !
— T’es pas sérieuse…
— Clairement, non, car ce n’est pas sérieux de tomber amoureuse en à peine 25 jours…
— Am… Amoureuse ?
— Oui. Je t’aime, Christy.
Ces mots s’entrechoquèrent dans la poitrine de l’elfe. Elle n’avait pas de doutes sur les sentiments de Reine, toutefois entendre cette déclaration lui offrit une sensation de bien-être inattendue. Elle lui caressa le visage et répondit avec évidence.
— Moi aussi, je t’aime.
Leurs lèvres se rencontrèrent spontanément. Les frissons, les papillons dans le ventre, l’emballement du rythme cardiaque… Tout cela, elles connaissaient déjà. Ce baiser avait pourtant une saveur particulière. Il était empreint d’amour, de sincérité et de promesses.
Reine s’écarta la première et garda son front contre celui de sa partenaire.
— Au fait, joyeux Noël.
Christy sourit. Elles avaient été si obnubilées par leur mission qu’elles en avaient oublié l’essentiel. Elle releva le menton de Reine.
— Joyeux Noël aussi, ma chérie.
Elle se pencha vers la jeune femme pour un second round, mais celle-ci éclata de rire, coupant tout élan romantique de sa compagne.
— Je pose mon veto sur « ma chérie » ! Mes parents m’appellent ainsi !
— Oh, d’accord… Que penses-tu de « ma puce » ? « Mon chat » ? « Mon lapin » ?
— On passe au zoo, maintenant ? Je vaux mieux que ça !
— « Ma princesse » ? C’est prestigieux.
— Tu plaisantes ? Je suis une Reine, moi !
— Toutes mes excuses, Votre Majesté ! Alors, pourquoi pas « mon cœur » ? Car on n’est pas une simple histoire de cul, plaisanta Christy.
— Je suis importante, je le sais. Mais pas au point d’être l’organe musculaire assurant ta circulation sanguine. C’est une grande responsabilité !
— Je te croyais plus poétique.
— Autre chose !
Christy réfléchit un instant, puis leva l’index, certaine d’avoir trouvé l’idée parfaite.
— Je t’écoute ? Comment vas-tu m’appeler ?
Christy renforça son étreinte autour de sa moitié et lui déclara, droit dans les yeux :
— Ma Reine de Cœur.
Histoires d’Alice Turner : Découvrez la liste de ses histoires saphiques
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When all makes sense 🥰. Merci pour l’épopée épique, éthique et romanesque. Il n’y a jamais de fin, que de nouveaux commencements. « Merry, Christy, Reine » de ♥️
Grande parade des titres Reines de coeur : Génial !
La révolution en marche : belle leçon démocratique.
Nos 2 héroïnes sont aux anges.
Salve d’applaudissements pour le feux d’artifice d’Alice 🤩🤩🤩🤶❤❤❤